Les Japonais en France sont des résidents et citoyens d'origine japonaise, comprenant à la fois ceux qui se sont installés définitivement en France et ceux qui sont nés dans le pays, avec une importante communauté d'expatriés à court terme qui passent au plus quelques années dans le pays avant de rentrer au Japon[1]. Selon le ministère des Affaires étrangères japonais, 42 712 citoyens japonais résident en France en 2017[2].
L'installation de Japonais en France contrairement à l'immigration japonaise au Brésil ou à celle des nippo-Américains, a toujours consisté en visiteurs individuels se rendant dans le pays pour des raisons culturelles ou intellectuelles plutôt que d'ordre économique, avec peu de mobilisation collective par le gouvernement.
Le flux d'expatriés japonais individuels en France commence dès les années 1870. Pour la plupart, ils y résident quelques années pour y faire l'expérience de la vie intellectuelle et culturelle, puis retournent dans leur pays d'origine où leurs expériences sont considérées comme une forme de « capital culturel » qui renforce leur statut social[1]. Les dirigeants japonais de l'ère Meiji n'encouragent pas une trop grande émigration, car ils voient la France comme un symbole de la civilisation moderne et cherchent à empêcher les « hommes dont la respectabilité et la civilité est douteuse » de s'y installer.
La communauté d'expatriés japonais de la période de l'entre-deux-guerres est dépeinte dans le roman Ryoshu de Riichi Yokomitsu[3]. L'arrivée des expatriés japonais se poursuit de façon très limitée avant les années 1930, lorsque le début de la Seconde Guerre Mondiale y met fin.
Les migrants japonais d'après-guerre en France continuent en grande partie à correspondre au modèle de personnes très instruites ; ce sont des journalistes, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des professionnels. 73,6 % détiennent un diplôme universitaire. Le nombre d'étudiants, cependant, a quelque peu diminué par rapport aux années 1920-1930[4].
La diaspora japonaise est atypique en France, puisqu'il s'agit d'une migration en provenance d'un pays plus riche ; elle est aussi plus diplômée que les autres diasporas, avec une plus forte proportion de la population étudiante et de cadres d'entreprises[5].
L'immigration japonaise se concentre en Île-de-France, en particulier à Paris et son 15e arrondissement[5].
La plupart des expatriés japonais en France possèdent la maîtrise du français[4].
Il y a plusieurs temples bouddhistes en France qui desservent la communauté japonaise. La plupart sont affiliés à la branche zen du bouddhisme mahāyāna[6]. Les chrétiens japonais ont deux lieux de culte à Paris : le temple du Marais, protestant, et le centre catholique des Japonais de Paris.
Les Japonais en France, en général, « s'adaptent au paysage urbain français » et la plupart du temps évitent l'expression publique de leur identité ethnique qui pourrait mettre l'accent sur leur séparation d'avec les Français[7]. Toutefois, des éléments de culture japonaise se sont également ajoutés au paysage français, notamment à Paris où se trouvent de nombreux bars à sushi et restaurants japonais.
Ils se réunissent autour de conférences ou de concerts à la Maison de la culture du Japon à Paris, voire à la Maison du Japon de la cité internationale universitaire de Paris.
Il existe plusieurs publications à destination des Japonais en France, notamment le magazine OVNI, mensuel gratuit en langue japonaise sur l'actualité française et parisienne.
Parmi les écoles japonaises à l'étranger, une seule se trouve en France, l'Institut culturel franco-japonais - École japonaise de Paris. Les anciens Konan et Seijo sont aujourd'hui fermés.
Au tournant du XXe siècle, l'idée française de « japonisme » joue initialement un rôle important dans le traitement français des expatriés japonais dans leur milieu : ils sont considérés comme les représentants d'une culture artistique, mais vide de sens, exotique, égocentrique et non politique. Cependant, l'augmentation de l'agressivité militaire du Japon en Asie menant à la Seconde Guerre mondiale brise cette image et augmente la suspicion française vis-à-vis de tous les Asiatiques, notamment les Japonais[8].
Les Japonais en France dans les années 1990 et 2000 sont considérés comme presque « invisibles », contrairement au flux beaucoup plus controversé de migrants d'Afrique du Nord[9].
Les Français ressentent souvent de l'hostilité envers le Japon en tant que concurrent économique, mais cette hostilité ne se manifeste pas dans leur traitement des résidents japonais dans le pays[10]. L'enquête 2001 de Yatabe trouve que 42,5 % des Japonais en France ressentent que les Français ont une attitude favorable envers eux, 31,7 % une attitude indifférente et seulement 25,8 % estiment qu'ils sont accueillis avec hostilité. 42,0 % des Français interrogés estiment favorablement les mariages transnationaux avec les Japonais, 29,1 % y sont indifférents et 24,3 % opposés. Le nombre des opposants est plus du double qu'en ce qui concerne les mariages mixtes avec les Américains ou les gens de quelque nation européenne que ce soit, mais inférieur à celui qui concerne les mariages mixtes avec des personnes de n'importe quel autre pays non-occidental, et notamment moins de la moitié du nombre de ceux qui s'opposent aux mariages avec des Algériens[11] En revanche, cependant, 52,4 % des Japonais en France interrogés considèrent de façon « défavorable » ou « très défavorable » l'idée de mariages avec des Français[12].
Un peu moins de la moitié des Japonais en France vivent à Paris, selon les données 1996 de l'ambassade du Japon[9]. Les Japonais à Paris vivent dans plusieurs secteurs, les plus fortes concentrations se trouvant dans les 15e et 16e arrondissements[13]. Contrairement à d'autres communautés d'expatriés en provenance d'Asie, comme les Chinois par exemple, la vie sociale des Japonais a tendance à se centrer autour de leur entreprise plutôt que de leur quartier de résidence. Un certain nombre d'entreprises et de restaurants japonais sont concentrés dans le quartier de l'Opéra, mais il s'agit en grande partie d'un quartier commercial et en fait peu de Japonais y vivent. De plus en plus, la plupart des restaurants de la zone servant de la cuisine japonaise sont exploités par des immigrants du Cambodge, de Thaïlande ou du Vietnam, et ciblent une clientèle française[14].
Par ordre chronologique d'arrivée en France :