Son père Caspar Luyken l'Ancien, immigrant allemand, est un enseignant dans une école mennonite. Le fils est un jeune homme fougueux et un élève de Martin Saeghmolen, et il s'intéressait aux belles femmes. À l’âge de 26 ans, Jan Luyken a une expérience religieuse forte qui lui inspire l’écriture de poésie moraliste.
Marié à Maria de Oudens de La Haye en 1672, il est le père de Caspar Luyken (1672-1708) qu'il forme à la gravure. Ils ont pour sujets des scènes religieuses et des événements historiques et produisent des estampes de dévotions. Il reste actif à Amsterdam entre 1669 et 1712 avec une courte période à Haarlem entre 1699 et 1705[1]. Ses nombreux travaux ont été principalement l'illustration de livres. Luyken a travaillé pour de nombreuses maisons d'édition à l'extérieur d'Amsterdam. Aujourd'hui, plus de 3 000 gravures lui sont attribuées, certaines se trouvant dans les musées néerlandais.
Il est surtout connu pour l'illustration de l’édition de 1685 du Miroir des martyrs avec 104 eaux-fortes sur cuivre. Trente de ces plaques existent toujours et ont été présentées dans l’exposition The Mirror of the Martyrs[2],[3].
Il a aussi publié avec son fils Caspar l'ouvrage Het Menselyk Bedryf(en) (Le livre des métiers) en 1694, qui contient de nombreuses gravures des métiers et du commerce au XVIIe siècle, et est l'auteur d'un nombre considérable d'estampes, notamment de séries dédiées aux « persécutions religieuses », aux « plaies d'Égypte », au « jugement dernier ».
Jan Luyken était également un littéraire très actif. Son premier ouvrage intitulé Duitse Lier a été publié en 1671[4]. Il contient la poésie amoureuse par laquelle il chante sa maîtresse Maria de Oudens. Un peu plus tard, il rejoint la communauté mennonite de Beverwijk. De plus en plus intéressé par la mystique chrétienne, il rejoint la communauté de Gichtelianer(de), un groupe d'hommes et de femmes expulsés de Ratisbonne en raison de leur critique sur l'église en 1665 et qui avaient trouvé refuge à Amsterdam.
En 1678, Luyken a publié une série d'écrits mystiques influencés par le panthéisme, la plupart du temps en vers. Beaucoup de ses poèmes ont été inclus dans le recueil de cantiques des mennonites néerlandais, les Doopsgezinde Bundel. Toutes ces œuvres possèdent leurs propres illustrations figuratives de l'auteur.
Jan Luyken et Maria de Oudens ont ensemble cinq enfants, mais quatre d'entre eux sont morts tôt. Seul le premier-né, leur fils Caspar, a survécu. Il a travaillé de façon sporadique avec son père et 36 œuvres communes sont connues.
Théâtre des martyrs depuis la mort de J. Christ jusqu’à présent, ouvrage avec 116 planches gravées sur cuivre par Jan Luyken, 1700, Musée d'Histoire de la Justice, des Crimes et des Peines[5]
L'Entrée du Christ à Jérusalem, dessin plume et lavis sur pierre noire[6]
Scène de rue nocturne, Craie, plume, encre et lavis[7]
Voncken der liefde Jesu, 50 gravures avec citations biblique et poèmes moraux, Amsterdam,1687[15]
Goddelyke liefdevlammen, 1691
Spiegel van het menselyk bedryf, collection de gravures représentant des arts et métiers, avec Caspar Luyken, 1694
Lof en oordeel van de werken der barmhartigheid, 1695
Treur-Toonneel Der Doorluchtige Mannen de Lambert van den Bosch, 3 tomes, Amsterdam, Jan ten Hoorn, 1698, comporte 24 eaux-fortes illustrant la mort tragique de différentes personnalités.
Beschouwing der Wereld, 1708[16], Amsterdam, Kornelis Vander[17]
De zedelyke en stichtelyke gezangen, 1709[18], Amsterdam, Kornelis Vander[19]
De Onwaardige Wereld, 1710[20], Amsterdam, Kornelis Vander[21]
De Bykorf des Gemoeds, 1711[22], recueil de poèmes moraux, Amsterdam, P. Arntz et K. Vander[23]
Het leerzaam huisraad , 1711[24], Amsterdam, Kornelis Vander[25]
L'anti-héros Des Esseintes du roman À rebours de Huysmans est un admirateur des gravures de Jan Luyken et possède des impressions des Persécutions religieuses accrochées dans son salon. Il les décrit comme « gravures effroyables contenant toutes les tortures que la folie de la religion pouvait concevoir ». Des Esseintes est captivé non seulement par les représentations graphiques de Luyken, mais aussi par sa capacité à reconstruire les temps et les lieux dans ses œuvres[26].
L'une des rues du centre d'Amsterdam, dans le quartier où les rues portent le nom d'artistes importants de l'âge d'or, s'appelle Jan Luijkenstraat. Le premier bâtiment qui s'y trouve au numéro 1 est le célèbre musée Rijksmuseum qui contient une vaste collection d'œuvres du graveur[27].
Dans la première moitié du XIXe siècle, ses poèmes religieux étaient considérés comme orthodoxes et étaient populaires parmi les piétistes. Au début du XXe siècle, les « réformateurs » avaient montré leur intérêt pour les textes Luykenien[28].
Jusqu'au XVIIIe siècle les livres illustrés de Luyken ont été réimprimés de trois à sept fois, certains d'entre eux ont été publiés durant le XXe siècle. Les images reproduites sur des sujets religieux en porcelaine de Chine furent exportées dans toute l'Europe au milieu du XVIIIe siècle[29],[30].
Depuis 1990 en Amérique du Nord, où il y a une importante communauté d'anabaptistes, une exposition mobile « Martyrs Mirror » présente entre autres les 30 plaques de cuivre de Luyken existantes[31]. L'exposition a déjà parcouru 22 états des États-Unis et 5 provinces du Canada[32].
↑Jan Luiken, Jezus en de Ziel. Een geestelyke spiegel voor 't gemoed, bestaande in veertig aangenaame en stichtelyke zinnebeelden. Vervat in drie deelen, met niuwe plaaten, Rotterdam,, Philippus Losel en zoon, boekverkoopers op de Hoogstraat, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, Voncken der liefde Jesu, van het Godtbegerende zielenvier : bloemitjes der salige hoope, tot verheugelykheid der wandelaars langs den weg, na vreden ryk : een behelsinge van vyftig sinne-beelden, met hunne daar op spelende verssen, en heylige spreuken, Amsterdam, Pieter Arentsz ..., (lire en ligne)
↑Jan Luiken, Beschouwing der Wereld, By Kornelis vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, Beschouwing der Wereld, Amsteldam, Kornelis vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, De zedelyke en stichtelyke gezangen, By de Wed: P: Arentz, en K: vander Sys, boekverkoopers ..., (lire en ligne)
↑Jan Luiken, De zedelyke en stichtelyke gezangen, Amsteldam, P: Arentz, en K: vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, De Onwaardige Wereld, Kornelis vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, De Onwaardige Wereld, Amsteldam, Kornelis vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, De Bykorf des Gemoeds : Honing zaamelende uit allerley Bloemen, de Wed: P: Arntz, en K: vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, De Bykorf des Gemoeds : Honing zaamelende uit allerley Bloemen, Amsterdam, P: Arntz, et K: vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, Het leerzaam huisraad : vertoond in vyftig konstige figuuren, met godlyke spreuken en stichtelyke verzen, Kornelis vander Sys, (lire en ligne)
↑Jan Luiken, Het leerzaam huisraad : vertoond in vyftig konstige figuuren, met godlyke spreuken en stichtelyke verzen, Amsteldam, Kornelis vander Sys, (lire en ligne)
↑Marc Smeets, Huysmans l'inchangé : histoire d'une conversion, Amsterdam, Rodopi, , 241 p. (ISBN90-420-1075-4, lire en ligne), p. 133, 144 et 210.