Fun Home : Une tragicomédie familiale | |
One shot | |
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Auteur | Alison Bechdel |
Dessin | Alison Bechdel |
Genre(s) | Bande dessinéeautobiographie |
Lieu de l’action | Lock Haven, Pennsylvanie, États-Unis |
Pays | États-Unis |
Langue originale | Anglais |
Titre original | Fun Home: A Family Tragicomic |
Éditeur | Houghton Mifflin |
Première publication | |
ISBN | 0-618-47794-2 |
Nombre de pages | 240 |
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Fun Home (sous-titré « Une tragicomédie familiale », en anglais Fun Home : A Family Tragicomic) est une bande dessinée autobiographique d'Alison Bechdel, parue en 2006.
L'autrice y raconte son enfance dans les régions rurales de Pennsylvanie aux États-Unis, en mettant l'accent sur sa relation complexe avec son père. Le livre aborde des thèmes très différents comme l'orientation sexuelle, les rôles des deux sexes, le suicide, les conflits familiaux ainsi que la prise des responsabilités et la compréhension de soi-même. L'écriture et l'illustration de Fun Home ont pris sept ans, en partie à cause de la démarche artistique laborieuse qu'a adoptée Alison Bechdel pour ses dessins. L'autrice se photographiait en effet dans plusieurs postures différentes, ce qui demandait beaucoup de temps[1],[2].
Fun Home est un succès à la fois public et critique, il a d'ailleurs été publié deux semaines durant sur le The New York Times Book Review[3]. Dans la revue du New York Times, Sean Wilsey a qualifié le travail de l'autrice de « remarquable, puisqu'elle a réussi à associer deux genres totalement différents (la bande dessinée et l'autobiographie) et les a amenés dans de nouvelles directions. »[4]. Plusieurs journaux ont défini Fun Home comme l'un des meilleurs livres de l'année 2006, il a même été inclus dans la liste des meilleurs livres des années 2000[5]. Le livre a également été nommé pour plusieurs prix : celui du National Book Critics Award et pour trois prix Eisner[5],[6]. Une traduction française de Fun Home a été réalisée et publiée en feuilleton dans le quotidien Libération. Le livre a fait partie de la sélection officielle du Festival d'Angoulême et a également fait l'objet d'une conférence universitaire en France[7],[8],[9].
Fun Home a été présenté dans de nombreuses académies, plus particulièrement dans celles spécialisées dans des domaines réservés aux études biographiques et culturelles, dans le but de sortir les étudiants du contexte sérieux de l'université et de les intéresser à l'étude des bandes dessinées[10],[11].
Fun Home a également suscité la polémique ; en effet, une bibliothèque publique du Missouri a retiré l'œuvre d'Alison Bechdel de ses rayons pendant cinq mois après que la population locale se fut opposée à son contenu[12].
Fun Home est un roman graphique, dont le récit est non-linéaire et récursif[13] ; les incidents sont en effet répétés et re-répétés à la lumière de nouvelles informations ou de nouveaux thèmes[14]. Alison Bechdel dit que son histoire va dans tous les sens, comme un labyrinthe et, si « On peut se perdre dans les répétitions [mais] on finit toujours par arriver au centre de l'histoire. »[15]. Dans un article sur l'âge de la mémoire dans la revue scientifique Journal of the Modern Language Association of America, Nancy K. Miller explique que Bechdel revisite des scènes et des thèmes de sa vie et qu'ainsi « elle ressasse des souvenirs dont la force d'attachement génère toute la structure de sa mémoire. »[16]. En outre, cette structure se tisse à travers des allusions à diverses œuvres de la littérature, de la mythologie grecque et des arts visuels ; les événements de la vie familiale d'Alison Bechdel, pendant son enfance et son adolescence, sont présentés à travers ce prisme allusif[13]. Nancy K. Miller affirme également que les récits des textes de référence en littérature « fournissent des indices, à la fois vrais et faux, sur les mystères des relations familiales »[16].
Les principaux souvenirs d'Alison Bechdel concernent en effet sa famille, mais l'autrice accorde une attention particulière à sa relation avec son père, Bruce Bechdel. Celui-ci était directeur de services funéraires et professeur d'anglais à l'école de Beech Creek, où Alison et ses frères et sœurs ont grandi. Le titre du livre vient du surnom de la riche famille au sein de laquelle Bruce Bechdel a grandi. Il a ensuite travaillé dans les pompes funèbres[A 1], à tel point que la famille était surnommée funeral home. Ces deux professions se retrouvent dans Fun Home à travers les deux thèmes récurrents de la mort et de la littérature[17].
D'autre part, l'obsession de Bruce Bechdel à restaurer sa maison, à lui redonner une architecture victorienne[17], parsème la bande dessinée. Cet objectif qu'il s'est fixé est lié à son éloignement affectif avec sa famille, qu'il exprime par sa froideur et ses sautes d'humeurs occasionnelles de rage violente[17],[A 2]. Cette distance émotionnelle, à son tour, est liée à ses tendances homosexuelles[18]. Bruce Bechdel a en effet des relations homosexuelles pendant son service à l'armée, avec ses élèves ainsi qu'avec certains de ses étudiants et également avec des amis de la famille et des babysitters[A 3]. À l'âge de 44 ans, deux semaines après que sa femme eut demandé le divorce, il heurte un camion Sunbeam qui roulait en sens inverse et est tué sur le coup[A 4]. Bien que les preuves soient équivoques, Alison Bechdel conclut que son père a voulu se suicider[17],[A 5].
L'histoire traite aussi de la propre lutte d'Alison Bechdel avec son identité sexuelle, aboutissant à la prise de conscience qu'elle est une lesbienne et qu'elle doit en faire accepter l'idée à ses parents[17],[A 6]. Elle révèle ainsi à ses parents son homosexualité dans une lettre qui ne contient que l'assertion laconique « Je suis une lesbienne » (« I am a lesbian »). L'autobiographie examine ouvertement son développement sexuel, y compris ses théories infantiles. Des anecdotes sur la masturbation et sur les récits concernant ses premières expériences sexuelles parsèment la bande-dessinée[A 7]. En plus de leur homosexualité commune, Alison et Bruce Bechdel ont tous deux des troubles obsessionnels compulsifs ainsi que les mêmes tendances et prédispositions artistiques, quoique avec certaines différences : « Je suis Sparte tandis que mon père est athénien, je préfère l'architecture moderne qu'à son époque victorienne. Je suis Butch-fem au lieu d'être Nelly, comme lui, et utilitaire au lieu d'être esthète »[A 8]. Cette opposition a été une source de tension dans leur relation, chacun essayant toujours d'exprimer son mécontentement face à son sexe : « Non seulement nos sexes avaient été inversés mais en plus chacun essayait de cacher la sexualité de l'autre. Alors que je tentais de me consoler en tentant de trouver quelque chose de viril en lui, il tentait d'exprimer quelque chose de féminin à travers moi. Ce fut une guerre à contre-sens et ainsi vouée à un échec perpétuel »[A 9]. Cependant, peu de temps avant la mort de Bruce Bechdel, lui et sa fille ont eu une conversation présentée comme une solution partielle à ce conflit[A 10].
À plusieurs reprises dans le livre, Alison Bechdel se pose la même question, à savoir si sa décision de révéler son homosexualité avait été une des raisons du suicide de son père[16],[A 11]. Cette question n'a jamais eu de réponse définitive, mais Bechdel examine de près la relation entre la sexualité inavouée de son père et le fait qu'elle ait avoué son propre lesbianisme, révélant sa dette à son père[16],[17].
Les références allusives utilisées dans Fun Home ne sont pas seulement structurelles ou stylistiques : Alison Bechdel écrit : « J'emploie ces allusions non pas en tant que dispositif descriptif, mais parce que je vois la plupart du temps mes parents comme des personnages de fiction et non comme des êtres réels et peut-être que mon sens de l'écriture arrive aussi à transmettre le climat glacial qui régnait dans notre famille au lieu des comparaisons littéraires. »[A 12]. Bechdel, la narratrice de l'histoire, considère sa relation avec son père à travers le mythe de Dédale et Icare[A 13]. Comme un enfant, elle confond sa famille avec le néo-gothique de la maison de la Famille Addams à la manière des caricatures de Charles Addams[A 14]. Le suicide de Bruce Bechdel est quant à lui associé aux romans d'Albert Camus, La Mort heureuse et Le Mythe de Sisyphe[A 15]. Le travail méticuleux que son père réalise sur sa maison et sa grande connaissance culturelle sont comparés au personnage éponyme de Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald et Alison indique aussi que Bruce Bechdel a sculpté les éléments de sa vie d'après celle de Fitzgerald, comme il est décrit dans la biographie de l'écrivain, The Far Side of Paradise[A 16]. Son épouse, Helen, est comparée aux femmes des romans d'Henry James Washington Square et Portrait de femme[A 17]. Helen Bechdel était une actrice amatrice, elle a d'ailleurs utilisé son talent de comédienne pour éclairer les aspects de son mariage. Cette dernière a rencontré Bruce Bechdel alors qu'ils passaient tous deux une audition, dans un collège, pour la pièce La Mégère apprivoisée, Alison Bechdel confie que c'était « un signe avant-coureur de leur futur mariage. »[A 18]. Helen Bechdel a joué le rôle de Lady Bracknell dans une production locale de L'Importance d'être Constant ; Bruce Bechdel est donc comparé à Oscar Wilde[A 19]. Son homosexualité est aussi examinée au travers de l'allusion au roman de Marcel Proust À la recherche du temps perdu[A 20]. Les tendances artistiques et les troubles obsessionnels compulsifs du père et de la fille sont assimilés aux illustrations d'Ernest Howard Shepard dans le roman Le Vent dans les saules[A 21]. On fait également allusion à l'échange des sexes de Bruce et d'Alison Bechdel comme dans l'autobiographie de Colette Le Paradis terrestre. Plus tard, dans ce qu'Alison Bechdel décrit comme « un geste éloquent et inconscient », elle espère devenir une copie de Kate Millett lorsqu'elle elle se décrit dans ses mémoires intitulées Flying[A 22]. Enfin, Alison Bechdel se décrit comme étant Stephen Dedalus et son père comme étant Leopold Bloom, allusion aux personnages du roman Ulysse de James Joyce, avec des références parallèles au mythe de Télémaque et Ulysse[A 23].
Outre les allusions littéraires qui sont explicitement reconnues dans le texte, Bechdel intègre aussi des allusions visuelles à des programmes de télévision et autres éléments de la culture pop, qui apparaissent souvent sur un téléviseur, en arrière-plan ou bien sur un poster[18]. Ces références visuelles incluent le film La vie est belle, Bert et Ernie de l'émission 1, rue Sésame, le Smiley, Yogi l'ours, Batman, Bip Bip et Coyote ainsi que la démission de Richard Nixon et la sitcom La Sœur volante[18],[A 24].
Fun Home est dessiné en noir (dessin au trait ou line art en anglais), avec une encre gris-vert délavé. Sean Wilsey écrit à ce propos que les cases dessinées par Alison Bechdel « combinent à la fois le détail et les compétences techniques de Robert Crumb comme le montre le sérieux, la grande complexité et l'innovation des illustrations qui ressemblent parfaitement au travail du dessinateur de bande dessinée américain »[4]. Écrivant dans le Gay & Lesbian Review Worldwide, Diane Ellen Hamer oppose « l'habitude de Bechdel à dessiner ses personnages simplement et distinctement » au « souci du détail qu'elle consacre à l'arrière-plan, les émissions de télévision et les affiches sur le mur, sans parler de la complexité de la maison funéraire qui a dû être reproduite plusieurs fois. »[18]. Bechdel déclare à un journaliste du The Comics Journal que la richesse de chaque arrière-plan de Fun Home a été très volontaire :
« Il est très important pour moi que les gens soient capables de lire les images de la même manière qu'ils suivent progressivement le texte. Je n'aime pas les images qui ne délivrent pas d'information en elles-mêmes. Je veux des images que vous avez besoin de lire, que vous avez à décoder, sur lesquelles vous marquez un temps et dans lesquelles vous vous impliquez. Sinon, à quoi cela servirait-il ? »
Bechdel a écrit et illustré Fun Home au cours de sept années[1]. Son laborieux processus artistique a rendu la tâche de l'illustration lente. Elle a commencé chaque page en créant dans Adobe Illustrator un cadre sur lequel elle plaça le texte et ajouta les numéros des planches[2]. Elle s'est également énormément photographiée pour ses nombreux dessins ; elle posait en effet pour chaque représentation de personnages en utilisant un appareil photo numérique destiné à archiver ses photographies[1],[2]. Alison Bechdel se servait également de clichés pour ses éléments de références en arrière-plan : par exemple, pour illustrer une affiche représentant un feu d'artifice vu sur le toit de Greenwich Village le 4 juillet 1976 elle a utilisé Google Images pour trouver une photo des toitures de New York, prise à partir d'un bâtiment particulier de cette période[2],[19],[20]. Elle a aussi soigneusement copié et dessiné à la main des photos de famille, des lettres, des cartes locales et des extraits de son journal de sa propre enfance. Tout cela a été incorporé dans son récit[19]. Après avoir utilisé tout le matériel pour dessiner les cadres étroits dans la page, Bechdel, une fois la page terminée, copie l'illustration en ligne d'art sur une feuille de papier bristol, qu'elle numérise par la suite à partir de son ordinateur[1],[2]. Le délavé d'encre gris-vert utilisé pour chaque planche a été ajouté sur une page séparée faite de papier aquarelle, et combiné avec l'image encrée à l'aide de Photoshop[1],[2]. Bechdel a choisi cette couleur verdâtre de lavage pour sa souplesse et parce qu'elle avait « une sombre qualité élégiaque qui convenait à l'objet »[21]. Bechdel attribue son perfectionnisme créatif à ses « incontrôlables troubles obsessionnels »[19],[22].
Fun Home a d'abord été imprimé et relié par la maison d'édition Houghton Mifflin à Boston et à New York le 8 juin 2006[23]. Cette édition, parue dans le New York Times, a fait partie de la New York Times Book Review pendant deux semaines en tant que best-seller, dans la période du 18 juin au 1er juillet 2006[23]. Après cela, le livre continuait toujours à bien se vendre puisqu'en février 2007 on dénombrait 55 000 exemplaires en version imprimée vendus[24]. Une version en livre de poche a été publiée aux éditions Random House au Royaume-Uni sous la direction des éditeurs britanniques Jonathan Cape le 14 septembre 2006. Houghton Mifflin a aussi publié une édition de poche sous la direction de la Mariner Books le 5 juin 2007[25],[23].
Pendant l'été 2006, une traduction française de Fun Home a été publiée en feuilleton dans le quotidien Libération, le même journal qui avait précédemment diffusé Persepolis de Marjane Satrapi[7]. Cette traduction, effectuée par Corinne Julve et Lili Sztajn, a ensuite été publiée par les Éditions Denoël, collection « Denoël Graphic », le 26 octobre 2006[26]. L'album a été traduit en français seulement quatre mois après sa sortie originale. En janvier 2007, Fun Home a fait partie de la sélection officielle du Festival d'Angoulême[8]. Dans le même mois, les étudiants en anglais de l'Université de Tours ont parrainé une conférence universitaire sur le travail d'Alison Bechdel, avec des présentations à Paris et à Tours[9]. Lors de cette conférence, Fun Home a été présenté sous plusieurs angles devant les examinateurs : comme contenant des « trajectoires » remplies de tension paradoxale, comme un texte en interaction avec des images, autrement dit un paratexte, et comme une recherche de sens pour symboliser les habits, comme une métaphore[27],[28],[29]. Ces documents et d'autres sur Bechdel et son œuvre ont ensuite été publiés dans la revue à comité de lecture du GRAAT (Groupe de recherches anglo-américaines de Tours)[30],[31].
Une traduction en italien a été publiée par RCS MediaGroup en janvier 2007[32],[33] et une traduction en allemand a été publiée par Kiepenheuer et Witsch en janvier 2008[34]. Le livre a également été traduit en hongrois, en coréen et en polonais[35] et une traduction en chinois a été prévue pour la publication[36].
En octobre 2006, un résident de Marshall, dans le Missouri a tenté de faire censurer Fun Home ainsi que Blankets, manteau de neige de Craig Thompson, deux bandes dessinées autobiographiques, finalement retirées de la bibliothèque publique de la ville[37]. Les partisans de la suppression de ces livres les caractérisaient comme étant « pornographiques », ces derniers exprimaient leur inquiétude au fait qu'ils seraient lus par des enfants[38]. Le directeur de la bibliothèque publique de Marshall, Amy Crump, a défendu les livres expliquant que ceux-ci possèdent « une bonne réputation, favorisée par les excellentes critiques des revues et des journalistes » et que la tentative de retrait des volumes caractériserait une étape vers « la pente glissante de la censure »[37],[38]. Le 11 octobre 2006, le conseil d'administration de la bibliothèque a nommé un comité chargé de créer une politique de sélection des livres et a retiré Fun Home et Blankets, manteau de neige de la circulation jusqu'à ce que la nouvelle politique soit approuvée[39],[40]. Le comité a décidé de ne pas attribuer un label opposable ou d'isoler les albums par un système préjudiciable mais de présenter une politique de sélection des livres au conseil d'administration de la censure[41],[42]. Le 14 mars 2007, le conseil d'administration de la Bibliothèque publique de Marshall a voté pour remettre à la fois Fun Home et Blankets, manteau de neige dans les rayons de la bibliothèque[12]. Alison Bechdel décrit la tentative d'interdiction comme « un grand honneur » et explique l'incident comme « faisant partie de toute l'évolution de la forme graphique du roman »[1].
En 2008, un professeur à l'université d'Utah mit Fun Home sur le programme d'un cours de niveau intermédiaire d'anglais qu'il a intitulé « Introduction à la critique des formes littéraires anglaises »[43]. Un étudiant opposé à ce devoir s'est vu donner une lecture de remplacement conformément à la politique de l'université et aux accommodements religieux[43]. L'élève a ensuite contacté une organisation locale appelée « Plus de Pornographie » et qui a lancé une pétition en ligne demandant que le livre soit retiré du programme universitaire[44]. Vincent Pecora, le président du département d'anglais de l'université, a défendu Fun Home et le professeur[44]. L'université a déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de retirer le livre du programme[44].
Fun Home a été accueilli de façon favorable dans de nombreuses publications. The Times de Londres décrit Fun Home comme « un livre profond et important » alors que The New York Times a publié deux critiques distinctes et un reportage sur le livre[4],[17],[45],[46],[47]. Dans un des deux critiques du The New York Times, Sean Wilsey qualifie Fun Home de « travail de pionnier, qui pousse deux genres totalement différents (la bande dessinée et l'autobiographie) dans de multiples directions », et de « bande dessinée à l'intention des amoureux des mots »[4]. Dans le Los Angeles Times, Jill Soloway salue le travail dans l'ensemble, mais observe que la prose de Bechdel, avec sa foule de références, est parfois « un peu opaque »[48]. De même, un critique de la revue The Tyee a estimé que « l'insistance de la narratrice à relier son récit à celui des divers mythes grecs, romans américains et pièces de théâtre classiques », était « peu naturelle et exagérée. »[20]. En revanche, le critique du The Seattle Times a apprécié l'utilisation de références littéraires dans l'ouvrage, y voyant une « érudition époustouflante »[49]. The Village Voice déclare que Fun Home « montre avec quelle puissance et quelle économie de moyens la technique peut décrire un récit autobiographique. Avec ses deux moyens de narration (les images et les mots) qui ne sont pas simplement synchrones, la bande dessinée présente un langage narratif distinctif dans lequel une foule de renseignements peut être exprimée d'une manière très condensée »[13].
Plusieurs journaux et sites internet ont défini Fun Home comme l'un des meilleurs livres de l'année 2006 ; on compte parmi eux The New York Times, Amazon.com, The Times de Londres, le New York Magazine ainsi que Publishers Weekly[50],[51],[52],[53],[54],[55]. Le site Salon.com a décerné à Fun Home le prix de best nonfiction debut of 2006 (« meilleure nouvelle histoire basée sur des faits réels de 2006 »), ajoutant : « Fun Home brille de mille regrets, de compassion, d'ennui, de frustration, de pitié et d'amour, généralement tout à la fois, et jamais sans une pénétrante et profonde ironie littéraire touchant à la tâche presque impossible qui consiste à rester fidèle à soi-même, et aux gens qui vous ont fait tel que vous êtes »[56]. Entertainment Weekly dit qu'il est le meilleur livre documentaire de l'année, et Time nomme Fun Home comme étant le meilleur livre de l'année 2006, le décrivant comme « le plus improbable succès littéraire de l'année 2006 » et comme « un chef-d'œuvre basé sur deux personnes qui vivent dans la même maison, mais dans des mondes différents et qui se doivent des dettes mystérieuses les unes aux autres »[57],[58].
En France, le magazine Les Inrockuptibles évoque un « brillantissime ouvrage sur la mémoire et l’identité »[59]. Chronic'art juge l'œuvre excellente[60]. Le site ActuaBD salue un récit « dense et remarquablement écrit, [à la] structure narrative complexe » et au trait « fin et expressif »[61]. Fluctuat.net décrit une bande-dessinée « à l'humour sombre et à la lucidité éblouissante, qui dépasse de loin sa fonction d'exorcisme personnel »[62]. La Libre Belgique salue le travail d'Alison Bechdel en ces termes : « Il arrive qu’une ou deux fois par an on trouve entre ses mains une bande dessinée dont on se dit qu’elle fera date. Fun Home est de cette catégorie »[59].
Fun Home a été finaliste à l'édition 2006 du National Book Critics Award, dans la catégorie mémoires/autobiographies[63],[64]. En 2007, Fun Home a remporté le Prix GLAAD Media pour la meilleure bande dessinée, le Stonewall Book Award pour une non-fiction, le Publishing Award Triangle-Judy Grahn Nonfiction et le prix Lambda Literary dans la catégorie « Lesbian Memoir and Biography »[65],[66],[67],[68]. Fun Home a été nommé pour l'édition 2007 des prix Eisner dans deux catégories : « Meilleure série basée sur la réalité » et « Meilleur album ». Alison Bechdel a été nommé dans la catégorie « Meilleur scénariste/dessinateur »[69]. Fun Home a finalement remporté le Eisner de la « Meilleure série basée sur la réalité »[6]. En 2008, Entertainment Weekly a placé Fun Home au rang no 68 de sa liste des « New Classics », définie comme « les 100 meilleurs livres de 1983 à 2008 »[70]. The Guardian inclus Fun Home dans sa série des « 1000 livres que tout le monde doit lire », constatant son « bien rendu » dans le moindre détail[71].
En 2009, Fun Home a été inscrit comme l'un des meilleurs livres des années 2000[5] par The Times de Londres[72], Entertainment Weekly (classé no 7 sur 10)[73] et Salon.com et comme l'une des meilleures bande dessinée de la décennie par le « A.V. Club » du journal The Onion[74],[75]. En 2010, la traduction suédoise a reçu le prix Urhunden du meilleur album étranger.