Hébélome radicant

Hebeloma radicosum

Hebeloma radicosum
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Hébélome radicant
Classification
Règne Fungi
Division Basidiomycota
Sous-division Agaricomycotina
Classe Agaricomycetes
Sous-classe Agaricomycetidae
Ordre Agaricales
Famille Strophariaceae
Genre Hebeloma

Espèce

Hebeloma radicosum
(Bull.) Ricken, 1911

Synonymes

  • Agaricus radicosus Bull., 1784 - basionyme[1]
  • Dryophila radicosa (Bull.) Quél., 1886[1]
  • Roumeguerites radicosus (Bull.) Locq. 1979[1]
  • Myxocybe radicosa (Bull.) Fayod, 1889[1]
  • Agaricus radicatus Pers., 1801[1]

Hebeloma radicosum, l’Hébélome radicant, est un champignon agaricomycète du genre Hebeloma et de la famille des Strophariaceae. Cet Hébélome, présent sur l'ensemble de l'écozone holarctique, est bien caractérisé par son pied radicant, son anneau et son odeur d'amande amère. En association avec certains feuillus, il pousse sur les latrines des terriers de micro-mammifères où il se nourrit des composés ammoniacaux.

Illustration de Pierre Bulliard de 1784 sous le nom Agaricus radicosus.

L’Hébélome radicant est décrit pour la première fois par le naturaliste Français Champenois Pierre Bulliard en 1784 sous le nom Agaricus radicosus dans son ouvrage intitulé « Herbier de la France, ou Collection complète des plantes indigènes de ce royaume » (neuf volumes comprenant plus de six cents planches colorées). Le genre Agaricus est alors d'une définition bien plus large, se rapprochant de l'actuel Ordre des Agaricales[2],[1].

Cette espèce est ensuite recombinée dans de nombreux genres suivant les sensibilités et définitions des mycologues : elle sera successivement rangée au sein de Pholiota par l'Allemand Paul Kummer en 1871, de Dryophila par le Jurassien Lucien Quélet en 1886, de Myxocybe par le Suisse Victor Fayod en 1889 et de Roumeguerites par le Lyonnais Marcel Locquin en 1979. L'histoire retiendra les opinions de l'Allemand Adalbert Ricken qui place l'espèce au sein d'Hebeloma en 1911 dans une définition du genre mise en place par Paul Kummer en 1871 sur une base de l'Allemand Elias Magnus Fries, scientifique à l'origine de la mycologie moderne[1].

Systématique

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Hebeloma radicosum (Belgique).

Le genre Hebeloma est assez facile à distinguer des autres genres avec ses sporophores petits de forme collybioïde à grands de forme tricholomatoïde, de couleurs ternes, à lames brunes dégageant une forte odeur de rave. Au sein de ce genre où il est souvent nécessaire de travailler sous microscope pour déterminer les espèces, Hebeloma radicosum fait figure d'exception, tout du moins en Europe : il est le seul à dégager une odeur d'amande amère, le seul à posséder un pied radicant et le seul à être orné d'un anneau[3].

Selon une étude phylogénétique des espèces européennes du genre Hebeloma, H. radicosum est à une position basale de la sous-section nommée Myxocybe, un sous-groupe de la section Scabrispora qui comprend notamment H. anthracophilum et H. laterinum. Cette sous-section contient les espèces H. pumilum, H. birrus, H. calyptrosporum, H. danicum et H. senescens[4].

Description

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Hebeloma radicosum (Hesse, Allemagne).

L'Hébélome radicant développe un sporophore dense de taille moyenne au chapeau de 3 à 10 cm de diamètre, visqueux s'asséchant avec l'âge, présentant des écailles brunâtres sur un fond allant d'un blanc cassé à un brun clair parfois ochracé. Les lames échancrées, beiges à l'état jeune et brunissantes avec le temps, sentent l'amande amère. Le pied, mesurant de 7 à 11 (18) cm pour 1 à 2,5 cm de diamètre, orné de la même couleur que le chapeau, est prolongé par une racine souvent longue. Il est engainé dans une armille écailleuse terminant par un anneau membraneux. La chair blanche a une saveur amère. Il s'agit d'un champignon toxique[5],[6].

L'Hébélome exhale une forte odeur agréable de massepain, de laurier-cerise ou d'amande amère dont les composés aromatiques responsables ont été identifiés comme étant le benzaldéhyde, le 2-Phényléthanol, l'acide phénylacétique, le N-formylaniline et le 1-octen-3-ol[7].

Les spores en forme d'amande et verruqueuses mesurent de 8 à 8,5 voire 10 µm de long pour 5 à 6 µm de large. La sporée est brun rouille. Des cystides surmontent les arêtes de ses lames[5],[6].

Hebeloma radicosum (Hesse, Allemagne).

L'Hébélome radicant se développe en association mycorhizienne avec les feuillus notamment les Fagacées dont le Hêtre, les Chênes, les Bouleaux et les Salicacées dont les Saules. Les Pinacées ne semblent pas agir en hôtes de cette espèce. Il se nourrit des excréments en décomposition dans les latrines des galeries d’animaux fouisseurs insectivores tels que les taupes (Urotrichus, Euroscaptor, Mogera et Talpa), les mulots (Apodemus) et les musaraignes (Sorex), voire de lapins dans des garennes abandonnées[8],[9],[10].

L'Hébélome radicant est au cœur d'une relation tripartite animal/champignon/arbre : son mycélium digère les composés ammoniacaux issus des matières en décomposition animales pour les communiquer à ses arbres symbiontes. Les petits animaux produisant les déchets ne semblent se nourrir ni des champignons ni des arbres mais en dépendent pour le nettoyage de leurs propres habitats, puisque les mycorhizes éliminent les produits dérivés de ces déchets. Il s'agit alors d'un nettoyage symbiotique[9].

Ce type de champignon est nommé « champignon ammoniacal (en) », un groupe également composé de champignons se développant sur les déchets de nids de guêpes sociales et aux alentours de vieux cadavres. À ce titre, Hebeloma danicum et H. radicosoides sont des espèces proches[9].

Distribution

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Hebeloma radicosum vieillissant (Château-Chinon, France).

L'Hébélome radicant est présent en Amérique du Nord et en Eurasie de la France au Japon[11]. En France, il est plus référencé en climat continental qu'en climats méditerranéen et océanique[12].

Références

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  1. a b c d e f et g V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 23 sept. 2021
  2. Pierre Bulliard, Herbier de la France, ou Collection complète des plantes indigènes de ce royaume, Tome 4, Planche 160, 1784 (Biodiversity Heritage Library)
  3. Guillaume Eyssartier, Champignons : tout ce qu'il faut savoir en mycologie, Paris/18-Saint-Amand-Montrond, Belin / Impr. Clerc, , 303 p. (ISBN 978-2-410-01510-2, OCLC 1055474472)
  4. (en) Herbert Boyle, Bettina Zimdars, Carsten Renker et François Buscot, « A molecular phylogeny of Hebeloma species from Europe », Mycological Research, vol. 110, no 4,‎ , p. 369–380 (DOI 10.1016/j.mycres.2005.11.015)
  5. a et b Guillaume Eyssartier, Bart Buyck, Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, Le guide des champignons : France et Europe, Paris, Belin, , 1151 p. (ISBN 978-2-410-01042-8, OCLC 1004817572)
  6. a et b Alan E. Bessette et David W. Fischer, Mushrooms of northeastern North America, Syracuse University Press, (ISBN 978-0-8156-2707-4, OCLC 34411834)
  7. (en) Fons F, Rapior S, Fruchier A, Saviuc P, Besseire JM, « Volatile composition of Clitocybe amoenolens, Tricholoma caligatum and Hebeloma radicosum », Cryptogamie Mycologie, vol. 27, no 1,‎ , p. 45–55
  8. (en) N. Sagara, « European record of the presence of a mole’s nest indicated by a particular fungus », Mammalia, vol. 53, no 2,‎ (ISSN 0025-1461, DOI 10.1515/mamm.1989.53.2.301)
  9. a b et c (en) Naohiko Sagara, « Association of ectomycorrhizal fungi with decomposed animal wastes in forest habitats: a cleaning symbiosis? », Canadian Journal of Botany, vol. 73, no S1,‎ , p. 1423–1433 (ISSN 0008-4026, DOI 10.1139/b95-406)
  10. (en) Naohiko Sagara, Jyuichi Ooyama et Mamoru Koyama, « New causal animal for the growth of Hebeloma radicosum (Agaricales): shrew, Sorex sp. (Mammalia, Insectivora) », Mycoscience, vol. 49, no 3,‎ , p. 207–210 (DOI 10.1007/S10267-008-0407-7)
  11. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 23 sept. 2021
  12. MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 23 sept. 2021

Liens externes

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