Julos Beaucarne est élève au collège Saint-Vincent de Soignies. Entre 1961 et 1966, il est comédien à Bruxelles (surtout au Rideau de Bruxelles et au théâtre de l'Alliance[1]). Il enregistre son premier 45T en 1964 et sort son premier 33T en 1967, Julos chante Julos[2].
Depuis, il produit environ un album tous les deux ans. Citons L'Enfant qui veut vider la mer (1968), Julos chante pour vous (1969), Chandeleur 75 (1975), Les Communiqués colombophiles (1976), Julos au Théâtre de la ville (1977), La P'tite Gayole (1981), Chansons d'amour (2002), double album d'un concert donné avec Barbara d'Alcantara (pseudonyme de Barbara Serneels) à la ferme de Wahenges, près de son village de Tourinnes-la-Grosse, et deux CD où il chante des poèmes qu'il a mis en musique[2].
Ces albums se présentent comme des montages de chansons, de poèmes récités, de monologues humoristiques, de « prises de sons et d'extraits de voix »… Chaque album est ainsi une ambiance, plus qu'un concept, dont les chansons traduisent de multiples façons un état d'âme particulier où se mêlent la révolte (« Lettre à Kissinger[3],[4] », « Bosnie-Herzégovine »), la tendresse (« Y vaut meyeu s'bêtchi »), l'humour (« Pompes funèbres ») et le quotidien, comme la voix de son voisin Ferdinand dans les Communiqués colombophiles.
Bien qu'on puisse qualifier ses œuvres de chansons à texte, leur aspect musical y tient une place majeure : deux albums instrumentaux regroupant certaines de ses mélodies sont parus (L'Univers musical en 1981 et 1989). Il refuse le vedettariat, a sa propre maison d'édition de disques et de livres (les éditions Louise-Hélène France), échappant ainsi aux obligations des majors de la publication. Il continue d'habiter dans son village de Tourinnes-la-Grosse en Wallonie[2] et intervient lui-même tout simplement sur le forum de son site internet.
En 2006, Julos fête ses « 20 ans depuis 50 ans » : Julos 70 est un événement très couvert médiatiquement en Belgique (télés, radios, journaux). L'occasion pour l'artiste de présenter un nouveau spectacle et de sortir un CD de ses nouvelles chansons, un nouveau livre (l'intégrale des textes de ses chansons), un DVD d'un de ses spectacles, un nouveau site internet, des expos, des conférences…
Lors d'un stage d'art dramatique en France, il rencontre Louise Hélène France Brunfaut (Loulou), la fille d'Émilienne Steux, une militante syndicaliste, féministe et pacifiste belge, et de Maxime Brunfaut, un architecte et urbaniste belge[5].
C'est à la suite du meurtre de sa compagne Loulou par un déséquilibré, à la Chandeleur le dimanche [6],[1], que son style devient encore plus profondément humaniste. Il écrit cette nuit-là une lettre ouverte, analysant la culpabilité de la société qui arme les mains des assassins, assorti d'un appel à « reboiser l'âme humaine » par « l'amour, l'amitié et la persuasion »[1]. Nombre de ses chansons et de ses textes se rapportent à cette « séparance », comme il dit. Après ce drame, il voyage, en particulier au Québec et renforce ses liens avec les chanteurs francophones de la culture du Kébek, selon la graphie du poète Raôul Duguay. À la mort du roi Baudouin, il est choisi comme symbole du peuple belge pour chanter un hommage au roi défunt. Cet artiste qui a proposé un hymne national wallon aux paroles simples et pacifiques a par ailleurs été anobli en par le roi Albert II et peut porter le titre de chevalier. Il signe aussi le Manifeste pour la culture wallonne en 1983.
Il met en chanson des poèmes, d'auteurs belges (en particulier Max Elskamp) ou non-belges, ce qui a donné naissance aux chansons « Je ne songeais pas à Rose » (Vieille chanson du jeune temps[7] venant du recueil de poèmes Les Contemplations de Victor Hugo), « Je fais souvent ce rêve étrange » (d'après le sonnet Mon rêve familier de Verlaine)…
Il a deux fils, Christophe, né en 1965, et Boris[8], né en 1973, qui ont annoncé la création d'une fondation Julos Beaucarne, le [9].
Pour le reste, Julos est depuis le début un infatigable apôtre de l'écologie[10], de l'amour entre les hommes[1], un vélorutionnaire d'avant-garde[Selon qui ?]. New age, diront certains, mystique pour d'autres, Julos Beaucarne échappe aux modes (« maladies mentales entretenues par le commerce »), vivant délibérément selon ses mots dans un âge post-industriel, où le monde sera « neuf ou veuf ». On lui doit, sous une allure de facétie terriblement sérieuse, la création de deux « mouvements » sans cartes ni membres répertoriés : le Front de Libération de l'Oreille[1], et le Front de Libération des Arbres Fruitiers[11].
Dans les années 2000, Julos s'essaye à la sculpture avec des objets de récupération et détournés de leur usage premier (proche de l'art singulier). Il crée ainsi dans un champ, à la ferme de Wahenges en Belgique, un ensemble de 36 pagodes post-industrielles à partir de tourets de chantiers récupérés et empilés par ordre de taille décroissante[12].
En 2014, Julos Beaucarne déclare : « Anarchiste, je le suis jusque dans la moelle de mes os ! Anarchiste, selon moi ça veut dire proposer des pistes que les autres n’ont pas encore explorées et enfoncer des portes qui n’ont pas été encore ouvertes. C’est ce que je fais depuis cinquante ans maintenant[13]. ».
Julos Beaucarne est également connu pour ses prises de position en faveur de la préservation de la langue wallonne menacée de disparition. Dans son livre Mon terroir, c'est les galaxies écrit en 1980, le chanteur fait l'apologie de la langue wallonne en déclarant :
« Et le wallon, réservoir de mots de la langue française, savoureux et pétillant. Le wallon, ce champagne continuel du langage, cet esprit qui ne se prend jamais au sérieux et que les snobinards de service regardent du haut de leur grandeur avec leur langue pointue et pharmaceutique de discours académique. Si Louis XIV s'était installé à Namur, toute la France parlerait le wallon de Namur. le français, c'est un patois qui a réussi, qui s'est imposé au hit-parade des langues et qui, par ailleurs, s'il ne se défend pas, finira par se faire manger par l'anglais. Une chanson, c'est peu de chose mais ça peut y faire pour la langue. Le wallon, c'est "le langage naïf et doux qui nous vient de nos mères, de nos premiers amis du village natal, c'est un langage qui supplée aux lacunes du beau parler et qui a toujours un mot spirituel à mettre là où défaillent les dictionnaires" (Henri Pourrat), le wallon dans ses différences, c'est l'originalité d'une région qui refuse de mettre l'uniforme, d'être copie conforme, duplicata, c'est un "certain tour d'esprit aussi ancien que les outils de silex". »[15]
Le Quotidien du Campagnard, publié par les éditions Louise Hélène France dans les années 1970.
le FLO (Front de libération de l'oreille) - Le 1er numéro de la revue paraît en 1983 avec comme titre le FLAF (Front de Libération des Arbres Fruitiers). « Flaf, c'est le bruit de la fleur de cerisier qui se pose au sol. » (Agnès Varda).
En 1991, la revue prend le nouveau nom de FLO-FLAF, (FLO pour Front de Libération de l'Oreille). C'est une « revue européenne de conscience planétaire annuelle, trimestrielle et spasmodique ».
Pour le no 42 d', la revue change une fois encore de nom pour devenir simplement le FLO.
80 numéros sortiront en tirage papier jusqu'en . La revue s'arrêtera en 2015 après deux derniers numéros publiés dématérialisés sur le blog de Julos Beaucarne[23].
« Au nom du pèze, du fisc et du saint bénéfice, on essaye de nous détourner de nous-mêmes. Mais si tout le monde suivait sa propre voie, il n'y aurait pas de chômage : chacun trouverait sa place et aurait une tâche particulière à accomplir. »
« Mon métier est de vous dire que tout est possible. »
« C’est la société qui est malade. Il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre, par l’amour, et l’amitié, et la persuasion. Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. »
« À force de péter trop haut, le cul prend la place du cerveau. »
« Le wallon c'est le latin venu à pied du fond des âges. »
« Ton christ est juif, ta pizza est italienne, ton café est brésilien, ta voiture est japonaise, ton écriture est latine, tes vacances sont turques, tes chiffres sont arabes et … tu reproches à ton voisin d'être étranger ! »
« Le voyageur ne prend qu'une direction ; le rêveur les prend toutes. »
« Pour apprendre le latin à John, il faut d’abord connaître John ensuite le latin. Il faudrait d’abord apprendre à John à se connaître c’est-à-dire cesser de vouloir lui apprendre quoi que ce soit pour qu’il trouve en lui-même l’envie d’apprendre le latin et qu’il trouve sa propre méthode pour apprendre le latin. Pour apprendre le latin à John, il faudrait peut-être tout d’abord apprendre à ne pas dire : « Il faut ! ». », dans J'ai 20 ans de chansons.
« Les petits chanteurs à la croix de bois, comment se fait-il qu’ils restent toujours petits ? Sans doute connaissent-ils le procédé japonais de miniaturisation des arbres. », dans Mon terroir c'est les galaxies.
: La Machine de l'espoir, dans une mise en scène de Marco Taillebuis, par les Ateliers de la Nouvelle Sève.
: Son Petit Royaume, mis en scène par Axel De Vreese avec Philippe Derlet et Murielle Hobe-de Hertog. Première au Théâtre royal de Namur en présence du poète.
Michel Nesme (viticulteur à Lantignié dans le Beaujolais) a utilisé le nom de son chanteur/poète favori pour nommer son domaine « Domaine de la Beaucarne ».
↑François-Xavier Gomez, « Victor Jara : la justice du Chili ouvre les yeux », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑(nl) Johan Wambacq, Luc Verpoest et Hilde Heynen, Het paleis op de heide : Architect Maxime Brunfaut en het sanatorium van Tombeek, ASP nv (Academic and Scientific Publishers nv(nl)), , 175 p. (ISBN978-9054876281), chap. 3 (« De Brunfauts »), p. 43.
↑Yves Vander Cruysen, Un siècle d'histoires : en Brabant Wallon, Racine, , 304 p. (ISBN978-2-87386-519-1), chap. 27 (« Les larmes de Julos »), p. 147 à 148.
↑Julos Beaucarne, Mon terroir, c'est les galaxies, Louise Hélène France, .
↑« Le chanteur belge Julos Beaucarne est mort », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑rédacteur institutionnel, « Le poète et chanteur belge Julos Beaucarne est décédé à l’âge de 85 ans », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Julos Beaucarne, chanteur belge », Le Monde, , p. 27.
J.-M. Polain et Bernard Gillain, « Dossiers L - Julos Beaucarne », Service du Livre Luxembourgeois, Province de Luxembourg, s.d. (lire en ligne [PDF], consulté le ).