Daniel Decourdemanche naît dans le 17e arrondissement de Paris[1], rue Brunel[2], en 1910 : il est le fils de Jules Decourdemanche, associé d’un agent de change, et de Marie-Madeleine Dassier ; il est aussi le neveu de l’orientaliste Alphonse Decourdemanche[2]. Il fait ses études à Paris au lycée Carnot, où il reste six ans, puis au lycée Pasteur de Neuilly[2]. Il commence des études de droit, mais change rapidement d'orientation : il étudie la littérature allemande et devient, en 1932, le plus jeune agrégé d'allemand de France[3].
Il épouse en 1929 Jacqueline Bailly, la fille d'un professeur du lycée Pasteur. Le couple a une fille, Brigitte, en [4].
En 1930, il publie son premier roman, Le Sage et le Caporal, chez Gallimard, sous le pseudonyme de Jacques Decour[3]. Il est nommé, en 1931, assistant de français en Prusse au lycée de Magdebourg[3]. Là, il rédige Philisterburg, un récit qui décrit la montée du nazisme et « le mythe inadmissible de la race »[5]. Depuis 1930, il publie des critiques littéraires et des traductions d'œuvres allemandes[4].
Il est nommé au lycée de Reims[3] de 1932 à 1936 et adhère au mouvement des jeunesses communistes. En 1936, il fait paraître chez Gallimard son roman, Les Pères. Il enseigne ensuite pendant un an au lycée Descartes à Tours où il entre au Parti communiste. Il rédige des articles pour le journal communiste La Voix du Peuple de Touraine et déploie une grande activité militante[2].
En , à la déclaration de guerre, il est mobilisé comme simple soldat à Vernon[3]. À la démobilisation, il est chauffeur du général de Lattre de Tassigny à Clermont-Ferrand et rejoint Paris où il retrouve le lycée Rollin[2]. Il entre dans la Résistance en créant deux revues : en novembre 1940 L'Université libre et en février 1941 La Pensée libre (avec Georges Politzer et Jacques Solomon[2]), qui sera la plus importante publication clandestine de la France occupée.
En 1941, Decour devient le responsable du Comité national des écrivains qui projette la publication d'une nouvelle revue, Les Lettres françaises qu'il ne verra pas paraître, puisque le , Decour est arrêté par la police française. Remis aux Allemands, il est fusillé comme otage le à 14 h[3], une semaine après Georges Politzer et Jacques Solomon. De sa cellule au Mont-Valérien, le jour de son exécution, il écrit à sa famille une lettre particulièrement émouvante, message d'adieu d'un condamné à ceux qu'il aime. Il y exprime notamment sa confiance dans la jeunesse, persuadé que son sacrifice ne sera pas vain[3] :
« Vous savez que je m’attendais depuis deux mois à ce qui m’arrive ce matin, aussi ai-je eu le temps de m’y préparer ; mais comme je n'ai pas de religion, je n'ai pas sombré dans la méditation de la mort : je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l'arbre pour faire du terreau — la qualité du terreau dépendra de celle des feuilles — je veux parler de la jeunesse française en qui je mets tout mon espoir »[7],[8].
Le Sage et le Caporal, Gallimard, Paris, 1930 ; réédition Farrago, Tours, 2002 (Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inédites).
La Révolte, article de La Nouvelle Revue française, no 246, , repris dans Comme je vous en donne l'exemple... et dans Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inédites, Farrago, 2002.
La Religion romantique en Allemagne, dépôt de sujet de thèse de doctorat, 1934.
Les Pères, Gallimard, 1936 ; réédition Farrago, Tours, 2002 ; (Le Sage et le Caporal suivi de Les Pères et de sept nouvelles inédites).
Nos jeunes morts sont secrets. Littérature et résistance, éditions Farrago, 2003.
La Faune de la collaboration. Articles 1932-1942, éditions La Thébaïde, 2012
Quand vous voudrez de mes nouvelles..., textes et photos de Jacques Decour, publié à l'occasion du 75e anniversaire de sa mort, édition établie par Emmanuel Bluteau, La Thébaïde, 2017.
Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) : groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et élémentaire. Ligne de bus no 201, arrêt Jacques-Decour. Musée de la Résistance nationale, panneau « Jean Paulhan », Jacques Decour y est cité ;
Combes et Rosis (Hérault) : forêt domaniale des Écrivains combattants, stèle « Allée Jacques-Decour ». Écrivains qui « ont versé peu d’encre, mais tout leur sang » (Roland Dorgelès). Stèle rénovée, ainsi que les soixante-quatre autres. Inauguration le par le sous-préfet de Béziers en présence de l’Association des écrivains combattants (AEC) ;
Fleury-Mérogis (Essonne) : rue Jacques-Decour ;
Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise) : ligne de bus no 31, arrêt Jacques-Decour. Rue Jacques-Decour ;
Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) : boulevard Jacques-Decour. Cité Jacques-Decour. Gymnase Jacques-Decour. Groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et élémentaire. Décision du conseil municipal du . Inauguration le par Mme Denise Decourdemanche, sa sœur. Ligne de bus no 620, arrêt « Cité Jacques-Decour ». Square Jacques-Decour ;
Magdebourg (Allemagne) : Stolperstein « Hier lehrte Daniel Decourdemanche, gen. Jacques Decour, Jg.1910, Resistance, verhaftet 17.2.1942, ermordet 30.5.1942, Paris ». Pavé de mémoire inauguré le devant le Domgymnasium où Jacques Decour fut professeur d’échange en 1930-1931 ;
Montataire (Oise) : groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et élémentaire. Rue Jacques-Decour. Décision du conseil municipal du ;
Nanterre (Hauts-de-Seine) : club d’échecs Jacques-Decour. Groupe scolaire Jacques-Decour, maternelle et élémentaire. PMI (protection maternelle infantile) Jacques-Decour. Rue Jacques-Decour. Salle de quartier polyvalente Jacques-Decour. Square Jacques-Decour ;
Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) : fonds Jacques-Decour, Archives nationales. Don de Mme Brigitte Decourdemanche, sa fille, le . Pôle Seconde Guerre mondiale ;
Reims (Marne) : plaque « Aux morts pour la France 1939-1945 », collège Université, Jacques Decour y est cité. Plaque « Guerre de 1939-1945, morts en déportation et dans les Territoires d’Outre-mer », dans le lycée Georges-Clemenceau (hall du bâtiment administratif), inaugurée en 1958, Jacques Decour y est cité. Plaque « Honneur à tous les maîtres de l’école laïque victimes de la barbarie nazie tombés pour la défense de la liberté. Honneur à nos héros marnais », square des Victimes-de-la-Gestapo, Jacques Decour y est cité ;
Saint-Cyr-l'École (Yvelines) : rue Jacques-Decour. Inaugurée en 1958 ;
Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire) : collège Jacques-Decour. Lignes de bus no 5, 16 et 50, arrêt Jacques-Decour (terminus de la ligne 16) ;
Sevran (Seine-Saint-Denis) : allée Jacques-Decour. Ligne de bus no 618, arrêt Jacques-Decour ;
Suresnes (Hauts-de-Seine) : cloche des Fusillés, Mont-Valérien, Daniel Decourdemanche y est cité. Domicile familial 19, rue Jacques-Decour (ex rue des Verjus)[9],[10]. Ligne de bus AS, arrêt Jacques-Decour. Rue Jacques-Decour ;
Tours (Indre-et-Loire) : plaque commémorative, lycée Descartes (hall d’honneur), dévoilée le . Rue Jacques-Decour, inaugurée le et cérémonie de l’Amicale des vétérans du PCF 37, Tours-Nord ;
Tübingen (Allemagne) : Wildermuth-Schule, construite en 1927. Renommée « collège Decourdemanche » (1945-1955) par les militaires français alors en poste dans la zone sud de la ville ;
Vierzon (Cher) : rue Jacques-Decour. Décision du Conseil municipal du .
Anthologie des écrivains morts à la guerre (1939-1945), publiée par l'Association des écrivains combattants, 1960.
Konrad F. Bieber, L’Allemagne vue par les écrivains de la résistance française, préface d'Albert Camus, 1954.
Pierre Favre, Jacques Decour : l'oublié des Lettres françaises, Farrago, 2002, (ISBN2-84490-099-2).
Bertrand Matot, La guerre des cancres : un lycée au cœur de la Résistance et de la collaboration, Perrin, 2010 (ISBN978-2262033347).
Jean Paulhan, Jacques Decour, Éditions de Minuit, 1945.
Quand vous voudrez de mes nouvelles..., publié à l'occasion du 75e anniversaire de la mort de Jacques Decour, La Thébaïde collection Histoire, 2017 (ISBN9791094295120).