Langues karens | |
Pays | Birmanie, Thaïlande |
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Classification par famille | |
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Codes de langue | |
IETF | kar
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ISO 639-2 | kar
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ISO 639-5 | kar
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Glottolog | kare1337
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Carte | |
Les langues karens en Birmanie | |
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Les langues karens ou karènes[1] (également appelées langues karéniques pour y inclure les langues karènes proprement dites) sont parlées principalement en Birmanie (Myanmar), et, dans une moindre mesure, en Thaïlande par environ quatre millions de personnes. Elles constituent une sous-branche de la branche birmane dans la famille tibéto-birmane, qui fait partie elle-même du groupe des langues sino-tibétaines. Quatre langues prédominent par ordre d'importance : le karène sgaw, la plus répandue, le karène pwo, le kayah et le karène pa-o, à l'intérieur desquelles peuvent exister des dialectes plus ou moins différenciés (c'est le cas du karène pwo oriental et du karène pwo occidental, et du kayah oriental et du kayah occidental ou kayah li).
Ces langues sont parlées principalement dans quatre régions :
Leur rattachement à la branche tibéto-birmane a été contestée du fait de leur structure syntaxique SVC (sujet - verbe - complément), à l'exception du baï, notoirement influencé par le chinois. Mais ce débat est clos depuis les travaux de Luces et de Jones R.B., cette caractéristique n'étant plus tenue pour essentielle en linguistique et s'expliquant en l'occurrence par l'environnement linguistique môn ou Thaï des langues karéniques.
Cependant, l'expression « famille sino-tibétaine » est encore contestée non pas sur la structure syntaxique mais sur le modèle de formation lexical des langues karéniques et tibétaines, qui sont agglutinantes comme le mongol ou le japonais, alors que les langues sinétiques et thaïes utilisent un processus lexical isolant monosyllabique. Si cette hypothèse est retenue, les langues karéniques, birmanes occidentales et tibétaines formeraient une sous-famille « tibéto-birmanes », séparée de la sous-famille « sino-thaïe » où se classeraient les autres langues chinoises, thaïes et les langues birmanes orientales comme le baï, proches du thaï et du mandarin, à l'exception des langues minoritaires Langues môn-khmères du sud de la Birmanie, déjà classées à part de la famille sino-tibétaine.
On distingue généralement quatre sous-branches constituées par :
Le bwe étant parfois considéré comme la quatrième sous-branche dont le kayah ne serait qu'un rameau[2]. Il existe bien d'autres parlers[3] aux locuteurs peu nombreux dont on ignore s'il s'agit de variantes dialectales ou de langues différentes, le risque étant de confondre langue et ethnonyme. Les langues karéniques n'ont guère été étudiées avant les années soixante[4], et aujourd'hui encore certaines d'entre elles, comme le pa-o sont mal connues ; il est donc impossible d'en établir une classification et encore moins un arbre généalogique définitifs[5].
Leur diversité est assez marquée pour compliquer l'incompréhension entre plusieurs d'entre elles. C'est le cas, par exemple entre le pwo occidental et le pwo oriental : la dispersion géographique, l'absence d'organisation politique supra-villageoise, les obstacles historiques à la constitution d'une unité nationale karène, ont empêché l'émergence d'une langue pwo unifiée, phénomène caractéristique de bien des minorités ethniques. Néanmoins le karène sgaw, parce qu'il est la langue de la majorité des Karènes chrétiens et de ceux engagés dès le début du XXe siècle dans les organisations nationalistes est celle dans laquelle la « nation karène » s'exprime, combat, défend sa culture. Un hymne national, un texte sur le drapeau karène[6] ont été écrits en karène sgaw. Il existe plusieurs sites web[7].
Alors que les structures syntaxiques sont le plus souvent identiques, les différences sont surtout d'ordre phonétique ; le karène pwo présente ainsi des voyelles et diphtongues nasales qui n'existent pas ailleurs[8].
ainsi qu'une interdentale sourde [θ] (le phonème écrit th en anglais), un arrêt glottal « ? », un « r » non roulé /ɣ/ ou /ʁ/ et un « R » roulé [r].
Les tableaux suivants présentent en caractères gras les phonèmes communs à différentes langues karéniques : le Sgaw de Bassein, Moulmein (Birmanie) et Massariang (Thaïlande, Province de Tak), le Western Pwo de Bassein et Kyonbaw, l'Eastern Pwo de Moulmein, Tavoy et Hpa-An, le Taungthu ou Pa-O, le Kayah-li ou Karenni des environs de Mae Hong Son (Thaïlande, Province du Tak) ; les autres phonèmes sont propres à certains de ces parlers[9];
Labiales | Dentales | Alveolaires | Post-alvéol. | Palatales | Vélaires | Glottales | ||
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Nasales | m | n | ɲ | ŋ | ||||
Occlusives | sourdes | p | t | k | ? | |||
sonores | b et ɓ 1 | d / ɗ 1 | ||||||
aspirées | pʰ | tʰ | kʰ | |||||
Affriquées | non aspirées | c2 | ||||||
aspirées | cʰ2 | |||||||
Fricatives | sourdes | θ3 | s | ɕ ou ʃ | χ4 | h | ||
sonores | ɣ4 ou ʁ | |||||||
aspirées | sʰ | |||||||
Vibrante | r5 | |||||||
Latérale | l | |||||||
Semi-consonne | w6 | j |
1- Implosives. En Western Pwo (dialecte de Kyonbaw), il existe trois occlusives sonores : une injective /b/ et deux implosives /ɓ/ et /ɗ/.
2- Ces affriquées alvéo-palatales peuvent être prononcées respectivement /s/ et /sʰ/ en Eastern Pwo, /k/ et /kʰ/ en Western Sgaw.
3- Cette interdentale sourde /θ/ (identique au th sourd anglais) est présente dans tous les parlers, sauf en Kayah et en Taunthu/Pa-O. Elle est généralement prononcé « s » en Thaïlande.
4- Ces consonnes fricatives vélaires sont présentes dans tous les parlers, sauf en Kayah et en Taunthu/Pa-O.
5- /ɹ/ en Western Pwo ; peut être proche du /l/ en Eastern Pwo et parfois en Taunghtu/Pao.
6- /w/ peut être prononcé/v/ en Kayah, et en Taungthu s'il est en position initiale.
7- /j/ peut être prononcé /ʝ/, /z/, parfois /ʒ/ en Sgaw de Thaïlande.
Antérieures | Centrales | Postérieures | |
---|---|---|---|
Fermées | i | ɯ1 u | |
Mi-fermées | e | o | |
Moyenne | ǝ /ɤ | ||
Mi-ouvertes | ε | ʌ2 ɔ | |
Ouverte | a |
1- Le [ɯ] se prononce comme un [u], mais sans arrondir les lèvres.
2- Seul, le Kayah possède un /ʌ / le u de but en anglais
À l'exception de ces deux phonème et du ɤ souvent réalisé comme un ə, le « e » de « je », ces voyelles sont identiques à celles du français.
Le Taungthu-Pao possède en outre deux diphtongues /ai/ et /ei/
Orales | Nasales | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Antérieures | Centrales | Postérieures | Antérieures | Centrales | Postérieures | ||
Mono -phtongues | |||||||
Fermées | i | ɨ | ɯ u | ||||
Mi-fermées | e | o | |||||
Moyenne | ǝ /ɤ | ɤN oN | |||||
Mi-ouvertes | ε | ɔ | |||||
Ouverte | a | aN | |||||
Di -phtongues | |||||||
Mi-fermées | ei | ɤɯ | ou | eiN | ɤɯN | ouN | |
Ouvertes | ai | au | aiN | auN |
On trouvera une présentation distincte des consonnes et voyelles du Western-Pwo[10] et des consonnes de l'Eastern-Pwo sur ces pages[11].
Les tons varient d'une langue à l'autre et même d'une région à l'autre. Ils se caractérisent le plus souvent par la présence de trois registres : haut, moyen et bas, combinés ou non d'un arrêt glottal ; le Pa-o a un ton haut descendant ; le Kayah un ton bas descendant. Leur hauteur relative et leur modulation sont variables.
?ewé / ?aN' / mi_ /bé' /cepaN. /θô_ (E-Pwo)
?a_ / ?é / di / hpu' / jépu_ / hu' (Kayah Li)
lui/ manger /riz /comme /Japonais /comme/
Il mange le riz comme un Japonais.
ye/ ?oˌ mé /wi/li'/ (Sgaw)
je /manger riz/finir/déjà/
J'ai déjà mangé
ye/xwé_/?aN'/kou'/ (Pwo)
je/acheter/manger/gâteau
J'ai acheté un gâteau et l'ai mangé.
Certains auteurs[12] font état d'une ancienne écriture pratiquée par les Pa-os, dont témoigneraient des manuscrits appartenant à deux ou trois monastères de la région de Hsa-Tung, mais cette écriture est aujourd'hui indéchiffrable, et on ne peut que se montrer réservé devant des affirmations aussi fragiles. Seule est répandue l'écriture du Sgaw et, dans une bien moins grande mesure, du Pwo. Deux systèmes ont été créés au XIXe siècle. L'un appelé monastic script, fondé sur l'écriture môn a été mis au point par les monastères bouddhistes qui continuent à l'enseigner, en particulier dans l'état Karen ; l'autre mission script, fondé sur l'alphabet birman est utilisé par les Pwo de l'ouest et par les Sgaw. Il a été élaboré en 1832 par un missionnaire baptiste américain, le Dr Jonathan Wade et dès 1841, il est utilisé dans un mensuel lancé par le DrMasson, le Hsar Du Ghaw qui ne disparaîtra qu'avec l'invasion japonaise. Un dictionnaire de Sgaw paraît en 1896.
Dans cet Alphasyllabaire dérivé au-delà du Birman des anciennes écritures indiennes, des signes diacritiques indiquant voyelle ou diphtongue s'adjoignent aux lettres représentant une consonne, sauf s'il s'agit du a qui est implicite. La syllabe se termine par un caractère analogue à une lettre notant le ton, sauf le ton haut.
Cette écriture prédominante est aujourd'hui largement répandue, pour l'alphabétisation en particulier, dans les camps de réfugiés Karen en Thaïlande ainsi que sur les sites web.
Le Kayah-Li n'a pas d'écriture fixée. Toutefois les missions catholiques ont élaboré une graphie romanisée pour le Western-Kaya et un alphabet original a été élaboré en 1962, qui ne semble utilisé que par le K.N.P.P, l'organisation autonomiste des Karenni.