Belin [Bellin], Guillaume, né vers 1500 et mort le , est un chanteur et compositeur français, actif à la Chapelle et à la Chambre du roi sous les règnes de François Ier à Charles IX et à la Sainte-Chapelle de Paris.
Guillaume Belin apparaît dans les années 1540 comme chantre de la Chapelle de musique de François Ier. Il est aussi cité comme chantre (taille) lors de ses des funérailles en 1547[1]. Il devient sous-maître de la chapelle de musique de Henri II avec Claudin de Sermisy et Hilaire Rousseau (puis Nicolas Testard) de 1547 à 1559 au moins, aux gages de 300 lt[2]. Il est aussi cité comme chantre de la chapelle aux obsèques de Henri II en 1559[3]. Un acte le cite également dans le double état de chantre de la Chapelle et de la Chambre[4].
Le (1559 v. st.) il est parrain de Thomas, fils de Pierre Lavocat chantre du roi et de Hardoyne Marchandelle[5].
Guillaume Belin est cité entre 1548 et 1560 comme chantre de la Chambre tout en continuant son service à la Chapelle, aux gages annuels de 200 lt en général[6]. Il fait partie des musiciens qui jouent aux fêtes de Bayonne en 1565, lors du Grand tour de France de Charles IX[7].
Le , Guillaume Belin reçoit de Henri II un canonicat à la Sainte-Chapelle en remplacement de Jean Le Masson[8]. Il exerce temporairement comme chantre vers fin février 1553 après le décès de Michel Durant[9]. En 1560, il est excusé pour une absence de treize semaines à la Sainte-Chapelle, étant au service de la Chapelle et de la Chambre du roi[10]. Il est nommé chantre de la Sainte-Chapelle après la résignation de Martin Rousseau, du (n. st.)[11]. Guillaume Belin et Jean Durantel, tous deux chantres de la Chapelle du roi et chanoines de la Sainte-Chapelle, signent comme témoins au testament de Ferry Finet, aussi chantre, passé le à Saint-Germain-en-Laye[12]. Belin meurt le et le chapitre présente le jour même Martin Rousseau au roi pour le remplacer à l’office de chantre[13]. C’est à Étienne I Le Roy, chantre de la Chapelle du roi, qu’est promis, le lendemain, l’office de chantre[14].
L’édition est perdue, citée seulement par Jean-Benjamin de Laborde[16]. Une édition sans musique, intitulée Les Cantiques de la Bible, mis en vers françois... plus deux hymnes qui se chantent en l'église a paru chez Michel de Vascosan en 1562[17].
Un manuscrit musical en trois volumes, écrit vers 1550 et supposé venir de la collection Grolier[18] contient 6 psaumes et un cantique d’un certain "Belin", et deux chansons (Autant et plus, et Plus ay desir), composés pour quatre voix.
Les psaumes et le cantique sont tous donnés dans la traduction de Clément Marot :
Or laisses, Createur [Cantique de Siméon]
Jusques à quand as estably [Psaume 13]
Il faut que de tous mes esprits [Ps. 138]
Enfans qui le Seigneur servez [Ps. 113]
Bienheureux est quiconques [Ps. 128]
Veu que du tout en Dieu [Ps. 11]
Donne secours, Seigneur [Ps. 12]
Il n’y a pas de preuve que ces pièces soient de Guillaume Belin mais ceci peut être regardé comme probable, compte tenu de son intérêt pour les cantiques de Carle un peu plus tard[19].
D’ung amy fainct je ne me puys defaire : RISM 154014
Elle voyant l’ennuy qui me tourmente : RISM 15483
Grande en beauté, en vertu tant heureuse : RISM 15484
Je cuyde bien qu’elle mourroit à l’heure : RISM 15483
Plus je la voy de beaucoup estimée : RISM 154920 = 154312, aussi dans le manuscrit Wien ÖNB : Mus. 18811.
Quand je regarde au peu de mon mérite : RISM 15484
Quand un travail surmonte le plaisir : RISM 153916
Si je n’avoys ung qui mon cueur contente : RISM 15447
Si l’on me monstre affection : RISM 15447 = 154920
Si refuz de joyssance a puissance : RISM 15505
Toute la nuyct tu m’es présente par songe doulx : RISM 15483
Une dame par ung matin : RISM 153814 = 153920 (aussi attribué à Gentian dans 154012). Aussi dans le manuscrit Wien ÖNB : Mus. 18811.
Vray dieu qu’amoureux ont de peyne : RISM 155322 (aussi attribuée à De Bussy dans 157814. Éditée dans French chansons for three voices (ca. 1550), part II, ed. Courtney Adams. Madison : A-R Editions, 1982 (voir n° 21).
... auxquelles on peut sans doute ajouter les deux chansons du manuscrit cité plus haut à propos des psaumes. Elles relèvent toutes du genre de la "chanson parisienne", avec une écriture plutôt homophonique.
Michel Brenet (pseud. de Marie Bobillier), Les musiciens de la Sainte-Chapelle du Palais : documents inédits, recueillis et annotés par Michel Brenet, Paris, A. Picard, . Réédition : Genève, Minkoff. Lire en ligne.
Christelle Cazaux, La musique à la cour de François Ier. Paris : École des Chartes ; Tours : Programme Ricercar, 2002. Avec une esquisse biographique sur Belin p. 342.
Guillaume Du Peyrat, L'Histoire ecclésiastique de la cour, ou les antiquités et recherches de la chapelle et oratoire du roy de France, depuis Clovis jusques à nostre temps. Paris : Henry Sara, 1645 (sur Google Books).
G. Durand, « La musique de la cathédrale d'Amiens avant la Révolution », Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie 29 (1920-1921), p. 329–457; repr. in La vie musicale dans les provinces françaises I (Genève, 1972).
Henry Expert et Edmond Lortic. Description historique et critique : 1 - du livre de prières de la reine Claude de France, par M. J. Chappée ; 2 - d'un chansonnier manuscrit du XVIe siècle ayant appartenu à Grolier... Paris : Lortic, 1897. 8°, 19 p.
Isabelle Handy, Musiciens au temps des derniers Valois (1547-1589). Paris : Honoré Champion éditeur, 2008.
Jean-Benjamin de Laborde. Essai sur la musique ancienne et moderne. Tome premier [-quatrième]. Paris : 1780.
François Lesure et Geneviève Thibault. Bibliographie des éditions d'Adrian Le Roy et Robert Ballard (1551-1598). Paris : Société française de Musicologie, 1955.
↑Pour les années 1547-1553 : cf. Du Peyrat 1645 p. 482. En 1559 : Paris ANF : KK 125 f. 1381v, cité d’après Handy 2008 p. 452.
↑Paris BNF (Mss.) : ms. Dupuy 852 f. 23r-23v, cité d’après Handy 2008 p. 159, et Paris ANF : KK 125 f. 1381v, cité idem p. 160.
↑Paris ANF : MC XVII, 29 juin 1559, cité idem p. 452.
↑Paris BNF (Mss.) : NAF 12148, n° 38469. Il est nommé maître de la Chapelle du roi et chanoine de la Sainte-Chapelle à Paris.
↑Pour 1548 : Paris BNF (Mss.) : ms. fr. 21450 f. 173v, cité d’après Handy 2008 p. 120. Pour 1560 : Paris ANF : KK 129, f. 46v-47r, et Paris BNF : Ms. Dupuy 852 f. 23r et 23v, cités d’après Cazaux 2002 p. 150 et Handy 2008 p. 121 et 374.
↑Paris ANF : KK 130 f. 298-299, cité d’après Handy 2008 p. 374.
↑Paris ANF : LL 630 p. 131, cité d’après Brenet 1910, p. 98
↑Paris BIU Sorbonne : RRA 6=253 pièce 3. Paris Mazarine.
↑Manuscrit provenant de la collection du baron Jérôme Pichon (dernière vente du 3 mai 1897, n° 902), passé en vente en 1897 et non localisé actuellement. Voir Expert Lortic 1897, avec le dépouillement des pièces de Belin p. 14.
↑On n’a pas de raison, en tout cas, de les attribuer au luthiste Julien Belin.