Le privé est politique

"Je ne suis pas libre tant que toutes les femmes ne le sont pas". Citation d'Audre Lorde sur la pancarte d'une manifestaire à la marche des femmes de 2017 à Washington, États-Unis.

Le privé est politique[1] ou Le personnel est politique[2],[3], en anglais The personal is political ou The private is political, est un slogan politique utilisé dans le cadre des mouvements de libération des femmes à partir des années 1960[2].

Selon Renee Heberle, le propos de ce slogan est de souligner les liens entre l'expérience personnelle et les structures sociales et politiques plus larges[4]. Bonnie J. Dow, explique lui que l'expression affirme que les « problèmes individuels des femmes ne sont que l’excroissance de leur statut politique de classe opprimée »[5].

Dans le contexte du mouvement féministe des années 1960 et 1970, il s'agissait d'un défi lancé à la famille nucléaire et à ses valeurs ; valeurs (corps féminin et sexualité entre autres) qui furent vivement et largement débattues[6]. L'expression a été plusieurs fois décrite comme un trait caractéristique de la deuxième vague du féminisme, du féminisme radical, des Women's studies, ou du féminisme en général[7],[8]. Elle a différencié la deuxième vague du féminisme survenues à partir des années 1960 de la première vague du féminisme, qui avait majoritairement pour but l'obtention du droit de vote des femmes.

Cette expression a été popularisée lors de la publication d'un essai féministe de Carol Hanisch (en) intitulé The Personal is Political (1970)[9], expression dont elle renie cependant la maternité. Kerry Burch, Shulamith Firestone, Robin Morgan et d'autres féministes qui avaient été désignés comme les auteurs de la phrase ont également décliné en être les auteurs. Selon Burch, ces personnes citent les conversations privées et publiques de millions de femmes[10]. Gloria Steinem a comparé cette situation à la revendication de la paternité de l'expression de Seconde guerre mondiale, bien que celle-ci puisse en fait être attribuée à un éditorial du Time publié en [11].

Références

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  1. Genre!, « Slogans (1) Le privé est politique », sur Genre !, (consulté le )
  2. a et b Elsa Dorlin, Sexe genre et sexualités, Paris, Presses universitaires de France, , 153 p. (ISBN 978-2-13-055889-7).
  3. Françoise Picq, « Le personnel est politique : Féminisme et for intérieur » [PDF].
  4. (en) Renee Heberle, « The Personal Is Political », dans The Oxford Handbook of Feminist Theory, Oxford University Press, (ISBN 9780199328581, DOI 10.1093/oxfordhb/9780199328581.013.31), p. 593–609
  5. « Les féministes ne sont pas de vraies femmes. Sans blague, Jean-Marie Bigard! », sur slate.fr (version du sur Internet Archive)
  6. Angela Harutyunyan, Kathrin Hörschelmann, Malcolm Miles (2009) Public Spheres After Socialism pp.50-1
  7. "The great trust of radical feminist writing has been directed to the documentation of the slogan 'the personal is political.'"
  8. "At the heart of Women's Studies and framing the perspective from which it proceeds was the critical insight that 'the personal is political.'"
  9. (en-US) Dale M. Smith, Poets Beyond the Barricade: Rhetoric, Citizenship, and Dissent after 1960, University of Alabama Press, , 153– (ISBN 9780817317492, lire en ligne)
  10. (en-US) Kerry T Burch, Democratic transformations : Eight conflicts in the negotiation of American identity, Londres, Continuum, , 224 p. (ISBN 978-1-4411-1213-2), p. 139
  11. (en-US) « EUROPE: Last Words », sur Time.com