Grandchamp | |
La halle & le monument aux morts | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Bourgogne-Franche-Comté |
Département | Yonne |
Arrondissement | Auxerre |
Intercommunalité | CC de l'orée de Puisaye |
Statut | Commune déléguée |
Maire délégué | Roger Tavelin |
Code postal | 89350 |
Code commune | 89192 |
Démographie | |
Population | 367 hab. (2013) |
Densité | 13 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 48′ 26″ nord, 3° 09′ 19″ est |
Altitude | Min. 153 m Max. 224 m |
Superficie | 28,29 km2 |
Élections | |
Départementales | Charny |
Historique | |
Commune(s) d'intégration | Charny-Orée-de-Puisaye |
Localisation | |
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Grandchamp est une ancienne commune française, située dans le département de l'Yonne en région Bourgogne-Franche-Comté, devenue, le , une commune déléguée de la commune nouvelle de Charny-Orée-de-Puisaye.
Le territoire de Grandchamp, qui appartient au sud Bassin Parisien, est composé de sols argilo-calcaires du crétacé supérieur. Il est arrosé par l'Ouanne qui le divise en trois zones. Le nord-est est constitué d'un plateau, majoritairement boisé, qui culmine à 220 m dans la garenne de Château-Gaillard, tandis que le sud-ouest est occupé par un plateau moins boisé qui culmine au bois des Touches, à l'altitude sensiblement équivalente de 216 m . Entre les deux, la large vallée de l'Ouanne, qui descend jusqu'à 155 m au Moulin de Plancy , déploie ses belles prairies naturelles et ses peupleraies.
L'énergie fournie naturellement par la rivière était exploitée dans le passé par quatre moulins. L'un situé en amont du village appelé la Forge, dans la seigneurie de La Grange, devait permettre une petite activité métallurgique mettant en valeur les quelques dépôts ferrugineux superficiels présents sur les plateaux. Le second moulin est dans le bourg même, le troisième, appelé le moulin du Foulon Brosset, est situé à la sortie du village et le dernier en aval dans la seigneurie de Plancy.
Les lieux-dits suivis d'un astérisque sont situés à l'écart de la route indiquée.
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Saint-Denis-sur-Ouanne | Perreux | Sommecaise | ||
Malicorne | N | Villiers-Saint-Benoît | ||
O Grandchamp E | ||||
S | ||||
Champignelles | Villiers-Saint-Benoît | Villiers-Saint-Benoît |
Grandchamp est attesté dès le haut Moyen Âge. Vers l’an 638, Dagobert Ier, roi des Francs, donne à la basilique de la dame sainte Colombe [abbaye de Sainte-Colombe de Sens] et du seigneur saint Loup de Sens sa villam Grandem campum in Gaustinensi. Deux siècles plus tard, l’abbé de Sainte-Colombe, Supplicius, obtenait de l’empereur Louis le Débonnaire, en date du , confirmation d’un précepte de son père Charlemagne par lequel ce prince rappelait que les rois Clothaire II et Dagobert Ier avaient fait don au susdit monastère des villas quarum vocabula sunt Cersiacus et Grandis-Campus (Cuy et Grandchamp)[1].
En 884, c’est au roi Carloman de confirmer, cette fois au profit de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre, la possession de quatre manses qui sont dans le pagus du Gâtinais, dans le village appelé Grandchamp, données à Saint-Germain par les nobles hommes Northgaudo et ses frères pour le salut de leurs âmes et pour le lieu de leur sépulture. Cette confirmation faisait suite à un privilège du pape Nicolas Ier [2] et à un précepte de l’empereur Charles-le-Chauve.
Au XIe s., à une date non précisée, Grandchamp apparaît dans une nomenclature des églises de l’archidiaconé de Sens, plus précisément parmi les quarante-neuf composant le Ministerium confié à cette époque au prêtre Frédéraire, qui inclut le futur doyenné de Courtenay[Note 1]. Sont également citées, entre autres, les églises de Sommecaise, Saint-Denis-sur-Ouanne, Saint-Martin et Champignelles (mais ni Villiers, ni Perreux, ni Malicorne ne sont encore érigés en paroisse, ces lieux n’existant peut-être pas encore)[3]. Cet archidiaconé recouvrait l’ancien pagus senonensis, l’une des cinq divisions territoriales de la civitas des Sénons, qui formait elle-même l’archidiocèse de Sens.
Un prieuré fut créé sur la route de Grandchamp à Champignelles sous le vocable de saint Val, sans que l’on sache si l’une des deux abbayes précitées, Sainte-Colombe ou Saint-Germain, en fut la fondatrice. Pierre de Courtenay, frère du roi Louis VII, au moment de partir pour la seconde fois en Terre Sainte en 1179, d'où il devait ne pas revenir : « donne à la même église de Rosoy et aux saintes moniales de Cloix[4] le quart et la justice, c'est-à-dire tout ce que j'avais, dans la forêt de Saint-Val ». Ce texte suggère que le prieuré de Saint-Val était devenu par le malheur des temps une simple dépendance du modeste établissement monastique de Cloix. Saint-Val, comme Cloix, avait disparu depuis longtemps lors de l'édition en français du pouillé de l'archidiocèse de 1648[5].
En , la cure de Grandchamp faisait partie des très nombreux légataires de Guillaume de Courtenay, seigneur de Champignelles, à hauteur de cinq sous « pro servicio faciendo[6] ».
Quatre seigneuries se partageaient le finage de Grandchamp : La Grange, les Brossards, Plancy et Grandchamp proprement dit. Plancy, situé entre le village et Saint-Denis, comprenait une motte, disparue mais encore mentionnée sur la carte de Cassini, un moulin et un domaine agricole. La Grange dite « au Roi » porte le nom de ses seigneurs du XVIe siècle : les Le Roy[7].
Un fief séant à Gandchamp, mouvant de la châtellenie de La Ferté-La-Loupière (sic) et tenu par Philbert de Brétigny, est cité comme tel dans l'aveu et dénombrement rendu au roi en 1389 par le comte de Joigny. Il doit s'agir des Brossards qui est la seule seigneurie de la paroisse de Grandchamp mentionnée dans les « Coutumes générales du bailliage de Troyes en Champagne » au titre de la châtellenie susdite[8].
Les villageois de Grandchamp étaient en effet assujettis à des coutumes différentes selon leur domicile : La Grange appliquait la coutume d'Auxerre (mais cela était contesté)[9], Les Brossards celle de Troyes, tandis que le village et la Motte suivaient celle de Montargis-Lorris[10].
Le premier seigneur de Grandchamp dont nous ayons connaissance est Jean Le Roy, mort entre 1520 et 1530. L'un de ses deux fils, Guillaume, capitaine d'une compagnie de cent arquebusiers (1569) s'est marié avec Jeanne de Salins. C’est en qualité de seigneur de La Grange-aux-Rois (-au-Roi) (ce nom venant, on l'a vu de la famille seigneuriale Le Roy), de Vauvillon et des Berthelots, qu’il se fait représenter par maître François Le Roi à la séance d’ouverture de la rédaction de la coutume d’Auxerre le en l’hôtel épiscopal[9]. Sous le nom de « monsieur de La Grange-aux-Rois qui demeuroit dans la Puisaie », il est sollicité en pour commander aux troupes qui s'apprêtaient à reprendre le château épiscopal de Régennes aux Huguenots qui s'y étaient réfugiés après leur éviction de la ville d'Auxerre[11]. Ambroise Challe précise : « Un vieil officier qui avait fait les campagnes d'Italie, Guillaume Roy, seigneur de La Grange aux Roy, vint de la Puisaye avec une compagnie de cent arquebusiers. Le canon ayant fait brèche, on put, à l'aide d'un train de bois qui descendait la rivière et que l'on fit entrer dans le canal qui formait le fossé du château, monter à l'assaut et la place fut emportée[12] ».
Guy Le Roy, frère de Guillaume, apparaît en 1531, en qualité de seigneur de Grandchamp à la rédaction de la coutume de Lorris-Montargis[13]. On peut lui attribuer le portail Renaissance de l’église paroissiale de Grandchamp (armes bûchées (martelées : cf. Wiktionnaire), datées 1546) et la création de trois foires annuelles accordées par Henri II en 1548. Il figure dans l’église, à genoux, en tenue de gentilhomme, implorant son saint patron. Il eut deux filles, Jeanne-Michelle et Jacqueline Le Roy de Grandchamp, qui épousèrent respectivement les deux frères, Joachim et Henri de Saarebruck-Roucy, d’une branche bâtarde de cette illustre Maison (fils de Louis, seigneur de Sissonne (1465-av. 1536), bâtard de Jean VII de Roucy : cf. Racines&Histoire, p. 17-19 et Geneanet Pierfit). Joachim de Roussy, capitaine de 50 hommes d'armes, est seigneur de Grandchamp du chef de sa femme et c'est en cette qualité qu'il est appelé le à séance d'ouverture de la rédaction de la coutume d'Auxerre, conjointement avec sa belle-sœur Jacqueline Le Roi, veuve d’Henri de Roussy, en son vivant seigneur de Sissonne et de Grandchamp, chambellan d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre. Le procès-verbal de cette réunion nous informe des différentes contestations qui se sont élevées, notamment au sujet de Grandchamp :
« Par lesdits Fernier et Fournier, avocat et procureur, pour lesdits Messire Joachim de Roussy et aussi pour les manans et habitants audit Grand-Champ a été dit que ledit lieu de Grand-Champ est mouvant des baronnies de Thoucy et Champinelles, lesquelles baronnies ensemble ledit lieu de Grand-Champ ont été de tous tems régies et gouvernées sous ladite coutume de Montargis et de Lorriz, protestans audit nom comme dessus ».
Peu après, les terres de Grandchamp et de La Grange-au-Roi sont vendues par les Roucy à Paul Choart de Buzenval, gentilhomme ordinaire de la maison du Roi de Navarre, futur Henri IV, puis conseiller de sa Majesté en ses conseils d'État et privé, enfin ambassadeur de France (cf. Gustave Baguenault de Puchesse, en ligne sur JSTOR). Envoyé tout d'abord auprès de la Reine Élisabeth d'Angleterre, il mécontenta cette ombrageuse princesse et fut alors envoyé en Hollande. Sa correspondance d'ambassadeur en Hollande (1594-1606), conservée à la BNF, a été publiée[14]. Paul Choart, célibataire sans descendance, légua Grandchamp à sa sœur Françoise Choart, épouse de Pierre François Della Robbia (~1540-1609), contrôleur du domaine royal à Paris, seigneur de Puteaux, fils de Girolamo Della Robbia (1488-1566), céramiste, architecte et valet de chambre du roi.
Pierre François Della Robbia et Françoise Choart eurent deux fils : Hierosme et Charles, nés respectivement en 1576 et 1582. Le constructeur du château et des communs est très probablement Hierosme (1576-1654), écuyer ordinaire de la Petite Écurie, seigneur de Grandchamp et de la Grange-au-Roi, mort sans postérité d’Antoinette Grenier. Des épis de faîtage en grès vernissé dans les communs, portant la date de 1642 et chiffrés RC, marquent probablement la fin des travaux.
Son frère cadet Charles Della Robbia, qui fut conseiller au Grand Conseil, avait également dû hériter, partiellement du moins, de Grandchamp. De Diane Le Picard, fille d’un intendant de police, il eut un fils Guy, mort jeune, et une fille Françoise, née en 1615. C’est à l’âge de dix ans, en 1625, que Françoise Della Robbia hérite de son père Charles et de son frère Guy. Mais elle ne reçut Grandchamp de son oncle et tuteur Hierosme qu’au décès de celui-ci en 1654. Françoise épouse à seize ans Charles Le Maistre, futur capitaine aux galères du roi, fils de Jean-Jacques Le Maistre, auditeur puis maître des Comptes, écuyer ordinaire de la Petite Écurie du roi à Versailles. Le contrat de mariage est daté à Grandchamp du [15].
Ses petits-enfants, acculés à la faillite, devront vendre Grandchamp en 1695 à Melchior (Ier) de Jordy de Cabanac, commandant de la Petite Ecurie (né vers 1643 et † en 1710 ; oncle de François). De son épouse Marie Courtin, dite la Jeune (Racines&Histoire : Courtin, p. 10 et 14), il eut pour fils cadet Guy de Jordy de Cabanac, mestre de camp de cavalerie, marquis de Grandchamp, (1685 – 1761), lui-même marié à Marie-Anne Guérin de Bruslard, fille de Robert Jean Guérin de Bruslard, major de la ville de Dunkerque, seigneur de Bruslard (cf. Armorial de Champagne > Guérin : les armes sont bien celles des Guérin de Bruslard) et de Marguerite Madeleine de Courtenay, dame du Coudray (petite-fille naturelle de Gaspard II de Courtenay-Bléneau (1602-1655) : cf. Racines&Histoire : Courtenay, p. 14).
Anne-Marie-Madeleine de Jordy de Cabanac, sa fille, était aussi possessionnée à Perreux (voir à cet article) ; elle épousa son cousin issu de germain Eléonor-Charles Courtin du Saussois (ou de Tanqueux), mousquetaire noir, et vendit Grandchamp à Bénigne-Henri (de) Sacriste de Tombebœuf (cf. baron Henri de Woelmont de Brumagne (1881-1931) : Notices généalogiques, chez Edouard Champion, 1923, p. 696), sire de Louesme et Tannerre, premier lieutenant des Gardes Françaises, colonel d’Infanterie (1788), chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Paralysé dès 1787, il donna sa démission de l'armée et alla prendre les eaux à Aix-La-Chapelle d'où il revint en octobre 1792. Cette circonstance fut qualifiée d'émigration ce qui entraîna la vente de ses biens « au profit de la Nation ». Mais son épouse, Charlotte de Bombelles, fille aînée de Joseph-Henri, avait pu se porter acquéreur de la terre de Grandchamp pour 300.000 francs dès le 27 juillet 1790[16]. Déclaré suspect, le citoyen Sacriste fut incarcéré fin 1793 dans la maison de détention de Joigny où il mourut le 13 Brumaire An III, sourd, muet et perclus de tous ses membres, après un an et demi de souffrances[17].
Sous le nom de « De Sacriste, marquis de Tombeboeuf, ancien premier lieutenant des Gardes françaises, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis », il avait signé la « Protestation des Gentilshommes de la Puisaye contre le décret du 19 juin 1790 portant suppression de la noblesse héréditaire ».
Leur fille Augustine Joséphine Henriette de Sacriste de Tombebœuf, épouse de Denis-Scipion de Grimoard de Beauvoir du Roure de Beaumont-Brison, hérita du château de Grandchamp où elle mourut le 22 mars 1855[18]. Ses héritiers vendront Grandchamp à M. Defrance, ancêtre de l'actuel propriétaire. M. du Roure mourut maire de Grandchamp en septembre 1817.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[20]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[21],[Note 2].
En 2013, la commune comptait 367 habitants, en évolution de 0 % par rapport à 2008 (Yonne : −0,46 %, France hors Mayotte : +2,49 %).
Paul Choart de Buzenval, seigneur de Grandchamp et de La Grange-au-Roi, gentilhomme ordinaire de la maison du Roi de Navarre, depuis Henri IV, et conseiller de sa Majesté en ses conseils d'État et privé, ambassadeur de France en Angleterre puis aux Provinces-Unies (voir historique ci-dessus)
La commune inclut trois ZNIEFF.