Le Roi pâle | |
Auteur | David Foster Wallace |
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Pays | États-Unis |
Genre | Roman |
Version originale | |
Langue | Anglais |
Titre | The Pale King |
Éditeur | Michael Pietsch |
Lieu de parution | New York |
Date de parution | |
ISBN | 978-0-316-07423-0 |
Version française | |
Traducteur | Charles Recoursé |
Éditeur | Au diable vauvert |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 2012 |
Type de média | papier |
Nombre de pages | 648
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ISBN | 978-2-84-626-432-7 |
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Le Roi pâle (The Pale King) est un roman américain inachevé de David Foster Wallace publié en version originale en 2011, puis en français par les éditions Au diable vauvert en 2012 dans une traduction de Charles Recoursé.
Du texte original, réputé long de 1 000 pages et 150 chapitres, l'éditeur original, Michael Pietsch[1], a monté un texte d'environ 540 pages (648 dans la traduction française) et 50 chapitres, de longueur inégale, puisqu'une dizaine comportent entre une et quatre pages. L'éditeur s'en explique dans la préface, et quelques études apprécient le travail d'édition, d'après les notes de l'auteur. Le lecteur francophone est mal placé pour estimer les modifications apportées.
Les références historiques sont limitées : l'action se déroule entre 1985 et 1987, le passé se limite aux années 1960 et 1970, et l'auteur se réfère une fois à l'actualité de l'écriture du texte : aujourd'hui en 2005 (p. 310). Quelques noms d'hommes politiques sont cités : Ford, Bush, Reagan, et beaucoup de références culturelles (littérature, cinéma, musique, sports...).
L'essentiel de l'histoire concerne Claude Sylvanshire (25 ans environ), de grade GS-9, dans sa nouvelle affectation d'assistant du Dr Merill Errol Lehrl, au Centre Régional de Contrôle de l'IRS de Peoria (Illinois) 047 (plus de 3 000 agents fédéraux assermentés). L'Internal Revenue Service est l'agence fédérale américaine de collecte de l'impôt sur le revenu (et autres taxes) : la collecte de tous les impôts fédéraux légalement perceptibles (p. 139).
Le lecteur accompagne le personnage principal dans sa trop longue approche de son nouveau poste : transfert aérien sur lignes locales, problème de sinus, transfert automobile jusqu'à l'établissement de Peoria à travers la banlieue, accueil, visite guidée, entretien, installation, formation, lecture des procédures et rapports, approche des nouveaux collègues, activités... Après avoir connu au CRC de Rome (New York) les retards informatiques de traitements des déclarations, il va participer à la vérification (section Routines) des déclarations (formulaire 1040), des pénalités à appliquer, et de leurs recouvrements, avant leur éventuel passage par l'IRS Criminal Investigation Division (Bureau d'enquêtes criminelles de l'IRS).
Le travail est routinier, compulsif, expéditif, nécessaire, utile, efficace, productif, abrutissant, solitaire, très loin de l'héroïsme vanté lors des offres de recrutement, et d'incitation à l'orientation vers des études de comptabilité adaptée. L'ennui généralisé (La clé c'est la capacité, innée ou bien conditionnée, à trouver l'autre versant de la routine, du mesquin, de l'insignifiant, du répétitif, de l'inutilement complexe. En un mot, à être inennuyable (p. 519)) est troué par de brèves pauses collectives, où réfléchir à la décadence récente des valeurs morales américaines, ou à approfondir les rumeurs concernant les supérieurs, présents ou passés, les égaux, ou les inférieurs, principalement en conversation à deux (rarement à trois).
La quasi incapacité à établir des relations (amitié, amour, compagnonnage...) pousse à un ruminement, ou rumination, sur le vide de leur vie privée actuelle, le trop-plein de leurs errances passées (éducation, enfance, parentèle, études, critiques adolescentes du système, expériences (sport, drogue, sentimentalité, sexualité, travail, armée...), la quasi-absence de projection sur un quelconque avenir (sauf à passer vite au grade supérieur).
Le Roi pâle (The Pale King) est un des nombreux noms de bureau que s'octroient les employés ou qu'on leur octroie. Ici, il désigne surtout la toute-puissance fantomatique de M. DeWitt Glenndenning.
La routine fictionnelle est encore perturbée quand l'auteur décide, au chapitre 9, d'intervenir, de s'offrir sa propre préface, de refuser que le livre relève de la seule fiction (pas assez rémunatrice) et la fait relever de l'autobiographie, puisque, aussi bien, DFW a ou aurait été un de ces employés de l'IRS, pendant une brève période (1985-1987), même si la biographie officielle de l'auteur ne confirme apparemment rien de tel. DFW peut ainsi s'identifier, ou être identifié, à n'importe lequel de ses personnages. Les chapitres d'auteur permettent une avalanche de notes et sous-notes.
La recension anglophone est bien traitée dans l'article anglophone, entre hommage funèbre et louange.
La recension francophone est plus discrète, presque évasive[2],[3].
La vie des contrôleurs des impôts (américains), en soi ou comme métaphore d'une certaine condition humaine postmoderne et/ou bureaucratique, est un projet d'écriture ambitieux (macrofiction), infini (microfictions croisées), inachevé, inachevable sans doute (métafiction), et peut-être ennuyeux parce qu'inabouti, malgré de remarquables passages.