Le gyotaku (魚拓 , en français « ichtyogramme ») est un art japonais consistant à reproduire des empreintes de poissons sur différents supports tels que du papier ou du tissu.
Cette méthode était utilisée par les pêcheurs pour immortaliser leurs plus belles prises. Ils pouvaient ainsi prouver leur valeur de pêcheur à leurs pairs, l'ichtyogramme tranchant le débat sur le point décisif de la taille du poisson pêché[1].
Sur leurs œuvres, les pêcheurs japonais inscrivaient également les mensurations de leurs prises, le lieu de la capture et ajoutaient parfois un poème de remerciement avant d'apposer leur signature. L'ichtyogramme est donc un mode d'expression du respect et de la gratitude du marin-pêcheur envers la mer nourricière. Dans cet élan artistique s'expriment la satisfaction et la fierté d'avoir pris une pièce d'exception mais aussi la reconnaissance de la générosité des océans.
Ce procédé a été repris par des naturalistes japonais et américains jusqu'au XXe siècle. Depuis, certains artistes ont sophistiqué la technique de l'ichtyogramme en fonction du support utilisé, allant jusqu'à repeindre les détails des écailles ou de l'œil sur l'empreinte.
La volonté de fixer la mémoire humaine, ainsi que la représentation de ce qui nous entoure par impression sur des supports aussi légers que maniables, est une tradition fort ancienne en Asie. La Chine, berceau de grandes découvertes, n'a cessé de surprendre l'Occident, notamment lorsque l'on découvrit, au début de ce siècle, à Touen-houang (Turkestan), le Sūtra du Diamant. Ancêtre de tous nos livres imprimés — il remonte à l'an 868 —, ce document long de 4,8 m se présente sous la forme d'un rouleau. La méthode consistant à répandre l'encre sur une pierre gravée puis à appliquer un papier sur son relief serait la méthode la plus archaïque d'un relevé en impression inversée ; il s'agit généralement d'un relevé d'empreinte de stèle. Elle est en tout cas très antérieure au célèbre Sūtra du Diamant conservé au British Museum.
Aïeule d'une longue tradition, cette technique a abouti à la première forme du gyotaku qui permet d'obtenir le spectre authentique et fragile d'un modèle. Il semble difficile de déterminer l'époque des premiers soubresauts de cet art développé au Japon.
Les deux exemplaires les plus anciens que l'on connaisse ne remontent qu'à l'époque d'Edo et datent de 1862. L'un reproduit une daurade royale, l'autre une daurade grise, poissons nobles symbolisant le bonheur. Ces exemplaires ont été créés par un samouraï guerrier (bushi) du nom de Naotsuna Ujiie, et sont conservés au musée Honma de la ville de Sakata, préfecture de Yamagata (Japon)[2].
Deux méthodes permettent de réaliser un gyotaku, dont les résultats sont aussi opposés que complémentaires :
Le gyotaku reste un art marginal pratiqué en petit comité et ne connaît qu'une diffusion restreinte.