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Jérome-Hermès Bolsec (né à Paris et mort en à Lyon en 1585), est un théologien français. Religieux carmélite, ses opinions semi-pélagianistes le rendirent suspect d'hérésie et il dut s'enfuir de Paris. Converti vers 1545 à la foi réformée, ses idées sur la part de libre-arbitre dans le salut du pécheur en firent l'ennemi personnel de Calvin. Il retourna en France, professa des opinions conformes à la doctrine au synode d'Orléans, puis repartit pour Lausanne dont il devint citoyen. À nouveau mis en accusation par Théodore de Bèze, il repartit en Franche-Comté puis à Lyon où, ayant abjuré la foi réformée, il s'établit définitivement comme médecin.
Un sermon un peu libre que Bolsec, religieux de l’ordre des Carmes, avait prêché dans l’église de St-Barthélémy, à Paris, lui attira des affaires qui le forcèrent à s’enfuir. Il se réfugia en Italie, dans les États de Renée de France, duchesse de Ferrare, dont il devint l’aumônier lorsqu’il embrassa la religion réformée, prit femme et se mit à pratiquer la médecine.
Selon Théodore de Bèze, Bolsec s’étant conduit de façon à se faire chasser de la ville qui lui avait donné l’hospitalité, il se rendit alors à Genève, où il arriva en 1551. Sa pratique, comme médecin, lui laissant beaucoup de loisir, il songea à l’employer à dogmatiser. Imbu des doctrines semi-pélagianistes, il le fit d’abord en secret, puis peu à peu, il prit de la hardiesse et alla jusqu'à se produire en public, il apostropha le pasteur qui prêchait sur ce texte de saint Jean : « Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu. C’est pour cela que vous ne les écoutez point, parce que vous n’êtes point de Dieu. » Jean Calvin qui, ayant été empêché d’assister au commencement du service, se trouvait mêlé à la foule des fidèles, bondit sur son banc, lorsqu’il entendit attaquer ses doctrines avec tant de passion et, s’avançant au-devant du perturbateur, il l’écrasa sous le poids de ses arguments.
Un magistrat, qui avait assisté à cette scène, arrêta alors Bolsec et le fit conduire en prison. Le soir même, les ministres de Genève se réunirent et dressèrent dix-sept questions qu’ils envoyèrent au Conseil pour être soumises au prisonnier. Les réponses de Bolsec ayant été loin de satisfaire les ministres, on disputa longuement, de vive voix et par écrit, mais en vain, car Bolsec persista dans ses convictions. Le consistoire pria alors le Conseil de suspendre son verdict jusqu’à ce qu’on eut pris l’avis des églises de la Suisse. Celles de Zurich, de Berne et de Bâle furent consultées. Les consistoires de ces trois villes reconnurent, en citant les passages de l’Écriture à l’appui de leur sentiment, qu’une foule de bons esprits ne partageaient pas l’opinion exclusive de la grâce élective.
La cause de Bolsec paraissait donc gagnée, tandis que Calvin demeurait seul dans son camp, abandonné même par ses propres amis lorsque, le , le Conseil de Genève déclara Bolsec convaincu de sédition et de pélagianisme et, comme tel, le bannit des terres de la République, sous peine du fouet s’il y revenait.
Pendant sa captivité, Bolsec avait cherché à repousser l’attaque de ses adversaires par une contre-mine dirigée contre Calvin en dressant une suite d’articles sommant le réformateur de « lui respondre catégoriquement et sans raisons humaines ni vaines similitudes, mais simplement par la Parole de Dieu. » Ce moyen ne lui avait pas non plus réussi, ce fut dans ces circonstances qu’il composa une Complainte.
Après sa condamnation, Bolsec se retira à Thonon, sur les bords du lac de Genève. Cependant, les persécutions qu’il avait essuyées ne contribuèrent pas à le rendre plus circonspect et il recommença à dogmatiser, accusant hautement Calvin de faire Dieu l’auteur du péché. Pour prévenir l’effet de ses accusations, Calvin se fit députer auprès du Conseil de Berne et réussit à obtenir son expulsion du canton, sans que les magistrats voulussent cependant se prononcer sur sa doctrine.
Bolsec retourna alors à Paris. Le désir d’obtenir une place de ministre du culte lui aurait suggéré l’idée de faire sa paix avec les églises de Genève et de Berne. Après une conférence avec les pasteurs de Paris, il se rendit au Synode national d’Orléans pour y abjurer ses erreurs. Le Synode l’admit au ministère. Après sa soumission au Synode d’Orléans, Bolsec s’étant rendu en Suisse pour y faire amende honorable, la guerre civile qui venait d’éclater en France le détermina à se fixer de nouveau dans ce pays.
Il se trouvait à Lausanne, où il avait obtenu le droit de bourgeoisie, à condition de souscrire à la confession de foi de Berne, et exerçait la médecine dans cette ville, lorsqu’à l’instigation de Bèze, il fut de nouveau soumis à un interrogatoire, à la suite duquel il reçut l’ordre de s’éloigner.
Il se rendit alors à Montbéliard et rentra finalement en France ou il reprit sa première religion. Il alla d’abord s’établir, comme médecin, à Autun et changea plusieurs fois de résidence depuis. Il habitait, en 1577, Lyon où il devait mourir en 1585.