Le gris est un champ chromatique défini par la faiblesse ou l'absence de l'impression de couleur, dont l'intensité lumineuse est moindre que celle du blanc et supérieure à celle du noir.
Les images ne présentant aucune impression de couleur sont généralement dites en noir et blanc ou en grisaille[1].
La norme AFNOR X08-010 : Classification méthodique générale des couleurs (annulée le 30 août 2014) situait le champ chromatique correspondant à la teinte grise dans une région de luminance entre 5 et 75 % du blanc, avec une saturation devant être plus faible pour les teintes claires (les verts) que pour les sombres (les pourpres)[2].
Ces limites indicatives s'appuyaient sur la sensibilité de l'œil humain. La transition avec les champs chromatiques voisins, les beiges et les roses pour les gris clairs, et les kakis, bruns marron et bordeaux, verts, bleus et pourpres pour les gris sombres est progressive[3].
La notion de gris étant large, elle peut être qualifiée. Les adjectifs « clair », « moyen » et « foncé » indiquent la luminosité.
Le gris neutre est rare[4]. On peut préciser une vague dominante de couleur par apposition du nom d'une teinte proche, comme dans un « gris rose » ou avec les adjectifs en « —âtre » formés avec une teinte plus lointaine, comme un « gris verdâtre ». Assez vite, l'impression de couleur prend le dessus ; une couleur fortement désaturée se dit « grisâtre ».
En arts visuels, on parle de couleurs chaudes et froides, et donc de « gris chaud » s'il est légèrement orangé, sans aller jusqu'au beige, couleur voisine, et de « gris froid » quand il est légèrement bleu ou bleu-vert.
Le nuancier des papiers demi-teinte Canson comprend les numéros 120, gris perlé ; 122, gris flanelle ; 343, gris Trianon ; 345, gris ardoise, 354 gris ciel; 426 gris ciel (plus froid) ; 429 gris fumé ; 431 gris chiné[5]. Herbin propose sous le nom de « gris ciel » une encre d'un gris légèrement bleuté qui apparaît froid en comparaison au lavis d'encre de Chine.
L'informatique ne définit pas les couleurs directement, celles-ci dépendant de l'écran ou de l'imprimante et de leurs réglages. Le code rouge vert bleu peut se convertir en situation dans un espace colorimétrique, mais la diversité des matériels et des environnements rend l'estimation de la zone des codes de gris difficile.
Avec 8 bits par canal, il existe 256 niveaux possibles par canal. Pour un gris parfaitement neutre, les valeurs de rouge, vert et bleu sont égales. La valeur RVB (0,0,0) code le noir, la valeur RVB (255,255,255), le blanc. Les 254 valeurs entre les deux pourraient s'appeler gris, mais on ne peut être sûr que les plus claires ni les plus sombres se distinguent d'un noir ou d'un blanc sur tous les médias, ni qu'elles puissent se distinguer les unes des autres. On ne peut pas affirmer avec autorité où s'arrêtent les blancs, ni où commencent les noirs, d'autant plus que l'évaluation visuelle d'une couleur dépend de celles de son voisinage. Quand les composantes ne s'éloignent les unes des autres que d'une ou quelques-unes unités, on ne peut non plus préciser où s'arrête le gris. Comme pour les couleurs de surface, les tendances orangées ou bleuâtres s'assimilent plus au gris.
Les noms de couleur X11 comportent cent niveaux de gris numérotés ; la partie de cette liste qui définit les couleurs utilisées dans les codage HTML, SVG et CSS, à l'intention des navigateurs comprend:
nom | échantillon | traduction française | code hex | r,g,b | teinte |
---|---|---|---|---|---|
LightGray | gris clair | D3D3D3 | 211,211,211 | neutre | |
DarkGray | gris foncé | A9A9A9 | 169,169,169 | neutre | |
Gray | gris | 808080 | 128,128,128 | neutre | |
DimGray | gris atténué | 696969 | 105,105,105 | neutre | |
LightSlateGray | gris ardoise clair | 778899 | 119,136,153 | 210° (froid) | |
SlateGray | gris ardoise | 708090 | 112,128,144 | 210° (froid) | |
DarkSlateGray | gris ardoise foncé | 2F4F4F | 47,79,79 | 180° (bleu-vert) |
Un gris neutre est un gris qui ne présente aucune dominante colorée.
Les chartes de gris neutre, diffuseurs aussi parfaits que possible (sans reflets) de réflectance 18 % ou 14 % sont d'un usage courant en photographie. Elles donnent une référence pour l'étalonnage des couleurs. Si la vision humaine s'adapte inconsciemment à l'éclairage, il n'en va pas de même pour les machines, et la couleur enregistrée pour le gris dépend de la lumière qui l'éclaire. On place la charte dans la lumière principale, afin de garder une trace de sa température de couleur et d'éventuelles déviations, fréquentes dans le cas d'un éclairage fluorescent. La réflectance de la charte est prévue pour pouvoir servir aussi de référence pour l'exposition d'un sujet moyen.
Le gris neutre revêt une importance particulière du fait que la discrimination des couleurs, c'est-à-dire la capacité à différencier deux plages de même luminosité mais avec une couleur dominante légèrement différente, est maximale pour les teintes peu saturées et de luminosité moyenne, correspondant à la définition du gris[7].
Les filtres gris neutre s'interposent dans le flux lumineux pour contrôler l'éclairement de la surface sensible. On les désigne par le logarithme de leur absorbance (densité optique). Un gris neutre 0,3 laisse passer la moitié de la lumière, quelle que soit la couleur.
Le gris typographique est l'évaluation visuelle, par le professionnel, de la répartition globale de la charge d'encre (noire) sur le papier (blanc) dans un texte imprimé.
Ni blanc, ni noir, ni coloré, le gris se perçoit surtout comme un manque. Le vêtement du pauvre est gris, écru, beige : ainsi nomme-t-on, au XIXe siècle, grisette la jeune femme pauvre que son travail dans un atelier ou une boutique ne met pas à l'abri de la faim, et dont la robe est grise, faute des moyens d'avoir du tissu teint.
À la fin du XVIe siècle, Abraham de Vermeil fait de ce caractère moyen l'emblème de la vertu :
« Le Gris est le milieu de deux couleurs extrêmes,
Le milieu est le but que les vertus ont pris,
Puis donc que les vertus et le Gris sont de mêmes,
Qui aime la vertu, il aimera le Gris[8]. »
Dans le symbolisme occidental, le gris est associé à l'ennui, à la dépression, à la tristesse, caractères mélancoliques associés au Moyen Âge à la sagesse et la connaissance.