Grand Hotel | |
La scène du Martin Beck Theatre où Grand Hotel a fait ses débuts. | |
Livret | Luther Davis |
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Sources |
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Lyrics | Robert Wright George Forrest Maury Yeston |
Musique | Robert Wright George Forrest Maury Yeston |
Mise en scène | Tommy Tune |
Chorégraphie | Tommy Tune |
Costumes | Santo Loquasto |
Lumières | Jules Fisher |
Première | Martin Beck Theatre, Broadway |
Langue d’origine | anglais |
Pays d’origine | États-Unis |
Personnages | |
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Airs | |
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Grand Hotel est une comédie musicale de 1989, librement inspirée du roman Menschen im Hotel (Grand Hotel) de Vicki Baum et de son adaptation cinématographique Grand Hotel d'Edmund Goulding. Cette tragi-comédie[1] est une création de Robert Wright, George Forrest et Maury Yeston, sur un livret de Luther Davis.
Les années folles s'écoulent à toute vitesse. Berlin est l'âme d'un monde en pleine effervescence. Au somptueux Grand Hotel, un établissement prestigieux de style art deco, les gens vont et viennent.
Témoin de ce tourbillon incessant, le cynique docteur Otternschlag s'injecte sa morphine pour apaiser des blessures infligées lors de la Première Guerre mondiale.
Le concierge adjoint Erik, en poste à la réception, attend qu'on lui donne des nouvelles : sa femme accouche et le travail est difficile.
Le baron Felix Von Gaigern, jeune, beau et démuni, déploie tout son charisme pour obtenir une chambre dans cet hôtel surchargé ; sa route croise celle d'un gangster coriace qui se fait passer pour un chauffeur. Ce dernier fait pression sur Felix pour qu'il éponge ses dettes.
Une danseuse étoile russe vieillissante, Elizaveta Grushinskaya, arrive avec sa suite. Son entourage tente de la persuader qu'elle peut et surtout doit encore danser. Sa confidente et habilleuse Raffaela connaît les enjeux financiers de cette retraite : elle sait que si sa patronne se retire, de lourdes sommes d'argent devront être versées pour compenser la rupture de ses engagements. Raffaela est d'autant plus impliquée à ses côtés qu'elle éprouve des sentiments pour Elizaveta.
Otto Kringelein, un comptable juif gravement malade, veut passer ses derniers jours dans un hôtel de luxe. Quitte à se ruiner, il veut connaître ce monde fastueux au moins une fois dans son existence. Le baron l'aide à trouver une chambre.
Pendant ce temps, Hermann Preysing, directeur général d'une usine textile en faillite, apprend que la fusion avec une entreprise de Boston est annulée. Ce revirement signifie sa ruine. Il ne veut pas mentir à ses actionnaires et finit par céder à la pression. Il envisage de se rendre aux Etats-Unis pour relancer l'accord et presse sa secrétaire par intérim, Flaemmchen, de l'accompagner. Il lui fait ouvertement des avances. Mais la jeune femme le repousse.
De fait, Flaemmchen a beaucoup d'ambition et de rêves : elle veut devenir une célébrité hollywoodienne. Ce projet est menacé par une potentielle grossesse. Cela ne l'empêche pas de flirter avec Felix. Néanmoins, sur l'impulsion de ce dernier, elle accepte également de danser avec Otto. Le comptable, surpris et ravi, s'amourache de la ravissante dactylographe.
Lors d'une représentation, Elizaveta s'avère incapable d'exécuter sa chorégraphie et se précipite à l'hôtel. Elle fait irruption dans sa chambre et y découvre Felix. Le baron s'apprête à lui dérober un somptueux collier de diamants pour rembourser le gangster Chauffeur. Pour se tirer de ce mauvais pas, il prétend être son plus grand admirateur. Malgré ces débuts chaotiques, Elizaveta et Felix s'éprennent l'un de l'autre ; ils finissent par passer la nuit ensemble. Le baron accepte de l'accompagner à Vienne pour qu'elle puisse honorer ses engagements de danseuse. Ils prévoient de se retrouver à la gare et de se marier dans la foulée.
Deux artistes afro-américains parfaitement francophones, les Jimmy, chantent au bar et dansent avec Flaemmchen. Leur bonne humeur, leur sens de la réplique et leurs incroyables facultés de danseurs les mettent sous les projecteurs du Grand Hotel.
Erik essaie de quitter son travail pour rejoindre son épouse à l'hôpital. Or, son odieuse patronne Rohna refuse de lui accorder cette faveur.
Le baron persuade Otto d'investir en bourse, un domaine où ce dernier se révèle particulièrement brillant. Mais l'état d'Otto se dégrade. Felix le raccompagne dans sa chambre et, pris de sympathie pour le comptable, résiste à la tentation de lui voler son portefeuille. Touché par sa sollicitude, Otto offre de l'argent au baron.
Le gangster confronte Felix et lui ordonne d'escamoter le portefeuille de Preysing ; il donne une arme au baron. Ce dernier, à contre-cœur, s'exécute et s'éclipse dans la suite du directeur.
Dans cette même chambre, Preysing accule Flaemmchen. Son harcèlement tourne à l'agression et il s'apprête à la violer. Le baron, qui se trouve donc dans la suite de Preysing pour le voler, entend les cris de la secrétaire. Il se rue dans la pièce pour la défendre, le portefeuille en mains. Une lutte s'ensuit. L'altercation dégénère et Preysing tue le baron avec l'arme du gangster. Par la suite, le directeur est arrêté.
Apprenant la nouvelle, Raffaela ne peut se résoudre à avouer la mort de son amant à Grushinskaya. La ballerine est si heureuse d'avoir trouvé l'amour que sa confidente décide de la laisser dans l'ignorance. Sa patronne part pour la gare, persuadée d'y retrouver Felix.
De son côté, Otto propose d'emmener Flaemmchen à Paris. Il a maintenant beaucoup d'argent et souhaite profiter d'une belle vie à ses côtés pour le temps qu'il lui reste. Flaemmchen se rend compte qu'elle aime sincèrement le comptable. En joie, elle accepte sa proposition.
Erik a enfin des nouvelles de son épouse : sa femme se porte à merveille et ils sont parents d'un petit garçon.
Le docteur Otternschlag observe ces différents dénouements :
« Grand Hotel, Berlin. Always the same
People come, people go
One life ends while another begins
One heart breaks while another beats faster
One man goes to jail while another goes to Paris
Always the same.
... I'll stay
One more day. »
En 1958[2], Robert Wright, George Forrest et Luther Davis décident d'adapter le roman Menschen im Hotel de Vicki Baum en comédie musicale. Ils s'inspirent également de son adaptation cinématographique Grand Hotel d'Edmund Goulding.
Le titre est At the Grand et le scénario connaître quelques modifications : le Berlin de 1928 est troqué pour la Rome contemporaine[2] et la ballerine au cœur de l'intrigue devient une chanteuse d'opéra ressemblant beaucoup à Maria Callas. L'ambition du trio est de faire jouer cette héroïne par Joan Diener, sous la direction de son époux Albert Marre[3]. L'ensemble de l'équipe avait déjà collaboré sur la comédie musicale à succès Kismet[2].
En 1958, les avant-premières de At the Grand connaissent des retours très mitigés[3]. Outre la réception préoccupante, l'équipe affronte un autre problème : l'interprète de Kringelein, Paul Muni, est malade et ne peut tenir son rôle sur une aussi longue durée[1].
Le producteur Edwin Lester décide d'annuler la comédie musicale, d'ores et déjà prévue sur Broadway. Le projet est alors enterré.
Trente ans plus tard, Davis, Wright et Forrest décident de dépoussiérer le matériel original et de remonter le spectacle. Cette fois, la trame se déroule bien en 1928, à Berlin.
Le projet est confié au metteur en scène et chorégraphe Tommy Tune : ce dernier mise alors sur une production de deux heures, sans entracte, comprenant des scénettes dialoguées, des numéros musicaux et des scènes dansées. L'idée est de retranscrire l'ambiance d'un hôtel animé, un tourbillon qui emporte les personnages sans interruptions.
Sept chansons de At the Grand sont incorporées au projet, désormais baptisé Grand Hotel. Deux de ces chansons sont néanmoins abandonnées lors des essais à Boston, au Colonial Theatre[2].
En 1989, Tommy Tune contacte le compositeur et parolier Maury Yeston : les deux hommes avaient travaillé ensemble sur la comédie musicale multirécompensée Nine. Tune lui demande d'améliorer Grand Hotel. Yeston rejoint le projet avec l'accord de Wright et Forrest. Le compositeur écrit sept nouvelles chansons dont Love Can't Happen, I Want to Go to Hollywood, At The Grand Hotel, Bonjour Amour, Roses at the Station et Grand Parade (le nouveau numéro d'ouverture) ; il signe également des paroles supplémentaires pour certains titres de Wright et Forrest[4].
Toujours à la demande de Tune, Peter Stone accepte de travailler sur l'œuvre comme script doctor, bien que le livret reste entièrement attribué à Davis[3].
Tune laisse également Pierre Dulaine et Yvonne Marceau (le Gigolo et la Comtesse de la distribution originale) réaliser la chorégraphie de la salle de bal[5]. Thommie Walsh met en scène la danse de I Want to Go to Hollywood.
La première se tient au Martin Beck Theatre, à Broadway, le 12 novembre 1989. Le spectacle gagne en popularité et s'étend sur 1 077 représentations. Il remporte de nombreuses récompenses aux Tony Awards et au Drama Desk Awards. Le revival du West End déroche un Laurence Olivier Award, celui de Meilleure reprise d'une comédie musicale.
Personnages | Broadway
(1989) |
Première tournée américaine
(1990) |
West End
(1992) |
West End
(2004) |
Japon[6]
(2006) |
Southwark Playhouse
(2015) |
Encores!
(2018) |
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Baron Felix Von Gaigern | David Carroll | Brent Barrett | Julian Ovenden | Kōjirō Oka en alternance avec Kenya Osumi | Scott Garnham | James Snyder | |
Otto Kringelein | Michael Jeter | Mark Baker | Barry James | Daniel Evans | Ikki Kosakai | George Rae | Brandon Uranowitz |
Elizaveta Grushinskaya | Liliane Montevecchi | Mary Elizabeth Mastrantonio | Minari Maeda | Christine Grimandi | Irina Dvorovenko | ||
Flaemmchen | Jane Krakowski | DeLee Lively | Lynnette Perry | Helen Baker | Jun Shibuki | Victoria Serra | Heléne Yorke |
Directeur général Hermann Preysing | Timothy Jerome | K.C. Wilson | Martyn Ellis | Ken Tanaka | Jacob Chapman | John Dossett | |
Raffaela Ottanio | Karen Akers | Debbie de Courdreaux | Gillian Bevan | Mary Suwa | Valerie Cutko | Natascia Diaz | |
Colonel Docteur Otternschlag | John Wylie | Anthony Franciosa | Barry Foster | Gary Raymond | Takashi Fujiki | Philip Rham | William Ryall |
Erik Litnauer | Bob Stillman | Dirk Lumbard | Kieran McIlroy | David Lucas | Dong-ha Park | Jonathan Stewart | John Clay III |
Les deux Jimmy | David Jackson
Danny Strayhorn |
Nathan Gibson
David Andrew White |
David Jackson
David Andrew White |
Joseph Nobel
Paul Hazel |
/ | / | James T. Lane
Daniel Yearwood |
1990 :
1990 :