Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Edward Williams |
Pseudonyme |
Iolo Morganwg |
Nationalités | |
Activités |
Poète, antiquaire, agriculteur, écrivain, antiquaire, faussaire |
Enfants |
Mécène |
Elizabeth Brown Greenly (d) (- |
---|
Edward Williams, plus connu sous son nom bardique Iolo Morganwg (/ˈjo.lo mor.ˈgan.nug/), né le 10 mars 1747 près de Llancarfan dans le Val de Glamorgan et mort le 18 décembre 1826 à Flemingston, est un poète et antiquaire britannique d'origine galloise. Son pseudonyme signifie, en langue galloise, Edouard de Glamorgan ; Iolo est le diminutif de Iorwerth — la version galloise de Edouard — et Morganwg est le gallois pour Glamorgan.
Connaisseur de la littérature galloise médiévale, il est accusé d'être un faussaire après sa mort, ce sur quoi on est largement revenu[1],[2] (la recherche francophone est en retard sur l'anglophone et la vulgate prétend toujours, à tort, qu'Edward Williams est un « faussaire »).
Il fonde en 1792 la Gorsedd Beirdd Ynis Prydain — Gorsedd des bardes de l'île de Bretagne, une société culturelle et cultuelle, dont les rites sont supposément transmis depuis les druides de l'Antiquité.
Les doctrines dont il traite dans ses manuscrits, pourvues d'un fond celtique à travers le bardisme féodal, ont un grand impact sur le néodruidisme gallois, aujourd'hui partenaire du druidisme breton.
Edward Williams est né à Pen-onn, près de Llancarfan, dans le Val de Glamorgan, et élevé dans le village de Flemingston (ou Flimston ; Trefflemin en gallois). Il hérita du métier de son père en tant que maçon-tailleur. A Glamorgan, il développa son intérêt pour les collections de manuscrits, et apprit à composer de la poésie galloise à partir des œuvres de Lewis Hopkin (en), Rhys Morgan, et surtout Siôn Bradford (en)[3].
En 1773, il déménagea à Londres, où l'antiquaire Owen Jones l'introduisit dans la communauté de littérature galloise locale. Il devint membre de la Gwyneddigion Society (en) et s'y investit progressivement.
En 1777, il retourna au Pays de Galles, où il se maria et s'essaya au fermage. C'est durant cette époque, qu'il produisit sa seule falsification attestée : Cyfrinach Beirdd Ynys Prydain, des poèmes faussement attribués à Dafydd ap Gwilym, un poète gallois du XIVe siècle — contrefaçon qui vouera malencontreusement aux gémonies tout son travail pour « faussaire », encore toujours dans le monde francophone.
Il finit par tenir un magasin général à Cowbridge. En dehors de son échoppe, se serait trouvé un panneau disant que son sucre venait d'esclaves dans les plantations — ce qui était coutumier, à l'époque. Cependant, il contesta le testament d'un de ses trois frères, lui léguant des plantations en Jamaïque, utilisant des esclaves[4].
Entre autres, Morganwg fut un nationaliste gallois, désireux d'affirmer l'identité galloise du Sud, particulièrement dans sa région de Glamorgan — contre les idées prévalentes au Nord du Pays de Galles, selon lesquelles cette région serait la plus pure représentante traditionnelle (pour ainsi dire des « querelles de clochers », à l'heure de l'actuelle mondialisation).
Toute l'Europe était sous domination chrétienne à l'époque : Iolo Morganwg semble avoir été d'obédience unitarienne, au moins à partir de 1799, protestantisme dont il fut moteur quand une association unitarienne fut formée au Sud du Pays de Galles en 1802 (il établit ses Rheolau a Threfniadau — Façons de Procéder — publiées en 1803[5]).
Le fils d'Edward Williams (Taliesin ab Iolo de son nom bardique, tiré de Taliesin, barde alto-médiéval) collecta les manuscrits de son père en 26 volumes[6], sélection publiée sous le titre de Iolo's Manuscripts par la Welsh Manuscripts Society (en) en 1848[7].
Vers la fin du XIXème siècle, le grammairien sir John Morris-Jones dénonça donc Iolo Morganwg pour « faussaire », ce qui stigmatisa le barde[8]. Morris-Jones qualifia Morganwg de « haineux » et prophétisa qu'il y aurait un âge durant lequel « notre Histoire et littérature seront lavés des traces de ses sales doigts »[9].
Après la Première Guerre mondiale, l'universitaire Griffith John Williams (1892-1963) fut le premier à entreprendre une étude complète de l'œuvre de Morganwg, consultant les documents originaux donnés, en 1917, à la National Library of Wales, par les descendants de Morganwg[2]. Griffith John Williams publia son Iolo Morganwg a Chywyddau'r Ychwanegiad (Iolo Morganwg et les cywydds additionnels) en 1926, où il chercha l'exacte mesure de ce qui était basé sur l'imagination de Morganwg plutôt que l'héritage gallois : il put établir que seuls des poèmes attribués à Dafydd ap Gwilym étaient des inventions. Ainsi, ses recherches conduisirent l'universitaire à devenir un défenseur de la réputation de Morganwg[citation nécessaire] d'autant plus que depuis la Renaissance quelques siècles plus tôt, toute l'époque était çà et là aux fausses attributions, dans des buts plus ou moins louables[10].
Dans le domaine francophone, Philippe Jouët s'en est fait l'écho et le continuateur[1]. Il a été subsumé, que des revendications de Morganwg, relevaient bien de la tradition orale. Par exemple, la recherche récente a révélé que le conte de Ieuan Gethin — soldat durant la révolte de Glyndŵr — aurait des bases concrètes[11].
La Gorsedd de Bretagne (France) est associée à la Gorsedd des bardes de l'île de Bretagne (Grande Bretagne).
En 1926, à l'occasion du centenaire de sa mort, une plaque au nom de Iolo Morganwg fut accrochée au mur de son ancien magasin[12]. On y lit :
This stone was placed here by the East And Mid-Glamorgan sections of the National Union of Welsh Language Societies on the centenary of his death on 17/12/1826 to mark the house in which he sold books. Cette pierre a été placée là par les sections du Glamorgan de l'Est et du Centre, de l'Union Nationale des Sociétés de Langue Galloise, au centenaire de sa mort le 17/12/1826, pour notifier la maison dans laquelle il vendait des livres.
On a découvert des brouillons de Iolo Morganwg dans les années 1970, de traductions du gallois vers l'anglais, sans lesquels les Triades galloises auraient probablement disparu, disant en substance que
la première assemblée historique des bardes gallois se réunit en 1176 au château de Cardigan. Le 1er Janvier 1344, le roi Edouard III convoqua une table ronde de bardes. Vers 1400, on cite une tentative de restauration du druidisme avec un nommé Sion Cent. Vers 1450 se tint une assemblée de l'Eisteddfod des Bardes à Carmarthen. Ces réunions se poursuivirent de 1523 à 1568, malgré les persécutions des rois Henri V et Henri VIII d'Angleterre. Elisabeth Ier intervint pourtant dans les Eisteddfodau, pour distribuer des licences attribuées aux bardes afin de les récompenser.
Depuis, l’œuvre de Morganwg a pris progressivement une autre dimension, sa poésie et ses écrits étant aussi reconnus comme un joyau de la langue galloise de son temps.
Une plaque mémoriale fut élevée en 2009, sur le site approximatif des premières cérémonies de la Gorsedd de Galles, tenues sur la colline Primrose Hill de Londres en 1792[13], et une pierre mémoriale fut élevée au Stalling Down, près de Cowbridge, où se déroulaient les cérémonies en 1795[14].
Sa contrefaçon des poèmes de Dafydd ap Gwilym a eu un tel succès que, même au XXIe siècle, certaines de ses versions sont mieux connues que les versions originales[15]. On retrouve en particulier les fausses attributions, dans le troisième tome du Myvyrian Archaiology of Wales (1807).
Une école de gallois à Cowbridge, Ysgol Iolo Morganwg, est nommée en son nom.
Le chanteur de Super Furry Animals, Gruff Rhys, lui dédia une chanson sur American Interior, album sorti en 2014.
Iolo Morganwg développa son propre système d'écriture, basé sur un réputé « ancien alphabet druidique » : le gallois Coelbren y Beirdd (en). Il consiste en 20 lettres principales, et 20 autres « pour représenter les voyelles élongées et des mutations consonnantiques »[16]. Ces symboles étaient représentés sur des morceaux de bois, connus sous le nom de peithynen.
La philosophie de Morganwg constitue une fusion d'inflluences celtique — indo-européenne même[1] — et chrétienne (à moins qu'il n'ait hypocritement choisi l'obédience unitarienne, par affinité bardique).
En tant que tels, ses éléments de romantisme sont comparables à William Blake et à l'Écossais James MacPherson qui, quant à lui, inventa de toutes pièces le barde Ossian et ses poèmes — en prétendant qu'il exista.
Mais l'œuvre de Morganwg fait partie de la première vague de celtomanie, vague qui fut nommée celtomane pour son réel enthousiasme antiquaire (avant que le terme ne devienne péjoratif, pour désigner la mode du celtisme). C'étaient les prémices des recherches contemporaines et des éléments d'héritage bardique, ont génériquement survécu à travers l'héritage poétique des bardes gallois, à travers le bardisme féodal[1].
Les Trioedd Barddas ou Triades Bardiques (en), exposent des « cercles d'existence » concentriques, émergeant d'Annwn (le monde originaire d'où émanent chaque être conscient, et où retournent les êtres conscients n'ayant pas atteint le troisième cercle) à travers Abred jusqu'à Gwynfyd (en ; sorte de paradis, « monde blanc ») — la notion d'âme en est néanmoins absente.
Duw, Dieu en gallois, contribue à ce voyage de cercle en cercle — on reconnaît là une influence chrétienne, peut-être hypocrite afin que le bardisme survive à travers le monothéisme, puisque le polythéisme celtique est absent. Mais, contrairement au christianisme, dans les Trioedd Barddas Duw n'est pas Créateur. Il est le seul à pouvoir parcourir tous les cercles, dont le quatrième dénommé Keugant, en vu de l'équilibre du Da (Bon) et du Drwug (Mauvais) : il n'y a donc pas non plus, de lutte absolue entre le Bien et le Mal, quoi qu'il faille aux êtres conscients poursuivre le Da, en surmontant des obstacles désignés (l'angoisse, la mort, Cythraul (en) — un agent chaotique distinct du Drwg, — etc.) afin d'atteindre Gwynfyd.
Ce « cycle des réincarnations » Annwn-Abred en vue d'une « délivrance » en Gwynfyd, est manifestement indo-européen, puisqu'on le retrouve toujours dans l'hindouisme[17]. La recherche actuelle souligne l'antique comparaison de la religion celtique avec l'enseignement pythagoricien, sur la réincarnation[18].
En français :
En anglais :
En gallois :