Frogwares | |
Création | |
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Forme juridique | Société à capitaux privés |
Siège social | Kiev Dublin |
Direction | Waël Amr |
Activité | Jeux vidéo |
Produits | cf. tableau |
Effectif | 80[1] |
Site web | www.frogwares.com |
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Frogwares est un studio de développement de jeux vidéo ukrainien fondé en 2000, particulièrement actif dans le domaine du jeu d'aventure où il s'est distingué par sa série de jeux Sherlock Holmes qui connait environ une nouvelle sortie tous les deux ans depuis 2002.
Tout en continuant de développer des jeux d'aventure, Frogwares s'est lancé à partir de 2008 dans le « jeu casual et d'objets cachés », puis dans d'autres genres de jeux vidéo par la suite, avec un MMORTS en 2010 (World of Battles) et un jeu de réflexion se présentant comme un FPS en 2013 (Magrunner Dark Pulse). Deux filiales spécialisées de Frogwares ont été ouvertes à ces occasions : Waterlily Games pour les jeux casual, et 3AM Studios pour Magrunner Dark Pulse.
En 2020, le bilan des ventes de Frogwares depuis sa création s'élevait à environ 8 millions d'unités dans le monde pour les jeux de la série Sherlock Holmes[2].
Le studio Frogwares est fondé en 2000 en Ukraine et en Irlande par des expatriés d'origine française[3]. Waël Amr en est le président. Le nom choisi pour le studio, « Frogwares », vient du sobriquet « froggies » utilisé dans les pays anglo-saxons pour désigner les personnes d'origine française[3]. À sa création, le studio était composé d'une équipe de seulement six personnes[4] qui s'est ensuite régulièrement agrandie pour atteindre plus d'une soixantaine d'employés en 2013[1].
Le studio se spécialise rapidement dans la série Sherlock Holmes qui lui assure son succès. Pour mieux respecter l'univers du détective en se débarrassant des clichés, l'équipe du studio lit l'ensemble du « Canon holmésien » lors du développement du second opus de la série (La Boucle d'argent)[5]. Waël Amr devient lui-même membre de la Société Sherlock Holmes de France pendant quelques années[6].
Avec Sherlock Holmes et le tapis persan (2008), Frogwares se lance dans les jeux casual et crée en 2011 une filiale dédiée, Waterlily Games, spécialisée dans le développement de ce type de productions. Ces jeux se caractérisent par une réalisation technique et des énigmes simplifiées et l'omniprésence d'un système d'aide pour que le joueur puisse surmonter les difficultés qu'il rencontre. Le choix du studio pour les jeux casual s'explique par la plus grande facilité du développement, ainsi que par le besoin de proposer des jeux plus faciles aux joueurs qui avaient un recours excessif aux solutions sur Internet pour progresser dans un jeu d'aventure classique[7]. Les jeux casual réalisés par le studio sont souvent distribués exclusivement en téléchargement, parfois en collaboration avec la plate-forme Big Fish Games. Les jeux casual « Sherlock Holmes » sont néanmoins édités sur support physique pour PC, Nintendo DS ou Nintendo 3DS selon les cas et l'évolution des consoles.
En 2010, Frogwares se tourne vers le MMORTS (massively multiplayer online real-time strategy) avec le jeu World of Battles. Il s'agit du premier jeu multijoueur du studio. World of Battles est un jeu de stratégie qui se déroule dans un univers médiéval fantastique où le joueur entraîne et contrôle une armée et doit parvenir à vaincre d'autres armées contrôlées par d'autres joueurs pour récupérer des gems. Frogwares continue de travailler sur le développement du jeu en proposant régulièrement de nouvelles améliorations.
Frogwares ouvre en 2013 une seconde filiale, 3AM Studios, de manière à sortir Magrunner Dark Pulse (2013), jeu de tir stratégique de science-fiction reposant sur l'aimantation de cubes et de plates-formes pour se déplacer dans chaque niveau. Le jeu est considéré comme un « Portal-like » selon certains critiques[8].
Frogwares cherche régulièrement de nouvelles améliorations au niveau des graphismes et du gameplay de ses jeux. Le premier jeu du studio (Le Mystère de la momie) est mal accueilli par la critique à cause d'un gameplay en 3D précalculée commençant à être démodé. Frogwares réalise ses deux jeux suivants (Voyage au centre de la Terre et La Boucle d'argent) avec un gameplay en 2.5D, plus classique pour l'époque, alliant des arrières-plans en 2D et des personnages en 3D, puis passe à des univers entièrement réalisés en 3D. Le studio reçoit néanmoins de nouvelles critiques sur la qualité de ses graphismes 3D jusqu'en 2009 avec le jeu Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur. Frogwares fait un effort particulier sur les graphismes du jeu Le Testament de Sherlock Holmes (2012) et continue dans cette direction pour son jeu Sherlock Holmes : Crimes et châtiments qui utilisera l'Unreal Engine 3 en remplacement du précédent moteur graphique[9].
Avec le développement des jeux en 3D intégrale se pose la question du gameplay à la première personne (vision subjective) ou à la troisième personne (vision objective). Frogwares développe d'abord La Nuit des sacrifiés (2006) et Sherlock Holmes contre Arsène Lupin (2007) avec une vue à la première personne, puis évolue dans son choix en préférant proposer au joueur le choix entre les deux vues. La Nuit des sacrifiés et Arsène Lupin connaissent ainsi une nouvelle sortie en version « remasterisée » en 2008 et 2010, incluant la possibilité de basculer entre les deux vues selon les goûts du joueur[10]. Certains joueurs préfèrent la première personne pour son aspect immersif, d'autres préfèrent la troisième personne pour un contrôle plus classique des jeux d'aventure, ou pour s'éviter d'éventuels maux de tête lorsqu'ils jouent dans des univers en 3D. Tous les jeux d'aventure du studio incluent désormais ce choix entre les deux perspectives.
Le studio rencontre plusieurs différends vis-à-vis de ses partenaires commerciaux.
En 2002, la distribution du jeu Sherlock Holmes : Le Mystère de la momie est réalisée par des intermédiaires qui ne rémunèrent pas le studio de manière honnête par rapport au succès commercial du jeu : Frogwares entame plusieurs procès à leur encontre[3].
Le studio choisit ensuite Focus Home Interactive comme « licencié »[2] à partir de 2004-2005 et cette collaboration dure une dizaine d'années jusqu'en 2014-2015. Focus Home Interactive se déclare éditeur des jeux, mais est en réalité un intermédiaire de distribution qui ne participe pas au financement des productions[2]. La relation entre les deux sociétés aboutit à un conflit à l'automne 2019 lorsque les droits d'exploitation de Focus Home Interactive prennent fin. Les deux sociétés n'étant plus partenaires, Focus refuse de remplir les formalités pour que l'exploitation revienne automatiquement à Frogwares sur les plates-formes de téléchargement en ligne (Steam, Xbox One et Playstation Network notamment)[2]. La situation aboutit au retrait temporaire de la plupart des jeux de Frogwares sur ces plates-formes. Le développeur, qui reste pleinement propriétaire de ses créations, doit engager de nouveaux processus de certification et de mise en ligne de chacun de ses jeux pour que ceux-ci soient de nouveaux présents sur les sites concernés[2]. Les jeux réapparaissent ainsi progressivement en début d'année 2020[2].
En 2020, Frogwares révèle sur divers réseaux sociaux et son site Internet que Nacon (anciennement Big Ben Interactive) n'a pas payé toutes les royalties relatives à The Sinking City, en plus d'avoir retenu d'autres fonds destinés au fonctionnement du jeu[12]. Le studio révèle qu'un combat judiciaire est mené depuis août 2019, mais que Nacon persiste à ne pas vouloir donner de chiffres précis concernant les ventes du jeu. Deux jours plus tard, l'éditeur français répond en dénonçant « une interprétation tout à la fois personnelle et erronée du contenu du contrat »[13]. Frogwares demande pour sa part aux plates-formes de téléchargement de retirer le jeu, considérant que son exploitation par Nacon est abusive. Les deux entités choisissent de régler leur différend au tribunal, l'un et l'autre ayant promis par déclarations interposées une riposte judiciaire. Le , la cour d'appel de Paris rend sa décision préliminaire, en jugeant qu'en retirant The Sinking City, Frogwares a résilié son contrat de manière illicite[14]. En conséquence, le jeu est progressivement de retour sur les plates-formes de téléchargement.
Frogwares et Nacon parviennent finalement à trouver un accord à l'amiable, stipulant que le studio ukrainien récupère tous les droits (y compris l'édition du jeu) sur The Sinking City. Le contenu précis de l'accord n'est pas publiquement dévoilé, mais Frogwares annonce dans le même temps un DLC intitulé Merciful Madness[15].