Le jardin thérapeutique également appelé jardin de soin, jardin de vie, jardin à visée thérapeutique, est un espace vert extérieur spécifiquement aménagé pour s’adapter aux besoins physiques, déambulatoires, sociaux et psychologiques de ses usagers.
Pour leurs bienfaits, les jardins thérapeutiques sont le plus souvent installés dans les établissements de soin comme les hôpitaux, centres d’accueil pour personnes handicapées, établissements d’accueil pour personnes âgées, centres d’addictologie… Ils trouvent toutefois leur place dans tous les lieux de vie et de partage.
Le jardin thérapeutique est un espace de nature structuré, esthétique, paysager, au cœur du projet de l'établissement : il constitue un espace de vie et de liberté reposant qui permet de sortir du cadre de l’institution. Il peut être également un espace d’animations et d'activités de jardinage adapté connues pour leurs effets de bien-être ou thérapeutiques.
Il peut aussi être l'objet, dans un cadre précis, d'une pratique spécialisée d'hortithérapie encadré par un hortithérapeute qualifié.
Adapté aux besoins spécifiques des personnes qu’il accueille – voir les types de jardin -, l’aménagement du jardin thérapeutique suit quelques principes : « Une signalétique claire […], l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, la proximité des toilettes, des sentiers circulaires, sans impasse […] jouant ainsi un rôle rassurant »[1], la clôture totale de l’espace, le respect des normes hospitalières, un mobilier fixe et un mobilier déplaçable...
Le jardin thérapeutique n’est pas un simple aménagement paysager, dans la mesure où son action thérapeutique intervient également sur les modes passifs - comme la promenade, la station, la contemplation – et interactif, dans le partage autour des activités. Il permet de retrouver le sens de l'espace qui entoure le corps par le rapport dedans/dehors et de l'écoulement du temps par la saisonnalité.
L’hortithérapie est l’utilisation de la culture des plantes dans le traitement des difficultés et pathologies physiques, mentales, psychiques ou intellectuelles, sous l’encadrement d’un professionnel de santé formé, dans un cadre clinique établi[2].
Le jardin thérapeutique intervient alors comme le support des activités d’hortithérapie, dans un cadre spécifique et dédié. Il est aménagé en conformité avec le cadre clinique défini, soit le projet d’établissement, le projet de vie personnalisé, les objectifs thérapeutiques - bien-être, cognitifs, humeur, sociabilité, réduction de la prise médicamenteuse. Thérapie non médicamenteuse, complémentaire elle intervient en complément de la médecine conventionnelle.
Le jardin possède une visée thérapeutique quand il est objet d'une pratique de jardinage adaptée à agir sur les fonctions cognitives, les capacités physiques, les praxies, les habilités sociales et la qualité de vie des patients. Il agit également sur le lien avec les familles et les conditions de travail des soignants.
Parmi les bienfaits cognitifs, on compte la stimulation et la réhabilitation des fonctions cognitives. On observe notamment une amélioration des capacités d’attention, de concentration, de mémorisation, de repérage spatio-temporel… Il développe l’afférentation et la proprioception. Dans le cadre d’une prise en charge de la maladie d’Alzheimer, ces stimulations permettent d’en limiter le développement. Il permet également au patient de prendre des décisions, résoudre des questions techniques, planifier une tâche, écrire, dessiner, créer dans le cadre des ateliers liés au jardin.
Sur un plan psychologique et comportemental, « le jardinage est associé à un sentiment d’accomplissement, de bien-être et de détente, à une réduction de la symptomatologie dépressive »[3]. Il a une action de stimulation émotionnelle et de régulation de l’humeur, améliore les troubles comportementaux – TEC – et le sommeil. Ses propriétés apaisantes contribuent à réduire le stress et la nervosité, ainsi que les troubles du syndrome crépusculaire. Il renforce l’estime de soi.
Outil non médicamenteux, il permet dans certains cas, de limiter le recours aux prises de médicaments, notamment de neuroleptiques et antidépresseurs.
Ses bénéfices sociaux sont la stimulation et l’amélioration des compétences sociales. En stimulant les fonctions de communication, les liens sociaux et familiaux se renforcent, notamment les liens intergénérationnels. Les fonctions mnésiques sont stimulées en même temps que le langage. Les savoirs s’échangent. Au travers de la médiation et de l’entraide, la relation avec le personnel soignant se renforce autour du partenariat global, avec des bénéfices positifs dans les conduites de soin en général : « […] On pose au cœur de l’expérience du soin celui qui en reçoit, invitant le soigné à soigner. Cela constitue une assise précieuse pour les actions d’éducation thérapeutique dans la sensibilisation aux principes de l’alliance et du partenariat dans les conduites de soin »[4].
Les bienfaits sont également physiques, dans la mesure où le jardin thérapeutique mobilise le corps entier, dans la promenade ou le jardinage, travaille l’équilibre postural et ralenti le déclin des capacités psychomotrices.
Créant un cadre propice à l’apaisement, le jardin thérapeutique et les activités qui peuvent lui être liées améliorent également le cadre professionnel du personnel soignant. Contre le phénomène de burn-out, il permet de retrouver du plaisir dans la pratique professionnelle, de se recentrer, de fédérer autour d’un travail commun. Il motive les équipes de soin, et en encourageant le lien, développe la bienveillance.
S’il est habituellement associé au traitement de pathologies physiques ou psychiques, l’usage du jardin à visée thérapeutique est approprié à tous les publics, dans le cadre de la maladie ou non, de l’invalidité comme de la validité.
Le jardin thérapeutique s’adresse particulièrement aux personnes en situation de fragilité – physiques, cognitives, psychiques, thymiques…- Parmi elles :
Pour avoir une fonction pleinement thérapeutique, le jardin doit être adapté à la pathologie de ses usagers. Il existe différents types de jardins thérapeutiques :
D’origine anglo-saxonne, la thérapie par le jardin s’est notamment développée depuis le XIXe siècle aux États-Unis et au Canada, avec l’ouverture d’un nouveau champ de recherche autour de l’hortithérapie (en). Dès les années 1800, on trouve des institutions psychiatriques nord-américaines utilisant les travaux du jardin dans leurs programmes de soin. Le jardinage thérapeutique se développe ensuite dans le traitement des blessés de guerre, durant les Première et Seconde Guerres mondiales. Les universités américaines intègrent l’hortithérapie dans leurs cursus dans les années 1950. Il existe aujourd’hui deux grandes associations pour l’hortithérapie, au Canada - la CHTA - et aux États-Unis, la AHTA. Elles centralisent les recherches et le développement des techniques.
Dans le monde entier, le jardin reçoit un accueil très favorable par le public, quel que soit son état de santé, d'une part parce que le jardin dans toutes les cultures et civilisations a permis une représentation d'un idéal humain, mais aussi parce qu'il vient souvent compenser un manque de nature dans des espaces qui en sont privés. De fait peu d'études scientifiques solides ont pu être recensées. Depuis 10 ans, une équipe française travaille en s'inspirant des travaux initiés dans les années 40-50 sur l'environnement enrichi pour les transposer au jardin. Elle a pu ainsi mettre en évidence au travers d'études cliniques la nécessité d'enrichir un jardin par des modules ciblant des bénéfices thérapeutiques précis pour obtenir un impact positif sur le patient. Les premières études conduites en lien avec l'APHP ont travaillé sur des populations souffrant d'Alzheimer en stade avancé et ont permis de démontrer grâce à cet enrichissement du jardin une récupération de facultés cognitives et d'autonomie fonctionnelle.
En France, les jardins thérapeutiques sont en plein essor, mais restent méconnus. Les actions menées pour l’hortithérapie ne sont pas centralisées[5]. On recense des acteurs, des associations et entreprises majeures[réf. nécessaire] sur le secteur comme l'entreprise O Ubi Campi, Terramie, l’association Belles Plantes, ou le blog d’Isabelle Boucq, le bonheur est dans le jardin.
La thérapie par les plantes reste de plus en plus recommandée[réf. nécessaire].
Vieillir s'accompagne souvent de problèmes de santé qui peuvent entraîner une perte d'autonomie et de la dépression. Ces problèmes peuvent avoir un impact important sur la qualité de vie des personnes âgées. Heureusement, il existe des solutions pour lutter contre ces effets du vieillissement.
L'une de ces solutions est l'utilisation des jardins thérapeutiques. Ces jardins sont des espaces verts spécialement conçus pour les personnes âgées et qui leur permettent de profiter des bienfaits de la nature. En effet, les jardins thérapeutiques peuvent:
Une étude récente publié en 2021 a évalué l'impact d'un programme de rééducation en jardin thérapeutique sur le risque de chute, la mobilité et la qualité de vie des personnes âgées en maison de retraite. Les résultats de l'étude ont montré que les personnes âgées qui ont participé au programme ont présenté une amélioration significative de leur santé[6].
Ces résultats sont prometteurs et suggèrent que les jardins thérapeutiques pourraient être une intervention utile pour améliorer la santé des personnes âgées.
En conclusion, les jardins thérapeutiques constituent une solution prometteuse pour lutter contre les effets du vieillissement et améliorer la qualité de vie des personnes âgées.
Jean-Paul Ribes, au côté de son épouse Anne Ribes (infirmière de formation), est président de l'association Belles plantes depuis 1997. Un des objectifs de l'association est de « créer en milieu hospitalier pour les enfants ou les personnes âgées des ateliers jardin potager et floraux ». L'association intervient aussi lors de la création de jardin commun pour les habitants de logements collectifs[7],[8],[9].
L'Association Jardins & Santé[10] créée en 2004, s'est inspirée du concept du National Gardens Schème et s’est résolument tournée vers le soutien à la création de jardins dans les établissements hospitaliers et médicosociaux qui accueillent des personnes atteintes notamment de maladies cérébrales – autisme et TED, maladie d’Alzheimer, épilepsies, dépression profonde etc. Les remettre dans un environnement où la nature est présente, où le jardinage permet de prendre ou reprendre goût à la vie, est une nécessité que l’on avait oubliée. Quatre symposiums ont été organisés sur ce thème depuis 2008 et 52 bourses ont pu être attribuées à des établissements médico-sociaux pour le soutien de projet de jardin à visée thérapeutique.
Les 13 et , un cinquième symposium intitulé Expériences, pratiques et réglementation en France et en Europe s'est déroulé à Paris.
L'association Trace et Couleurs créée en 1995 avec Jocelyne Escudero qui a conçu et réalisé en 2000 une plate-forme de Développement Durable, Le Jardin de Tara, adapté pour le public handicapé avec la pratique du jardinage adapté et de l'hortithérapie. L'association Trace et Couleurs par le biais de Jocelyne Escudero propose un programme de formations depuis 2002[11]. Jocelyne Escudero a fait des communications publiées dans des magazines spécialisés et ouvrages collectifs. Elle a fait une communication en 2002 aux journées de la Société Française de Psychopathologie de l'Expression et d'Art-thérapie Hortithérapie: spécificité d'une pratique et intérêt thérapeutique pour la personne âgée publiée dans l'ouvrage collectif La personne âgée en art-thérapie chez L'Harmattan en .
Un article sur le thème de l'hortithérapie est paru dans le mensuel des équipes soignantes de psychiatrie Santé Mentale en no 47. Jocelyne Escudero a réalisé le CD Rom Jardiner Durable. Formatrice, elle est intervenue sur la formation en hortithérapie de l'Université de Toulouse Mirail (désormais Jean Jaurès) dont elle est à l'initiative du programme et intervient sur la formation Métanature à l'Université de Cergy Pontoise.