Jean-Benjamin de La Borde (ou de Laborde) est un compositeur, historien, mécène et fermier général français, né à Paris le et mort guillotiné dans la même ville le (4 thermidor an II).
Il étudie le violon avec Antoine Dauvergne et la composition avec Jean-Philippe Rameau[1], met en scène plusieurs opéras et fait imprimer somptueusement plusieurs ouvrages, en faisant appel à de nombreux graveurs.
Éditeur de chansons et historien de la musique à ses débuts, La Borde officie vers 1780 comme polygraphe en éditant notamment les Tableaux topographiques, pittoresques, physiques, historiques, moraux, politiques, littéraires, de la Suisse de Béat Fidèle Antoine Dominique Zurlauben (1780-1786).
Dans ses Lettres sur la Suisse, adressées à Madame de M*** (1783), relation épistolaire sur son tour de Suisse de l'été 1781, il ne trahit aucune complaisance à l'égard de Jean-Jacques Rousseau[2]. Voici ce qu'il dit, de Vevey le :
« Le pays s'appelle Lavaux, et produit principalement du vin, que j'ai trouvé le meilleur de la Suisse. Il est blanc, doux, léger, agréable; c'est un bon vin d'ordinaire, et fort fin quand il est naturel, c'est-à-dire lorsque les marchands ou les voituriers ne se sont pas amusés à nos dépens. On traverse les villages de Lutry, Cully, Saint-Saphorin, Corsier, et la tour de Glérolles, bâtie, dit-on, par les Romains. La seule curiosité de tout ce pays est une colonne milliaire qui prouve que d'Avenches à Saint-Saphorin il y a 37 000 pas ; ce qui ne laisse pas d'être agréable à savoir. […] Me voici à Vevey. Je ne saurais vous exprimer, madame, combien je désirais de voir cette ville et ses environs si vantés par Rousseau, et devenus si célèbres par son roman d'Héloïse. Je me disais souvent, si le fonds de toute cette histoire n'est qu'un conte, au moins les descriptions qu'il fait des sites, des mœurs, etc. doivent être des vérités. Mais, madame, mon attente a été entièrement trompée. J'ai trouvé, il est vrai, la situation de Vevey charmante, et ses habitants de bonnes gens ; mais les divins bosquets de Clarens, l'Élysée, les charmes que l'on goûte en habitant des chalets, tout cela n'a jamais existé que dans le cerveau bouillant de Rousseau. »
En 1766, rendant visite à Voltaire, à Ferney, pour lui présenter son opéra Pandore, il en obtient la collaboration, et celle de Michel-Paul-Guy de Chabanon, pour l'écriture du livret[3]. Les deux hommes resteront amis d'où la gravure ci-contre de Vivant Denon les représentant en conversation, en présence du père Adam, de Mme Denis et d'une servante. Voltaire aurait dit en voyant cette gravure où il ne figure pas à son avantage : C'est Lazare au dîner du mauvais Riche !
Amant en titre de la danseuse Marie-Madeleine Guimard, il participe aux représentations qu'elle donne dans son théâtre de Pantin, puis à celui de la Chaussée-d'Antin. Il demeurait à Paris, rue et porte Montmartre.
Premier valet de chambre du Roi Louis XV de 1762 à 1774, il est fait fermier général, ce qui lui vaut d'être visé par les Révolutionnaires de 1793. On va l'arrêter à la campagne où il s'était retiré, n'ayant pas voulu émigrer. Il est condamné sous de faux prétextes, et guillotiné le (4 thermidor an II)[4], cinq jours seulement avant la chute de Robespierre.
il est enterré dans une des fosses du cimetière de Picpus à Paris. Sa sépulture est au Père-Lachaise[5].
De la liaison avec la Guimard, est issue une fille naturelle, reconnue en 1770, nommée comme sa mère Marie-Madeleine Guimard (1763-1779) [6], mariée à Paris en 1778 avec Robert Claude Arnould Drais.
Il épouse en 1774 Adélaïde Suzanne de Vismes (Paris, - Paris, )[7],[8], fille de Pierre Martin de Vismes (1711-1777), écuyer, secrétaire du Roi 1757-1777, fermier général, et de Marie-Louise Legendre. Elle était poétesse[9], lectrice et dame de lit de la reine Marie-Antoinette[10]. De ce mariage, est issu un fils :
Auguste Benjamin de Laborde (Paris, 13 septembre 1775 - Nantes, 17 juillet 1845), marié avec Louise Carcenac, dont postérité.
Les Amours du grand Alcandre, par Mlle de Guise ; suivis de pièces intéressantes pour l'histoire de Henri IV. Tome premier [et second]. - A Paris : de l'imprimerie de Didot l'aîné, 1786. [BM de Senlis]
Essai sur la musique ancienne et moderne, en 4 tomes et 6 livres, Paris, P. D. Pierres, 1780.
Lettre de Marion de Lorme, aux auteurs du Journal de Paris. - A Londres : [s.n.], 1780 [BM de Senlis]
Pièces du procès de Henri de Tallerand, comte de Chalais. Décapité en 1626. -Londres : [s.n.], 1781. [BM Senlis]
Tableaux topographiques, pittoresques, physiques, historiques, moraux, politiques, littéraires de la Suisse, Paris, Clousier, 1780-1786 (3 vol., soit 2 tomes et 1 atlas)
Description générale et particulière de la France... [Voyage pittoresque de la France, avec la description des toutes ses provinces [...] Paris, Imprimerie de Pierres, Lamy, 1781-1800. 12 tomes en 10 volumes.
Mémoires historiques sur Raoul de Coucy, 1781.
Pensées et maximes, 1791, éd., Paris, Lamy, 1802 :
« Pourquoi les mêmes égards que l'on se croit dus lorsqu'un grand les refuse, semblent-ils une grâce lorsqu'il les accorde ? » (p. 49)
« L'argent est un bon serviteur, mais un mauvais maître[11]. » (p. 6)
La Chercheuse d'oiseaux (livret de Derozée), Parodie (Mons, 1748)
Le Rossignol ou Le Mariage secret (livret de Charles Collé), donné le au Château de Berny puis en 1751 à Paris, au Théâtre de Société
Gilles, garçon peintre, z'amoureux-t-et-rival (livret d'Antoine Alexandre Henri Poinsinet d'après Egidio Duni, Le Peintre amoureux de son modèle, 1757), parade et parodie en un acte, donné en privé le
Les Épreuves de l'amour (livret de Louis Anseaume), donné en 1759 à la Foire Saint-Germain à Paris
Les Trois Déesses rivalles (1760, non représenté)
Les Bons Amis ou Les Bons Compères (livret de Michel-Jean Sedaine) donné le à l'Opéra-Comique; revu comme L'Anneau perdu et retrouvé le à la Comédie-Italienne
Ismène et Isménias ou La Fête de Jupiter (livret de Pierre Laujon), tragédie lyrique en 3 actes donnée le à Choisy puis le à l'Académie royale de musique
Le Dormeur éveillé (livret conjoint de Ménilglaise et Laborde), donné le à Fontainebleau
Les Amours de Gonesse ou Le Boulanger (« Le Mitron et la mitronne ») (livret de Charles-Simon Favart et Chamfort), opéra bouffon en un acte donné le à la Comédie-Italienne
Fanny (livret de Chamfort), 1765 (non représenté)
Thétis et Pélée (livret de Fontenelle, tragédie lyrique en 3 actes donnée le à Fontainebleau
Zénis et Almasie (livret de Chamfort et du duc de La Vallière), ballet-héroïque en 1 acte donné le à Fontainebleau avec Bernard de Bury
Le Coup de fusil (1766)
La Madragore (1766)
Le Revenant (livret de François Guillaume Desfontaines [Fouques]), (1766)
Pandore (livret de Voltaire et Michel Paul Guy de Chabanon), tragédie lyrique en 5 actes donnée le au Théâtre des Menus-Plaisirs
Amphion (livret d'Thomas), ballet-pastorale-héroïque en 1 acte donné le à l'Académie royale de musique
Colette et Mathurin (livret de Desfontaines), 1767
La Meunière de Gentilly (livret de Pierre-René Lemonnier)[1], comédie meslée d'ariettes en un acte le à la Comédie-Italienne
Candide (livret Le Prieur), 1768
Alix et Alexis (livret de Poinsinet) donné le à Choisy)
Le Chat perdu et retrouvé (livret de Carmontelle), donné en 1769 à la Comédie-Italienne
Jeannot et Colin (livret de Desfontaines), 1770
La Cinquantaine, pastorale en 3 actes donnée le à l'Académie royale de musique
Amadis de Gaule (livret de Philippe Quinault), tragédie lyrique en 5 actes donnée le à l'Académie royale de musique)
Le Billet de mariage (livret de Desfontaines), donné le à la Comédie-Italienne
Adèle de Ponthieu (livret de Jean-Paul-André Razins de Saint-Marc), tragédie lyrique en 3 actes données le à l'Académie royale de musique) avec Pierre Montan Berton
Le Projet (livret de Nicolas Étienne Framéry), 1772
L'Amour quêteur (livret d'Alexandre-Louis-Bertrand Robineau), donné en 1779 à Trianon
La Chercheuse d'esprit (livret de Favart)
Choix de chansons mises en musique par M. de La Borde, Paris, Impr. de De Lormel, 1773 (avec planches illustrées de Jean-Michel Moreau (1741-1814)
Cartes et plans
Histoire abrégée de la Mer du Sud ornée de plusieurs cartes, 1791
Carte d'une partie de la Mer du Sud avec des details sur les principles isles de cette mer par Mr. de Laborde, Paris, P. Didot, 1791
Carte d'une partie de la Nouvelle Hollande et l'isle des Arsacides decouverte par Mrs de Bougainville de Surville et Shortland; et de quelques autres cotes de la Mer du Sud par Mr. de Laborde, Paris, P. Didot, 1791
Laborde-Rameau, Trio Dauphine, 2015. Extraits des Trois Recueils de Chansons avec accompagnement de harpe, de violon et de clavecin — sur forumopera.com.
↑Dictionnaire biographique des musiciens, Éd. Bouquins.[réf. incomplète]
↑Jean-Daniel Candaux, dans sa notice sur Laborde pour le Dictionnaire historique de la Suisse, écrit : « Il s'agit de l'ouvrage, largement compilé, d'un voltairien contempteur de Rousseau, se faisant à l'étape de Genève l'écho de l'agacement de Vergennes, ministre français des Affaires étrangères, envers les bourgeois contestataires. Les lettres sont illustrées d'une carte générale de la Suisse, ainsi que de plans détaillés de la nouvelle ville de Versoix et de la saline du Bévieux. »
↑Thierry Claeys, Dictionnaire bioghraphique des financiers en France au XVIIIe siècle, tome 2, Paris, Editions SPM, , 1221 p. (ISBN978-2-901952-65-7), p. 17-21
↑Daniel Teysseire, « Mort du roi et trouble féminin : le premier valet de chambre de Louis XV consulte Tissot pour sa jeune femme (mai 1776) », in Santé et maladie au XVIIIe siècle, Rodopi (1995), p. 53. (ISBN9051838166).
↑Diverspoëmesimités de l'anglois, par madame Delaborde, Paris, Didot l’aîné, 1785.
↑Daniel Teysseire, « Mort du roi et troubles féminins : Le premier valet de chambre de Louis XV consulte Tissot pour sa jeune femme (mai 1776) », dans Helmut Holzhey, Urs Boschung, Stefan Hächler, Martin Stuber (dir.), Gesundheitund Krankheit im 18. Jahrhundert/ Santé et maladie au XVIIIe siècle, Clio Medica 31, 1995, p. 55.
↑Cette citation est souvent attribuée à Alexandre Dumas fils ; elle est effectivement dans la préface de La Dame aux camélias (1848). Mais elle est beaucoup plus ancienne. On la trouve en latin dans l'œuvre de Francis Bacon : Divitiæ bona ancilla, pessima domina. (The works of Francis Bacon t.1 / Spedding, Ellis and Heath. London 1858 / p. 691).
René Pichard du Page, « Un financier dilettante : Jean-Benjamin de La Borde », dans Revue de l'Histoire de Versailles et de Seine-et-Oise', 1926, pages 106-127 et 191-213 (en ligne).
Jacques-André-Robert de Visme, Un favori des dieux: Jean-Benjamin de La Borde, 1734-1794, Paris, Eugène Figuière, 1935.
Emil Haraszti, « Jean-Benjamin de Laborde et la musique hongroise », dans Revue de musicologie, XVI, no 54, , p. 100-107.
Emil Haraszti, « Jean-Benjamin de Laborde et la musique hongroise », dans Revue de musicologie, no 55, , p. 168-178.
Mathieu Couty, Jean-Benjamin de Laborde ou Le bonheur d'être fermier-général, Paris, M. de Maule, 2001.
Daniel Teysseire, « Mort du roi et troubles féminins : Le premier valet de chambre de Louis XV consulte Tissot pour sa jeune femme (mai 1776) », dans Helmut Holzhey, Urs Boschung, Stefan Hächler, Martin Stuber (dir.), Gesundheitund Krankheit im 18. Jahrhundert/ Santé et maladie au XVIIIe siècle, Clio Medica 31, 1995, p. 49–56.