Née le à La Malbaie, Marie-Louise Félicité Angers est la fille d'Élie Angers, un forgeron, et de Marie Perron, qui tient un magasin général[3]. Elle est la quatrième d'une famille de six enfants. Sa fratrie a accès à l'éducation grâce aux revenus du magasin général[3]. Ses frères Charles et Élie se démarquent sur le plan professionnel. Le premier, avocat renommé, est député fédéral de Charlevoix entre 1896 et 1904[3]. Le second est notaire à La Malbaie entre 1884 et 1919[3].
En 1862, elle fait la connaissance de l'arpenteur-géomètrePierre-Alexis Tremblay qui lui fait une cour assidue. Leur rupture, en 1868, met un terme à sa vie publique. Elle s'isole dans sa vaste demeure et remet en cause les conventions sociales, puis décide de se consacrer à l'écriture.
En 1878, elle utilise le pseudonyme de Laure Conan pour faire paraître une nouvelle intitulée Un amour vrai, publiée en feuilleton dans la Revue de Montréal[6] entre septembre 1878 et août 1879. Ce court texte, dans une version remaniée, a été imprimé sous forme de livre en 1893 comme Un amour vrai[7] et en 1897 sous le titre de Larmes d'amour[8]. Ces deux éditions ont été réalisées par les éditeurs Leprohon & Leprohon de Montréal, selon toute apparence sans l'autorisation de l'auteure.
Elle publie son texte le plus célèbre, Angéline de Montbrun, en 1881–1882, le premier roman psychologique de la littérature québécoise[1],[6]. Suivront d'autres récits, souvent à caractère historique, qui en font la première romancière québécoise[1]. Elle rédige également des monographies de grandes figures du passé.
À partir de 1891, sa notoriété pousse les institutions religieuses à lui demander de mettre sa plume au service de la lutte contre le fléau de l'alcool. Laure Conan consacrera plusieurs opuscules à la défense de la tempérance. De 1893 à 1898, elle devient directrice de la revue catholique La Voix du Précieux-Sang[9]. De cette époque datent des articles patriotiques et chrétiens où percent néanmoins des préoccupations sociales, notamment sur le statut politique des femmes. Elle écrit dans une missive adressé à Joséphine Dandurand : « Je vous avoue, madame, que le droit de voter me semble pour nous assez peu désirable. Mais, si jamais il nous était accordé – ce dont je n’ai cure – c’est ma conviction que les femmes n’en pourraient guère user plus mal que les hommes. » [10]
Elle meurt le 6 juin 1924 d'une défaillance cardiaque lors d'une opération réalisée à l'Hôtel-Dieu de Québec par le docteur Arthur Simard[10]. Elle lègue la pluspart de ses bien et ses droits d'auteure à Ovide Charlebois, un missionnaire qu'elle admirait particulièrement pour son courage[10].
Sa dépouille, inhumée à La Malbaie, se trouve dans un lot contigu à celui qu'occupe la tombe de Pierre-Alexis Tremblay[11].
Une école de niveau secondaire à Chicoutimi, de même que des bibliothèques du quartier Vimont, à Laval, et de son village natal de La Malbaie portent son nom[12].
Des rues portent également son nom à La Malbaie, Montréal, Laval, et dans plusieurs autres municipalités du Québec.
La rue Félicité-Angers a été nommée en son honneur, en 1990, dans la ville de Québec.
La rue Laure-Conan a été nommée en son honneur, en 1972, dans la ville de Québec.
↑ abc et dSerge Gauthier, « Le triste sort de Laure Conan (1845-1924) », Histoire Québec, vol. 9, no 1, , p. 10–11 (ISSN1201-4710 et 1923-2101, lire en ligne, consulté le )
↑Nicole Bourbonnais, Angéline de Montbrun, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, , 433 p. (ISBN978-2-7606-2056-8), p.14 & p.82
↑ a et bMichel Biron, François Dumont et Élisabeth Nardout-Lafarge, Histoire de la littérature québécoise, Montréal, Boréal, , 684 p. (ISBN978-2-7646-2027-4), p. 144
↑Réginald Hamel, John Hare et Paul Wyczynski, Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du Nord, Montréal, Fides, c1989, 1364 p. (ISBN2-7621-1475-6, lire en ligne), p. 327
↑Paru en feuilleton en 1878-1879 dans la Revue de Montréal. Le titre a été publié plus tard par les éditeurs Leprohon & Leprohon sans l'autorisation de l'auteure sous le titre Larmes d'amour.
Marie-de-Sainte-Jeanne-d'Orléans [religieuse de Sainte-Croix]. Bibliographie de Laure Conan, sans lieu, sans date, 16 p.
André Brochu, « Le cercle et l'évasion verticale dans Angéline de Montbrun, de Laure Conan », Études françaises, vol. 1, n° 1, 1965, p. 90-100 (lire en ligne).
Louis Simard, Laure Conan. La romancière aux rubans, Montréal, Éditions XYZ, « Les grandes figures », 1994, 222 p.
Manon Louisa Auger, Éminentes Victoriennes. Laure Conan, Henriette Dessaulles, Azélie Papineau et Joséphine Marchand, Montréal, Nota Bene, 2024, 340 p.