Le , des médias persanophones basés à l’étranger annoncent qu'elle a été arrêtée en Iran[6]. Cette arrestation est confirmée dès le [7]. Son arrestation remonterait au début du mois de juin, date à laquelle elle s'est connectée à son compte WhatsApp pour la dernière fois. Le site iranien de défense des droits de l'homme Gozaar(en) affirme qu'elle a été interpellée par les Gardiens de la révolution, la police idéologique iranienne, et qu'elle est détenue dans la prison d'Evin[8]. Elle serait soupçonnée d'espionnage, idée que ses collègues du CERI considèrent « absurde »[9],[10]. Le , pour protester contre son incarcération, elle commence une grève de la faim, avec une autre chercheuse également emprisonnée, l'Australienne Kylie Moore-Gilbert(en)[11]. Le , son avocat annonce l'abandon des poursuites pour espionnage et « atteinte à l’ordre public ». La chercheuse reste néanmoins poursuivie pour deux autres motifs : « propagande contre le système » et « complot contre la sûreté nationale »[12].
Le , elle est condamnée à 5 ans de prison[15],[16],[17]. Le , sa peine est confirmée en appel[18]. Elle est détenue à Evin, la prison des prisonniers politiques, où elle partage sa cellule avec une quarantaine d’autres femmes, dont l'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh[19].
En , après plus d'un an de détention, elle sort de prison avec un bracelet électronique et rejoint sa famille à Téhéran[14].
De janvier 2022 à février 2023, elle est réincarcérée à Téhéran[21],[22],[23], puis libérée avec interdiction de quitter le territoire iranien. Elle est finalement de retour en France le [24]. Cette expérience d'emprisonnement lui fait écrire Prisonnière à Téhéran, une analyse du système carcéral iranien[25].
Elle est l'auteure de nombreuses publications sur l'Iran et l'Afghanistan[8].
À travers son « anthropologie du voyage », Fariba Adelkhah se penche dès 2001 sur les liens établis entre le leadership politique, taliban notamment, et les pouvoirs marchands dans le golfe Persique, particulièrement les monarchies pétrolières abritant une importante population pachtoune et baloutche bien insérée sur le plan économique[5].
Fariba Adelkhah démontre notamment par ses travaux le liens entre les enjeux fonciers et les conflits en Afghanistan, liés à l’émergence d’une nouvelle classe qui a marginalisé les notables locaux, et a ainsi pu être le ferment de la résilience des talibans[5]. Ces derniers, grâce à une gestion pragmatique, seraient apparus comme comparativement plus efficaces que l’État[5].
Elle s'intéresse en outre aux minorités afghanes, notamment les Hazaras, pratiquant l’islam chiite et subissant parfois la répression des talibans[5].
Elle étudie également l'immigration autour de l'Afghanistan. Outre les réfugiés afghans, les circulations liées aux pèlerinages et à l’enseignement banalisent les migrations entre l'Afghanistan et les pays limitrophes notamment l'Iran, et permettent de s’extraire des causes géopolitiques et sécuritaires[5]. C’est d’autant plus le cas pour ce qui concerne les mobilités des femmes à la tête d’entreprises[5]. À la suite de la chute de Kaboul, répondant aux inquiétude de certains pays européens de voir une vague migratoire de réfugiés afghans, Fariba Adelkhah permet par ses travaux de souligner combien les circulations demeurent largement circonscrites aux pays du Sud[5].
Fariba Adelkhah, Les Paradoxes de l'Iran : idées reçues sur la République islamique, Le Cavalier Bleu, (ISBN979-10-318-0155-1, lire en ligne)
Fariba Adelkhah, Les mille et une frontières de l'Iran : Quand les voyages forment la nation, Paris, KARTHALA, , 483 p. (ISBN978-2-8111-0664-5, lire en ligne)
Fariba Adelkheh et Jean-François Bayart, Voyages du développement. Émigration, commerce, exil, KARTHALA, , 362 p. (ISBN978-2-8111-4235-3, lire en ligne) : « Le réveil du Khorassan : La recomposition d’un espace de circulation », p. 115-182
↑« Arrestation de Fariba Adelkhah : « L’hypothèse d’une activité d’espionnage est loufoque » », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )