KV 2 Tombeau de Ramsès IV | |
Tombeaux de l'Égypte antique | |
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Plan isométrique et élévations du tombeau en 3d | |
Emplacement | Vallée des Rois |
Coordonnées | 25° 44′ 29″ nord, 32° 36′ 08″ est |
Découvreur | Tombe connue depuis l'Antiquité |
Fouillé par | Claude Sicard en 1718 puis plusieurs égyptologues Howard Carter |
Dimensions | |
Hauteur maximale | 5,21 m |
Largeur minimale | 1,24 m |
Largeur maximale | 8,32 m |
Longueur totale | 88,66 m |
Superficie totale | 304,88 m2 |
Volume total | 1 105,25 m3 |
Classement | |
Vallée des Rois | - KV2 + |
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Situé dans la vallée des Rois, dans la nécropole thébaine sur la rive ouest du Nil face à Louxor, KV 2 est le tombeau du pharaon Ramsès IV de la XXe dynastie. C'est le deuxième tombeau à droite en arrivant à partir du nord de la vallée.
C'est un hypogée rectiligne avec un plan segmenté par trois corridors qui se succèdent et aboutissent à une antichambre donnant sur la chambre funéraire.
Cette dernière contient toujours le sarcophage extérieur royal. Elle était suivie par une dernière chambre destinée à abriter le mobilier qui accompagnait le roi défunt dans l'au-delà.
Connue et ouverte depuis l'Antiquité, la tombe contient une grande quantité de graffitis.
Le tombeau de Ramsès IV fait 88 mètres de long. Il est situé entre les tombes KV1 et KV7 et en face de KV3.
Les archéologues connaissent deux sources parlant de cette tombe.
Tout d'abord, il y a un papyrus conservé au Musée égyptologique de Turin qui fournit une description détaillée de la tombe à l'échelle 1/28e. Tous les passages et les chambres sont présents, avec des mesures écrites en hiératique. Le plan du papyrus représente aussi le sarcophage du pharaon entouré de quatre chapelles. On retrouve la même disposition des chapelles retrouvé intactes dans le tombeau de Toutânkhamon. Ce plan inscrit sur ce papyrus semble avoir un sens rituel profond qui pourrait avoir servi à consacrer la sépulture royale après sa fermeture.
La seconde source a été inscrite sur une dalle de calcaire non loin de l'entrée de la tombe. C'est une esquisse du tombeau où sont situées ses portes. Ce dernier plan semble n'avoir été qu'un simple griffonnage d'un ouvrier.
La structure de la tombe est tout à fait nouvelle pour son époque, tant dans sa conception que dans son décor. L'urgence d'achever le tombeau avant le décès du pharaon poussant vraisemblablement les ouvriers à une simplification. Ainsi, le tombeau s'organise autour d'un axe rectiligne où s'égrènent les couloirs et les pièces.
Cette nouveauté va devenir un style caractéristique des tombes de la XXe dynastie car tous les successeurs de Ramsès IV vont suivre ce modèle et reprendre plus ou moins les mêmes thèmes de décor.
Le tombeau a une longueur maximale de 88,66 m et se compose d'une rampe d'accès (A), de trois couloirs successifs (B, C et D) qui descendent lentement vers une chambre élargie (E), qui précède la chambre funéraire (J) en dessous. Passé la chambre funéraire, se trouve un couloir étroit (K) flanqué de trois chambres latérales (Ka, Kb et Kc).
De manière plus détaillée, l'hypogée s'organise ainsi :
Le tombeau est en grande partie intact et est décoré avec des scènes des Litanies de Rê, du livre des cavernes, du Livre des morts, du Livre de l'Amdouat et du Livre de Nout. Bien qu'ouverte depuis l'Antiquité, la tombe est en grande partie intacte, et ses fresques sont dans un état de conservation d'une qualité remarquable. Son intérêt est également lié au fait que cette tombe introduit de deux nouveaux textes funéraires inédits.
Malheureusement, de nombreux graffitis grecs et coptes défigurent le décor originel.
Certaines fresques uniques dans la vallée illustrent les dieux Shou et Tefnout ou comme les figures inhabituelles momies représentées dans les chambres (Ka) et (Kc).
Un ostracon hiératique mentionne la fondation de la tombe, la place choisie par le gouverneur local et deux des principaux agents du pharaon dans la deuxième année du règne de Ramsès IV.
Ce dernier monta sur le trône à la fin de sa vie et, étant déjà très âgé, voulait clairement s'assurer qu'il aurait une tombe importante. Malgré son bref règne d'environ six ans, il s'est donné tous les moyens pour réussir. C'est pourquoi il a doublé la taille des équipes du chantier de Deir el-Médineh qui atteignirent un effectif total de 120 hommes.
L'histoire de la construction de KV2 est célèbre car elle est marquée par de fortes tensions entre les fonctionnaires du pharaon et les ouvriers des tombes de Deir el-Médineh. Quelques années après la première grève connue dans l'histoire, qui eut lieu sous Ramsès III, son fils est également confronté à des contestations des ouvriers réclamant de meilleures conditions et des rations. La tension semble suffisamment forte car au lieu de commencer la construction du tombeau dès l'avènement de Ramsès IV, on attendit quinze mois après son intronisation pour lancer le chantier, probablement lorsque les deux parties parvinrent à un accord.
Ramsès IV est mort à environ cinquante ans, de causes naturelles.
Mais une fois achevée, la tombe fut pillée très tôt. On sait que la momie a été transférée dans la tombe KV35. On l'a retrouvée, parfaitement identifiée, réoccupant un sarcophage en bois destiné à l'origine à un certain Aha. Le transfert date probablement de la 13e année du règne du pharaon Nesbanebdjed Ier. Le corps de Pharaon est en bon état, sauf peut-être des accidents lors du transport ou des pilleurs de tombes car la momie a un pied cassé, un trou dans le crâne et il manque certains ongles.
Depuis, la tombe a été l'une des onze tombes ouvertes et visitées par les premiers voyageurs de l'Antiquité. C'est pourquoi la KV2 contient le deuxième plus grand nombre de graffitis antiques après la KV9 ce qui représente 656 graffitis individuels laissés par les visiteurs grecs et romains. Cette tombe contient aussi environ cinquante graffitis coptes, essentiellement esquissés sur le mur à côté de la porte d'entrée.
Comme pour la KV1, le tombeau a probablement été utilisé comme logement par les moines coptes. On y trouve des représentations de saints coptes sur les murs de la tombe.
Les premiers visiteurs européens de la région furent Claude Sicard en 1718 puis Richard Pococke en 1743, par les savants français de la campagne d'Égypte en 1799. James Burton a cartographié la tombe en 1825, et l'expédition franco-toscane de 1828-1829 a fait une étude épigraphique complète des inscriptions du tombeau. Edward Ayrton a fouillé la porte d'entrée de la tombe de 1905 à 1906. Puis Howard Carter entrepris des fouilles en 1920.
Sa nomenclature changea très souvent : Richard Pococke l'a désigné comme étant la « Tomb B » dans ses Observations de l'Égypte, publié en 1743. Les savants qui accompagnent Bonaparte durant la campagne d'Égypte en 1799 la nommèrent « IIe Tombeau » ou « Tombeau ouest » dans leur liste. Champollion l'évoque sous la nomenclature « Tombe treize », et « Tomb N » pour James Burton. Plus récemment, Robert Hay lui donne le numéro « HL2 » et Karl Lepsius « LL2 ».
Paradoxalement, la tombe ne suscita pendant longtemps que très peu d'intérêt d'une part car on la pensait vide depuis longtemps et, d'autre part, du fait des très lourds moyens à engager pour déblayer les énormes débris. Cela explique en grande partie la qualité exceptionnelle des fresques qui ont été conservées dans cette tombe.
On a retrouvé des restes des matériaux qui provenait initialement de l'intérieur de la tombe, comme des ouchebtis, de nombreux ostraca et des fragments de bois, de verre et la faïence. On a même retrouvé quelques restes humains plus tardifs qui suggèrent que d'autres personnes ont été enterrés là (probablement à l'époque de l'occupation des moines coptes).