Ses habitants sont appelés les Grandésinois ou plus couramment Grandésiniens, par référence à l'ancien nom de Grand, la ville gallo-romaine d'Andesina, très grande cité inscrite sur la carte de Peutinger, lieu d'importantes fouilles archéologiques sur le site archéologique de Grand.
La commune se situe à 22 km à l'ouest de Neufchâteau, aux confins du département des Vosges, à la limite du département de la Haute-Marne et de la Meuse.
Le village de Grand est situé sur un plateau calcaire entouré de forêts.
Des cavités naturelles existent sur la commune : LORAW0018218 Réseau de l'église ; LORAW0018217 Réseau Sud ; LORAW0018220 Puits de la Basilique. Ouvrages civils : LORAW0018219 Réseau du Grand Jardin - entrée rue du Bois ; LORAW0017415 Aqueduc de la rue du Bois[1].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 9,3 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 16,8 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 035 mm, avec 13,2 jours de précipitations en janvier et 9,6 jours en juillet[4]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Busson_sapc », sur la commune de Busson à 11 km à vol d'oiseau[6], est de 10,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 1 085,5 mm.
La température maximale relevée sur cette station est de 39,1 °C, atteinte le ; la température minimale est de −17,7 °C, atteinte le [Note 2],[7],[8].
Au , Grand est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[11].
Elle est située hors unité urbaine[12]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Neufchâteau, dont elle est une commune de la couronne[Note 3],[12]. Cette aire, qui regroupe 72 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[13],[14].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (69,2 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (69,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
forêts (64,7 %), terres arables (20,3 %), prairies (8,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (4,5 %), zones urbanisées (1,6 %)[15]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 3].
Camille Jullian écrit « La moitié de la vie dévote, pour le moins, se passe auprès des fontaines ; et les lieux de rendez-vous les plus populaires, ceux où l'on rassemble le plus d'idoles, de chapelles et de croyants, sont ceux où la multiplicité des eaux peut faire croire aux hommes que les dieux y tiennent assemblée » et fait naître l'hypothèse d'un temple des eaux appartenant à Apollon Grannus situé à Grand[16]. Il met en relation Grannus et le site de Grand, « ville mystérieuse où mille dévots se donnaient rendez-vous »[17], que Caracalla aurait visitée[18], où Constantin aurait eu la vision d'Apollon accompagné de la Victoire[19], ou citée par la Passion tardive de saint Élophe[20] martyrisé en compagnie de sa sœur Libaire par l'empereur Julien. D'après Jullian, Apollon aurait été l'héritier de l'antique dieu gaulois Bélénus[21].
Cette hypothèse, confortée par la présence probable d'une importante source, se transforme progressivement en certitude : tout en citant la position réservée d'Auguste Allmer, pour qui Grannus n'était pas un dieu de la Gaule[22], Albert Grenier note que « c'est à Grannus, surnom d'Apollon, que l'on rapporte l'origine du nom de Grand (Vosges). »[23]. Il est à noter que la ville de Grand est identifiée sous le nom dAndesina sur la Table de Peutinger, et que le nom de Grand serait un dérivé du nom du dieu Grannus, la ville ayant été le siège de lAquae Grannus.
Au temps de l'Empire romain, Grand était une importante cité religieuse, peuplée à l'époque d'environ 20 000 habitants. Elle disposait d'un amphithéâtre de 17 000 places, d'une basilique avec une mosaïque restée sur son emplacement d'origine, une des plus étendues et coloriées d'Europe occidentale, et probablement d'un temple très important dédié au dieu Apollon, établi sur une source gauloise. Grand a reçu la visite de plusieurs empereurs romains, puis la cité est tombée dans l'oubli au cours du Moyen Âge. Sa situation à l'écart des routes commerciales, sur un plateau calcaire isolé, explique que sa population soit tombée à environ 400 habitants. Ses importants vestiges archéologiques font l'objet d'études dans le cadre du Site archéologique de Grand.
Le nom antique de Grand serait Andesina selon la « Table de Peutinger », carte routière de l'époque romaine recopiée au Moyen Âge.
Les nombreux témoignages de la présence romaine dans les villages environnants ne font que confirmer la situation de ce centre gallo-romain au croisement de voies terrestres militaires et commerciales : Liffol-le-Grand, Soulosse-sous-Saint-Élophe, Naix-aux-Forges...
Il a en effet pris une importance notable comme l'attestent les vestiges d'aménagement hydraulique et de lieux de spectacles, sans commune mesure avec la localité à l'époque contemporaine. Longtemps considéré par les archéologues et les historiens comme étant une ville-sanctuaire, dédiée au dieu Apollon et à son homologue Grannus, le temple en question n'a pourtant pas été retrouvé (il se trouverait en dessous de l'église actuelle). On considère toutefois la cité antique comme une agglomération secondaire, comprenant environ 20 000 habitants.
Andesina se trouvait sur le territoire des Leuques et ce plateau sans rivière était alimenté en eau par des aqueducs souterrains[24],[25].
Quelques périodes ou dates religieuses sont proposées :
80 : construction de l'amphithéâtre débutant sous le règne de l'empereur Titus ;
213 : hypothèse (infirmée par les historiens actuels) du passage de Caracalla à Grand ;
octobre 362 : selon une tradition médiévale, persécution légendaire sous le règne de l'empereur Julien de sainte Libaire et de ses frères (Euchaire et Élophe) et sœurs (Menne, Suzanne, Ode, Gontrude). Ce massacre inclurait plus de deux mille victimes ;
1789 : colmatage de la source miraculeuse de sainte Libaire[27].
L'essentiel de la redécouverte de cette cité gallo-romaine oubliée se place dans les deux derniers siècles au plan archéologique.
En 2012, le conseil municipal engage les procédures afin de renommer la commune « Grand-la-Romaine ». Le dossier a été déposé en préfecture sans que, après avis du sous-préfet de l'arrondissement de Neufchâteau, la consultation préalable de la population annoncée par le maire ait été organisée (voir les Potins du conseil du ). Le conseil général des Vosges, consulté en 2013, a émis un avis favorable. Les autres autorités consultées ne se sont pas encore prononcées. La décision sera prise par décret en Conseil d'État (article L.2111-1 du code général des collectivités territoriales).
Avec Rouvres-en-Xaintois, Aouze et Soulosse-sous-Saint-Élophe, Grand est l'une des quatre communes vosgiennes à avoir manifesté son intérêt pour les investigations conduites par l'ANDRA dans le cadre de la recherche d'un site susceptible d'accueillir un centre d'enfouissement de déchets nucléaires de type FA-VL (Faible Activité Vie Longue). Les deux premières communes se sont désistées.
À la suite de la candidature de Grand en 2008 pour l'accueil d'un centre d'enfouissement de déchets de type FA-VL, une association de protection contre ce projet s'est constituée : l'ASODEDRA (association pour la sensibilisation de l'opinion sur les dangers de l'enfouissement des déchets radioactifs). Cette dernière communique notamment pas le biais de campagnes d'affichage et milite pour le retrait de la délibération initiale de candidature par le conseil municipal.
Le nouveau conseil municipal issu du scrutin de mars 2014 a adopté le 4 juin 2014, à l'unanimité des membres présents et représentés (9), une délibération qui annule la candidature de Grand décidée par l'ancien conseil le 2 juillet 2008.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[30]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[31].
En 2021, la commune comptait 356 habitants[Note 4], en évolution de −6,56 % par rapport à 2015 (Vosges : −3,05 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Amphithéâtre datant du Ier siècle et restauré à partir de 1963. Avec sa capacité de 17 000 places, il se classe parmi les dix plus vastes du monde romain. En 1995, une couverture de gradins en bois a été installée dans un souci de préservation. Il fait partie des « semi-amphithéâtres ». classé monument historique par liste de 1846[34].
Vestiges de remparts qui entouraient initialement le village (la « voie close »)
Église Sainte-Libaire construite sur un site antique (occupé par un temple d'Apollon) entre la fin du XVe siècle et la première moitié du XVIe siècle, restaurée à la fin du XVIIIe siècle[36], classée au titre des monuments historiques par arrêté du [37],[38].
Chapelle du cimetière dite Chapelle Sainte-Libaire, datant du XVe siècle, classée en totalité au titre des monuments historiques par arrêté du [39],[40],[41].
Villa romaine de la Fontainotte, datant de la fin du Ier siècle et du début du IIe siècle[42], dont les fouilles en 2011[43] dégagèrent des vestiges inscrits en totalité au titre des monuments historiques par arrêté du [44].
Jean-Paul Bertaux, Pierre Deletie, Yves Lemoine, De la truelle... au radar : 30 années de recherches géophysiques à Grand, Vosges.
René Dinkel, L'Encyclopédie du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel : Protection, restauration, réglementation. Doctrines : Techniques : Pratiques), Paris, éditions Les Encyclopédies du patrimoine, , 1512 p. (ISBN2-911200-00-4).
Chapitre X Les espoirs des laboratoires 2 - La prospection géophysique, pp 270-273.
Thierry Dechezleprêtre (dir.), Sur les traces d'Apollon : Grand la Gallo-Romaine, Paris, Somogy Éditions d'Art, , 128 p., 100 ill. (ISBN978-2-7572-0352-1).
Collectif, Grand : Prestigieux sanctuaire de la Gaule, Dijon, Archéologia, coll. « Les dossiers d'archéologie » (no 162), .
Ouvrage de synthèse sur la ville gallo-romaine.
Edmond Frézouls (dir.), Les villes antiques de la France, Belgique 1, AECR, Strasbourg, 1982, p. 177-234.
Camille Jullian, Histoire de la Gaule, Hachette, (lire en ligne).
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Auguste Allmer, « Les dieux de la Gaule », Revue épigraphique, vol. 3, no 89, , p. 527-534 (lire en ligne [13 décembre 2024]).
↑Albert Grenier (préf. Camille Jullian), Manuel d'archéologie gallo-romaine, Paris, A. Picard, , partie II, chap. 1 (« L'archéologie du sol. Les routes. »), p. 313.
↑La plaine vosgienne à l'époque gallo-romaine. Soulosse-sous-saint-Elophe. Liffol-le-Grand. Grand, Itinéraire du patrimoine, éditions Serpenoise, 1999, no 58, p. 18 (ISBN2-87692-211-8).