Maître de conférences | |
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Professeur d'éducation physique et sportive École Maïmonide | |
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Président Anciens de la Résistance Juive en France (d) | |
Surveillant général Séminaire israélite de France |
Naissance | |
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Nom de naissance |
Georges Uriel Joseph Loinger |
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Enfant |
Guy Loinger (d) |
Parentèle |
Marcel Marceau (cousin) Yardena Arazi (nièce) Dora Werzberg (cousine) |
A travaillé pour | |
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Membre de |
Compagnons de France Réseau Garel Œuvre de secours aux enfants Résistance intérieure française Anciens de la Résistance Juive en France (d) |
Conflit | |
Distinctions |
Georges Loinger, né le à Strasbourg et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un éducateur, résistant français et directeur de société maritime.
Georges[1] Uriel Joseph[2] Loinger naît en 1910 à Strasbourg dans une famille de sept enfants, juive orthodoxe, de Mina Werzberg, née en Roumanie et Salomon Loinger, né en Pologne[3],[4]. Son père vend des meubles et sa mère est une femme au foyer[3]. Il est élevé durant la Première Guerre mondiale par sa tante, la future mère de Marcel Mangel, qui se fera connaître plus tard sous le nom de Marcel Marceau. Il est l’aîné d’une fratrie de sept enfants : Georges, Amanda, Emma, Fanny, Simon, Charles et Yvette[5]. Sa nièce, Yardena Arazi est la fille de sa sœur benjamine Yvette[6].
Il fait ses études au lycée Fustel-de-Coulanges, à Strasbourg, où, rapidement, il se distingue en gymnastique et en sport[4]. Dès l’âge de 15 ans, en 1925, il entre au mouvement de jeunesse sioniste Hatikvah où il rencontre sa future épouse Flore Hélène Rosenzweig[7], née le en Alsace[8] qui y est cheftaine[4]. Tous les enfants Loinger font partie de ce mouvement[9]. C’est à Hatikvah que Georges Loinger rencontre Andrée Salomon[10].
Diplômé en 1929 de l’École pratique d’industrie, il travaille pour une compagnie de navigation sur le Rhin qu’il quitte en 1932 pour passer le diplôme de professeur d’éducation physique et sportive. Il finance ses études en étant surveillant général au Séminaire israélite de France[4] dont un des professeurs, Marcus Cohn, le fondateur de l’École Maïmonide (Boulogne-Billancourt), le recrute en 1935 comme professeur d’éducation physique[11],[4]. Moniteur national des Éclaireurs israélites de France, il crée un club sportif à Belleville pour les enfants juifs. Dans les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, il s’occupe d’accueillir de jeunes réfugiés juifs d’Allemagne dans une propriété de la baronne Germaine de Rothschild, le château de la Guette.
Après qu’il a été mobilisé à la déclaration de guerre, son épouse devient la directrice de l’œuvre du Château de la Guette. Il est fait prisonnier durant la débâcle. Parvenant à s’évader de Bavière à la fin de l’année 1940 en compagnie de son cousin Marcel Vogel, rencontré par hasard au stalag 7A[4], il rejoint le sa femme à la Bourboule, où celle-ci s’est repliée avec 123 jeunes réfugiés[4]. Il devient chef Compagnon de France pour la région de l’Auvergne. Cette activité dans un mouvement pétainiste lui fournit une couverture idéale dans ses déplacements, car il est muni d’une carte tricolore[12]. Il rejoint rapidement la Résistance au sein du réseau Bourgogne[12].
Avec le soutien du docteur Joseph Weill qu’il avait rencontré dès 1930, l’un de ses amis de Strasbourg et dirigeant de l’Œuvre de secours aux enfants, il devient responsable du sport au sein des maisons de l’OSE Puis, lorsque l’OSE décide la fermeture des maisons et la dispersion des enfants, il organise jusqu’à la Libération le sauvetage de plusieurs centaines d’enfants juifs qu’il fait convoyer via Annemasse jusqu’en Suisse, avec la complicité du maire d’Annemasse, Jean Deffaugt[12]. Au début, il faisait jouer les enfants au football le long de la frontière, et lorsque malencontreusement le ballon la franchissait, tout le monde allait le chercher sans revenir. Jusqu’à , la frontière était gardée par des soldats italiens et le commandant italien a, une fois, fait discrètement savoir qu’il approuvait ce que Loinger faisait, à savoir les sauvetages d’enfants. Après , tout changea avec l’arrivée des Allemands[13]. Quelques convois connaîtront une fin tragique et entraîneront la perte d’enfants et de jeunes héroïnes comme Mila Racine, la sœur de Emmanuel Racine, Marianne Cohn ou Thérèse Tédesco[14]. Il fait partie du Réseau Garel (Lyon, 1942-1944), avec sa sœur Fanny Loinger, une infirmière. Mais ce n’est qu’après la guerre que le frère et la sœur découvrent qu’ils faisaient de la Résistance et dans le même Réseau Garel[15]. Cette filière d’évacuation des enfants via Annemasse vers la Suisse avec la participation des Éclaireurs israélites permet le sauvetage d’environ 1 200 enfants[12]. Georges Loinger confie également des enfants juifs à Germaine Le Hénaff, directrice de la maison d’enfants du Château de la Guette[16].
Sa sœur Emma (Émilie) Loinger, née le à Strasbourg, épouse de Erich Arnold Lederer, né à Diersbourg, en Allemagne, le , français par naturalisation[17] fait également partie de la Résistance[18]. Elle travaille à l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) depuis 1939.
Après la guerre, il œuvre pour faciliter le passage des rescapés du nazisme en Palestine mandataire et joue un grand rôle dans l’affaire de l’Exodus lorsque ce bateau fait escale en France. Il sera ensuite directeur de la filiale française de la compagnie de navigation israélienne Zim. Il a présidé l’Association de la Résistance juive de France (ARJF)[19].
En , au cours d’un voyage en Israël à l’âge de 102 ans, il est reçu par le président Shimon Peres[20].
Georges Loinger meurt, des suites d'une chute[3], le à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 108 ans[21],[22].
Selon son fils, Daniel Loinger, ses derniers mots ont été : « Personne ne pourra détruire la culture juive »[23]. Il repose depuis le au cimetière du Montparnasse (division 30), aux côtés de son épouse.
Son fils aîné, Daniel Loinger est né le [24],[15], mais d’après les récits de son père, en 1934[25],[26]! Son deuxième fils, Guy Loinger, économiste et universitaire, né le 1942[27],[28], est mort à 69 ans, à Paris, le [29]. Guy Loinger aura donné naissance aux 2 seuls petits enfants de Georges, Juliette Loinger-Beck et Gabriel Beck, artiste en art relationnel. Il est également le cousin de Dora Werzberg, autre résistante française.
La médaille de citoyen d’honneur de la ville de Strasbourg lui est remise le [32],[33].
Le , une plaque commémorative est apposée sur l'immeuble où Georges Loinger vécut de 1952 à 2018 avec sa femme Flore, 16, rue du Ranelagh à Paris[34].
Dans le long métrage Resistance de Jonathan Jakubowicz (2019), il est incarné par Géza Röhrig.