К-431 | |
![]() Vue en coupe d'un sous-marin du projet 675. | |
Autres noms | К-31, Б-431[1] |
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Type | Sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière |
Classe | Projet 675 (classe Echo II) |
Histoire | |
A servi dans | ![]() |
Chantier naval | Chantier naval de l'Amour (Komsomolsk-sur-l'Amour) |
Quille posée | [2],[3] |
Lancement | [2],[3] |
Commission | [2],[3] |
Statut | Retiré du service le [2] |
Équipage | |
Équipage | 90 ± 22 officiers et membres d'équipage[4] |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 115,4 m[4] |
Maître-bau | 115,4 m[4] |
Tirant d'eau | 7,8 m[4] |
Déplacement | 4 450 tonnes en surface[2] 5 702 tonnes en plongée[2] |
Propulsion | 2 réacteurs à eau pressurisée VM-A[5],[6] |
Puissance | 70 MW par réacteur[5],[6] 17 500 SHP par réacteur[5] |
Vitesse | 14-15 km/h en surface[4] 24 km/h en plongée (maximum : 29 km/h)[4] |
Caractéristiques militaires | |
Rayon d'action | 60 jours[4] |
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Le sous-marin soviétique K-431, initialement K-31 (en cyrillique К-31 puis К-431), est un sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière du projet 675 de la marine soviétique, mis en service en 1965. Lors du rechargement de son combustible nucléaire en 1985, il a été victime d'un grave accident nucléaire dans la baie de Chazhma (Vladivostok). Retiré du service en 1987, il est toujours en attente de démantèlement.
Commandé en mars 1963, le K-31, no 175 lors de sa construction, est mis sur quille le au chantier naval de l'Amour de Komsomolsk-sur-l'Amour[2]. Lancé le , il est admis dans la flotte du Pacifique le [2]. Du au , il est en maintenance au chantier naval de Zvezda à Bolchoï Kamen[2] pour le remplacement de son générateur de vapeur et le renouvellement de son combustible nucléaire[1].
Inscrit à la liste des navires de guerre comme « croiseur sous-marin » (KrPL), il a été classé en tant que « gros sous-marin » (BPL : russe : боль’шая Подводная Лодка) le , avant d'être reclassé en tant que KrPL le [2]. La même année, il a été renommé K-431[2],[3].
La puissance du K-431 est fournie par une chaudière nucléaire installée dans le sixième compartiment et composée de deux réacteurs VM-A de première génération, développant chacun 70 MW[6]. Les deux réacteurs totalisent 50 kg d'uranium 235 faiblement enrichi à 20%[7].
Image externe | |
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Situation de la base navale lors de l'incident d'après Sarkisov et Vysotskii 2018, p. 259. |
En août 1985, le K-431 est à quai à la base navale de Chazhma dans le Kraï du Primorié depuis au moins trois mois. Dans cette base destinée à la maintenance et au rechargement du combustible nucléaire des navires de la flotte du Pacifique[8], le sous-marin est amarré à couple au quai no 2 par l'intermédiaire du navire de service FRMB-12 et du sous-marin K-42 de la classe November qui est en réparation. Sur tribord se trouve le navire qui opère le rechargement du combustible nucléaire, le RS-133[9]. Le combustible des deux réacteurs du K-431 a été rechargé, la veille[10] ou plusieurs jours auparavant[11] selon les sources, et l'étanchéité du joint du couvercle est vérifiée une dizaine de jours avant l'accident[11]. Il s'agit de la dernière étape de l'opération de maintenance de rechargement du combustible. L'étanchéité n'étant pas assurée, une baguette de soudure oubliée est retrouvée au niveau du couvercle, ce qui interrompt la maintenance le 8 août[11]. Bien qu'une pièce de rechange ne puisse être livrée avant le 12 du mois, les opérateurs décident de retirer le couvercle le 10 août[11]. S'ensuivent deux explosions espacées de 36 ms[11].
Dans les réacteurs à eau pressurisée VM-A de première génération, les barres de contrôle sont solidaires du couvercle du réacteur[11],[7]. Or, lors de l'opération du , celles-ci n'ont pas été décrochées[12]. Au moment de l'accident, un torpilleur naviguant à proximité aurait provoqué une vague qui aurait touché le sous-marin à quai ainsi que son ravitailleur, entraînant la gîte de la grue du RS-133, laquelle a remonté et donc retiré toutes les barres de contrôle présentes dans le réacteur[10]. À 10 h 55 heure locale[10], la réaction en chaîne n'était donc plus ralentie et a provoqué un accident de réactivité, aussi appelé accident de prompt-criticité[13]. La réaction en chaîne a provoqué une importante augmentation de la puissance suivie d'une explosion de vapeur qui a soufflé le couvercle de douze tonnes ainsi que la totalité du combustible nucléaire[10]. Le compartiment réacteur et le réacteur en lui-même ont été intégralement détruits dans l'explosion[14]. La plateforme du RS-133 installée au-dessus du sixième compartiment (compartiment réacteur) a été totalement soufflée[15]. Un incendie s'est ensuivi pendant quatre heures[16],[17] au cours desquelles le sous-marin a commencé à couler et a dû être maintenu à flots[14]. Un nuage chargé d'éléments radioactifs s'est formé directement après l'accident.
Dans les jours qui ont suivi l'accident, un régiment de génie chimique de la flotte a effectué des relevés de radioactivité dans les environs de la base navale[18]. Environ 259 PBq de matériaux radioactifs ont été relâchés dans l'environnement lors de l'explosion et de l'incendie[19]. Les mesures des militaires indiquent que l'essentiel des retombées radioactives s'est limité à une bande de 3,5 km × 200 à 650 m[20] ou 4 km × 400 à 600 m[18] au nord-ouest de la base. Cette portion de la base où l'essentiel de la radioactivité est retombée étant inhabitée, elle n'a pas été décontaminée[21]. Une zone de stockage provisoire des matériaux contaminés a été installée dans la base avant son évacuation en 1992[22]. Les navires situés à proximité du sous-marin ont également souffert de l'explosion et ont été contaminés, ainsi que la base en elle-même, l'eau du golfe de Pierre-le-Grand[23] et les sédiments marins[24]. Le sous-marin K-42 avec lequel il était amarré à couple a été retiré du service tandis que le RS-133 a été décontaminé et utilisé pendant encore une quinzaine d'années[22]. Plusieurs articles estiment que les villes de Vladivostok et de Shkotovo-22 n'ont pas été touchées par le nuage radioactif[25]. L'évolution du nuage en dehors des limites de l'installation militaire n'est pas connue bien que des modélisations indiquent qu'il aurait pu toucher la Chine, le Japon ainsi que la Corée[26],[27],[28]. Le fait que le réacteur ait été récemment vidé de son combustible usagé et rechargé, donc sans produits de fission[29], a limité les conséquences des retombées radioactives. La radioactivité résiduelle localisée dans les environs de la base est principalement due à la présence de cobalt 60 et de césium 137[30]'[31]. La véracité des retombées radioactives dans la région est toutefois remise en cause[32],[33].
L'explosion a fait dix morts : huit officiers et deux travailleurs[30] commémorés dans un monument aux morts[32]. Deux autres personnes sont décédées dans les mois qui ont suivi l'explosion. 1 841 personnes sont intervenues sur le site de l'explosion et ses environs pour participer aux opérations de nettoyage[14]. 290 travailleurs ont été exposés à plus de 50 mSv, dont dix ont développé des pathologies liées à une irradiation aiguë, et 39 à des irradiations plus légères. Certains pompiers intervenus lors de l'incendie ont été exposés à plus de 6 Sv[16]. En , 205 travailleurs ont obtenu un statut similaire à celui des liquidateurs de Tchernobyl[16].
L'accident, qui relève du niveau 5 sur l'échelle INES[34],[35], a parfois été comparé à l'accident de Tchernobyl mais cette comparaison a été réfutée[36].
Par le passé, un accident similaire est survenu en 1965 sur le K-11 lors du rechargement de son combustible nucléaire[37],[19]. De cinq à six accidents de ce type, lors ou en dehors des opérations de rechargement, sont répertoriés [35],[19].
Image externe | |
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Photographies du K-431 sur le site WAS. |
Le capitaine de troisième rang Tkachenko, responsable de l'opération de rechargement, a été reconnu responsable de l'accident. Le commandant de la quatrième flottille du Pacifique, l'amiral Viktor Khramtsov, a quant à lui reçu une lettre de réprimande[33].
Ce qui restait du compartiment réacteur a été rempli ou entouré de béton[32],[1],[38]. Il est maintenu à flots par quatre flotteurs[39]. Le K-431 a été retiré du service en 1987, puis conduit à la base sous-marine de Pavlosk[16]. Depuis 2011, il est entreposé dans une zone de stockage dans la baie de Razboinik[22]. Son démantèlement devait commencer au début des années 2010[40].