La Fille de Brest

La Fille de Brest

Réalisation Emmanuelle Bercot
Scénario Séverine Bosschem
Emmanuelle Bercot
Acteurs principaux
Sociétés de production Haut et Court
France 2 Cinéma
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Thriller
Durée 128 minutes
Sortie 2016

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

La Fille de Brest est un film français réalisé par Emmanuelle Bercot, sorti en France le . Il s'agit d'une adaptation du livre Mediator 150 mg : combien de morts ? de la pneumologue Irène Frachon, du CHU de Brest, retraçant sa lutte pour révéler ce qui deviendra l'affaire du Mediator et dénoncer les risques de ce médicament, le benfluorex, commercialisé par les laboratoires Servier dits le nom de Mediator.

Le film a ouvert le Festival international du film de Saint-Sébastien 2016 et a été présenté en clôture du Festival de cinéma des alternatives de Versailles le .

En , confrontés à des cas de valvulopathie et d'hypertension artérielle pulmonaire[1], des médecins du CHU de Brest soupçonnent un lien avec la prise d'un médicament, le Mediator, commercialisé par les laboratoires Servier[2]. La pneumologue Irène Frachon, aidée d'un chercheur, le professeur Antoine Le Bihan, s'improvise lanceuse d'alerte[3]. Ces provinciaux candides ne cherchent qu'à sauver des vies. Mais, à Paris, ils découvrent un univers bien peu préoccupé d'intérêt général. L'argent règne en maître et « des laboratoires pharmaceutiques arrivent à prendre le contrôle des autorités de santé[1] » : universitaires stipendiés, arrogants et brutaux, commissions d'experts dévoyées par les conflits d'intérêts[4], Irène Frachon et Antoine le Bihan ont la sensation d’avoir en face d'eux un bloc uni où il est impossible de discerner les experts des agences sanitaires des experts des Laboratoires Servier. Ils découvrent une multiplication délibérée des groupes d'experts.

Cet enchevêtrement d'organisations leur semble servir à ce que tout le monde s'occupe de tout et ne soit responsable de rien, comme si ce système était délibérément conçu pour permettre la dilution des responsabilités. Antoine Le Bihan, en tant que chercheur, est vite neutralisé. On l'accable de mépris, on lui coupe les crédits et il n'a plus qu'à s'exiler au Canada. Mais, dans ce cloaque, Irène Frachon trouve aussi des alliés inattendus qui l'encouragent à poursuivre le combat : l'étudiante en pharmacie qui cite le nombre de victimes brestoises dans sa thèse, l'épidémiologiste Catherine Hill, un éditeur tenace, une journaliste du Figaro, le « Père Noël » de la Cnam qui détient dans son ordinateur le nombre des morts au niveau national, mais ne peut le divulguer que sur demande de sa hiérarchie.

Fiche technique

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Distribution

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Genèse du projet

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Les productrices de Haut et Court, Caroline Benjo et Carole Scotta, proposent à Emmanuelle Bercot de lire le livre d'Irène Frachon, Mediator 150 mg : combien de morts ? paru en 2010 chez l'éditeur brestois Dialogues[6]. Emmanuelle Bercot y trouve les ingrédients d'un thriller mais n'est pas encore décidée. Sa rencontre avec Irène Frachon est décisive : elle découvre « un grand personnage, tout en contrastes. C'est une machine de guerre, avec un franc-parler détonnant, mais elle est aussi pleine de fantaisie, presque clownesque[17]. » Irène Frachon apprécie également la réalisatrice dont elle a vu le dernier film Mes chères études sur la prostitution étudiante et est rassurée par le fait que la réalisatrice a une certaine connaissance du monde médical de par son père qui a été chirurgien cardiaque à l'hôpital Lariboisière à Paris. Celui-ci l'a initiée très jeune à la dangerosité des laboratoires pharmaceutiques et lui a permis de passer beaucoup de temps dans les blocs opératoires durant son adolescence. Elle s'y sent « comme un poisson dans l'eau[17] ». Emmanuelle Bercot dédiera d'ailleurs le film à son père.

Entre la première rencontre entre la réalisatrice et Irène Frachon et la sortie du film, 6 ans se sont écoulés. Durant toute cette période, les protagonistes brestois du CHU ont activement collaboré avec Emmanuelle Bercot et la coscénariste Séverine Bosschem, ce qui a permis de donner au film toute sa crédibilité médicale[18].

Adaptation du livre

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Le scénario est dû à Séverine Bosschem et Emmanuelle Bercot, avec la collaboration de Romain Compingt. C'est une adaptation du livre d'Irène Frachon[6]. Les scénaristes procèdent évidemment à des raccourcis, mais, selon le mot d'Irène Frachon, « toute l'histoire est là[19] ».

La pneumologue du film est un peu plus bouillante que dans la réalité. En particulier, elle « gueule comme un âne[19] » à l'Afssaps, alors que ce jour-là Irène Frachon, terrorisée, jouait profil bas. Mais cet exposé virulent est indispensable à Emmanuelle Bercot à ce moment précis pour que le spectateur prenne conscience des enjeux, pour qu'il sache qu'il existe un antécédent chez Servier avec un autre médicament, l'Isoméride[19],[20].

La seule entorse à la réalité est la composition du personnage d'Antoine Le Bihan. Il est inspiré du professeur Grégoire Le Gal, à présent chercheur au Canada. Tout au long de la lutte, il y a toujours eu entente sereine entre Grégoire Le Gal et Irène Frachon. Cela ne fait pas l'affaire des scénaristes : « Ça ne colle pas pour nous. Les Bisounours, cela ne fait pas un récit de cinéma. » Les scénaristes façonnent donc un chercheur angoissé, fragile, un être complètement différent du professeur Le Gal — avec l'accord de ce dernier —, et ils inventent une opposition entre lui et le docteur Frachon. Les paroles vives que les deux médecins échangent dans le film, Irène Frachon les a bien échangées, mais avec d'autres personnes[19].

Le seul regret d'Irène Frachon en voyant le film est que Xavier Bertrand ne soit pas évoqué, alors qu'il l'a contactée dès le déclenchement de l'affaire, et qu'il a demandé un rapport à l'Igas (Inspection générale des affaires sociales). « Les politiques m'ont toujours soutenue, dit la pneumologue, que ce soit Gérard Bapt ou Xavier Bertrand[19]. »

Pendant les trois années d'écriture du scénario[6], Emmanuelle Bercot se demande en vain quelle actrice française pourrait incarner Irène Frachon. Elle songe même à abandonner le projet. C'est Catherine Deneuve qui lui suggère de recourir à Sidse Babett Knudsen, l'actrice de la série télévisée danoise Borgen, une femme au pouvoir[21]. Pour justifier son léger accent, la pneumologue est présentée dans le film comme d'origine danoise, ce qui n'est pas le cas dans la réalité[22]. La véritable Irène Frachon fait une brève apparition de type caméo dans le film : le personnage joué par Sidse Babett Knudsen la croise dans un couloir du CHU (Irène Frachon sort des toilettes, suit l’actrice ; on la voit principalement de dos) et les deux femmes se saluent (vers 33’ 17”).

Le tournage a d'abord lieu dans le Finistère du au [7], en particulier à Lampaul-Plouarzel, où est reconstitué le domicile des Frachon. Des scènes sont tournées à Brest, dans la librairie Dialogues[23] et au CHU. La scène de chirurgie cardiaque est interprétée par un vrai chirurgien et par de vrais techniciens du bloc opératoire. La scène de l'autopsie est également interprétée par de vrais praticiens[1]. On remarque, sur plusieurs plans tournés à Brest, les travaux des ateliers et du quartier des Capucins, qui n'ont débuté qu'en 2015.

Des scènes sont ensuite tournées en région parisienne[24], notamment dans les locaux du Figaro[12]. Dans une scène censée se dérouler en 2011, on distingue sur la façade du ministère de la Santé la mention « Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes ». Le ministère n'exista sous cette appellation que du au . Le tournage prend fin le [7].

Le film obtient les notes moyennes de 3,8 sur 5 pour les critiques de presse et de 4,1 pour les avis des spectateurs, selon le site Allociné[6].

Accueil critique

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  • Pierre Vavasseur, sur leparisien.fr : « La Fille de Brest […] montre qu'une nouvelle génération de cinéastes sait désormais s'emparer de scénarios cogneurs, à la Yves Boisset, mais avec la modernité de style, de ton et d'interprétation qui convient[25]. »
  • Femme actuelle : « Ce thriller sociétal, sans temps mort, est avant tout le magnifique portrait d'une femme qui ne lâche rien[6]. »
  • Barbara Théate, Le Journal du dimanche : « Une héroïne du quotidien dont on envie l’altruisme et l’exemplarité. Il aura fallu un film, à défaut d’un tribunal (l’affaire est toujours en cours), pour que justice lui soit rendue[6]. »
  • Yannik Vely, sur parismatch.com : « De l’isolement des débuts à l’explosion médiatique de l’affaire, l’histoire inspirée de la vie d’Irène Frachon est une bataille de David contre Goliath pour voir enfin triompher la vérité […] La Fille de Brest est avant tout un formidable portrait de femme révoltée contre l'indifférence bureaucratique […] Refusant le spectaculaire, La Fille de Brest s'en tient aux faits et rien qu'aux faits, ce qui est d'autant plus terrifiant quand on comprend que l'arrêt de la commercialisation du Mediator ne suffira pas à entraîner l'indemnisation des patients[26]. »
  • Samuel Douhaire, sur telerama.fr : « Emmanuelle Bercot plonge dans les coulisses de ce combat du pot de terre contre le pot de fer […] La réalisatrice compense la dimension parfois technique du sujet par un récit hyper rythmé conçu comme un thriller[3]. »
  • Sigolène Vinson, Charlie Hebdo : « Un thriller ? Pourquoi pas. Mais très documenté et précis[6]… »
  • Claudine Levanneur, sur avoir-alire.com : « Un film humaniste et intelligent qui, contrairement à la loi, rend justice aux lanceurs d’alerte et qui illustre parfaitement cette phrase d’Albert Einstein qu’Emmanuelle Bercot fait sienne : « Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire[27]. »
Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau de la France France 410 723 entrées[28],[10] 18
Alt=Image de la Terre Mondial 2 918 159 $[29]

La Fille de Brest prend la seconde place des nouveautés le jour de sa sortie avec 19 384 entrées, dont 5 056 sur Paris et sa périphérie[30]. En cinq jours, il totalise près de 130 000 entrées[10] et prend la troisième place du box-office et plus de 167 000 entrées en première semaine[31].

Distinctions

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Nominations

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Diffusion télévisée

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Le film est diffusé sur France 2 le vers 22 h 30, et sur Arte le à 20 h 55.

Notes et références

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  1. a b et c « La Fille de Brest, film choc sur le scandale du Mediator », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  2. Philippe Mathieu, « La Fille de Brest : thriller médical ! », sur euronews.com, (consulté le ).
  3. a et b Samuel Douhaire, « La Fille de Brest » Accès payant, sur telerama.fr, (consulté le ).
  4. a et b Pascale Krémer, « La Fille de Brest, le Mediator à travers les yeux du docteur Frachon », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  5. « Mediator 150 mg, combien de morts », sur éditions-Dialogues.fr (consulté le )
  6. a b c d e f g et h « La Fille de Brest » (fiche film), sur Allociné.
  7. a b c et d « Clap de fin pour le tournage en Bretagne du long métrage La Fille de Brest », sur tournagesbretagne.com, 15 janvier 2016 (consulté le 15 décembre 2016).
  8. « Box-office (du 14 au 20 décembre 2016) », sur cine-directors.net (consulté le 21 décembre 2016).
  9. a b c d et e « La Fille de Brest » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  10. a b et c « La Fille de Brest », sur JP box-office.com (consulté le )
  11. Laurence Guilmo, « Mediator. La Fille de Brest, ou le combat d'Irène Frachon au cinéma », sur larochesuryon.maville.com, 8 novembre 2016 (consulté le 13 décembre 2016).
  12. a et b Nathalie Simon, « La Fille de Brest : David contre le Goliath Mediator », sur lefigaro.fr, 23 novembre 2016 (consulté le 13 décembre 2016).
  13. a et b « La Fille de Brest », sur bdfci.info, 2017 (consulté le 31 janvier 2018).
  14. « Pauline vit de la musique avant tout, mais aussi du cinéma… » sur activ.ouest-france.fr, 10 avril 2016 (consulté le 22 décembre 2016).
  15. Catherine Lemesle, « Emie joue Amélie Frachon dans le film La Fille de Brest », sur dinan.maville.com, 22 décembre 2016 (consulté le 22 décembre 2016).
  16. Sophie Prévost, « Paolo Le Bodic joue le fils d'Irène Frachon », sur letelegramme.fr, 24 janvier 2016 (consulté le 22 décembre 2016).
  17. a et b Etienne Sorin, « Emmanuelle Bercot : « Irène Frachon est un rôle hors norme » », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  18. Jean-Jacques Corrio, « Critique : La fille de Brest », sur critique-film.fr, .
  19. a b c d et e Catherine Le Guen, « La fille de Brest. « Une histoire gravée dans le marbre » », Le Télégramme,‎ (lire en ligne)
  20. « Isoméride et Mediator », sur societechimiquedefrance.fr, 2016 (consulté le 21 décembre 2016).
  21. Estelle Lenartowicz, « La Fille de Brest : Sidse Babett Knudsen, l'étoile polaire », sur lexpress.fr, 23 novembre 2016 (consulté le 14 décembre 2016).
  22. Dominique Dupagne, « La Fille de Brest », sur atoute.org, 19 septembre 2016 (consulté le 21 décembre 2016).
  23. Frédérique Guiziou, « La Fille de Brest, ou quand la réalité dépasse la fiction », sur ouest-france.fr, 14 janvier 2016 (consulté le 14 décembre 2016).
  24. « Mediator : Irène Frachon « très heureuse» que le scandale soit porté au cinéma », Le Parisien, .
  25. Pierre Vavasseur, « La Fille de Brest : cette nana, c'est de la bombe », sur leparisien.fr, 23 novembre 2016 (consulté le 14 décembre 2016).
  26. Yannik Vely, « La Fille de Brest - la critique », sur parismatch.com, 23 novembre 2016 (consulté le 18 décembre 2016).
  27. Claudine Levanneur, « La Fille de Brest - la critique du film », sur avoir-alire.com (consulté le 18 décembre 2016).
  28. « LA FILLE DE BREST », sur cbo-boxoffice.com (consulté le ).
  29. (en) « La Fille de Brest », sur Box Office Mojo (consulté le )
  30. « Box-office 1er jour des films sortis le 23 novembre 2016 », sur jpbox-office.com (consulté le )
  31. « Box-office du 23 au 29 novembre 2016 », sur jpbox-office.com (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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