Date |
- (6 ans et 17 jours) |
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Lieu | Suriname oriental |
Issue | Le Jungle Commando dépose les armes après la restauration de la démocratie |
Suriname | Jungle Commando Tucayana Amazonas (en) |
Fred Ramdat Misier Desi Bouterse |
Ronnie Brunswijk Thomas Sabajo |
87 morts | 60 morts |
La guerre civile du Suriname est un conflit qui dura de 1986 à 1992 au Suriname. Il a opposé le gouvernement du Suriname mené par Dési Bouterse au Jungle Commando mené par Ronnie Brunswijk. Le conflit a touché principalement l'est du Suriname, notamment les populations marrons.
La situation s'enlisant durablement, les Jungle Commando ont progressivement évolué vers le banditisme, entre l'attaque de la banque de Moengo et divers trafics sur le fleuve Maroni (essence, or, armes puis drogue).
Desi Bouterse prend le pouvoir en 1980 à la suite d'un coup d'État. En quelques années, le pays s'enfonce dans la pauvreté et la corruption, alors que les Pays-Bas suspendent leur aide au développement en raison des exactions. En 1986, une guérilla est mise en place, menée par Ronnie Brunswijk, un garde du corps de Bouterse formé à Cuba. La guerre touche principalement l'est du Suriname et a pour enjeu majeur le contrôle du trafic de cocaïne[1].
À l'été 1989, des pourparlers de paix sont engagés. En mars 1991, la paix entre Bouterse et Brunswijk est signée à Kourou, celle entre leurs milices respectives est signée en mai 1992, puis ratifiée le par le président Ronald Venetiaan le [1].
Le , à Moïwana (en) (ancien village de Bushinenges), 39 personnes sont tuées par l'armée gouvernementale, dont des femmes enceintes, des enfants en bas âge et des vieillards[1],[2]. Si la raison officielle de l'intervention était la présence supposée de Brunswijk au sein du village, cette explication est peu vraisemblable, Moïwana se tenant alors loin des combats. Les habitants étant des Bushinengés comme le chef rebelle, il pourrait s'agir de représailles ethniques[3].
Après la fin de la guerre, une enquête a été ouverte concernant le massacre de Moïwana, mais s'est arrêtée avec le meurtre en pleine rue du policier chargé de l'enquête. La cour interaméricaine des droits de l'homme a demandé en 2004 que l'enquête se poursuive, mais n'a obtenu que des excuses officielles du président Venetiaan, ainsi que des compensations financières[3].
À la suite du massacre de Moïwana, les survivants et des milliers d'autres civils ont fui vers la Guyane française voisine[1], dans les environs de Saint-Laurent-du-Maroni. Ceux-ci, appelés Personnes Provisoirement Déplacées du Suriname (PPDS), ont été placés dans quatre camps de réfugiés, sous l'égide des Nations unies :
Ces camps sous tutelle du UNHCR étaient administrés par des gendarmes français avec l'aide de militaires de divers régiments 41e RI , 1 et 9 RCP, Bataillon de Chasseurs Alpins et autres. Nourriture, soins, électricité et eau étaient fournis par les militaires. La langue employée était le taki-taki, mélange de créole et d'anglais. Cette situation sociale, médicale et politique aura duré six ans, plongeant Saint-Laurent-du-Maroni et ses environs dans une situation difficile, notamment pour l'hôpital André-Bouron, qui mit des années à se relever sur le plan financier.
Il n'existe aucune donnée officielle sur le nombre de victimes. On estime cependant que la guerre a fait 350 morts et 25 000 déplacés[4]. La situation économique des marrons du Suriname ne s'est pas améliorée depuis la fin de la guerre civile[1].