Elle est construite au début des années 1840 sur le mont Valérien, colline culminant à 161 mètres, située à environ deux kilomètres à l'ouest de Paris, dans les communes de Suresnes (majeure partie), Nanterre et Rueil-Malmaison.
Son adresse est : avenue du Professeur-Léon-Bernard, 92150 Suresnes[1].
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, plus d'un millier de résistants et otages y ont été fusillés par les Allemands.
Elle abrite l'état-major stratégique des opérations (unité non permanente) et la Direction interarmées des réseaux d'infrastructures et des systèmes d'information d'Île de France / 8e régiment de transmissions (DIRISI IDF/8e RT), qui a succédé au 8e régiment de transmissions, dissous le .
Le mémorial de la France combattante, érigé en l'hommage de tous les morts de la guerre 1939-1945, inauguré par le général de Gaulle le , se trouve à l'extérieur de la forteresse, adossé à son mur d'enceinte au sud.
Le mont Valérien est le refuge d'ermites à partir du Bas Moyen Âge, alors que ses coteaux sont occupés par des vignes. Au XVIIe siècle, un calvaire religieux y est édifié, objet de pèlerinages jusqu'à la Révolution, qui le supprime[2]. Le terrain est racheté par le député Antoine Merlin de Thionville en 1795 qui envisage d'y faire construire un château. En 1806, des religieux y sont à nouveau autorisés. Napoléon Ier projette d'y édifier une maison d'éducation de la Légion d'honneur, puis un édifice militaire, mais la chute de l'Empire met un terme à ces ambitions, même si un édifice, dit « de 1812 » est construit. Sous la Restauration, Charles de Forbin-Janson relance l'activité religieuse du mont Valérien, qui renoue avec la popularité qu'il connaissait sous l'Ancien Régime, de nombreuses personnalités royalistes se faisant enterrer dans le nouveau cimetière qu'il a conçu. Il fait aussi édifier un petit château et une chapelle. Symbole du légitimisme, le calvaire est définitivement fermé après l'arrivée de Louis-Philippe sur le trône, en 1830.
Sous son ministère, Adolphe Thiers y crée l'un des seize forts prévus dans le programme de fortifications de Paris décidé par la loi du . C'est l'un des plus importants. Cent quarante millions de francs sont alloués au projet, qui prévoit la destruction des anciens édifices religieux. De forme pentagonale, la forteresse comprend des fronts allant de 350 à 400 mètres, des pas de cavaliers reliant les bastions. Il y a un double mur de soutènement, des douves et un mur défensif. En 1850, la forteresse du Mont-Valérien est rattachée à Suresnes.
Gravure d'Edmond Morin figurant le mont Valérien à l'époque du calvaire.
D'avant les travaux du milieu du XIXe siècle subsistent plusieurs éléments, toujours compris dans l'enceinte militaire :
la crypte qui daterait, selon les versions, du XVIIe siècle ou du XIXe siècle , reconvertie en chapelle ;
le bâtiment dit « de 1812 », construit sous le Premier Empire, de nos jours musée du régiment de transmissions ;
le château de Forbin-Janson datant du début du XIXe siècle, qui accueille depuis le mess des officiers ;
la chapelle attenante, construite en 1828, lieu de culte des troupes, désaffectée au début du XXe siècle avant d'être rendu au culte en 1939 et d'abriter des résistants condamnés lors de la Seconde Guerre mondiale[3].
d'une part dans le siège de Paris, la destruction du château de Saint-Cloud, tenu par les Allemands, le [4], par les troupes républicaines du gouvernement de la Défense nationale, témoigne de la puissance de feu de ses canons. Sa plus forte pièce d'artillerie est « La Valérie », un canon de calibre 24 et d'un poids de 16 tonnes, capable de tirer des boulets de 100 k[5]. Au château de La Celle, les dégâts ne sont à déplorer que dans l'orangerie. Le fort est occupé par les Allemands en application de l'armistice franco-allemand le ;
La forteresse comporte une cartoucherie, où travaillent des ouvrières chargées de recycler et de détruire les munitions impropres au service puis d'en récupérer le salpêtre. Malgré deux incidents en 1870 et 1873, qui conduisent les autorités à préconiser l'arrêt de cette activité et la destruction des cartouches par noyade, elles poursuivent ce métier dangereux. Le , une grande explosion touche la cartoucherie. L'incendie est maîtrisé mais 25 personnes sont brûlées, dont 17 finissent par mourir, 16 ouvrières et un sous-officier[6],[7]. Une stèle leur rend hommage dans le cimetière ancien de Puteaux[8].
En 1884, le dépôt central du matériel et l'École de la télégraphie militaire sont créées dans la forteresse, ce qui ne nécessite donc désormais plus d'avoir recours à des civils. En 1897, le général Gustave Ferrié devient directeur de l'école, après y avoir été stagiaire en 1893 et instructeur en 1895. En 1900 est créé le 24e bataillon des sapeurs-télégraphistes du 5e génie. En 1913, le bataillon devient le 8e régiment du génie puis en 1947 le 8e régiment de transmissions[9].
Pendant la Première Guerre mondiale, la forteresse est utilisée pour la défense aérienne de Paris, un projecteur y étant installé pour voir les avions la nuit (cf. « Camille Mortenol »).
le , Valentin Feldman. Au moment d'être exécuté, il lance aux soldats allemands un cri demeuré célèbre : « Imbéciles, c'est pour vous que je meurs ! »[13] ;
le , Lucien Dupont, Charles Grosperin, André Berthelot, Pierre Bolzer, Marcel Garcin, Georges Leblanc, Lucien Lefranc, Gabriel Rabot, Victor Recourat[14] ;
le , 19 brestois, pour avoir combattu les troupes allemandes d'occupation, dans les rangs des Francs-tireurs et partisans et commis de nombreux actes de sabotages dans le Finistère : Albert Abalain, Lucien Argouach, André Berger, Louis Departout, Yves Giloux (étudiant, né à Ouessant le ), Louis Le Bail, Paul Le Gent, Eugène Lafleur, Louis Le Guen, Paul Monot, Henri Moreau, Jean-Louis Primas, Jean Quintric, Albert Rannou, Albert Rolland, Étienne Rolland, Joseph Ropars, Jean-Marie Teuroc, Charles Vuillemin ;
le , Raymond Collot, Louis Chapiro, Jean Camus, Albert Autereau et Paul Roussière, du comité militaire FTP de l'Inter-région parisienne, arrêtés le et condamnés à mort le [16] ;
Le site du ministère des Armées rapporte les noms de plusieurs victimes civiles originaires d'Algérie et mortes au Mont-Valérien, parmi lesquelles : Mohammed Aït Abderrha Mane (le ), Mahamed Bounaceur (le ), Yvon Djian (le ), Essaïd ben Mohand Haddad (le ), Mohamed Hadjadj (le ), André Leclerc (le ), Mohamed Moali (le ), Fernand Zemour (le ), Amar Zerboudi le ()[18].
Au total, c'est plus d'un millier d'exécutions d'otages et de résistants[19] qui ont eu lieu au Mont-Valérien[10]. Au , le site internet du ministère de la Défense indiquait un total de 1 014 fusillés identifiés[20]. Amenés de l'extérieur en camion pour leur exécution, ils étaient enfermés dans la chapelle désaffectée du château de Forbin-Janson puis conduits dans une clairière située à une centaine de mètres en contrebas. Leurs corps ont été ensuite dispersés dans les cimetières de la région parisienne[21].
Ce sont tous des hommes, âgés d'au moins 16 ans. Le manuel de droit criminel de la Wehrmacht interdit de condamner à mort les enfants de moins de 16 ans et de fusiller les femmes. Par exemple André Kirschen, âgé de 15 ans, faisant partie des accusés du procès de la Maison de la Chimie, est condamné à la déportation, Olga Bancic, condamnée en même temps que les hommes de l'Affiche rouge, est conduite en Allemagne pour y être décapitée[22].
Un circuit retrace les derniers pas des condamnés, de la chapelle où ils étaient enfermés à la clairière où ils ont été fusillés.
Dans la chapelle sont conservés les graffitis écrits par les fusillés avant de mourir et cinq poteaux d'exécution[23].
En 1962, le ministre des Anciens combattants Raymond Triboulet inaugure le « parcours des fusillés »[24].
Dans les années 1990, Serge Klarsfeld critique le chiffre de « 4 500 résistants fusillés par l'ennemi » qui figure sur la plaque posée sur le sol de la clairière depuis les années 1960[Note 1] et publie en 1995 avec Léon Tsevery le livre Les 1007 fusillés du Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs[Note 2].
Le , une proposition de loi de Robert Badinter[Note 3],[25], qui propose l'édification d'un monument sur lequel figureraient les noms des fusillés, est approuvée à l'unanimité par le Sénat[26].
En 2001, un concours artistique est organisé pour la réalisation du Monument à la mémoire des otages fusillés au Mont-Valérien entre 1941 et 1944, au terme duquel le projet du sculpteur et plasticien Pascal Convert est retenu. Il s'agit d'une cloche en bronze de 2,18 m de haut posée sur une dalle de béton devant la chapelle. Y figurent, par ordre chronologique de décès, les noms et prénoms des 1 008[25] résistants et otages fusillés au Mont-Valérien entre 1941 et 1944 qui ont pu être identifiés. Une inscription sur la base de la cloche perpétue la mémoire de « tous ceux qui n'ont pas été identifiés »[Note 4]. Le , la cloche est coulée par la fonderie Paccard à Sevrier[25]. Le le monument est inauguré par le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin[27].
En 2009 est achevé un projet d'exposition permanente consacrée à la répression de la Résistance et aux fusillés d'Île-de-France, située dans le bâtiment faisant face à la chapelle[28].
Le mémorial est le lieu de nombreuses cérémonies, en particulier celle qui commémore l'appel du 18 Juin[30].
Le , un hommage en présence de plusieurs membres du gouvernement français est organisé à la mémoire de 23 résistants — dont 22 ont été fusillés le en ce lieu — parmi lesquels figure le résistant communiste Missak Manouchian, à la veille de son entrée au Panthéon[31],[32].
un musée où sont exposés des appareils de transmissions militaires (dans le bâtiment dit de 1812).
On lui attribue d'héberger, depuis la Seconde Guerre mondiale, les services d'écoute de l'armée française et notamment celles des personnes privées (voir la page Claude Angeli), ce qui se révèle finalement faux, les écoutes étant réalisées aux Invalides.
pendant la guerre d'Algérie, le fort abrite les services du groupement des contrôles radio-électriques (GCR) en liaison avec les unités combattantes à l'aide des antennes filaires installées autour de la cour principale ;
↑Voir cette plaque sur la photographie, sur le site flickr.com, consulté le 29 décembre 2008.
↑Édité par l'Association les Fils et filles des déportés juifs de France.
↑Son texte figure au bas du rapport de la commission, sur le site du Sénat, consulté le 31 décembre 2008.
↑Voir la photographie page 77 de Adam Rayski dans « L'Affiche Rouge », Mairie de Paris, Direction générale de l'information et de la communication, 2003, sur le site paris.fr, consulté le 29 décembre 2008.
↑Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « Les ermites du Mont Valérien », sur suresnes-mag.fr, Suresnes Mag no 306, (consulté le ), p. 38-39.
↑« La chapelle », mont-valerien.fr, consulté le 22 octobre 2018.
↑collectif, Le patrimoine des communes des Hauts-de-Seine, Paris, Flohic, coll. « Le patrimoine des communes de France », , 444 p. (ISBN978-2908958959), p. 381
↑Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty, Les fusillés: répression et exécutions pendant l'occupation, 1940-1944, Éditions de l'Atelier, 2006, 197 pages, (ISBN9782708238695), p. 171.
↑« Mémoire 78 », sur archive.wikiwix.com (consulté le )