Rois, reines, personnages de haut rang avaient souvent leur favori, personne de confiance, ami intime, maîtresse ou amant, souvent comblé de faveurs, dont l’influence politique était plus ou moins importante.
À l’origine, le favori est celui qui a su capter la faveur d’un prince et prendre de l’ascendant sur sa volonté, le plus souvent par la flatterie. L’abus qu’il fait ordinairement de son influence pour accroître ses richesses et augmenter son pouvoir personnel, l’insolence d’un orgueil qui tend de plus en plus à dominer ont eu pour résultat que les favoris les plus célèbres ont presque tous trouvé une fin violente ou misérable[1]. Le nombre de favoris est variable selon les souverains et les époques. On trouve parmi eux des hommes et des femmes de toutes conditions. Certains monarques, tel Charles VII, n'ont pu gouverner sans eux. Cela leur est en général reproché par leurs contemporains, qui y voient la marque d'une absence de volonté. L'allégation d'homosexualité est colportée par des libellistes dans plusieurs cas (en France par exemple pour Henri III et Louis XIII, en Grande-Bretagne pour Jacques Ier et pour la reine Anne, par exemple).[réf. nécessaire]
Bagoas, eunuque devenu le favori d’Artaxerxès III. En -338, il fait assassiner le roi et tous ses fils à l’exception d’Arsès, qu’il place sur le trône.
Séjan (20 av. J.-C. - 31 ap. J.-C), favori de Tibère, exécuté par ordre de ce dernier pour avoir voulu se substituer à l’empereur
Antinoüs, favori et amant de l’empereur Hadrien à partir de 123. Il meurt vers l’âge de 20 ans noyé dans le Nil. Les Égyptiens divinisent alors le jeune homme, voyant dans les noyés du Nil les serviteurs d’Osiris.
Basile Ier (811-886), issu d’une famille de paysans arméniens, devenu favori de l’empereur byzantin Michel III. Très proche de l’empereur, il pousse celui-ci à éliminer son oncle maternel, Bardas, en 866. Michel III le nomme alors coempereur, avant de se faire lui-même assassiner par Basile un an plus tard. Basile fonde ainsi la dynastie macédonienne sous laquelle l’Empire byzantin atteint son apogée.
Haganon, élevé en 918 au titre de comte par Charles III le Simple, qui en fait son principal conseiller et favori. Il se retrouve au centre d’une révolte des seigneurs qui s’opposent au roi.
Enguerrand de Marigny (vers 1260-1315), favori, chambellan et ministre du roi Philippe IV le Bel. La mort du roi marque le signal de la réaction contre sa politique, et on se retourne contre son favori, arrêté sur l’ordre de Louis X le Hutin. L’accusateur principal à son procès est son propre frère cadet, l’évêque Jean de Marigny. Il est condamné à mort et exécuté au gibet de Montfaucon, qu’il avait lui-même fait construire. Son corps y reste exhibé pendant deux ans.
Tanneguy du Chastel (1369-1449), autre favori de Charles VII pour l’avoir sauvé de la révolte des cabochiens, partage le pouvoir avec Jean Louvet, lui aussi favori.
Le cardinal Wolsey (vers 1473-1530) devient malgré ses origines modestes la figure principale dans les affaires de l’État pendant de nombreuses années sous le règne d’Henri VIII d'Angleterre avant de tomber en disgrâce.
Le duc de Lerma (1552-1625), premier valido, titre semi-officiel des favoris des rois d'Espagne. Favori de Philippe III d'Espagne, il dirige le pays pendant vingt ans avant de tomber en disgrâce. Il est remplacé par son fils le duc d’Uceda, lui-même remplacé par le comte d’Olivares (1587 - 1645), qui dirige à son tour le pays pendant vingt ans.
Cinq-Mars (1620-1642), autre favori de Louis XIII. Impliqué dans un complot, il est décapité. Le marquis de Toiras et le duc de Saint-Simon comptent eux aussi parmi les favoris du souverain.
Raspoutine (1869-1916), mystique et guérisseur russe. Il a été le confident d'Alexandra Feodorovna, épouse de l'empereur Nicolas II, ce qui lui a permis d'exercer une forte influence au sein de la cour impériale russe, jusqu'à son assassinat à Petrograd dans la nuit du 16 décembre 1916
La favorite est l’amie intime, la confidente de la souveraine, ou la maîtresse du roi[2]. Dans ce dernier cas, plus qu’une simple maîtresse royale, elle jouit de la faveur et de la confiance du souverain et, par là même, exerce une influence sur la politique, les évènements et les hommes.
Jeanne de Kent, comtesse de Salisbury (1328-1385), favorite du roi Édouard III d'Angleterre. Elle fait accidentellement tomber sa jarretière à un bal à Calais. Le roi répond à la foule qui sourit en attachant la jarretière à son propre genou[3] en prononçant ces mots : « Messires, honi soit qui mal y pense ! Tel qui s'en rit aujourd'hui s'honorera de la porter demain, car ce ruban sera mis en tel honneur que les railleurs le chercheront avec empressement »[4]. Il crée ainsi l'ordre de la Jarretière, qui est le plus élevé des ordres de chevaleriebritanniques, le
La duchesse de Polignac (1749-1793). Elle est née le même jour et la même année que la princesse de Lamballe, qu’elle remplace comme favorite auprès de Marie-Antoinette.
Thierry Dutour, « Faveur du prince, immoralité politique et supériorité sociale dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge (XIIIe – XVe siècles) », dans Jacqueline Hoareau-Dodinau, Guillaume Métairie, Pascal Texier (dir.), Le prince et la norme. Ce que légiférer veut dire, « Cahiers de l'Institut d'anthropologie juridique » no 17, Presses universitaires de Limoges (PULIM), 2007, p. 421-435.
Thierry Dutour, « Les affaires de favoris dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge (XIIIe – XVe siècles) », dans Luc Boltanski, Élisabeth Claverie, Nicolas Offenstadt, Stéphane Van Damme (dir.), Affaires, scandales et grandes causes. De Socrate à Pinochet, Paris, Stock, « Les essais », 2007.
(en) Klaus Oschema, « The Cruel End of the Favourite. Clandestine Death and Public Retaliation at Late Medieval Courts in Europe », dans Karl-Heinz Spiess et Immo Warntjes, éd., Death at court, Wiesbaden, Harrassowitz, (ISBN9783447067607, lire en ligne), p. 171-195.
Raphaël Carrasco, L'Espagne au temps des validos 1598-1645, . Toulouse, Presses de l’Université du Mirail, 2009, 212 p., présentation en ligne.
Nicolas Le Roux, « Le point d'honneur, la faveur et le sacrifice : recherches sur le duel des mignons d'Henri III », Histoire, économie et société, no 4, 16e année, , p. 579-595 (lire en ligne).
Nicolas Le Roux, « Courtisans et favoris : l'entourage du prince et les mécanismes du pouvoir dans la France des guerres de Religion », Histoire, économie et société, no 3, 17e année, , p. 377-387 (lire en ligne).
Réédition : Nicolas Le Roux, La faveur du Roi : mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Les classiques de Champ Vallon », , 2e éd. (1re éd. 2001), 805 p. (ISBN978-2-87673-907-9, présentation en ligne).