En 1765, à Arkham, Joseph Curwen (Vincent Price) s'apprête à offrir une jeune femme à Yog-Sothoth afin qu'il se reproduise. Il en est empêché par une foule qui l'immole en l'attachant à un arbre. Il jure, avant de mourir, de revenir se venger. Dans les années 1870, Charles Dexter Ward (interprété aussi par Vincent Price), marié à Ann (Debra Paget), arrive à Arkham pour prendre possession de l'héritage de son ancêtre Curwen. Ward est fasciné par un portrait de son ancêtre et par leur ressemblance. Le portrait est en fait la porte utilisée par l'âme de Curwen pour revenir et il s'empare du corps de Ward. L'ancien assistant de Curwen, Simon Orne (Lon Chaney) reprend alors du service et apporte le Necronomicon à son maître afin qu'il puisse reprendre ses invocations en vue de créer une race hybride. Il tente cependant d'éloigner l'épouse de son descendant qui refuse de partir et d'abandonner son mari qu'elle sait être quelque part dans le corps possédé. Curwen entreprend alors de se venger des descendants de ceux qui l'ont brûlé vif en les immolant à son tour. Il ressuscite ensuite sa maîtresse morte depuis un siècle à l'aide de son grimoire, puis il attache Ann au même autel de sacrifice que dans la première scène et entreprend d'invoquer à nouveau Yog-Sothoth avec le Necronomicon. À nouveau, une foule de villageois attaque le manoir, bien décidée à le brûler définitivement. Dans l'incendie, le portrait est détruit ; le lien entre Curwen et Ward est brisé permettant au couple de s'enfuir. Dans la dernière scène, Ward, appuyé sur l'arbre où son ancêtre a brûlé, affirme qu'il est redevenu lui-même, cependant, le dernier plan montre Vincent Price maquillé comme Curwen et non comme Ward.
La Malédiction d’Arkham est la sixième des huit adaptations d'histoires d'Edgar Allan Poe réalisées par Roger Corman entre 1961 et 1965. Les autres furent :
En effet, Corman ayant désiré s’éloigner de l’univers d’Edgar Allan Poe, le film est une nouvelle de H. P. Lovecraft, mais La société de production American International Pictures ne prit cependant pas de risques et utilisa, contre l’avis de Corman, le titre du poème de Poe, The Haunted Palace (soit, Le Palais hanté dans la traduction française de Stéphane Mallarmé), afin de rester dans la ligne des récents succès du réalisateur. Ce poème n’est cité qu’à deux reprises durant le film, une première fois après la mort de Joseph Curwen puis par un intertitre déroulant lors de l'arrêt sur image du dernier plan.
Arkham est une ville imaginaire du Massachusetts dans laquelle se déroulent de nombreuses nouvelles de Lovecraft. Elle sert notamment de cadre à la nouvelle La Couleur tombée du ciel publiée en 1927.
Toujours dans l’univers de Lovecraft, Joseph Curwen utilise le Necronomicon pour ramener à la vie sa compagne Hester, mais aussi pour permettre aux Grands Anciens tels que Cthulhu ou Yog-Sothoth d’ouvrir un portail vers notre monde.
Guillaume Foresti, Corman, Lovecraft : la rencontre fantastique, Paris, Dreamland, coll. « Ciné films » (no 9), , 161 p. (ISBN2-910027-13-9).
(en) Andrew Migliore et John Strysik, Lurker in the Lobby : The Guide to the Cinema of H. P. Lovecraft, Night Shade Books, (1re éd. 2000, Armitage Press), 352 p. (ISBN978-1-892389-35-0).
(en) Edward O’Hare, « The Haunted Palace & The Complete Dr. Phibes — The Abominable Dr. Phibes / Dr. Phibes Rises Again », The Irish Journal of Gothic and Horror Studies, no 14, , p. 138
Nathan Lagadec. Les adaptations cinématographiques des récits littéraires d'Edgar Poe par Roger Corman : vers une définition de la fidélité latente à travers La Chute de la maison Usher, L'Enterré vivant, La Malédiction d'Arkham et Le Masque de la mort rouge, Sciences de l'Homme et Société. 2019. Lire en ligne