En mathématiques, plus particulièrement en algèbre, le groupe symétrique d'un ensembleE est le groupe des permutations de E, c'est-à-dire des bijections de E sur lui-même. N'est traité dans le présent article, à la suite de la définition générale, que le cas E fini.
Soit E un ensemble. On appelle groupe symétrique de E l'ensemble des applicationsbijectives de E sur E muni de la composition d'applications (la loi ∘). On le note S(E) ou (ce caractère est un S gothique rappelant le rôle essentiel joué par les mathématiciens allemands dans le développement de l'algèbre entre 1850 et 1933[1]).
Un cas particulier courant est le cas où E est l'ensemble fini {1, 2, … , n}, n étant un entier naturel ; on note alors ou Sn[2] le groupe symétrique de cet ensemble. Les éléments de sont appelés permutations et est appelé groupe des permutations de degré n ou groupe symétrique d'indice n (un sous-groupe du groupe symétrique est appelé un groupe de permutations).
Si deux ensembles sont équipotents alors leurs groupes symétriques sont isomorphes. En effet, si f est une bijection de E dans F, alors l'application de S(E) dans S(F) qui à σ associe f∘σ∘f−1 est un isomorphisme. En particulier si E est un ensemble fini à n éléments, alors est isomorphe à . En conséquence, il suffit de connaître les propriétés du groupe pour en déduire celles du groupe . C'est pourquoi la suite de cet article ne portera que sur .
Une transposition est un 2-cycle, c'est-à-dire une permutation qui échange deux éléments et laisse les autres inchangés. On note (i, j) la transposition qui échange l'élément i avec l'élément j.
Toute permutation se décompose en un produit de transpositions. Ce produit n'est pas unique, mais la parité du nombre de termes d'un tel produit ne dépend que de la permutation. On parle alors de permutation paire ou impaire.
La signature d'une permutation σ, notée sgn(σ) ou ε(σ), est définie par :
L'application signature est un morphisme de groupes de dans ({–1, 1}, ×).
Le noyau de ce morphisme, c’est-à-dire l'ensemble des permutations paires, est appelé le groupe alterné de degré n, noté (ce caractère est un A gothique).
est donc un sous-groupe normal de et le groupe quotient est isomorphe à l'image {–1, 1} du morphisme signature. Par conséquent, est d'indice 2 dans , donc d'ordre n!/2. (Ou plus concrètement : et son complémentaire dans sont de même cardinal car pour t transposition de , l'application σ ↦ t∘σ est une bijection de dans son complémentaire.)
Si l'on considère dans les différentes classes de conjugaison, on trouve celle de l'identité, des transpositions (ab), les permutations composées de deux transpositions de supports disjoints (ab)(cd), les cycles d'ordre 3 (abc), les permutations composées d'un cycle d'ordre 3 et d'un d'ordre 2 : (abc)(de), puis les cycles d'ordres 4 : (abcd) et 5 : (abcde).
Les permutations (1 2 3)(4 5) et (1 3 4)(2 5) sont dans la même classe de conjugaison contrairement à la permutation (1 3)(2 5).
Si n > 4, n'a aucun sous-groupe d'indice strictement compris entre 2 et n[10].
Tout sous-groupe d'indice n de est isomorphe à [11]. Si n est différent de 6, un tel sous-groupe est forcément le stabilisateur d'un élément de {1, … , n}.
En revanche, possède un sous-groupe d'indice 6 transitif donc sans point fixe[12].
est complet pour tout n différent de 2 et de 6. En effet :