En mathématiques, deux résultats sont connus sous le nom d'inégalité de Weyl. Le premier concerne le domaine de la théorie des nombres tandis que le second est un résultat sur le spectre de matrices hermitiennes perturbées.
Nommée d'après le mathématicien Hermann Weyl, l'inégalité de Weyl-van der Corput[1], en théorie des nombres, affirme que :
Inégalité de Weyl-van der Corput — Pour tous entiers et et toute suite complexe , on a :
En particulier, dans le cas d'une somme exponentielle :
Inégalité de Weyl — Si et sont des entiers avec et premiers entre eux et , et si est une fonction polynomiale de degré à coefficients réels dont le coefficient dominant satisfait :
Alors, pour tout nombre réel strictement positif , pour tout entier ,
Cette inégalité n'est intéressante que lorsque . Pour les autres cas, l'estimation du module de la somme exponentielle en utilisant l'inégalité triangulaire donne une meilleure borne.
En algèbre linéaire, l'inégalité de Weyl est un résultat qui porte sur les valeurs propres d'une matrice hermitienne perturbée.
Soit un espace vectoriel ( ou ) de dimension . Si est une matrice symétrique (ou hermitienne), on note ses valeurs propres. On note l’ensemble des sous-espaces vectoriels de dimension de . On note la sphère unité de pour la norme euclidienne.
On a alors les formules suivantes :
La matrice représente la perturbation qui s'ajoute à la matrice . Il s'agit d'une matrice de même dimension que .
On remarque qu'on peut ordonner les valeurs propres car les matrices sont hermitiennes et donc leurs valeurs propres sont réelles.
En particulier, si est définie positive, i.e. si toutes ses valeurs propres sont strictement positives, on a alors :
Inégalité de Weyl - entre valeurs propres et valeurs singulières — Soit une matrice de taille à coefficients dans dont les valeurs singulières sont ordonnées comme suit : et les valeurs propres ainsi . Alors
pour tout et il y a égalité lorsque .
L'application , qui à toute matrice hermitienne associe une valeur propre, est 1-lipschitzienne.
Supposons que la matrice soit bornée, au sens où l'on sait que sa norme spectrale (ou toute autre norme matricielle, toutes les normes étant équivalentes en dimension finie) satisfait . Alors, il en découle que toutes ses valeurs propres, sont bornées en valeur absolue par .
En appliquant l'inégalité de Weyl, le spectre de et celui de sont proches au sens où[2]
Les valeurs singulières d'une matrice carrée sont les racines carrées des valeurs propres de la matrice (ou de manière équivalente dans le cas matrice carrée).
Comme les matrices hermitiennes suivent l'inégalité de Weyl, si on prend une matrice quelconque, alors ses valeurs singulières sont les racines carrées des valeurs propres de la matrice , qui est une matrice hermitienne. Ainsi, l'inégalité de Weyl s'applique à la matrice et découle donc pour les valeurs singulières de [3].
Ce résultat donne une borne de la perturbation des valeurs singulières d'une matrice après une perturbation de la matrice elle-même.