Iâhhotep II | |||||||||||
Masque du sarcophage d'Iâhhotep - Musée du Caire. | |||||||||||
Nom en hiéroglyphe |
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Transcription | Jˁḥ-ḥtp | ||||||||||
Famille | |||||||||||
Père | Seqenenrê Tâa | ||||||||||
Mère | Iâhhotep Ire ? | ||||||||||
Conjoint | Ouadjkheperrê Kames | ||||||||||
Enfant(s) | ♀ Satkamosé | ||||||||||
Fratrie | ♂ Ahmôsis Ier | ||||||||||
Sépulture | |||||||||||
Type | Tombeau | ||||||||||
Emplacement | Dra Abou El-Naggah | ||||||||||
Date de découverte | 1859 | ||||||||||
Objets | Sarcophage en bois doré armes aux noms de Ouadjkheperrê Kames et d'Ahmôsis pectoral au nom d'Ahmôsis bracelet aux lions au nom d'Ahmôsis bijoux royaux dont un collier ousekh en or massif miroir en bronze amulettes prophylactiques coffre à canopes contenant quatre vases canopes en albâtre manche en bois doré d'un éventail bâton de commandement deux modèles de barques en métal précieux |
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Iâhhotep[1] est une reine de la XVIIe dynastie identifiée à l'épouse de Ouadjkheperrê Kames[2] et, par commodité de lecture pour la distinguer de son homonyme et probable mère, elle porte parfois le numéro II dans les ouvrages historiques traitant de cette période de l'histoire de l'Égypte antique[3].
Elle portait les titres d'épouse du roi et de celle qui est unie à la couronne blanche, titre caractéristique des grandes épouses royales de cette période.
L'existence de plusieurs personnalités de la famille royale homonymes dont la célèbre épouse de Seqenenrê Tâa, dit le brave, a été démontrée[4]. De nos jours, il est établi que deux reines du même nom de Iâhhotep, mais aux titres différents, ont existé à une époque contemporaine. Elles étaient toutes deux issues de la dynastie régnante à Thèbes[5].
Une Iâhhotep portant le titre de fille aînée du roi apparaît sur une statue du jeune prince Iâhmès-Sapaïr, fils du roi Seqenenrê Tâa. Actuellement conservée au Musée du Louvre, cette statue, témoignant à titre posthume de l'importance du prince dans la famille royale, porte sur son socle les prières adressées par les filles du roi.
Qu'Iâhhotep s’y qualifie de fille aînée pourrait indiquer, outre son statut privilégié à l'égard de ses sœurs, une distinction volontaire d'une autre Iâhhotep homonyme, sa mère probable et grande épouse royale de Seqenenrê.
Elle y est aussi qualifiée de Khenemet néfer Hedjet ce qui signifie littéralement Celle qui s’unit à la perfection de la couronne blanche[6], titre qui indique clairement une destinée hors du commun en tant que grande épouse royale de l’héritier du trône auquel elle était promise. Peut-être Ahmès-Sapaïr et Iâhhotep étaient-ils promis l'un à l'autre pour régner et succéder à Seqenenrê Tâa et Iâhhotep Ire, cette dernière pouvant d'ailleurs être sa mère donc la mère royale par excellence.
L'héritier étant mort et les frères trop jeunes pour régner, la princesse Iâhhotep, à la suite du décès de son père, devient reine en épousant Ouadjkheperrê Kames qui ceint la double couronne et reprend le combat contre les Hyksôs[7],[8]. L'identité des parents de Ouadjkheperrê Kames reste discutée à ce jour et s'il est un fils de Senakhtenrê Iâhmes, il épouse donc sa nièce. De cette union, la reine conçoit au moins une fille, nommée Ahmès-Satkamosé, qui deviendra elle aussi une épouse royale en s'unissant à son oncle Ahmôsis qui succédera légitimement à Ouadjkheperrê Kames, mort sans héritier.
Iâhhotep a survécu à son mari et est décédée sous le règne de son frère Ahmôsis qui acheva de libérer l'Égypte et fonda la XVIIIe dynastie, probablement dans la première partie du règne du roi, comme l'attestent les objets découverts avec le sarcophage de la reine.
Le sarcophage d'Iâhhotep[9] a été mis au jour en 1859 non loin de l'emplacement de la tombe de Ouadjkheperrê Kames. Celle-ci avait été découverte deux ans plus tôt par Auguste Mariette.
Le sarcophage était placé dans une cavité anépigraphe et étroite, creusée dans la roche, interdisant de considérer qu'il s'agissait de la tombe de la reine. Il s'agirait donc d'une cache dans laquelle aurait été entreposée la dépouille de la reine lors du déplacement des momies royales, à la fin de la XXe dynastie, vers Deir el-Bahari. La cachette aurait été oubliée par les prêtres, préservant ainsi les restes d'Iâhhotep jusqu'à leur redécouverte au XIXe siècle.
Mariette était absent lors de cette découverte. Les restes de cette inhumation secondaire, découverts avec le sarcophage, furent immédiatement mis à l'abri dans les magasins de Karnak afin de les soustraire à la convoitise des chasseurs de trésors qui sévissaient dans la région thébaine pour le compte de collectionneurs ou du trafic des antiquités qui fleurissait à cette époque.
Averti de la découverte, Mariette en commanda un relevé, ce qui nous permet aujourd'hui de connaître l'ensemble des objets qu'elle contenait. Il fut décidé alors de rapatrier le trésor de la reine au Caire.
Lors de ce transfert, le navire qui emportait son précieux chargement fut intercepté par le gouverneur de Qena qui, officiellement pour plaire au vice-roi, souhaitait lui-même lui rapporter la découverte. Il fit ouvrir le sarcophage et se débarrassa de la dépouille de la reine et des bandelettes de la momie. Il se servit sans doute au passage parmi les nombreuses reliques en or que contenait la momie.
Auguste Mariette, qui fut informé de la mésaventure, arma immédiatement un bateau et intercepta le convoi du gouverneur qui se rendait au Caire. Il exigea sous la menace des armes qu'on lui remît l'intégralité du contenu des caisses, ce qui fut fait, non sans quelques échanges d'insultes et de coups de feu.
Grâce à cette intervention rapide, le trésor put être sauvé d'un destin certainement plus vénal qu'archéologique. Le trésor arriva finalement au Caire et entra officiellement dans les collections du tout jeune musée que Mariette venait de fonder, au prix d'une sérieuse explication avec le vice-roi Saïd Pacha.
Le sarcophage en bois doré de la reine était complet à son arrivée au Caire, mais l'inventaire du musée indique que la cuve se désagrégea quelque temps après. Seul le couvercle subsiste, nous présentant Iâhhotep portant une lourde perruque tripartite dont les nattes s’enroulent sur le haut des seins et sur laquelle un uræus en or était fixé, tandis que le reste du sarcophage est traité en style rishi.
La momie disparue portait de très nombreux bijoux et il est probable que certains aient été volés lors de l’ouverture non officielle du sarcophage par le gouverneur de Qena. Seule une partie du grand collier ousekh[10] en or qui la couvrait est parvenu au musée, par exemple. Si le masque funéraire de la reine a disparu également, le visage de son sarcophage nous présente les traits de la souveraine dont les yeux sont rapportés et incrustés. On notera une grande similitude de traitement et de style entre ce sarcophage et celui de Satdjéhouty, épouse secondaire de Seqenenrê, ce qui est un élément de datation démontrant leur proximité dans la chronologie dynastique.
Un autre élément fait également défaut dans les restes de ce viatique royal. Il s'agit du coffre à canopes et de ses quatre vases qui contenaient les viscères de la reine qui n'ont jamais atteint les réserves du musée alors que l'ensemble est attesté, puisqu'il a été décrit comme se trouvant aux côtés du sarcophage de la reine lors de sa découverte.
Parmi les objets les plus célèbres qui accompagnaient la souveraine, on citera :
Avec la momie de la reine se trouvait également un véritable arsenal :
La présence de ces armes, bien que d'apparat, dénote l'esprit guerrier de l'époque. Les noms des pharaons cités sur ces objets permettent de préciser cette période.
On citera ainsi deux grands modèles de barque en métaux précieux avec leurs équipages complets. L'une d'elles est posée sur un char à quatre roues. Sa coque, dont la proue et la poupe sont terminées par deux ombelles de papyrus ouvertes, est en or, de même que deux figurines, le timonier et son gouvernail, ainsi qu'un personnage placé à la proue et qui porte un doigt à sa bouche, comme un enfant[27]. L'équipage de rameur est quant à lui en argent massif. La poupe du navire porte gravé le cartouche d'Ouadjkheperrê Kames[28]. La seconde barque, coque et équipage en argent massif, est anépigraphe.
Ces trésors furent exposés dans différentes villes d'Europe et, pour l'anecdote, lors de son passage à Paris, l'impératrice Eugénie porta son dévolu sur l'un des joyaux de la reine que le vice-roi semblait enclin à lui offrir. C'était sans compter la ténacité de Mariette qui refusa catégoriquement de céder une once d'or de ce trésor. Il finit par convaincre Saïd Pacha de ne pas l'offrir à l'impératrice, ce qui lui valut l'inimitié circonstancielle de la famille impériale…
L’ensemble du viatique funéraire de la reine est désormais exposé au Musée du Caire.
Enfin, on notera que la ressemblance entre le sarcophage d’Iâhhotep et de Satdjéhouty, ajoutée au fait que le nom de la reine inscrit sur son sarcophage présente le hiéroglyphe de la lune traité à la manière archaïque, sont deux indices chronologiques qui invitent à dater l’enterrement de la reine de la première moitié du règne d’Ahmôsis voire du tout début du règne, peu après le couronnement du roi dont certaines scènes sont représentées sur les bijoux de la reine.