Francesca Albanese | |
Fonctions | |
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Rapporteure spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens | |
En fonction depuis le (2 ans, 6 mois et 9 jours) |
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Prédécesseur | Michael Lynk |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Ariano Irpino (Campanie, Italie) |
Nationalité | Italienne |
Diplômée de | Université de Pise SOAS |
Profession | Avocate en droit international |
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Francesca P. Albanese, née en , est une juriste et chercheuse italienne[1], spécialisée en droit international. Le , elle est nommée rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, pour un mandat de trois ans[2],[3].
Francesca Albanese est titulaire d'une licence en droit avec mention de l'université de Pise et d'un master en droits de l'homme de l'université SOAS de Londres. Elle termine son doctorat en droit international des réfugiés à la faculté de droit de l'université d'Amsterdam[1]. Elle est chercheuse affiliée à l'Institut pour l'étude des migrations internationales (en) de l'université de Georgetown, conseiller principal sur les migrations et les déplacements forcés auprès de l'organisation à but non lucratif Arab Renaissance for Democracy and Development (ARDD)[1] et chercheuse à l'Institut international d'études sociales (en) de l'université Érasme de Rotterdam[4]. En 2020, elle rédige, avec Lex Takkenberg, l'ouvrage Palestinian Refugees in International Law.
Francesca Albanese a travaillé pendant une décennie en tant qu'experte en droits de l'homme pour l'Organisation des Nations unies (ONU), notamment le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient[5]. Au cours de cette période, elle a conseillé l'ONU, les gouvernements et la société civile au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans la région Asie-Pacifique sur les droits de l'homme, leur application et les normes, en particulier pour les groupes vulnérables tels que les réfugiés et les migrants. Elle donne des cours sur le droit international et les déplacements forcés dans des universités européennes et arabes, ainsi que des conférences et des événements publics sur le conflit israélo-palestinien[1].
Le , Francesca Albanese recommande dans son premier rapport que les États membres de l'ONU élaborent « un plan pour mettre fin à l'occupation coloniale israélienne et au régime d'apartheid »[6]. Le rapport conclut : « Les violations décrites dans le présent rapport mettent en évidence la nature de l'occupation israélienne, à savoir un régime intentionnellement acquisitif, ségrégationniste et répressif conçu pour empêcher la réalisation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination »[7].
La nomination de Francesca Albanese au poste de rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, la deuxième Italienne (après Giorgio Giacomelli (en)) et la première femme à occuper ce poste[8], suscite une controverse en raison de ses déclarations passées concernant l'Holocauste et le lobby juif, que certains ont accusées d'être de nature antisémite [9],[10]. Elle avait critiqué l'inaction des pays occidentaux au moment de l'offensive israélienne de 2014 sur la bande de Gaza, décrivant les États-Unis comme « subjugués par le lobby juif » et l'Europe par un « sentiment de culpabilité à l'égard de l'Holocauste », arguant que tous deux « condamnent les opprimés » dans le conflit[11]. Elle avait ensuite reconnu un « choix des mots inapproprié » et avoir voulu désigner les lobbys pro-israéliens aux Etats-Unis[11]. Elle déclare qu'elle n'est pas antisémite et que sa critique d'Israël (en) est liée à l'occupation des territoires palestiniens. En , soixante-cinq spécialistes de l'antisémitisme, de l'Holocauste et des études juives (en) déclarent : « Il est évident que la campagne contre [Albanese] ne vise pas à combattre l'antisémitisme actuel. Il s'agit essentiellement d'efforts visant à la réduire au silence et à saper son mandat en tant que haut fonctionnaire de l'ONU chargé de rendre compte des violations des droits de l'homme et du droit international commises par Israël »[11].
En , une déclaration de 116 organisations de défense des droits de l'homme et de la société civile, d'institutions universitaires et de groupes salue les « efforts inlassables de Mme Albanese pour protéger les droits de l'homme dans les TPO [Territoires palestiniens occupés] et pour sensibiliser aux violations quotidiennes alarmantes des droits des Palestiniens »[12]. En , un groupe bipartisan de 18 membres du Congrès des États-Unis demande que Francesca Albanese soit démise de ses fonctions, affirmant qu'elle avait fait preuve d'un parti pris constant contre Israël[13].
En , Francesca Albanese reçoit le prix international Stefano Chiarini (it) (en italien : Premio Internazionale Stefano Chiarini) en reconnaissance de son travail journalistique sur la Palestine et le Moyen-Orient [14],[15].
Alors que les efforts se poursuivent pour que Francesca Albanese soit démise de ses fonctions[16] Amnesty International Italie publie, le 2023, une lettre de soutien signée par des dizaines de groupes de défense des droits, de députés, de juristes et d'universitaires italiens. Le , trois anciens titulaires du poste exhortent publiquement l'ONU à défendre Francesca Albanese et déclarent qu'elle avait été « la cible d'attaques calomnieuses » et « personnelles ». Le « 3 mai », Francesca Albanese tweete qu'elle a « vu trop de morts [de Palestiniens], trop d'arbitraire, zéro responsabilité » et qu'elle avait été accusée de s'être attaquée à ces abus[17].
En , lors de la 30e réunion de la 53e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Francesca Albanese présente un rapport accusant Israël de transformer la Cisjordanie en une prison à ciel ouvert. Le rapport indique que depuis 1967, plus de 800 000 Palestiniens, dont des enfants de douze ans, ont été arrêtés et détenus par les autorités israéliennes. Lors d'un briefing avec les journalistes, Francesca Albanese déclare : « Il n'y a pas d'autre façon de définir le régime qu'Israël a imposé aux Palestiniens - qui est un apartheid par défaut - qu'une prison à ciel ouvert ». Israël n'était pas présent lors de la présentation mais a rejeté les conclusions[18],[19],[20].
En décembre 2023, après la publication du livre J'accuse[21], le centre Wiesenthal appelle les Nations unies à « destituer Francesca Albanese, à évaluer les dommages qu’elle a causés, y compris son incitation implicite à la haine et à la violence, et d’enquêter sur ses activités[22]. »
Durant la guerre entre Israël et le Hamas de 2023, Francesca Albanese appelle à un cessez-le-feu immédiat, avertissant que « les Palestiniens courent le grave danger d'un nettoyage ethnique de masse »[23]. Elle déclare également que la communauté internationale doit « prévenir et protéger les populations des crimes d'atrocité », et que « la responsabilité des crimes internationaux commis par les forces d'occupation israéliennes et le Hamas doit également être immédiatement recherchée »[23],[24],[25].
Le , Francesca Albanese publie un rapport intitulé « Anatomie d'un génocide »[26] : elle y affirme qu’il existe des « motifs raisonnables » de croire qu’Israël a commis plusieurs actes de génocide dans la bande de Gaza[27],[28]. Elle se dit victime de nombreuses menaces depuis le début de sa mission d’élaboration d’un rapport sur la guerre israélienne contre Gaza[29].
Le gouvernement israélien a déclaré Albanese persona non grata en Israël et lui a interdit d'entrer dans le pays[30] à la suite de la publication de son rapport en octobre 2024, l'accusant de « haine » et de « propos antisémites »[31].