Francesco Giacomo Tricomi (Naples, – Turin, ) est un mathématicienitalien, connu pour ses études sur les équations aux dérivées partielles du second ordre de type mixte, les fonctions spéciales et les séries orthogonales.
Francesco Tricomi naît à Naples en 1897, fils d'Arturo Tricomi(it), ingénieur et architecte, professeur extraordinaire à l'université de cette ville, et de Corinna Di Lustro[1]. Il fait ses études secondaires à l'institut de technologie de Naples jusqu'à l'âge de seize ans, puis il s'inscrit à l'université de Bologne où il suit des cours de chimie durant une année, avant de s'orienter vers des études de physique mathématique en 1914-1915[1]. Il se rend compte qu'il préfère les mathématiques à la chimie et il retourne à Naples en 1915, où il s'inscrit en troisième année en mathématiques à l'université de Naples[2]. Il suit les cours de Roberto Marcolongo et de Gabriele Torelli[1]. Ses études sont interrompues lorsqu'il est enrôlé en dans l'armée italienne durant la Première Guerre mondiale. Il fait une formation d'officier à l'académie militaire de Turin jusqu'au [1], puis il combat dans les régions du Plateau du Karst, du Piave et du Monte Grappa[3]. Il obtient son diplôme universitaire à Naples, le , alors qu'il est en congé du front de guerre[4]. Il est libéré de ses obligations militaires en 1920 et décoré de deux croix militaires, avant de pouvoir regagner l'université de Naples[1]. Il commence une activité de recherche sous la direction de Gabriele Torelli.
Il souhaite quitter Naples et obtient un poste d'assistant de Francesco Severi en géométrie analytique en 1921, à l'université de Padoue, puis, au printemps 1922, suit Severi qui vient d'être nommé à la chaire d'analyse algébrique et infinitésimale à « La Sapienza », à Rome[1].
En , il obtient un poste de professeur d'analyse algébrique et infinitésimale à l'université de Florence, qu'il quitte dès le mois de novembre de la même année pour un poste de professeur extraordinaire d'analyse algébrique l'université de Turin, à la sollicitation de Giuseppe Peano[1]. Il se marie avec Susanna Fomm en 1931, celle-ci a des soucis de santé et meurt prématurément en 1959, le couple n'a pas d'enfants[1].
En 1944, il reprend ses fonctions à l'université de Turin, jusqu'à ce qu'en 1948, à l'invitation d'Arthur Erdélyi(en), il rejoigne avec Arthur Erdélyi(en), Wilhelm Magnus et Fritz Oberhettinger le projet de manuscrit Bateman(en), une grande compilation encyclopédique de la théorie des fonctions spéciales, qui se tient au California Institute of Technology de Pasadena. Il y travaille de 1943 à 1945 et de 1948 à 1951, puis retourne en Italie en 1952. Il reprend son poste de professeur à l'université de Turin et occupe la chaire d'analyse infinitésimale jusqu'à sa retraite en 1967[8].
L'année de sa retraite, Tricomi publie une sorte d'autobiographie intellectuelle[9], très précieuse pour les informations qu'elle contient sur le contexte social et les circonstances du travail des mathématiciens[10]. Après sa retraite, il a été président de l'Académie des sciences de Turin pendant le triennat 1973-1976.
Il meurt en 1978, à 81 ans, dans un hôpital de Turin, des suites d'une maladie du système circulatoire et est inhumé à Torre Pellice[1].
Tricomi a eu une vaste production scientifique (environ 300 articles) dans les domaines des équations aux dérivées partielles de type mixte[11] et dans celui des fonctions spéciales et de leurs transformations fonctionnelles[12].
Il écrit de nombreux traités et manuels d'une grande clarté, dont certains sont traduits en anglais, français, allemand et russe[14]. Il est l'auteur d'une série de biographies sur les mathématiciens italiens du premier siècle de l'unification de l'Italie, prenant également des tons critiques et iconoclastes.
Il est membre du comité de rédaction de la revue d'Aequationes Mathematicae, depuis sa fondation jusqu'à sa mort. Les autres membres le décrivent comme un «...caractère fort, farouche adversaire de toute dictature, de tout relâchement moral, de l'abstraction pour l'abstraction et du "syndrome" du publier ou périr»[1].
Vorlesungen über Orthogonalreihen, Springer Verlag, Berlino, 1955 (traduction de: Serie ortogonali di funzioni, Istituto Editoriale Gheroni, 1948)[19].
A. Erdélyi, W. Magnus F. Oberhettinger, F. G. Tricomi, Tables of integral transforms, McGraw-Hill, New York, 1954 (fait partie du Bateman manuscript project).
(en) Francesco G. Tricomi, La mia vita di matematico attraverso la cronistoria dei miei lavori. (Bibliografia commentata 1916–1967), Padoue, Casa Editrice Dottor Antonio Milani, , XII+172 (ISBN978-88-13-32679-1, MR0274255, zbMATH0199.28603).
Francesco Giacomo Tricomi, Matematici italiani del primo secolo dello stato unitario, Accademia delle scienze, .
↑[nécrologie] Gaetano Fichera, « Francesco Giacomo Tricomi », Atti della Accademia Nazionale dei Lincei. Classe di Scienze Fisiche, Matematiche e Naturali. Rendiconti, vol. 66, no 5, , p. 467-483 (lire en ligne, consulté le ).
↑(it) Gaetano Fichera, « L'analisi matematica in Italia fra le due guerre », Rend. Mat. Acc. Lincei, vol. 9, no 10, , p. 279-312 (lire en ligne, consulté le ).
↑Francesco Tricomi connaissait très bien l'allemand, l'anglais et le français, langues dans lesquelles, surtout l'anglais et l'allemand, il a écrit directement certains textes.
↑(it) « Presidenti », sur Accademia delle Scienze di Torino (consulté le ).
↑« Francesco Giacomo Tricomi » (consulté le ) Nécrologie dans l'annuaire 1979 de l'Académie bavaroise des sciences.
↑Tricomi, F., dans : Atti del Congresso Internazionale dei Matematici: Bologna del 3 al 10 de settembre di 1928, vol. 3, , 27–30 p. (lire en ligne), « Sull'equazione y ∂2z/∂x2 + ∂2z/∂y2 = 0. »
↑(en) Erdélyi, A., « Review: Vorlesungen über Orthogonalreihen by F. G. Tricomi, trans. by F. Kasch », Bull. Amer. Math. Soc., vol. 67, no 5, , p. 447–449 (DOI10.1090/s0002-9904-1961-10625-3, lire en ligne).
↑(en) Reid, W. T., « Review: Equazioni differenziali, 2nd ed., 1953, by F. G. Tricomi », Bull. Amer. Math. Soc., vol. 61, no 4, , p. 371–372 (DOI10.1090/s0002-9904-1955-09962-2, lire en ligne).
↑Alors professeur de mécanique appliquée à l'Université Polytechnique de Turin
↑ a et b(en) Raynor, G. E., « Review of Funzioni Analitiche and Funzioni Ellittiche by F. G. Tricomi », Bull. Amer. Math. Soc., vol. 44, Part 1, no 9, , p. 610–611 (DOI10.1090/S0002-9904-1938-06798-5, lire en ligne).
↑(en) Erdélyi, A., Review of two books: "Lezioni sulle funzioni ipergeometriche confluenti" by F. G. Tricomi and "Die konfluente hypergeometrische Funktion, mit besonderer Berücksichtigung ihrer Anwendungen" by Herbert Buchholz, vol. 60, Bull. Amer. Math. Soc., , 185–189 p. (lire en ligne), chap. 2.
↑(en) Bellman, Richard, « Review: Lezioni sulle equazioni a derivate parziali by F. G. Tricomi », Bull. Amer. Math. Soc., vol. 61, no 5, , p. 87–88 (DOI10.1090/S0002-9904-1955-09875-6, lire en ligne).
(en) Daniel S. Alexander, Felice Iavernaro et Alessandro Rossa, Early Days in Complex Dynamics, American Mathematical Society, (ISBN978-0-8218-4464-9, lire en ligne)
(en) Angelo Guerraggio et Pietro Nastasi, Italian Mathematics Between the Two World Wars, Birlhäuser, (ISBN978-3-7643-6555-4, lire en ligne)
(en) E.T. Karimov, « About the Tricomi problem for the mixed parabolic–hyperbolic type equation with complex spectral parameter », Complex Variables, Theory and Application, vol. 50, no 6, , p. 433-440 (ISSN0278-1077, DOI10.1080/02781070500140557, lire en ligne)
(it) Erika Luciano et Luisa Rosso, « L’archivio e la Biblioteca di Francesco G. Tricomi », Rivista di Storia dell'Università di Torino, vol. 7, no 1, , p. 105-327 (ISSN2281-2164, DOI10.13135/2281-2164/2802, lire en ligne)
(it) Francesco Tricomi, La mia vita di matematico attraverso la cronistoria dei miei lavori, CEDAM, (lire en ligne)