Jammu-et-Cachemire (territoire de l'Union)

Jammu-et-Cachemire
(ks) جۆم تہٕ کٔشیٖر
(hi) जम्मू और कश्मीर
(ur) جموں و کشمیر
Blason de Jammu-et-Cachemire
Emblème
Jammu-et-Cachemire (territoire de l'Union)
Localisation du territoire en Inde
Administration
Pays Drapeau de l'Inde Inde
Capitale Jammu (hiver) et Srinagar (été)
Plus grande ville Srinagar
Création
Langue officielle cachemiri, dogri, ourdou, hindi, anglais
Lieutenant-gouverneur Manoj Sinha (en)
Ministre en chef Omar Abdullah
Démographie
Population 12 258 433 hab. (2011[1])
Densité 290 hab./km2
Rang 20e
Géographie
Superficie 42 241 km2
Rang 22e
La vallée de Lidder près de Pahalgam au Jammu-et-Cachemire.

Le Jammu-et-Cachemire est un territoire de l'Union de l'Inde, situé au nord du pays, créé en 2019.

Géographie

[modifier | modifier le code]

Le territoire s'étend sur 42 241 km2 au nord-est de l'Inde et il est bordé par le territoire de l'Union du Ladakh à l'est et les États de l'Himachal Pradesh et du Pendjab au sud. La ligne de contrôle le sépare de la partie du Cachemire administrée par le Pakistan à l'ouest et au nord[N 1]. Le territoire faisait partie de l'ancien État du Jammu-et-Cachemire.

Les dispositions relatives à la formation du territoire de l'Union du Jammu-et-Cachemire étaient contenues dans la loi de 2019 sur la réorganisation du Jammu-et-Cachemire, qui a été adoptée par les deux chambres du Parlement indien en août 2019. L'acte a divisé l'ancien État du Jammu-et-Cachemire en deux territoires de l'Union, le Jammu-et-Cachemire et le Ladakh, avec effet au [2].

Le Jammu-et-Cachemire[N 2] tire son nom des deux régions qu'il englobe : la région de Jammu et la vallée du Cachemire.

Le gouvernement du Pakistan et des sources pakistanaises font référence au Jammu-et-Cachemire comme faisant partie du « Cachemire sous occupation indienne » (Indian-occupied Kashmir ou IOK) ou du « Cachemire sous contrôle indien » (Indian-held Kashmir ou IHK)[3],[4]. Le gouvernement indien et des sources indiennes appellent à leur tour le territoire sous contrôle pakistanais « Cachemire occupé par le Pakistan » (Pakistan-occupied Kashmir ou POK) ou « Cachemire détenu par le Pakistan » (Pakistan-held Kashmir ou PHK)[5],[6]. Le « Cachemire sous administration indienne » et le « Cachemire sous contrôle indien » sont souvent utilisés par des sources neutres[7].

L'État du Jammu-et-Cachemire possèdait un statut spécial en vertu de l'article 370 de la Constitution de l'Inde. Contrairement à d'autres États de l'Inde, le Jammu-et-Cachemire avait sa propre Constitution, son drapeau et son autonomie administrative[8]. Les citoyens indiens d'autres États n'étaient pas autorisés à acheter des terres ou des biens au Jammu-et-Cachemire[9].

Le Jammu-et-Cachemire avait trois zones distinctes : la région de Jammu à majorité hindoue, la vallée du Cachemire à majorité musulmane et le Ladakh à majorité bouddhiste. Des troubles et des violences ont persisté dans la vallée du Cachemire et, à la suite d'une élection contestée en 1987, une insurrection a éclaté alimentée par des groupes djihadistes soutenus par le Pakistan et durement réprimée par le pouvoir central indien[10],[11].

Le Bharatiya Janata Party (BJP) arrive au pouvoir lors des élections générales de 2014 et, cinq ans plus tard, inclut dans son manifeste électoral la révocation de l'article 370 de la Constitution de l'Inde, afin d'amener le Jammu-et-Cachemire à un statut égal à celui des autres États[12]. Une résolution abrogeant l'article 370 est adoptée par les deux chambres du Parlement indien en août 2019. Parallèlement, une loi de réorganisation est également adoptée, qui divise l'État en deux territoires de l'Union, Jammu-et-Cachemire et le Ladakh. La réorganisation entre en vigueur le [2].

L'Inde interrompt tous les canaux de télécommunications : réseaux mobiles, internet, haut débit et lignes terrestres, au Cachemire[13],[14]. Les mouvements de rue sont réprimés, faisant seize morts, et nombre de personnes, manifestants ou personnalités politique (dont Mehbooba Mufti, ministre en chef de la province d'avril 2016 à juin 2018), sont incarcérées[11]. Selon le site d'information en ligne indépendant The Wire, la révocation de l’autonomie du Cachemire « devrait avoir des retombées négatives considérables à trois niveaux. D'abord, du point de vue des violations de droits humain au sein du Cachemire. Ensuite, concernant la place de l'Inde sur la scène internationale : M. Modi a entamé le prestige démocratique du pays. Enfin, cela pose de graves problèmes pour le fonctionnement de la démocratie, car des mesures semblables peuvent être prises contre des États perçus comme récalcitrants ou hostiles au gouvernement. » L’essayiste et journaliste Prem Shankar Jha souligne que « des milliers de jeunes Cachemiris qui étaient jusqu'alors restés en marge de l'insurrection vont rejoindre ses rangs. » La communauté internationale — à l'exception du Pakistan et de la Chine — reste passive[11].

Le gouvernement indien libéralise en 2020 la vente des terres, jusque-là réservées aux habitants. Cette mesure pourrait favoriser la dilution de l'identité de la région ainsi qu'une modification de la démographie, ou encore permettre le développement des projets industriels au détriment de l'agriculture[15].

Le , la Cour suprême entérine l'abrogation des articles 370 et 35A tout en ordonnant au gouvernement d’organiser des élections législatives au plus tard en septembre 2024[16].

Les élections législatives se tiennent les et . Elles sont remportées par l'alliance formée par la Conférence nationale et le Congrès national indien.

Géographie

[modifier | modifier le code]

Topographie

[modifier | modifier le code]
Carte topographique du Jammu-et-Cachemire, avec une altitude visible pour la vallée du Cachemire et la région de Jammu.

Le Jammu-et-Cachemire abrite plusieurs vallées telles que la vallée du Cachemire, la vallée du Tawi, la vallée du Chenab, la vallée du Poonch, la vallée du Sind et la vallée du Lidder. L'Himalaya sépare la vallée du Cachemire du plateau tibétain tandis que la chaîne Pir Panjal, qui entoure la vallée à l'ouest et au sud, la sépare des grandes plaines du nord de l'Inde. Le long du flanc nord-est de la vallée s'étend la chaîne principale de l'Himalaya. Cette vallée a une altitude moyenne de 1 850 m, mais la chaîne environnante de Pir Panjal a une altitude moyenne de 3 048 m. La rivière Jhelum est la principale rivière himalayenne qui traverse la vallée du Cachemire[17]. Le Tawi, Ravi et Chenab sont les principaux fleuves qui traversent la région.

Le climat du Jammu-et-Cachemire varie considérablement en raison de sa topographie accidentée. Le sud autour de Jammu est une région qui subit généralement des moussons pour atteindre une moyenne de 40 à 50 mm de pluie par mois entre janvier et mars. Pendant la saison chaude, la température peut atteindre jusqu'à 40 °C dans la ville de Jammu tandis qu'en juillet et août, des précipitations très fortes quoique irrégulières se produisent avec des extrêmes mensuels allant jusqu'à 650 mm. En septembre, les précipitations diminuent et en octobre, les conditions restent chaudes mais extrêmement sèches, avec peu de précipitations et des températures d'environ 29 °C.

En face de la chaîne de Pir Panjal, la mousson d'Asie du Sud n'agit plus et la plupart des précipitations se produisent au printemps, venant des bandes nuageuses du sud-ouest. En raison de sa proximité avec la mer d'Oman, Srinagar reçoit jusqu'à 635 mm de pluie, les mois les plus humides étant de mars à mai avec environ 85 mm par mois. En hiver, toutes les rivières gèlent, permettant aux habitants de les traverser durant cette période, car le niveau élevé de fonte des glaces empêche la traversée en été[18].

Les glaciers de la région connaissent une fonte accélérée en raison de la réduction des chutes de neige hivernales, des vagues de chaleur et de la hausse des températures liée au réchauffement climatique[19].

Administration et politique

[modifier | modifier le code]

Subdivisions administratives

[modifier | modifier le code]
Le territoire du Jammu-et-Cachemire (J et K) en couleur vert et orange. Le territoire du Ladakh (L) en bleu.

Le territoire de l'Union du Jammu-et-Cachemire est séparé en deux divisions : la division de Jammu et la division du Cachemire ; et est subdivisé en 20 districts.

Division District Chef-lieu Superficie (km²)
Jammu District de Doda Doda 11 691
District de Jammu Jammu 3 097
District de Kathua Kathua 2 651
District de Kishtwar Kishtwar
District de Poonch Poonch 1 674
District de Rajauri Rajauri 2 630
District de Ramban Ramban
District de Reasi Reasi
District de Samba Samba
District de Udhampur Udhampur 4 550
Total de la division Jammu 26 293
Cachemire District d'Anantnag Anantnag 3 984
District de Bandipora Bandipora
District de Baramulla Baramulla 4 588
District de Badgam Badgam 1 371
District de Ganderbal Ganderbal
District de Kulgam Kulgam
District de Kupwara Kupwara 2 379
District de Pulwama Pulwama 1 398
District de Shopian Shopian
District de Srinagar Srinagar 2 228
Total de la division Srinagar 15 948

Administration

[modifier | modifier le code]

Le territoire de l'Union du Jammu-et-Cachemire est administré conformément aux dispositions de l'article 239 de la Constitution de l'Inde. L'article 239A, initialement formulé pour le territoire de Puduchery, est également applicable au Jammu-et-Cachemire[20].

Le Président de l'Inde nomme un lieutenant-gouverneur pour le territoire de l'Union. Il administre également le territoire du Ladakh[20].

L’Assemblée législative est une assemblée monocamérale, dont le mandat est de cinq ans. Elle peut légiférer pour n'importe laquelle des questions figurant sur la liste d’État de la Constitution de l’Inde, comme les autres États indiens, à l’exception de « l’ordre public » et de la « police », qui resteront l'apanage du gouvernement central indien[20].

Le Jammu-et-Cachemire envoie cinq députés à la chambre basse du Parlement indien (le Lok Sabha) et quatre membres à la chambre haute (le Rajya Sabha).

Un Conseil des ministres dirigé par un ministre en chef est nommé par le lieutenant-gouverneur parmi les membres de l'Assemblée législative. Leur rôle est de conseiller le lieutenant-gouverneur dans l'exercice de ses fonctions dans les matières relevant de la compétence de l'Assemblée législative. Dans d'autres domaines, le lieutenant-gouverneur est autorisé à agir en sa propre qualité. Le lieutenant-gouverneur aura également le pouvoir de promulguer des ordonnances qui auront la même force que les lois de l'assemblée législative[20].

Le territoire de l'Union reste sous la juridiction de la Haute Cour du Jammu-et-Cachemire, qui sert également de Haute Cour pour le Ladakh[20]. Les services de police continuent d'être fournis par la police actuelle du Jammu-et-Cachemire[21].

À la suite des élections des et , Omar Abdullah devient ministre en chef le .

Partis politiques

[modifier | modifier le code]

Les principaux partis politiques actifs dans la région sont le Bharatiya Janata Party, le Congrès national indien, la Conférence nationale du Jammu-et-Cachemire et le Parti démocratique populaire du Jammu-et-Cachemire. Les autres partis présents dans la région sont le Parti communiste d'Inde (marxiste), le Parti des panthères nationales du Jammu-et-Cachemire et la Conférence populaire du Jammu-et-Cachemire.

Le lac Dal vu du sanctuaire Hazratbal.
Le temple Vaishno Devi en hiver.

Certaines des principales attractions touristiques du Jammu-et-Cachemire sont Srinagar, les jardins moghols, Gulmarg, Pahalgam, Patnitop et Jammu. Chaque année, des milliers de pèlerins hindous visitent les sanctuaires sacrés de Vaishno Devi et Amarnath, ce qui a un impact significatif sur l'économie du territoire.

La vallée du Cachemire est l'une des principales destinations touristiques de l'Inde. Gulmarg, l'une des destinations de ski les plus populaires en Inde, abrite également le plus haut parcours de golf vert du monde[22]. La diminution de la violence dans le territoire au cours des années a stimulé l'économie, en particulier le tourisme, mais les récents débordements risquent de le pénaliser à nouveau[10].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Le Jammu-et-Cachemire est un territoire disputé entre l'Inde et le Pakistan. Il a une superficie de 42 241 km2 administrés par l'Inde et 13 297 km2 controlés par le Pakistan (Azad Cachemire) revendiqués par l'Inde comme faisant partie de leur territoire.
  2. Se prononce /ˈdʒæmuː/ ou /ˈdʒʌmuː/, /ˈkæʃmɪər/ ou /kæʃˈmɪər/.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. (en) « Jammu and Kashmir Population Census data 2011 », Gouvernement de l'Inde (consulté le ).
  2. a et b (en) Ministry of Home Affairs, « In exercise of the powers conferred by clause a of section 2 of the Jammu and Kashmir Reorganisation Act. », The Gazette of India,‎ (lire en ligne).
  3. (en) Ali Zain, « Pakistani flag hoisted, pro-freedom slogans chanted in Indian Occupied Kashmir », Daily Pakistan,‎ (lire en ligne).
  4. (en) « Pakistani flag hoisted once again in Indian Occupied Kashmir », Dunya News,‎ (lire en ligne).
  5. Christopher Snedden, Kashmir: The Unwritten History, HarperCollins India, , 2–3 p. (ISBN 978-9350298985).
  6. (en) « The enigma of terminology », The Hindu,‎ (lire en ligne)
  7. South Asia: fourth report of session 2006–07 by By Great Britain: Parliament: House of Commons: Foreign Affairs Committee page 37.
  8. (en) K. Venkataramanan, « How the status of Jammu and Kashmir is being changed », The Hindu,‎ (lire en ligne)
  9. (en) « Article 370 and 35(A) revoked: How it would change the face of Kashmir », The Economic Times,‎ (lire en ligne)
  10. a et b Clémence Pineau, « Cachemire occupé, un conflit postcolonial ? », Maze,‎ (lire en ligne).
  11. a b et c Vaiju Naravane, « Au Cachemire, l’hindouisme sabre au clair », Le Monde diplomatique,‎ , p. 18 (lire en ligne).
  12. AFP, « Révocation de l’autonomie du Cachemire indien : 4 questions sur une décision explosive », L'Obs,‎ (lire en ligne).
  13. « L'Inde révoque par surprise l'autonomie du Cachemire, une décision explosive », sur bfmtv.com, (consulté le )
  14. « L'Inde durcit sa mainmise sur le Cachemire en révoquant son autonomie constitutionnelle », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  15. « L’Inde affaiblit encore les droits des Cachemiris », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  16. « En Inde, la Cour suprême confirme le retrait de la semi-autonomie du Cachemire », sur France 24,
  17. « Jhelum River », (consulté le )
  18. « Cachèmirè mètèo et climat », fr.kashmirtreks.com (consulté le )
  19. « Le Cachemire en proie à une chaleur et à une sécheresse exceptionnelles », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  20. a b c d et e Jammu & Kashmir Reorganisation Bill passed by Rajya Sabha: Key takeaways, The Indian Express, 5 August 2019.
  21. Ratan et Johri, « Salient Features Of Jammu & Kashmir Reorganization Bill [Read Bill] », LiveLaw.in: All about law, (consulté le )
  22. Cris Prystay, « Fairway to Heaven », WSJ,

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]