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Städtischer Friedhof III (en) |
Nom de naissance |
Gertrud Johanna Mammen |
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Jeanne Mammen, née Gertrud Johanna Louise Mammen le à Berlin en Allemagne et morte dans la même ville le , est une peintre et dessinatrice allemande. Ses œuvres s’inscrivent dans les courants de la nouvelle objectivité et du symbolisme.
Née à Berlin, Jeanne Mammen grandit à Paris où son père a une usine de soufflage du verre, et fréquente le lycée Molière[1]. Avec sa sœur aînée, Marie-Louise, elle étudie la peinture à l’Académie Julian, continuant sa formation à Bruxelles à l’Académie royale des beaux-arts et à Rome à la Scuola Libera Academica de la Villa Médicis[2],[3]. Elle participe au Salon des indépendants à Paris en 1912 et à celui de Bruxelles l’année suivante[4]. Ses premiers travaux, d’inspiration symboliste, un mouvement alors important de la scène artistique franco-belge, incluent des aquarelles liées à des œuvres littéraires, par exemple La Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert[2],[5].
La Première Guerre mondiale en 1914 contraint la famille à fuir et Jeanne Mammen se retrouve finalement sans ressources à Berlin. Elle travaille comme dessinatrice de mode, dessine des affiches de films et collabore à des journaux comme Simplicissimus, Ulk, Der Junggeselle[6]. En 1919, elle s’installe avec sa sœur dans un atelier-appartement du Kurfürstendamm, où elle reste toute sa vie[2]. Ses illustrations, réalistes, parfois satiriques, dépeignent des types humains dans toutes sortes de situations, et sont louées par Kurt Tucholsky[7]. Il écrit dans l'hebdomadaire Die Weltbühne : « Les aquarelles délicates et vaporeuses que vous publiez dans les magazines et les journaux humoristiques surpassent le barbouillage indiscipliné de la plupart de vos collègues à tel point que l'on vous doit une petite déclaration d'amour. Vos personnages sont propres au toucher, ils sont gracieux et âpres à la fois, et ils sautent du papier avec la peau et les cheveux. Dans l'épicerie fine que vos patrons nous ouvrent chaque semaine ou chaque mois, ils sont à peu près la seule délicatesse. »[8] La première exposition de Jeanne Mammen à la galerie Gurlitt en 1930 signe sa reconnaissance sur la scène artistique berlinoise[7]. Elle crée des lithographies, en particulier le cycle « Les Chansons de Bilitis », un hommage à l’amour lesbien illustrant des poèmes de Pierre Louÿs[2],[6].
L’arrivée au pouvoir des nazis met un terme à sa reconnaissance publique, ses œuvres sont critiquées par le nouveau régime, avec lequel elle refuse de collaborer, et, perdant à nouveau ses sources de revenus dans les journaux, elle se réfugie dans l’émigration intérieure[2]. À cette époque, ses peintures deviennent plus abstraites. Les difficiles conditions matérielles de l’après-guerre lui donnent l’occasion d’intégrer des matériaux de récupération dans des sculptures ou des collages. Elle participe aussi de manière importante au célèbre cabaret existentialiste de l’après-guerre, le Badewanne[2],[9].
Après la guerre, elle retrouve son atelier qui n'a pas été détruit malgré les bombardements alentours et peut à nouveau exposer ses oeuvres. Elle participe notamment à l'une des premières organisées à Berlin après 1945 intitulée Après 12 ans. Des peintres et des sculpteurs antifascistes exposent[10].
Elle est surtout redécouverte à partir de 1971, lorsque des expositions chez Brockstedt à Hambourg et Valentien à Stuttgart lui sont consacrées ; suivent dans les années 1990 de nombreuses autres expositions[2]. Elle obtient une reconnaissance particulière auprès des mouvements féministes et des mouvements lesbiens[11].
Ses cendres se trouvent au columbarium (salle 45, no 97) du cimetière municipal de la Stubenrauchstraße à Berlin-Friedenau[10].
Une fondation à but non lucratif, la Jeanne-Mammen-Gesellschaft e. V.[12] est créée par les amis de l’artiste en 1976, afin de promouvoir son œuvre[13]. Elle est devenue en 2003 la Förderverein Jeanne-Mammen-Stiftung e. V[14], dépendant de la Fondation Stadtmuseum Berlin, afin d’en assurer la pérennité[15].
Des peintures et des sculptures de l'artiste sont exposées en permanence dans une salle Jeanne Mammen du Max-Delbrück-Centrum dans Berlin-Buch, un centre de recherches médicales dédié à Max Delbrück, médecin ami et mécène de l’artiste[13].
Un catalogue raisonné de ses œuvres est paru en 1997[16].
En 1999, une rue de Berlin-Charlottenburg est renommée « Jeanne-Mammen-Bogen » en son honneur.