La glace superionique, aussi appelée glace XVIII voire H2O superionique[1], est une phase de l'eau existant uniquement dans des conditions de très hautes températures et très hautes pressions[2].
Dans la glace superionique, les molécules d'eau se brisent et les ions oxygène se cristallisent en un réseau uniformément espacé tandis que les ions hydrogène flottent librement dans le réseau d'oxygène[3]. Les ions hydrogène librement mobiles rendent la glace superionique presque aussi conductrice que des métaux[2]. C'est l'une des 18 phases cristallines connues de la glace. La glace superionique est à distinguer de l'autoprotolyse de l'eau, qui est un état liquide hypothétique caractérisé par une soupe désordonnée d'ions hydrogène et oxygène.
Si elle était présente à la surface de la Terre, la glace superionique ne serait pas stable. En mai 2019, les scientifiques du Lawrence Livermore National Laboratory (LLNL) ont pu synthétiser de la glace superionique, confirmant qu'elle était presque quatre fois plus dense que la glace normale et de couleur noire[4],[5].
Bien que théorisée pendant des décennies, ce n'est que dans les années 1990 que les premières preuves expérimentales de la glace superionique apparaissent. Les premières preuves proviennent de mesures optiques d'eau chauffée par laser dans une cellule de diamant[6] et de mesures optiques d'eau compressée par des lasers puissants[7]. Les premières preuves concrètes de la structure cristalline du réseau d'oxygène dans la glace superionique viennent de mesures aux rayons X rapportées en 2019[2].
La glace superionique est théoriquement présente dans les manteaux de planètes géantes de glaces telles qu'Uranus et Neptune[3],[10],[11]. Cependant, d'autres études suggèrent que d'autres éléments présents dans ces planètes, tel que le carbone, pourrait empêcher la formation d'eau superionique[12].
↑ ab et c(en) Marius Millot, Federica Coppari, J. Ryan Rygg et Antonio Correa Barrios, « Nanosecond X-ray diffraction of shock-compressed superionic water ice », Nature (London), vol. 569, no 7755, (ISSN0028-0836, DOI10.1038/s41586-019-1114-6, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Alexander F. Goncharov, Nir Goldman, Laurence E. Fried et Jonathan C. Crowhurst, « Dynamic Ionization of Water under Extreme Conditions », Physical Review Letters, vol. 94, no 12, , p. 125508 (DOI10.1103/PhysRevLett.94.125508, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Marius Millot, Sebastien Hamel, J. Ryan Rygg et Peter M. Celliers, « Experimental evidence for superionic water ice using shock compression », Nature Physics, vol. 14, no 3, , p. 297–302 (ISSN1745-2481, DOI10.1038/s41567-017-0017-4, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Gunnar Weck, Jean-Antoine Queyroux, Sandra Ninet, Frédéric Datchi, Mohamed Mezouar et Paul Loubeyre, « Evidence and Stability Field of fcc Superionic Water Ice Using Static Compression », Physical Review Letters, vol. 128, no 16, , article no 165701 (DOI10.1103/PhysRevLett.128.165701).
↑(en) Ricky Chau, Sebastien Hamel et William J. Nellis, « Chemical processes in the deep interior of Uranus », Nature Communications, vol. 2, no 1, , p. 203 (ISSN2041-1723, DOI10.1038/ncomms1198, lire en ligne, consulté le )