En mathématiques, et plus précisément en géométrie euclidienne ou hilbertienne, l'inégalité de Bessel est un résultat étroitement lié à la question de la projection orthogonale. Elle tient son nom du mathématicien allemand Friedrich Wilhelm Bessel.
Dans tout l'article E désigne un espace préhilbertien sur le corps des réels ou celui des complexes. Le produit scalaire est noté < , > et la norme associée : || ||. La valeur absolue ou le module d'un scalaire λ est noté |λ|. Une famille de vecteurs est dite orthonormale si ses vecteurs sont de norme 1 et orthogonaux deux à deux.
Énoncé pour une famille finie —
Soit (e1, … , en) une famille orthonormale de vecteurs. Alors pour tout vecteur x de E, l'inégalité suivante est vérifiée :
En outre il y a égalité si et seulement si x est dans l'espace vectoriel engendré par les vecteurs e1, … , en.
Démonstration
Notons F le sous-espace vectoriel engendré par la famille (e1, … , en), et définissons le vecteur
Ce vecteur y appartient à F et x-y est orthogonal à chaque ej, donc à F. On a donc
avec égalité si et seulement si x = y.
Si x = y alors x appartient à F. Réciproquement, si x appartient à F alors x – y est à la fois orthogonal à F et élément de F, donc nul, d'où x = y.
Le résultat précédent s'étend au cas où la famille (ei) est indexée par un ensemble I quelconque (ni fini, ni nécessairement dénombrable) :
Énoncé dans le cas général —
Soit (ei) une famille orthonormale de vecteurs. Alors pour tout vecteur x de E, l'inégalité suivante est vérifiée :
et l'ensemble des indices i tels que 〈ei, x〉 soit non nul est au plus dénombrable.
Cas d'égalité et unicité des coefficients de Fourier — En outre il y a égalité si et seulement si x est dans l'adhérence du sous-espace vectoriel engendré par la famille, et dans ce cas x s'écrit de manière unique comme somme d'une famille de terme général λiei. La somme est la suivante :
Si la famille (ei) est simplement orthogonale et formée de vecteurs non nuls, l'inégalité de Bessel s'écrit :
Si E est un espace de Hilbert, et si la famille est une base de Hilbert, alors la majoration est une égalité dénommée égalité de Parseval.
Démonstrations
- Inégalité et dénombrabilité :
Soit J une sous-famille finie de I. Le résultat du paragraphe précédent montre que :
Ce résultat est vrai quelle que soit la sous-famille finie J de I. Ce qui montre la majoration de l'énoncé, donc la sommabilité de la famille. Or l'ensemble des termes non nuls d'une famille sommable est au plus dénombrable.
Notons H l'espace de Hilbert complété de E et F l'adhérence dans H du sous-espace vectoriel engendré par les ei (l'adhérence dans E de ce même sous-espace est donc F∩E).
L'inégalité précédente permet de définir, dans H,
Le reste de la preuve est identique au cas fini.
- Unicité des coefficients :
Si
alors pour tout j,
Théorème du supplémentaire orthogonal d'un fermé dans un espace de Hilbert