Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance |
Götz Gustav Ksinski |
Pseudonyme |
Gershon Kingsley |
Nationalités | |
Activités | |
Période d'activité |
- |
Membre de |
Perrey and Kingsley (en) |
---|---|
Instruments | |
Genres artistiques | |
Site web |
Götz Gustav Ksinski, dit Gershon Kingsley, né le à Bochum en Allemagne et mort le [1] à New York aux États-Unis, est un auteur-compositeur et instrumentiste germano-américain de variétés électroacoustiques pop et jazz.
Chef d'orchestre à Broadway, devenu un pionnier de la musique expérimentale, il a travaillé pour la publicité et la télévision tout en composant des œuvres de musique savante marquées par le souvenir de la Shoah ou au contraire par un humour typique du nouvel American way of life. Il demeure plus connu pour avoir écrit la toute première pièce de musique électronique ayant rencontré un succès populaire : Popcorn[2].
Götz Ksinski naît d'un père allemand Juif et d'une mère polonaise élevée dans le catholicisme, qui se convertit au judaïsme[3]. Il grandit dans le Berlin de la République de Weimar et adhère à un mouvement de jeunesse sioniste au sein duquel il s'initie à l'agriculture[4]. Le but est d'apprendre à fertiliser les terres du futur Israël. Le fermier duquel il reçoit sa formation est un nazillon[4].
Quelques jours avant la Nuit de cristal[4], en 1938, pour échapper aux persécutions qui ont déjà commencé, Götz Ksinski, âgé de quinze ans, est envoyé en Palestine dans un kibboutz[5]. De leur côté, ses parents s'enfuient peu après à Cuba, d'où ils rejoignent les États-Unis en 1939. À Ein Harod, l'adolescent, devenu majeur, rejoint les rangs de la police des villages juifs de la Notrim. Il patrouille sur un cheval blanc[4]. À l'occasion, il se produit dans un orchestre de jazz à Jérusalem ou Tel Aviv. Il fait ses études au conservatoire de Jérusalem.
En 1946, il rejoint ses parents à New York[4]. Pianiste autodidacte qui a grandi dans la musique de Mozart mais sans diplôme universitaire ni équivalence, il est refusé à la Juilliard School of Music[5] et part aussitôt pour Los Angeles retrouver un frère aîné[6]. À vingt-quatre ans, tout en travaillant, il s'inscrit aux cours du soir. Il parvient à terminer le cursus des études secondaires et entre au conservatoire de l’Institut des arts de Californie[5]. Pour payer ses études, il tient l'orgue dans les synagogues des environs. Une fois obtenu son baccalauréat ès arts option musique, il est embauché au Music Circus (en) de Sacramento sans sortir pour autant de son existence précaire.
En 1955, à trente-trois ans, il retourne à New York. Il y travaille à Broadway comme chef d'orchestre et comme arrangeur de comédies musicales[5]. Il a l'occasion de collaborer avec Leonard Bernstein[5] mais aussi d'accompagner sur scène John Cage et Laurie Anderson[5].
En 1966, il produit avec Jean-Jacques Perrey chez Vanguard, organisateur en 1964 de leur rencontre, The In Sound from Way Out!, dans lequel les deux amis utilisent l'ondioline et l'Échantillonneur[5] sur des thèmes tirés de la musique classique ou contemporaine, Tchaïkovski, Ponchielli, Badale, voire Allan Sherman... Le titre qui ouvre l'album, Unidentified Flying Object, sera repris pendant des décennies par plusieurs émissions de télévision. Gershon Kingsley fait l'orchestration de quinze des Chants populaires français de Joseph Canteloube et dirige l'orchestre lors de leur enregistrement à Vienne par la soprano Natania Davrat.
Gershon Kingsley rend visite à Robert Moog, qui lui présente son Moog, et le duo Perrey et Kingsley (en) sort en 1967 Kaleidoscopic Vibrations: Electronic Pop Music from Way Out (en), qui contient des compositions originales et des réinterprétions telles que Les Parapluies de Cherbourg de Michel Legrand. Les titres The Savors et Baroque Hoedown (en) (le hoedown est une danse country) seront longtemps repris, le second exploité de multiples façons par le groupe Disney.
L'année suivante, Gershon Kingsley réalise seul un disque intitulé Music to Moog By[5], qui sort en 1969. Au milieu de reprises des Beatles, de Beethoven et de Simon and Garfunkel, on y entend une première version de Popcorn, courte[5], mais l'œuvre n'a alors pas autant de succès que le Switched-On Bach de Wendy Carlos[5].
Son ami Herb Wasserman, un amateur juriste de son métier, lui suggère d'associer plusieurs Moog[5]. Le projet séduit un imprésario en vue, Sol Hurok, et le First Moog Quartet (en) est donné à Carnegie Hall le [5]. C'est le premier spectacle donné sur une musique de synthèse. Il comporte danseurs, projections de films abstraits et musique d'ailleurs.
Malgré la critique assassine du New York Times, Arthur Fiedler, chef d'orchestre du Boston Pops, lui commande une composition de synthèse pour orchestre symphonique. La première de Concerto Moogo donnée en 1971 à la Salle symphonique de Boston est diffusée par la télévision sur tout le territoire des États-Unis.
Sol Hurok organise une tournée aux États-Unis et en Allemagne. Parmi les compositions originales de Kingsley auxquelles celui-ci mêle des paroles tirées de poètes de la Beat Generation, les quatre musiciens remportent à chaque fois un succès avec le joyeux Popcorn[5].
En 1972, Stan Free (en), musicien du First Moog Quartet passé au groupe Hot Butter, lui propose d'en faire une version longue, la plus connue[5]. En 1973, Jean-Michel Jarre en produit une encore plus développée[5]. Il en existe aujourd'hui quelque cinq cents versions[5]. Le succès commercial permet à Gershon Kingsley de payer les études universitaires de sa fille[6].
Poussé par sa maison de disques, Gershon Kingsley tente de rééditer son exploit commercial[5]. Si Sauerkraut (« choucroute ») a un petit succès en Allemagne, Crakers-Jacks ne surpassera pas Popcorn et sa légèreté ludique[5].
Il fonde la Kingsley Sound Inc., s'installe à Munich et travaille pour le cinéma pornographique ou d'horreur de série B, la télévision et la publicité. Il passe au Fairlight CMI et au Synclavier, avec lesquels il produit une musique new age et écrit des musiques de générique pour la ZDF.