Ayant mis entre parenthèses son cursus musical, après un parcours d'étude à l'ENS et à l'ENSAE[1], il se représente au CNSMDP. Comme il l'explique lui-même : « En terminale, j'avais été reçu au Conservatoire national supérieur de musique en classe d'harmonie. Bien sûr, depuis ce temps, j'avais perdu le bénéfice de l'admission mais je me suis représenté et j'ai été reçu à nouveau. À ma sortie de l'ENSAE, j'ai donc suivi un cursus plutôt atypique : CNSMDP, agrégation puis DEA de musicologie »[5].
Il est reçu premier ex æquo au concours B/L (lettres et sciences sociales) de l'École normale supérieure en 1993[6]. Il obtient une licence d'histoire, une licence de philosophie, une licence et une maîtrise d'anglais. Il est également reçu premier à l'agrégation de musique en 1996[7]. Il est diplômé du diplôme d'ingénieur statisticien de l'ENSAE et suit des cours comme visiting student en économie de l'Université de Cambridge dans un Master of Philosophy, Mphil, en économie au sein de Trinity College. Il a également été visiting student en Allemagne. Il obtient en 2003 un doctorat en musicologie de l'EHESS en soutenant une thèse de doctorat portant sur les Études pour piano de György Ligeti[4]. En , il soutient une habilitation à diriger des recherches.
En 2000, il est sélectionné pour représenter la France à la Biennale des Jeunes Artistes de Turin.
En 2002, il est le plus jeune compositeur français joué au festival Présences.
En , l'orchestre de Pau, sous la direction de Fayçal Karoui, crée La Nef des fous. C'est la première fois en France qu'une souscription est lancée auprès du public pour passer commande à un compositeur[11].
Entre 2006 et 2009, il est compositeur en résidence auprès de l’Orchestre national de Toulouse. À cette occasion, il compose Paradis artificiels, pour orchestre bois par trois, un premier Concerto pour violon, créé par Renaud Capuçon et commandé à son instigation, et un premier Concerto pour piano créé par Boris Berezovsky et commandé à son instigation.
Parallèlement à ses activités de musicien, il mène une carrière universitaire. Il enseigne à l'université Paris-IV (1998-2003) puis à l'École polytechnique (2003-2009) et il est maître de conférences à l'ENS depuis 2004.
Pour l'année académique 2012/2013, sur la proposition du mathématicien Pierre-Louis Lions, le Collège de France l'a élu à la chaire annuelle de création artistique. Depuis que cette chaire existe, il en est le plus jeune titulaire[12],[13].
À cette occasion, il invite le pianiste et compositeur Jérôme Ducros à participer à son séminaire. Intitulée « L'atonalisme. Et après ? », la conférence de Jérôme Ducros déplaît fortement au compositeur Pascal Dusapin qui le fait savoir en publiant une lettre ouverte au prix Nobel de physiqueSerge Haroche, alors administrateur du Collège de France. Serge Haroche juge inutile de répondre[14]. Dans « Modernisme, fin de partie ? », un article de la revue Le Débat, l'historien Pascal Ory analyse la polémique qui a suivi l'« affaire Ducros »[15]
La musique de Karol Beffa peut aller vers deux directions clairement définies, que le compositeur associe de plus au plus au sein d'une même pièce : « un pôle contemplatif, extatique, au rythme harmonique souvent très lent (musique de couleurs et de textures), et un pôle dynamique, d’une extrême nervosité, où la musique prend souvent la forme d’un mouvement perpétuel (musique du rythme et de l’énergie)[4] ». Beffa appelle ces deux pôles « clouds » et « clocks », en référence à la pièce Clocks and Clouds de Ligeti. Ce dernier est, avec Henri Dutilleux, la plus grande influence de Beffa[4].
Dans son œuvre, Karol Beffa met fréquemment en musique des poètes : Ronsard (Je n'ai plus que les os…), Clément Marot (À une médisante, dans Babel), Virgile (Fragments de l'Enéide), la poétesse chinoise Li Qingzhao (Fragments of China), la poétesse polonaise Maria Konopnicka (Zmarzlak), Marceline Desbordes-Valmore (Cher petit oreiller), Apollinaire (Deux Poèmes de Guillaume Apollinaire), Jean de la Croix (Nuit mystique), Gustavo Adolfo Bécquer (Mes heures de fièvre), Louise Labé (Je vis, je meurs…), La Fontaine (Le Lion et le Rat), Nerval (Tombeau), Hugo (La Source), Henri de Régnier (Le Miroir des heures), Rimbaud (Le Bateau ivre), Lord Byron (On the Dust I love, Tombeau), Nietzsche (Héraclitéisme), Paul Verlaine (Le piano que baise une main frêle…), Jean-Jacques Rousseau ("Enfant de l’art, enfant de la nature"), et surtout Charles Baudelaire (La Vie antérieure, Le Port, De cartes et d’estampes…, Tel un serpent qui danse).
Il s'inspire également de musiques actuelles (jazz, pop, funk, techno, country…) dans plus plusieurs de ses œuvres : La Vie antérieure, son Premier concerto pour piano, de nombreuses pièces de musique de chambre (Blow up, Destroy, Manhattan, Harlem, Subway…).
Par ailleurs, Beffa a été amené à collaborer avec des chorégraphes (Julien Lestel, Nicolas Le Riche, Nada Kano) et plusieurs cinéastes (Stéphane Breton, Jean-Xavier de Lestrade, David Teboul, Mehdi Ben Attia, etc.).
En tant que pianiste, Beffa interprète peu ses propres œuvres ou celles des autres. Il est surtout improvisateur, accompagnant des films muets, des lectures de textes, ou improvisant librement à partir de thèmes donnés par le public[4]. Il accompagne aussi régulièrement des chanteurs et des instrumentistes en récital.
Lorsque Karol Beffa fait référence à la classe d'improvisation du Conservatoire de Paris comme lieu d'une alternative à l'improvisation générative[16], il ne fait aucune mention de l'un des fondateurs de la classe, le pianiste Jean-François Zygel (avec Thierry Escaich et Loïc Mallié). Le dernier chapitre du même livre (Parler, composer, jouer) est l'occasion pour lui de lancer une petite pique à Zygel, que Beffa a par ailleurs décrit comme un « personnage insupportable de prétention et de vanité »[17] : « pour certains, l'existence d'un seul de ces paramètres [harmonie, thématisme, pulsation] suffit à faire pencher la balance du côté du pôle tonal. Cette dernière attitude n'est pas sans poser problème : par exemple, lorsque Jean-François Zygel va jusqu'à qualifier de 'tonal' un compositeur comme Webern sous prétexte qu'il n'a jamais aboli le sentiment de pulsation[18] ». Le différend entre les deux improvisateurs semble ancien, K. Beffa imputant son exclusion de l'ensemble Phoenix à son ancien professeur : « Il se trouve que Jean-François Zygel a prétexté du fait que je n’avais pas payé ma cotisation – ce qui était faux – pour selon des oukazes dont il est assez familier chercher à m’exclure du groupe. De toute façon le groupe s’est dissout de lui-même, l’une des raisons étant que J-F Zygel qui le dirigeait était incapable d’écrire la moindre note de musique »[19]. Malgré ces tensions latentes, nous pouvons noter une certaine proximité quant à leur style d'improvisation. Néanmoins, la production compositionelle d'un Beffa est bien plus importante que celle du professeur d'improvisation du CNSMDP.
D'autre part, à la suite de la conférence « L'atonalisme, et après ? » donnée par Jérôme Ducros dans le cadre de la chaire de création artistique détenue alors par Karol Beffa[20], certaines réactions vives ont surgi de la part de l'avant-garde musicale, notamment de la part de Pascal Dusapin[21]. Le pianiste y fustigeait la musique atonale comme étant grossièrement opposée aux lois naturelles de la musique en n'hésitant pas à faire de nombreux raccourcis et à prendre des exemples caricaturaux détachés de tout contexte : c'est en tout cas ce qu'en pense le compositeur Philippe Manoury[22]. Pascal Dusapin s'est plaint au directeur du Collège de France, sans succès. Le maître de conférence à l'Ecole Normale Supérieure ne s'est pas fait prier pour commenter sa réaction : « le texte de Dusapin ne dépasse pas le niveau d’un élève de terminale. La vérité, c’est que les gens de la génération de Dusapin et de Manoury se sentent dépassés. Les jeunes ne veulent pas écrire leur musique – et ne veulent pas non plus écrire celle de leurs grands-pères. Nous assistons aux derniers feux d’une avant-garde qui avançait par une audace convenue, et qui ne peut plus aller plus loin. »[23] C'est alors qu'a suivi un article de P. Manoury publié sur son blog au sujet duquel le normalien s'est écrié « Il a dû avoir honte de la nullité intellectuelle de la lettre de Dusapin, et il a voulu écrire quelque chose de plus structuré »[23].
2015 : Libres, par Karol Beffa et Raphaël Imbert, JazzVillage/Harmonia Mundi
2015 : Into the Dark : Concerto pour alto, Concerto pour harpe, Nuit obscure, Dédale, avec Johan Farjot, Arnaud Thorette, Karine Deshayes, Emmanuel Ceysson, Aparte[25],[26]
2016 : Tous en cœur, ensemble Contraste
2016 : Blow Up, musique de chambre avec vents, Indesens avec également les interprétations de l'Orchestre de la Garde républicaine dir. par Sébastien Billard, Éric Aubier, Vincent Lucas, le quatuor Jean-Yves Fourmeau, l'ensemble Initium...
2018 : En Blanc et Noir, Indesens : improvisations au piano
2019 : De l'autre côté du miroir, Indesens : improvisations au piano
2020 : Tohu Bohu, Blow in, Indesens : par Karol Beffa (piano), Saxo Voce
2020 : Talisman, Destroy, Klarthe : par Karol Beffa (piano), Quatuor Renoir
2020 : Childhood, de Johan Farjot, Childhood 1, Klarthe : Karol Beffa
2023 : Rainbow, de Karol Beffa, Le Grand Numéro de Chanel, Tricatel : Karol Beffa et l'ensemble Contraste, dir. Johan Farjot
2023 : Tricatel Machine, Montées infinies, improvisation de Karol Beffa, par Karol Beffa, arrangement sous forme de remix par Bertrand Burgalat
2024 : Le Souffle des légendes, "Le Roi qui n'aimait pas la musique", version pour récitant, quatuor de saxophones et piano, par Charles Berling, Saxo Voce et Karol Beffa
2014 : Saxophone Conversations : Obsession, par Alicja Wolynczyk, DUX
2015 : Trumpet concertos : Concerto pour trompette et cordes, par Romain Leleu (trompette), Orchestre d’Auvergne, dir. Roberto Forés Veses, Aparte
2015 : French touch : Five o'clock, par le Klarthe Quintet, Klarthe
2015 : Into the Dark : Concerto pour alto, Concerto pour harpe, Dark, Nuit obscure, Dédale, Rainbow, avec Johan Farjot, Arnaud Thorette, Karine Deshayes, Emmanuel Ceysson et Karol Beffa, Aparte
2016 : Blow Up, musique de chambre avec vents, : Blow up, Éloge de l'ombre, Paysages d'ombres, Subway, Concerto pour trompette, Feux d'artifice, Indesens avec l'Orchestre de la Garde républicaine dir. par Sébastien Billard, Éric Aubier, Vincent Lucas, le quatuor Jean-Yves Fourmeau, l'ensemble Initium...
2017 : Itinérances musicales : Concerto pour trompette, par Guy Touvron, Ligia Digital
2017 : Plaza Mayor, par l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, dir. Johan Farjot. « Besame Mucho », Aparté
2017 : Pulse : Les Météores, par le quatuor Eclisses, Advitam Records
2017 : Le Roi qui n'aimait pas la musique : conte musical, texte de Mathieu Laine, par Patrick Bruel (récitant), Renaud Capuçon (violon), Edgar Moreau (violoncelle), Paul Meyer (clarinette) et Karol Beffa (piano), livre-disque Gallimard jeunesse
2018 : Crime : Fireworks pour quatuor de saxophones, par the Whoop Group, Sarton Records
2018 : Couleurs d'Amérique : Buenos Aires pour quintette de cuivres, par le quintette Or Notes Brass, Klarthe
2018 : Les Doudous lyriques : Dans le labyrinthe et L'Enfant dort pour chœur mixte a cappella, par le Chœur 43, OutHere
2018 : Douze Etudes : pour piano, par Tristan Pfaff
2019 : Les Maîtres Sorciers : Mémorial : pour orchestre d'harmonie, par la Musique des gardiens de la paix, dir. Gildas Harnois, Hafabra
2019 : A Kind of Wind, Obsession, Indesens : par Nicolas Prost (saxophone)
2020 : Tohu Bohu, Blow in, Indesens : par Karol Beffa (piano), Saxo Voce
2020 : Musique française pour harpe, violon et violoncelle, Soleil noir, La Ferme ! Records : par Trio Jenlis
2021 : Call of Beauty, clarinette, cor et piano, Les Ombres errantes, Klarthe, par Julien Chabod (clarinette), Pierre Rémondière (cor) et Julien Gernay (piano)
2021 : Music for Four Musicians, pour deux pianos et deux percussions, Music for Four Musicians, Landr : par le quatuor Essor
2022 : Un Français à Rio, pour violon et piano, Un Français à Rio, Chronos Productions : par Grégoire Girard et César Birschner
2022 : Media Vita, De Profundis, Solstice, Sérénade d'hiver, Deux Poèmes de Guillaume Apollinaire, Les Cités de l'oubli, Media Vita, Nel mezzo del cammin, Rocking-Chair, Fragments of China, Self-Portrait, Klarthe : par Karol Beffa (piano), Jeanne Gérard (soprano), Arnaud Thorette (alto), Lionel Sow
2023 : Rainbow, pour piano et orchestre à cordes, sur le vinyle Le Grand Numéro de Chanel (choix de Bertrand Burgalat), label Tricatel : par Karol Beffa et l'ensemble Contraste, dir. Johan Farjot
2023 : Tabula rasa[27], pour violon et piano, Change, Cypres : par Elsa de Lacerda et Pierre Solot
2023 : Vortex, pour piano et orchestre, de Karol Beffa, Piano Campus : par Gabriel Durliat
2023 : Contes persans, Transcrits et racontés par Leili Anvar, Frémeaux : composition des virgules musicales
2023 : Tricatel Machine, Montées infinies, improvisation de Karol Beffa, par Karol Beffa, arrangement sous forme de remix par Bertrand Burgalat
2024 : Le Souffle des légendes, "Le Roi qui n'aimait pas la musique", version pour récitant, quatuor de saxophones et piano, par Charles Berling, Saxo Voce et Karol Beffa
2024 : All That Surroud Us, Énigme (Jean-Jacques Rousseau : "Enfant de l’art, enfant de la nature"), "Le piano que baise une main frêle…" (Paul Verlaine), "Et si la mort était joyeuse" (Susie Morgenstern), pour voix et piano, par Marie Oppert et Antoine Préat
2024 : "Le Roi qui n'aimait pas la musique", version pour récitant et orchestre, par Pierre Desvigne et L'Orchestre National des Pays de la Loire
Karol Beffa, Comment parler de musique ? : [leçon inaugurale prononcée le 25 octobre 2012], Paris, Collège de France/Fayard, , 64 p. (ISBN978-2-213-67200-7, lire en ligne)
Karol Beffa (dir.), Les nouveaux chemins de l’imaginaire musical, Paris, Collège de France, coll. « Conférences », (ISBN978-2-7226-0433-9, lire en ligne)
Karol Beffa, De quelques bons et mauvais usages de l’imposture en musique comme ailleurs, revue Approches, juin 2016 (ISBN978-29-19630-17-2)
Karol Beffa, Parler, composer, jouer : Sept leçons sur la musique, Paris, Seuil, , 240 p. (ISBN978-2-02-135234-4)
Karol Beffa, Diabolus in Opéra : composer avec la voix, Paris, Alma, coll. « Concerto », , 184 p. (ISBN978-2-36279-253-3)
Karol Beffa, Par volonté et par hasard : Théorie et pratique de la création musicale, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Itinéraires », , 213 p. (ISBN979-10-351-0048-3, lire en ligne)
János Garay (trad. du hongrois par Guillaume Métayer, préf. Karol Beffa, postface Guillaume Métayer), Háry János, le vétéran : Poème original de János Garay, Paris, éditions du félin, , 72 p. (ISBN978-2-86645-876-8)
Karol Beffa et Jacques Perry-Salkow, Anagrammes à quatre mains. Une histoire vagabonde des musiciens et de leurs œuvres, Actes Sud, . (Prix Pelléas - Radio classique 2019)
Karol Beffa, Aleksi Cavaillez et Guillaume Métayer, Ravel. Un imaginaire musical, roman graphique, Seuil/Delcourt, (mention spéciale du jury du Prix Livres & Musiques de Deauville 2020)
Karol Beffa, Emanuele Coccia, Charline Coupeau, Erik Gonthier, Julia Hetta, Amin Jaffer, Dominique Jakob, Marc Jeanson, Brendan MacFarlane, Frédéric Malle, Carole Martinez, Sophie Pelletier, Evelyne Possémé, Benoît Repellin, Joana Vasconcelos, L'Âme du bijou, Paris, Flammarion, 13 octobre 2021, 288 p. (et traduction anglaise sous le titre The Soul of Jewellery, Paris, Flammarion)
Karol Beffa, Saint-Saëns au fil de la plume, Paris, Premières Loges, 24 novembre 2021, 300 p.
Karol Beffa, L'autre XXe siècle musical, Paris, Buchet-Chastel, 2022, 240 p.
Karol Beffa et Guillaume Métayer, Le Mystérieux Boléro. Sol et Rémi avec Ravel, Paris, Seghers, 2022, 100 p.
Karol Beffa et Guillaume Métayer, Le Bal au clair de lune. Sol et Rémi avec Beethoven, Paris, Seghers, 2022, 100 p.
Karol Beffa et Guillaume Métayer, Le Château de Monsieur Gymnopède. Sol et Rémi avec Satie, Paris, Seghers, 2023, 100 p.
Karol Beffa, Bernard Herrmann, Paris, Actes Sud, 2024, 176 p.
Karol Beffa et Guillaume Métayer, Camille Benoit critique musical, Paris, La rumeur libre, 2024, 352 p.
Karol Beffa, Camille Benoit compositeur, Paris, La rumeur libre, 2024, 128 p.