Histoire de l'alphabet latin

L'histoire de l'alphabet latin recouvre une période de plus de 5 200 ans jusqu'à nos jours. Elle commence en Égypte antique voire préhistorique avec les hiéroglyphes égyptiens et se poursuit jusque à notre époque.

Pour mieux suivre les changements phonologiques et paléographiques, voir l'arbre évolutif de l'alphabet situé en fin d'article.

Origines jusqu'à l'alphabet latin

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L'origine de l'alphabet latin se trouve à la fin de la Préhistoire avec l'apparition des premiers systèmes d'écriture puis du système alphabétique. Pour aboutir à l'alphabet latin utilisé sous l'empire romain.

Hiéroglyphe égyptiens

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Proto-hiéroglyphe M43 (vers -2700)[1] probable prototype de la lettre O ; Nouveau Larousse illustré (1897-1904)
Stèle hiéroglyphique à Sérabit el-Khadim. Berceau de l'alphabet selon Orly Godwasser.

Le premier système d'écriture dont certains caractères deviendront nos lettres latines est l'hiéroglyphique égyptien. Les hiéroglyphes égyptiens sont apparus dans la vallée du Nil au IVe millénaire av. J.-C. (Nagada III). Ils sont attestés dès 3250-3200 av. J.-C.[2]. Cette écriture n'a rien d'alphabétique et ses graphèmes (plus de 10 000 signes dans les listes les plus complètes[3]) sont des logogrammes (dit idéogrammes), phonogrammes et sémagrammes (dit déterminatifs). Un hiéroglyphe en tant que tel a pour les égyptiens des vertus magiques et sacrées, il est « vivant ». L'image ayant donc une importance primordiale autant linguistique que symbolique, en plus de 3 500 ans d'utilisation, l'écriture monumentale égyptienne n'évolue qu'assez peu. Il existe néanmoins des versions cursives des hiéroglyphes monumentaux, l'hiératique, le linéaire et le démotique. Qui quand bien même sont simplifiées ne reste accessible qu'à une frange intellectuelle de la population.

Les Égyptiens utilisaient bien certains phonogrammes pour ne noter qu'un seul son (dit unilitères) qui pourrait s'apparenter à un alphabet mais ne s'en sont jamais servi comme tel, excepté pour des noms propres notamment étrangers. Les Koushites et les Cananéens appliqueront ce principe sur les hiéroglyphes avec respectivement l'alphabet méroïtique et protosinaïtique.

Alphabets protocananéens

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Sphinx découvert à Sérabit el-Khadim et dont l'inscription protosinaïtique permis à Alan Henderson Gardiner de déchiffrer cette écriture en 1916.

Les alphabets protocananéens désignent deux versions du même système d'écriture :

  • Le protosinaïtique, premier alphabet inventé entre -2000 et -1300.
  • Le protocananéen, à partir de -1050, alphabet protosinaïtique simplifié, écriture de transition vers l'alphabet phénicien.

Il existe encore beaucoup d'incertitudes concernant l'alphabet protosinaïtique notamment son contexte d'invention. Ce qui est sûr c'est qu'il est issu du contact entre des cananéens et les hiéroglyphes égyptiens. Les Cananéens vont découvrir en Égypte les hiéroglyphes et vont avoir l'idée d'utiliser les glyphes qui leur parlaient le plus ou qui ressortaient particulièrement dans les inscriptions pour leur donner une fonction différente. En effet, ils vont, par principe d'acrophonie donner une valeur phonétique à un signe hiéroglyphique en fonction du premier son de son nom en cananéen[4],[5],[6],[7].

Ainsi l'hiéroglyphe I10 :
I10
représentant un serpent qui se dit probablement naḥš en cananéen prend la
valeur phonétique [n] dans le signe : plus tard : .

C'est le plus ancien système alphabétique mais ne note pour l'instant que les consonnes, c'est un abjad ou alphabet consonantique. Il possède un nombre de signes incertains entre 25 et 30 car même le faible corpus de texte protocananéen montre une grande diversité dans les signes utilisés et dans leurs formes selon les endroits et les époques. On sait que l'ordre des lettres dit ordre levantin duquel décent la plupart des classements alphabétiques modernes est attesté pour la première fois avec l'alphabet ougaritique. C'est un tournant dans l'histoire de l'écriture qui est pour la première fois simplifiée à quelques caractères notant le segment plus réduit d'une langue (phone), ce qui la rend très accessible et pratique (l'acrophonie permettant en théorie à un cananéen de lire une inscription sans connaitre l'alphabet). Le principe alphabétique permet en théorie d'écrire plusieurs langues avec le même alphabet. Ce principe permit donc la subsistance du protosinaïtique à chaque reprise de son système par d'autres cultures. L'alphabet n'a été inventé qu'une seule fois et s'est dérivé calligraphiquement et phonologiquement jusqu'à l'écriture latine.

Comparatif de cinq alphabets issus du protosinaïtique. De gauche à droite : latin, grec, phénicien, hébreu, arabe.

Alphabet phénicien

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Sarcophage d'Eshmunazar II, roi de Sidon, VIe siècle av. J.-C..

L'alphabet phénicien est la « forme finale » des alphabets protocananéens utilisée par les phéniciens (nom grec des cananéens modernes) et comportant 22 lettres. Les caractères sont plus simples car l'image originelle du graphème n'a plus tant de sens (même si elle subsiste dans le nom des lettres) et est délaissée au profit d'une optimisation pratique du signe. Certaines lettres protocananéennes semblent s'être fusionnées dans l'alphabet phénicien car transcrivant des sons identiques ou similaires[8],[9].

La quasi totalité des alphabets connus sont des descendants de l'alphabet phénicien. En effet, l'influence de cette civilisation diffusât son écriture jusqu'à donner les alphabets arabe, grec, hébreu, runique, cyrillique, devanagari ou encore mongol pour ne citer que certains des plus connus.

Alphabets grecs archaïques

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Calendrier religieux, 550-500 av. J.-C., Musée archéologique de l'ancienne Corinthe.

Les alphabets grecs archaïques sont l'ensemble des variantes d'un même alphabet utilisé en Grèce à partir du début du VIIIe siècle av. J.-C.[10](voir plus tôt[11],[12],[13]). Mais la plus ancienne inscription connue date d'environ -740. Ses lettres sont basées sur l'alphabet phénicien importé par les marchands phéniciens et leur son est adapté au changement de langue. En effet, la langue phénicienne est sémitique. Les Grecs ont donc remanié certaines lettres pour en faire des voyelles, ce n'est plus un abjad mais bien un alphabet au sens strict.

La lettre wāw : évolua en upsilon Υ mais aussi dans certains

alphabets en digamma Ϝ.

La lettre ʿayin : évolua en voyelles : omicron Ο et dans

certains alphabets oméga Ω.

Dans quelques alphabets apparaissent les lettres phi Φ, chi Χ et psi Ψ complètement inventées par les grecs. Υ, Φ, Χ, Ψ et Ω se placeront à la fin de l'alphabet. Les noms des lettres phéniciennes sont gardés bien qu'ils ne signifient rien en grec.

Vieil italique

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Le vieil italique rassemble lui aussi plusieurs versions du même alphabet issu de l'alphabet eubéen (un des alphabets grecs archaïques aussi dit occidental) présent dans la péninsule italique. Il est utilisé dès le VIIe siècle av. J.-C. par différents peuples notamment italiques mais pour écrire d'autres langues que le grec et devant donc s'adapter. C'est l'un de ces alphabets, l'étrusque, qui va évoluer pour devenir l'alphabet latin utilisé par les Romains mais aussi l'alphabet runique scandinave. Les étrusques abandonnent le nom des lettres pour simplement les nommer par leur prononciation[14].

Les étrusques vont ajouter une nouvelle lettre effe : 𐌚 qui ne restera pas dans l'alphabet latin.

Cippe de Pérouse, 300-200 av.J.C.

Capitale romaine (alphabet latin)

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Dédicace découverte à Cimiez et écrite en capitale monumentale.

L'alphabet étrusque sert à écrire le latin dès le Ve siècle av. J.-C.. Mais le véritable alphabet des Romains ne se distingue qu'à partir du IIe siècle av. J.-C. pour supplanter l'étrusque. Il prend sa forme considérée comme la plus aboutie au Ier siècle av. J.-C., c'est la capitale romaine[15]. Il existe plusieurs types d'écritures dite capitale romaine : La capitale monumentale, la quadrata et la rustica ayant chacune un usage différent.

Texte et représentation de Virgile écrit en rustica.

Le changement de langue cause beaucoup d'adaptations durant la période de transition entre l'alphabet étrusque et l'alphabet latin. La phonologie change et certaines lettres avec. Le zé 𐌆 italique disparaît au profit d'une nouvelle lettres issu de la lettre ké 𐌂 (C) qui se voit doté d'un éperon, c'est le G. Il fut introduit par Spurius Carvilius Ruga ou Appius Claudius Caecus à cause d'un besoin des latins de noter le son [g], son originel de la lettre (gamma Γ grec). Ces soucis d'adaptations débouchent en trois lettres pour noter le même son [k] (C, K et Q). Le zé 𐌆 est finalement réhabilité au Ier siècle av. J.-C. pour noter les mots d'origine grecs, c'est le Z. Il est donc replacé à la fin de l'alphabet. Ce même besoin de noter les sons d'origine grecs poussât au même moment à la réhabilitation de l'upsilon Υ par l'ajout du i grec Y à la fin de l'alphabet[16],[17].

C'est à partir de l'alphabet latin classique que l'orientation des lettres (ductus) est fixée définitivement de gauche à droite car jusque là les inscriptions se faisaient essentiellement en boustrophédon c'est à dire en alternant de ductus. On le remarque dans l'orientation des lettres, le 𐤄 phénicien originel se renverse dans le E latin.

Début de l'alphabet latin

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À partir de là, l'alphabet latin est l'alphabet classique en Europe mais n'est que le prototype des 26 lettres majuscules, minuscules en écriture cursive et scripte de l'alphabet latin moderne comme l'alphabet français. Il connait de nombreux styles d'écritures manuscrites marquant son évolution jusqu'à aujourd'hui.

Évolution de l'écriture minuscule depuis la capitale romaine jusqu'au Times New Roman.

Cursive romaine

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Les deux cursives romaines.

Le terme cursive romaine englobe deux écritures manuscrites différentes :

  • L'ancienne cursive romaine, qui se développe en même temps que la capitale romaine (mais est probablement plus ancienne). C'est une version simplifiée des lettres capitales.
  • La nouvelle cursive romaine, probablement aussi issue de la capitale romaine, elle est utilisée bien plus tard à partir du IIIe siècle. Elle a pour particularité d'être cursive. L'ancienne cursive n'est plus l'écriture administrative[18].

L'écriture était avant la cursive romaine monocamérale et devient, surtout avec la nouvelle cursive, bicamérale (dissociant deux types de lettres pour un alphabet). L'apparition de cet « alphabet alternatif » est due à la démocratisation des supports souples et de l'alphabétisation à Rome, les cursives romaines sont des écritures populaires[19]. Cette popularisation de l'écriture permet à la minuscule d'évoluer assez rapidement et facilement.

Avec l'Empire romain, l'alphabet latin est propagé partout en Europe où il restera jusqu'à nos jours.

Onciale et semi-onciale

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Papyrus d'Oxyrhynque 668 en onciale, IIIe ou IVe siècle.

Au début de l'antiquité tardive, deux écritures d'évolution simultanée et distincte s'imposent en Europe dans les manuscrits latins. L'onciale et la semi onciale qui, malgré leur nom, n'ont aucun lien entre elles si ce n'est leur origine. En effet, elles sont issues de la cursive romaine avec des influences de quadrata pour l'onciale[20],[21].

Une écriture de type onciale est caractérisée par sa non cursivité et sa forme arrondie. C'est un mélange majuscule-minuscule comme les écritures minuscules scriptes modernes[21].

  • L'onciale est caractérisée par quatre graphies inédites de lettres[20] :

a : une diagonale dotée d'une panse très fine, parfois invisible ;

d : en forme de boucle renversée tracée d'un trait ;

e : beaucoup plus petit qu'en cursive romaine il est similaire à un c doté d'une traverse médiane qui ne rejoint pas la partie supérieure ;

m : particulièrement caractéristique, il est composé d'un fût se prolongeant en deux shoulder retombant de chaques côtés en refermant la contreforme.

a : arrondi, ouvert puis fermé par une partie supérieure droite ou courbe ;

g : en forme de « crochet », normalement avec un jambage ;

r : le premier trait se raccourcit et tend à ne pas avoir de jambage, le deuxième tronçon perd son ventre et devient une seule ligne sinueuse.

Du Moyen Âge à nos jours

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Jusque-là, l'alphabet était de tradition graphique et culturelle plus ou moins uniforme dans l'Empire romain. La chute de l'Empire romain d'Occident causera de nombreux bouleversements en Europe, notamment dans la production et l'évolution de l'écriture qui se fait de manière éparpillée dans les nouveaux royaumes d'Occident.

Écritures nationales

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La démocratisation au Moyen Âge du parchemin, beaucoup plus rare et luxueux que le papyrus comme support d'un livre réduit la production littéraire. De plus, entre le Ve et le VIIe siècle, des changements culturels et politiques vont sonner la fin de l'écriture latine uniforme en Europe. Le système éducatif est dissout et les ateliers laïques disparaissent au profit des scriptoriums chrétiens et de moines copistes de traditions culturelles différentes à travers l'Europe. Cette professionnalisation de la production littéraire est due à une évolution culturelle voulant séparer les écrits documentaires (administratifs et privé utilisant toujours le papyrus) et littéraires. Au début du Moyen Âge, les deux sont dissociés, un copiste ne pouvait ni lire ni écrire un document de justice ou de l'administration royale et vice-versa. La lecture est aussi devenue une vraie compétence professionelle[22].

Cette fragmentation de la tradition scripturaire européenne fut la cause du « particularisme graphique »[23], ce terme désigne les différents types d'écriture apparus à cette époque en termes géographique mais aussi social entre les producteurs de documents et de livres. Ainsi diverses régions d'Europe vont développer leur propre écriture (dite nationale en paléographie) sous l'influence de leurs propres traditions culturelles. On notera parmi ces nouvelles écritures : les insulaires apparues sur les îles britanniques, la bénéventaine en Lombardie ou la mérovingienne dans les royaumes Francs[22].

Minuscule caroline

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À la fin du VIIIe siècle, des changements politiques vont pouvoir retrouver l'unité de l'écriture latine perdue depuis la cursive romaine. En effet, en 800, les royaumes francs deviennent l'empire carolingien sous Charlemagne, empereur romain d'Occident. Charlemagne va reconstruire un système scolaire qui développera l'alphabétisation, et avec, la production littéraire. Peut avant, vers 780 à l'école palatine d'Aix-la-Chapelle et à la Basilique Saint-Martin de Tours est élaboré (probablement sous l'influence du savant Alcuin) une nouvelle écriture inspirée de l'onciale, la semi-onciale et de la capitale. Cette écriture correspond à la volonté de Charlemagne voulant une écriture uniforme et facilement lisible dans tout l'empire. Aussi, comme à la fin de l'antiquité, les manuscrits carolingiens ont un système hiérarchisé d'écriture au sein du même texte pour les titres, chapitres et fins. Tous ces éléments font l'apparition et le développement de la minuscule caroline (plus largement écriture carolingienne comme écriture unifiée et standardisée à travers l'Europe[24],[25].

L'écriture documentaire (séparée de l'écriture littéraire depuis les écritures nationales) fut aussi impactée par la caroline. Avec une écriture dite minuscule diplomatique utilisée pour les documents officiels et privés. Aussi les caractéristiques cursives de la minuscule vont peu à peu s'effacer n'utilisant plus de système de liaison entre les lettres[25].

Les lettres caractéristiques de la minuscule caroline sont :

  • a : principalement oncial dans les premières décennies;
  • c : toujours lisse ;
  • e : a une forme semi-onciale, ronde et avec une petite contreforme fermée parfois ergotée ;
  • g : a une panse fermée avec une oreille (petit trait oblique) en haut à droite et une boucle inférieure qui tend à son tour à se refermer ;
  • i : toujours un trait court ;
  • n : peut sous formes minuscules ou, au début, également en majuscules ;
  • r : est bas sous la hauteur d'x, rarement lié ;
  • s : s long pas encore similaire au s moderne, long fût ergotée se projetant vers le haut par une crosse ;
  • t : toujours bas sous la hauteur d'x, avec la partie inférieure droite remontant fortement et brutalement comme un éperon ;
  • z : reste à hauteur d'x, sans jambage supérieures ou inférieures.

Écritures gothiques

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Au XIIe siècle la minuscule caroline s'est répandue plus ou moins dans tout l'Occident latin. C'est au même moment une période de renaissance qui change à nouveau l'univers culturel dans lequel évolue l'écriture. Une puissante urbanisation va encourager à une plus grande scolarisation, ce qui va pousser les lieux d'éducation (autrefois centrés dans des monastères en dehors de la ville) à se développer en milieu urbain notamment avec l'apparition d'universités. De nouveaux ordres religieux centrant leurs activités dans les villes (ordres mendiants) vont apparaître, ce sont les franciscains et les dominicains. Ils ne vivent plus dans des monastères isolés mais dans des couvents fondées en ville qui vont alors grandement réformer l'éducation et jouer un grand rôle dans l'évolution de l'écriture[26].

C'est dans ce contexte que va apparaître une nouvelle écriture vers le milieu du XIIe siècle, c'est la gothique dite textura. En effet, l'écriture doit répondre à de nouveaux besoins académiques. L'écriture est alors optimisée au plus pratique. L'ont réduit l'espace entre les lignes et l'ont utilisent de nombreuses abréviations pour réduire la consommation de pages. Des procédés de rationalisation, clarification et lisibilité du texte sont utilisés : majuscules, marques de paragraphes, ponctuations, divisions et initiales de couleurs différentes. Les glyphes sont fortement impactés par l'utilisation d'un nouvel outil d'écriture, une plume dont la pointe est coupée à gauche. Elle donne des fûts épais et rectilignes et des obliques très fins. Les arrondies sont fortement diminuées ou disparaissent en plusieurs traits courts. La forme reste la même que la caroline mais la technique d'exécution est différente[26].

En réalité il existe de nombreuses écritures dites gothiques : La textura (quadrata et prescissus), la rotunda ou la bâtarde au Moyen Âge mais l'écriture gothique étant encore utilisée aujourd'hui il existe en réalité énormément de types d'écritures rassemblés sous le nom gothique, terme ayant une signification plus ou moins différente selon les cas[26].

Vers 1453, les premiers textes imprimés par Gutenberg le sont en gothique textura ce qui en fait la première des écritures d'imprimeries qui sont aujourd'hui les écritures scriptes. C'est la naissance de la typographie.

L'écriture humaniste et l'alphabet latin moderne

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Traité d'arithmétique imprimée en antiqua de la Renaissance, Italie 1491-92.

L'humanisme de la Renaissance en Italie insuffle dès la fin du XIIIe siècle un regain d'intérêt à l'Antiquité. Notamment, pour l'évolution de l'écriture, un retour à la minuscule caroline. Des cercles d'écrivains et de professionnels (typographes ou imprimeurs) vont intentionnellement imiter la caroline et critiquer la gothique. Ainsi en 1375, l'humaniste Coluccio Salutati, alors qu'il est notaire et chancelier de la république de Florence va développer une écriture à partir de celle de Pétrarque (dite semi-gothique entre gothique italienne et caroline) avec des ajouts imitatifs de caroline, c'est la pré-antiqua. Poggio Bracciolini, disciple de Salutati, finit ce retour à la caroline avec la première minuscule humaniste ou antiqua. C'est une imitation précise de la caroline des XIe – XIIe siècles. Son étude des textes et inscriptions antiques lui permet d'utiliser les capitales monumentales dans ses textes ainsi que de réintroduire des anciennes orthographes comme la ligature ae[27],[28].

L'imprimerie s'installe en Italie à Subiaco en 1464 où l'antiqua locale (antiqua tonda) est plus ronde que celle de Florence et ses lettres sont distincte et séparée, ce qui se prête très bien à l'imprimerie. En 1501, l'imprimeur Alde Manuce utilise cette écriture mais penché dans ces textes pour pouvoir placer plus de caractères dans une page. Cette écriture cursive empruntée aux humanistes est appelée italique[29].

C'est aussi au Moyen Âge que les dernières lettres de l'alphabet vont apparaître :

  • La nécessité en langues germaniques de noter le son [] (w long), noté systématiquement par un V doublé (VV), incite le roi Chilpéric (561-584) à normaliser la ligature des deux V (ou deux U) en une lettre dédiée à cet usage, naturellement placée après le V et nommée double v.
  • L'alphabet latin originel ne distingue pas les sons [v] et [u]/[y] unis dans la lettre V. La distinction des deux sons par deux variantes graphiques du même glyphe est faite pour la première fois dans un manuscrit de 1396, c'est la lettre U. Les deux lettres sont placées côte à côte dans l'alphabet.
  • Enfin le J était dès la nouvelle cursive romaine un I orné utilisé en finale des chiffres romains (XIIJ pour le chiffre 13). Comme le V la lettre I était utilisé pour les sons [j]/ [i] et [ʒ]. C'est l'humaniste italien Gian Giorgio Trissino qui comme pour le V dissocie les deux formes de la lettre pour les deux sons.

Aujourd'hui, les trois types d'écritures latines les plus utilisées à travers le monde descendent de la gothique, de l'antiqua (ou humane), et de l'italique. Ces familles typographiques sont composées d'une infinité de polices elles-mêmes dérivées en fontes développées notamment avec l'essor de la numérisation et des créateurs de caractères. Les plus répandues sont Arial, Times New Roman ou Helvetica.

L'écriture cursive, quant à elle, n'est aujourd'hui plus utilisée que dans un usage privé. En France, les modèles d'écriture scolaires A et B, descendent de l'écriture ronde anglaise elle-même descendante de l'écriture ronde française héritière des écritures de chancellerie comme la cancelleresca qui descendent des écritures antiqua.

Diacritiques

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Dans l'écriture latine, les diacritiques sont nombreux pour adapter l'alphabet fondamental aux nombreuses langues qui l'utilisent. En français il en existe six (plus parfois l'apostrophe et le trait d'union) mais d'autres peuvent être utilisés dans la transcription de mots étrangers.

Au XVIe siècle, avec la Renaissance et l'imprimerie de nouveaux caractères apparaissent afin de noter le timbre ou la longueur d'une voyelle. Trois diacritiques sont introduits dans la langue française par l'imprimeur Geoffroy Tory :

  • L'accent aigu : ◌́, se place sur la lettre e (é) afin de distinguer le son /e/. Probablement issu de l'accent aigu grec.
  • L'accent grave : ◌̀, se place sur la lettre e (è) afin de distinguer le son /ɛ/ ainsi que sur le a (à) et le u (ù). Probablement issu de l'accent grave grec. L'accent aigu comme l'accent grave représente graphiquement l'élévation ou la baisse de la voix.
  • La cédille : ◌̧ , se place sous le c (ç) afin de distinguer le son /s/. De l'espagnol cedilla (petit z) est originellement un z wisigothique (Ꝣ) assimilé par confusion à un c diacrité d'un z et non l'inverse pour le transformer en c cédille. Ces deux lettres ont originellement pour but de distinguer le son /ts/ (devenu /s/).

Trois autres diacritiques aussi d'origine plus lointaine font en même temps leur apparitions :

Arbre évolutif de l'alphabet

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Hiéroglyphes égyptiens

[note 1]



F1

F2


O1

O4

O6





T14





K1





O31





A28

O30

T3

T2


Z4

N16

D13



N34

Z4



V28



O6

O31





F35





D36

S38

Z7

V1

S39





N35





I10





R11



D4

D21





M43





O38





D21


M22

M16





V24



D19

D1



N6

M44





N6B


Z11

Z10

Z9
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Alphabet protocananéen

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Alphabet phénicien

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Alphabets grecs archaïque

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Vieil italique

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Capitale romaine

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Ancienne cursive romaine

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Nouvelle cursive romaine

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Semi-onciale

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Minuscule caroline

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Écriture gothique

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Alphabet latin moderne
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Notes et références

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Références

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  1. Les premières vignes cultivées d'Égypte sur le site archeologie-vin.inrap.fr
  2. Günter Dreyer, Recent Discoveries at Abydos Cemetery U, dans « The Nile Delta in Transition : 4th-3th Millenium BC », Édit. M. Van Den Brink, Tel Aviv, 1992, p. 293-1299.
  3. Dimitri Meeks, « Dictionnaire hiéroglyphique, inventaire des hiéroglyphes et Unicode », Document numérique, JLE Editions, vol. 16, no 3,‎ , p. 31-44 (lire en ligne Accès libre)
  4. a b c et d Orly Goldwasser, « Canaanites Reading Hieroglyphs : The Invention of the Alphabet in Sinai », Ägypten und Levante, no 16,‎ (lire en ligne)
  5. a b et c (en) Colless, Brian E., « Proto-alphabetic inscriptions from the Wadi Arabah », Antiguo Oriente: Cuadernos del Centro de Estudios de Historia del Antiguo Oriente, vol. 8,‎
  6. a b et c (en) Simons, F., « Proto-Sinaitic – Progenitor of the Alphabet », Rosetta, no 8,‎ , p. 16-40 (lire en ligne)
  7. a et b « From Iconic to Linear –The Egyptian Scribes of Lachish and the Modification of the Early Alphabet in the Late Bronze Age. », Alphabets, Texts and Artefacts in the Ancient Near East,‎ , p. 118 (lire en ligne)
  8. Christian Touratier. L‘alphabet phénicien. Revue de Linguistique Latine du Centre Alfred Ernout (De Lingua Latina), 2009, 2. hal-03511020
  9. Paolo Merlo, « Phénicien - XIIe siècle av. J.-C. - IIe siècle ap. J.-C. », sur Mnamon, Les écritures anciennes de la Méditerranée (DOI 10.25429/sns.it/lettere/mnamon015)
  10. N. Stampolidis et V. Karageorghis, The date of the earliest inscribed objects; A.W. Johnston, The alphabet, dans Sea Routes from Sidon to Huelva: Interconnections in the Mediterranean, éd. N. Stampolidis et V. Karageorghis, 2003, 263-76.
  11. Joseph Naveh, "Some Semitic epigraphical considérations in the antiquity of the Greek alphabet", American journal of archaeology 77: 1-8 (1973).
  12. M. Bernal, Cadmean Letters: The Transmission of the Alphabet to the Aegean and Further West Before 1400 B.C., Eisenbrauns, 1990, (ISBN 0-931464-47-1).
  13. Robert R. Stieglitz, "The Letters of Kadmos: Mythology, Archaeology, and Eteocretan", Pepragmena tou Diethnous Kretologikou Synedriou (Héraklion, 29 août – 3 septembre 1976), Athènes, 1981.
  14. a et b (en) Rex E. Wallace, Zikh Rasna: A Manual of the Etruscan Language and Inscriptions, (lire en ligne)
  15. Mireille Cébeillac-Gervasoni, Maria Letizia Caldelli et Fausto Zevi, Épigraphie latine, Paris, Armand Colin, coll. « U / Histoire. Les outils de l'histoire », (ISBN 2-200-21774-9), p. 15
  16. Minerva : introduction à l'étude des classiques scolaires grecs et latins ; ouvrage adapté aux besoins des écoles françaises (lire en ligne)
  17. Filippo Battistoni et Mirko Donninelli (révision), « Latin - VIIe, VIe siècle av. J. – C. – », Mnamon,‎ (DOI 10.25429/sns.it/lettere/mnamon013)
  18. AM Piazzoni, « LA CORSIVA NUOVA ROMANA », sur Bibliothèque Vaticane
  19. Jan-Olof Tjäder, « Some ancient letter-forms in the later Roman cursive and early mediaeval script and the script of the notarii », Scrittura e civiltà, no 6,‎ , p. 5-21 (ISSN 0392-1697, lire en ligne)
  20. a et b A.M. Piazzoni, « L'ONCIALE », sur Bibliothèque vaticane
  21. a b et c A.M. Piazzoni, « LA SEMI-ONCIALE », sur Bibliothèque Vaticane
  22. a et b A.M. Piazzoni, « PARTICOLARISMO GRAFICO ALTOMEDIEVALE », sur Bibliothèque Vaticane
  23. Expression de Giorgio Cencetti.
  24. A.M. Piazzoni, « LA CAROLINA », sur Bibliothèque Vaticane
  25. a et b A.M. Piazzoni, « IL RITORNO ALL'UNITÀ SCRITTORIA LATINA », sur Bibliothèque Vaticane
  26. a b et c (it) A.M. Piazzoni, « LA GOTICA », sur Bibliothèque Vaticane
  27. (it) A.M. Piazzoni, « RITORNO ALL’ANTICO E REAZIONE ANTIGOTICA », sur Bibliothèque Vaticane
  28. (it) A.M. Piazzoni, « LA RINASCITA DELL’ANTIQUA: LE SCRITTURE UMANISTICHE », sur Bibliothèque Vaticane
  29. (it) A.M. Piazzoni, « La stampa a caratteri mobili », sur Bibliothèque Vaticane
  30. a et b Orly Goldwasser, « Canaanites Reading Hieroglyphs : The Invention of the Alphabet in Sinai », Ägypten und Levante, no 16,‎ , p. 143 (lire en ligne)
  31. Orly Goldwasser, « Canaanites Reading Hieroglyphs : The Invention of the Alphabet in Sinai », Ägypten und Levante, no 16,‎ , p. 138 (lire en ligne)
  32. Orly Goldwasser, « Canaanites Reading Hieroglyphs : The Invention of the Alphabet in Sinai », Ägypten und Levante, no 16,‎ , p. 140 (lire en ligne)
  33. Orly Goldwasser, « Canaanites Reading Hieroglyphs : The Invention of the Alphabet in Sinai », Ägypten und Levante, no 16,‎ , p. 141 (lire en ligne)
  34. Orly Goldwasser, « Canaanites Reading Hieroglyphs : The Invention of the Alphabet in Sinai », Ägypten und Levante, no 16,‎ , p. 142 (lire en ligne)
  35. (it) Luciano Canepari, « La pronuncia «neutra, internazionale» dei latino classico », Manuale di pronuncia italiana,‎ (lire en ligne)
  36. M. A. Lesaint, Traité complet et méthodique de la prononciation française, Hambourg, Perthes-Besser et Mauke, (lire en ligne), p. 1
  37. P. A. Sangler, Grammaire française historique, Lille et Paris, Librairie de J. Lefort, (lire en ligne), p. 13
  1. Langue : égyptien ancien.
    Une des toutes premières écritures, elle connut une évolution graphique très limitée à cause de l'importance de l'image due au système et du caractère magique et sacré des hiéroglyphes. Cette écriture mélange idéogramme, phonogramme et sémagramme. Les signes sont ici accompagnés de leur code Gardiner. Le lien entre un signe hiéroglyphique et son descendant protosinaïtique varie selon les glyphes de certain à impossible avec beaucoup de suppositions et interprétations différentes[4],[5],[6].
  2. Langues: langues cananéennes
    L'alphabet protocananéen désigne deux écritures distinctes : Le protosinaïtique (glyphes du haut) qui est le plus ancien tel que l'on peut le voir dans les sites Égyptien (Sérabit el-Khadim et l'Wadi el-Hol) et le protocananéen (glyphes du bas) qui en est une version plus récente et plus simple que l'on peut trouver à Canaan (Lakish (dont certaines inscriptions semblent être plus anciennes que celles du Sinaï) ou Khirbet Qeiyafa). Il est issu du contact entre les cananéens et l'écriture égyptienne. Les cananéens reprirent les hiéroglyphes pour en donner une fonction nouvelles par principe d'acrophonie et ainsi créer le premier alphabet. Il est important de noter que les Cananéens ont généralement choisi des hiéroglyphes qui avaient un sens pour eux par rapport à leur culture ou aux spécificités des inscriptions du Sinaï[30]. L'ordre des lettres est quant à lui celui utilisé à Ougarit dès le XIVe siècle av. J.-C..
    Le protosinaïtique est donc en haut et le protocananéen en bas accompagné du nom reconstruit du glyphe, de sa signification et de sa prononciation[4],[5],[6],[7].
  3. ʾalp (bœuf) : [ʔ]
    Probablement une référence au dieu Baal, Sérabit el-Khadim est un sanctuaire de sa parèdre Baâlat assimilé par les cananéens à Hathor.
  4. Bayt (maison) : [b]
    Le grand nombre de spécimens différent de ce signe indique parfois clairement une influence des écritures cursives égyptiennes. Notamment l'écriture particulière des hiéroglyphes par les cananéens du Sinaï qui mélanges les différentes écritures égyptiennes[30].
  5. Gaml (bâton de lancer) : [g]
  6. Digg (poisson) : [d]
  7. Dalt (porte) : [d]
  8. Haw (homme appelant) / Hll (jubilation) : [h]
    Les Cananéens pourraient aussi avoir lut l'interjection « Hey ! » dans l'hiéroglyphe A28 pour donner la valeur phonétique de ce signe[31].
  9. Waw (broche à bascule) : [w]
  10. Zayin ? / Ḏayp ? (sourcil ?) : [ð]
  11. Ziq (entraver) : [d͡z]
  12. Ḫayt (mèche) : [x]
  13. Ḥaṣir (manoir) : [ħ]
  14. Ṭab (bon) : [tˤ]
    Le signe protocananéen qui semble avoir remplacé le protosinaïtique figurerait une roue (ṭayt) à l'instar du protosinaïtique ayant reprit exactement l'hiéroglyphe F35 dans sa symbolique « bon, bien » (ṭab).
  15. Yad (main) : [j]
  16. Kap(p) (paume) : [k]
    Pourrait être issu de l'hiéroglyphe D46 mais leur faible ressemblance suggère plus une invention cananéenne[32].
  17. Lamd (aiguillon à bétail) : [l]
  18. Maym (eau) : [m]
  19. Naḥš (serpent) : [n]
  20. Samk (pilier) : [s]
  21. ʿayn (œil) : [ʕ]
    Des versions sans pupille pourrait être issu d'une confusion avec l'hiéroglyphe D21 de la bouche[33].
  22. Ġinab (raisin) : [ɣ] ou [ʁ]
  23. Pʿit (coin) : [p]
  24. Pay (bouche) : [p]
  25. (Ṣad)/Ṣimaḥ (plante) : [t͡sˤ] ou [t͡θˤ]
  26. Qup (singe) : [kˤ] ou [q]
    Peut être issu de représentations égyptiennes notamment du dieux Thot[34].
  27. Qaw (corde, ligne) : [kˤ] ou [q]
  28. Raʾš (tête) : [r]
  29. Šamš (soleil) : [ʃ]
  30. Šamš (soleil) : [ʃ]
  31. Šin ou Ṯad (arc) : [t͡θ] ou [ɬ] ?
    Représente un arc très similaire à ceux des représentations égyptienne[4].
  32. Taw (marque) : [t]
  33. Langue : phénicien.
    Parfois considéré comme la dernière phase de l'évolution du protocananéen en Phénicie. C'est l'ancêtre de la quasi totalité des alphabets connus. La simplification des signes s'accentue car le principe d'acrophonie n'a plus d'importance.
  34. ʾālef (bœuf) : [ʔ]
    duquel descendent aussi א et
  35. Bēth (maison) : [b]
    duquel descendent aussi ב et
  36. Gīmel (bâton de lancer ? chameau ?) : [g]
    duquel descendent aussi ג et
  37. Dāleth (porte) : [d]
    duquel descendent aussi ד et د
  38. (louange) : [h]
    duquel descendent aussi ה et ه
  39. Wāw (clou) : [w]
    duquel descendent aussi ו et
  40. Zayin (arme) : [z]
    duquel descendent aussi ז et
  41. Ḥēth (barrière) : [ħ]
    duquel descendent aussi ח et ح
  42. Ṭēth (roue) : [tʼ]
    duquel descendent aussi ט et ط
  43. Yōdh (main) : [j]
    duquel descendent aussi י et
  44. Kaf (paume) : [k]
    duquel descendent aussi כ et
  45. Lāmedh (bâton) : [l]
    duquel descendent aussi ל et ل
  46. Mēm (eau) : [m]
    duquel descendent aussi מ et م
  47. Nun (serpent) : [n]
    duquel descendent aussi נ et
  48. Sāmekh (pilier) : [s]
    duquel descend aussi ס
  49. ʿayin (œil) : [ʕ]
    duquel descendent aussi ע et
  50. (bouche) : [p]
    duquel descendent aussi פ et
  51. Ṣādē (plante ? hameçon ?) : [sʼ]
    duquel descendent aussi צ et ص
  52. Qōp (singe) : [q]
    duquel descendent aussi ק et
  53. Rēš (tête) : [r]
    duquel descendent aussi ר et
  54. Šin (soleil ? arc ? dent ?) : [ʃ]
    duquel descendent aussi ש et س
  55. Tāw (ici, maintenant) : [t]
    duquel descendent aussi ת et
  56. Langue : grec ancien.
    Regroupement de plusieurs alphabets grecs issus du phénicien introduit en Grèce grâce aux marins phéniciens. Le phénicien étant un alphabet dit abjad sans voyelles il y a eu une grande adaptation dans la prononciation des caractères phéniciens. C'est plus précisément la variante dite eubéenne qui survivra dans les alphabets italiques anciens.
  57. Alpha Αα : [a]
  58. Bêta Ββ : [b]
  59. Gamma Γγ : [g]
  60. Delta Δδ : [d]
  61. Epsilon Εε : [e]
  62. Digamma : [w]
  63. Zêta Ζζ : [d͡z]
  64. Êta Ηη : [ɛː]
  65. Thêta Θθ : []
  66. Iota Ιι : [i]
  67. Kappa Κκ : [k]
  68. Lambda Λλ : [l]
  69. Mu Μμ : [m]
  70. Nu Νν : [n]
  71. Xi Ξξ : [ks]
  72. Omicron Οο : [o]
  73. Pi Ππ : [p]
  74. San : [z]? > [s]
  75. Koppa : [k]
  76. Rhô Ρρ : [r]
  77. Sigma Σσς : [s]
  78. Tau Ττ : [t]
  79. Sampi : []
  80. Upsilon Υυ : [y]
  81. Phi Φφ : []
  82. Chi Χχ : [] / [ks]
  83. Psi Ψψ : [ps] / []
  84. Omega Ωω : [ɔː]
  85. Langues :Langues italiques, étrusque, rhétique
    Regroupement de plusieurs alphabets de la péninsule italienne notamment l'étrusque qui donnera l'alphabet latin. On remarquera l'abandon des noms des lettres pour simplement leur prononciation[14].
  86. A : [a]
  87. Bé : [b]
  88. Ké : [k]
  89. Dé : [d]
  90. É : [e]
  91. Vé : [w]
  92. Zé : []
  93. Hé : [h]
  94. Thé : []
  95. I : [i]
  96. Ka : [k]
  97. Elle : [l]
  98. Emme : [m]
  99. Enne : [n]
  100. Esh : [ks]
  101. O : [o]
  102. Pé : [p]
  103. Ché : [s], [ʃ]
  104. Ku : [k]
  105. Erre : [r]
  106. Esse : [s], [ʃ]
  107. Té : [t]
  108. U : [u]
  109. Phé : []
  110. Iks : [s]
  111. Khé : []
  112. Effe : [f]
  113. Langue : latin.
    Les latins utilisent un alphabet étrusque adapté avec des emprunts grecs dès le VIIe siècle av. J.-C., c'est l'alphabet latin. La version finale la plus aboutie de cette écriture est la capitale romaine. À partir de là, presque toutes les lettres capitales utilisées dans l'alphabet latin moderne sont fixées. Les précédents alphabets étaient écrits soit de droite à gauche soit en boustrophédon. L'alphabet latin fixe le ductus des lettres de gauche à droite donnant ainsi leur orientation définitive. Toutes les écritures suivantes dans l'arbre sont des versions de l'alphabet latin parfois encore utilisées[35].
  114. A : [a]
  115. B : [b]
  116. C : [k]
  117. D : [d]
  118. E : [e], [ε]
  119. F : [f]
  120. G : [g]
  121. H : [h]
  122. I : [i], [j]
  123. K : [k]
  124. L : [l]
  125. M : [m]
  126. N : [n], [ɱ], [ŋ]
  127. O : [o], [ɔ]
  128. P : [p]
  129. Q : [k]([w])
  130. R : [r]
  131. S : [s]
  132. T : [t]
  133. V : [v], [w]
  134. X : [x]
  135. Y : [y]
  136. Z : [dz]
  137. Langue : latin.
    Les écritures précédentes étaient principalement gravées mais la démocratisation des supports souples a permis l'apparition d'écritures dites cursives plus rapides à tracer car liées et calligraphiques. L'ancienne cursive romaine est simplement une adaptation très simplifié des lettres capitales romaines pour un usage manuscrit.
  138. Langue : latin.
    D'origine contesté, c'est l'écriture cursive succédant à l'ancienne romaine. Les lettres dites minuscules sont réellement distinctes des capitales et l'alphabet latin fini sa transition vers une alphabet bicaméral.
  139. Langue : latin médiéval et diverses langues européennes.
    Écriture manuscrite plus ronde directement issu de la cursive romaine comme l'onciale mais elle n'est pas cursive. C'est de ces deux alphabets que descendent la plupart des écritures latines du moyen-âge notamment insulaire, la mérovingienne et la wisigothique. La démocratisation du parchemin plus luxueux a pour conséquence de diminuer le nombre de livres et de lettrés. L'évolution de l'écriture se passe alors dans les monastères où sont écrits les livres.
  140. Langue : latin médiéval et diverses langues européennes.
    La minuscule caroline voulue par Charlemagne pour uniformiser et optimiser les différentes écritures dites nationales dérivées de l'onciale et la semi-onciale. Elle est issu de ces deux dernières avec quelques ajout provenant de l'écriture insulaire. La police Times New Roman est l'héritière moderne directe de la minuscule caroline.
  141. Langue : latin médiéval et diverses langues européennes.
    Remplace la minuscule caroline en tant qu'écriture manuscrite européenne. C'est une dérivée de cette dernière mais plus rapide à écrire et carré probablement à cause de l'apparition de la plume d'oie comme moyen d'écriture.
  142. Langue : Langues des pays occidentaux et historiquement influencé par l'occident.
    Aujourd'hui, il existe deux types d'écriture latine. L'écriture cursive et l'écriture script (en France les modèles d'écriture scolaire A et B). L'écriture scripte (ou imprimée) est issue des écritures non cursives descendantes de la cursive romaine et il en existe de nombreuses variantes. Alors que la cursive est issue de l'écriture anglaise. Durant le moyen-âge trois lettres font leur apparition pour adapter l'alphabet à la nouvelle phonétique germanique. Aussi de nombreux diacritiques font leur apparition durant cette période.
    Dans l'arbre : deux types d'écritures scriptes au dessus de leurs versions cursives italiennes accompagnées de leur nom et prononciation en français[36],[37].
  143. A Aa : [a], [ɑ]
  144. Bb : [b]
  145. Cc : [k], [c], [g]
  146. Dd : [d]
  147. E, (É) Ee : [e], [ə], [ɛ], [ø]
  148. Effe ou Èffe Ff : [f]
  149. Gg : [g], [ʒ]
  150. Ache Hh
  151. I Ii : [i], [j]
  152. Ji ou Gi Jj : [ʒ]
  153. Ka Kk : [k]
  154. Elle ou Èlle Ll : [l]
  155. Emme ou Èmme Mm : [m]
  156. Enne ou Ènne Nn : [n]
  157. O Oo : [ɔ], [o]
  158. Pp : [p]
  159. Ku ou Qu ou Cu Qq : [k]
  160. Erre ou Ère Rr : [ʁ], [χ]
  161. Esse ou Èsse Ss : [s], [z]
  162. Tt : []
  163. U Uu : [u], [ɥ]
  164. Vv : [v]
  165. Double vé Ww : [v], [w]
  166. Ics ou Ikse Xx : [gz], [ks], [z], [s]
  167. I grec Yy : [i], [j]
  168. A Zz : [z]

Articles connexes

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