Auteur de « vues animées » au tout début du cinéma muet, reconnu comme l’un des premiers réalisateurs de l’histoire, et inventeur du « péplum » comme genre[2], sa carrière sera brève mais prolifique (1896-1922), avec une parenthèse autour de 1900 où il se consacrera à l'organisation de spectacles.
Né à Paris, Georges Hatot a un parcours professionnel riche et varié.
Il quitte l'école à 12 ans, et va d'abord travailler aux Halles, au pavillon « beurres et œufs », ou encore comme employé de banque[3]. En 1890 à 14 ans, il devient élève comédien au théâtre de La Villette avant de se faire engager comme comédien au Théâtre des Bouffes-du-Nord, puis au théâtre Moncey, et enfin, devient pensionnaire du Théâtre Antoine[3]. En 1896, il joue par exemple dans Plutus, la comédie en trois actes d'Aristophane, dans une adaptation de Paul Gavault[4]. En 1897, il joue dans la pièce "Lui!" d'Oscar Méténier au théâtre du "Grand-Guignol". Il sera également engagé au Théâtre de l'Hippodrome, comme régisseur responsable des scènes de foules vers 1900.
Il va travailler entre autres avec Lumière, Gaumont et Pathé, et finira par monter sa propre société de films. Il ouvre également un laboratoire, « Le Film Négatif », qui fournira en pellicule les sociétés Eclair, Pathé et Le Lion.
Parallèlement, il dirige une société immobilière et contentieuse, le Central Omnium[5], mais aussi la "Stagnéol, Damiani et Cie", société de fabrications métalliques diverses, ou encore le "Comptoir Sutto", société d'exploitation cinématographique.
Pendant la première guerre mondiale, il est placé en service auxiliaire (pour obésité) comme secrétaire chez l'Infant Don Antonio D'Orléans[6].Une fois celle-ci terminée, il se lance dans l'immobilier.
En 1935, pris dans la nasse de l'affaire Stavisky, il est condamné pour complicité de faux en écritures publiques et complicité d'escroquerie[7]. En effet, en 1928, Georges Hatot avait accepté de se faire passer pour le mandataire d'un déposant étranger, et avait accompagné Alexandre Stavisky pour gager des pierres précieuses[8]. De plus, il avait été engagé pendant un mois en 1929 comme secrétaire général de la SIMA (Société d'Installations Mécaniques et Agricoles[9]), une société au cœur de cette affaire.
Entre mars et , dans le cadre des recherches pour la future cinémathèque, il accorde une série d'entretiens à Musidora et à Henri Langlois, riches en informations et autres anecdotes sur les débuts du cinéma[10].
Il fera également partie de la Commission de Recherches Historiques de la Cinémathèque Française dès sa création en 1943, et ce, jusqu'à son décès à Paris en 1959, à l'âge de 82 ans.
Georges Hatot découvre tôt l'invention des Frères Lumière, et réalise ses premières « vues animées » âgé d'à peine 20 ans, dès 1896. L’historien Jean Claude Seguin utilise, pour certaines des premières réalisations la notion d’« équipe de tournage » qui paraît davantage convenir au contexte de l’époque. Outre Georges Hatot, on y retrouve Alexandre Promio (lorsqu'il n'est pas en train de tourner à l'autre bout du monde..), Gaston Breteau[11] ou encore Marcel Jambon. Il va tourner en particulier le premier « péplum » de l'histoire du cinéma : Néron essayant des poisons sur des esclaves.
Jusqu'en 1907, il est tour à tour au service de la Société Lumière[12] , de Gaumont, puis de Pathé, et réalise entre autres, une adaptation en treize tableaux de La Vie et la Passion de Jésus-Christ[13] (1898), avec le pantomime Breteau dans le rôle du Christ, ainsi qu'une série de films dramatiques liés à des morts célèbres : L'exécution de Jeanne d'Arc, L'assassinat du duc de Guise, La mort de Marat et La mort de Robespierre (tous en 1897).
L' historien Richard Abel évoque également une collaboration sur les vues animées avec Footit et Chocolat[14]. D'autres, dont Maurice Gianati[15], lui attribuent La fée aux choux (première version). D'autant que Georges Hatot déclarait lors de ses entretiens avec Henri Langlois en 1948, avoir été le seul avec l'opérateur Valouis et Gaston Breteau à tourner des films chez Gaumont jusqu'à son départ fin 1898.
Il ne tourne quasiment rien en reprenant ses activités théâtrales entre 1899 et 1904, date de son retour à plein temps au cinéma chez Pathé.
En 1906[16], il rejoint la société Éclair et participe à des films aux personnages récurrents, comme la série avec Nick Carter, et travaille souvent en tandem avec Victorin Jasset. Il réalisera également des films pour Urban - L'Eclipse (plusieurs centaines d'après Henri Langlois), mais aussi pour Le Lion, avant de créer sa propre société, « Les Films artistiques et religieux Kinémoral [2]», et ses propres studios, qui seront à l'origine des célèbres Studios des Buttes Chaumont. Il se retire des plateaux en 1914, avant de tourner un tout dernier film en 1922, La loupiote.
Georges Hatot déclare dans un court CV rédigé de ses mains s'être occupé d'achats et de ventes de films à partir de cette date.
En 1924, il est pressenti pour la réalisation du film « Les défaitistes », mais le projet est abandonné.
Georges Hatot et Blanche Lemoine auront deux enfants, Tony, champion de France de natation à différentes reprises dans les années 1940, qui prêtera son nom pour la création du Club Méditerranée avec le Belge Gérard Blitz en 1950[17] , et Denise, décédée en bas âge en 1922, date qui correspond également à son ultime retour à la réalisation[18].
↑(en) Richard Abel, The Ciné Goes to Town : French Cinema, 1896-1914, Updated and Expanded Edition, University of California Press, , 574 p. (ISBN978-0-520-91291-5, lire en ligne)