La Main noire désigne à la fois une organisation criminelle et une méthode d'extorsion utilisée par des gangsters basés à Chicago et dans d'autres grandes villes des États-Unis. À Chicago, la pratique de la Main noire commence vers 1900 et disparaît peu à peu jusqu'en 1920, remplacée par la mafia. Initialement dirigée par Johnny Torrio, la mafia est ensuite organisée par Al Capone, qui deviendra quelque temps plus tard l'organisation connue sous le nom de l'Outfit de Chicago[1].
La Main noire est un groupe précurseur du crime organisé, et cette méthode est toujours utilisée par le crime organisé aujourd'hui.
Ses membres, les "Black Handers", sont en majorité des émigrants italiens originaires de Calabre et de Sicile.
A contrario de celle de la Mafia, l'organisation des gangsters de la Main noire se caractérise par une absence de hiérarchies et de codes de conduite formellement structurés, et par la conduite courante des opérations à un seul homme.
Selon leur mode opératoire, ils envoyaient à leurs victimes des notes d'extorsion anonymes arborant un symbole reconnaissable : la « Main noire ». Ce chantage était accompagné de menaces contre les victimes (agression ou menaces de mort), mais elles pouvaient viser également leur habitation ou leur entreprise.
La pratique de la Main noire était également courante à New York et à la Nouvelle-Orléans.
À partir de 1909, la Main noire menace Big Jim Colosimo, un ancien gangster de la main noire, propriétaire de bordels dans l'ensemble de Chicago. Afin de résoudre les problèmes posés, Colosimo recrute Johnny Torrio, un membre du Five Points Gang de New York. Désigné comme son successeur, ce dernier est reconnu comme le dirigeant du crime organisé de Chicago et devient le mentor d'Al Capone.
Johnny Torrio (né le 20 janvier 1882 et mort le 16 avril 1957), également surnommé le "Renard" ("The Fox"), est né sous le nom de Giovanni Torrio à Montepeloso, un village de la région de la Basilicate, dans le sud de l'Italie. Pendant les deux premiers mois suivant son arrivée à Chicago, il aurait tué dix gangsters de La Main noire, dont Filippo Catalano[2].
Membre présumé de la Main noire de Chicago, Filippo Catalano est né en 1875, à Gioia Tauro, un village côtier du sud de l'Italie, dans la région de Calabre. Arrivé aux États-Unis, il possède un saloon à Chicago et se lie à la vie nocturne criminelle de Chicago.
Selon le capitaine Cudmore, affecté au troisième commissariat de police de la ville, Catalano était « détesté et craint par ses compatriotes »[3].
Le soir du 5 juin 1910, Filippo Catalano se fait tirer dessus à 5 reprises et décède une heure plus tard dans un hôpital de Chicago.
Sur son lit de mort, Catalano respecte le principe de la pègre de l'omertà et refuse de donner le nom de son agresseur à la police[3].
Filippo Catalano aurait été tué par Johnny Torrio. Une enquête ultérieure révèle l'implication d'un homme de main d'Eugeno Monaco, qui aurait été l'assaillant pour le compte de Johny Torrio.
La nuit du 5 juin 1910, Catalano est au restaurant Vesuvius, un lieu reconnu de la vie nocturne de Chicago. Il en sort vers 3 heures du matin, en compagnie d'Edgar K Accetta, un avocat new-yorkais, en ville pour affaires, et d'un troisième homme, Eugeno Monaco. Alors que les trois hommes se dirigent vers une voiture, Monaco aurait sorti un revolver et tiré sur Catalano à cinq reprises. Le tireur s'enfuit à pied et est retrouvé sur les voies ferrées de Rock Island Pacific Railroad où il la police finit par perdre sa trace[3].