Legio I Iovia

La Legio I Iovia (aussi appelée Legio I Iovia Scythica)[N 1] était une légion de l’armée romaine au cours de l’Antiquité tardive. De même que la Legio II Herculia, elle fut créée par Dioclétien (r. 284-305) vers la fin du IIIe siècle. Le surnom de la légion, « dédiée à Jupiter », lui vient de l’empereur lui-même, souvent appelé Iovianus ou « l’homme qui ressemble à Jupiter », alors que son collègue Maximien était comparé à Hercule.

Carte montrant la division de l’Empire romain entre les quatre tétrarques.

Dès le début de son règne en 293, Dioclétien procéda à des réformes en profondeur de l’administration et de la défense de l’empire. Après avoir créé la tétrarchie où chacun des deux Augustes (Dioclétien et Maximien) était secondé par deux Césars (Galère et Constance), il doubla le nombre des provinces et créa une structure régionale regroupant les 100 provinces en douze diocèses. Chaque tétrarque était responsable d’une partie de l’empire, Galère étant responsable de l’ancienne Illyrie, et de l’Asie incluant l’Asie mineure. Il réorganisa également l’armée, créant pour chaque tétrarque une armée mobile (comitatenses), alors qu’un système de fortifications (limes) établi le long de la frontière était gardé par des unités permanentes (limitanei)[1].

Tout en conservant les 39 légions déjà existantes, mais dont nombre n’étaient pratiquement plus que l’ombre d’elles-mêmes, il leva au moins 14 nouvelles légions dont les I et II Iovia, II, III et IV Herculia, III Diocletiana et I Maxima. La Legio I Iovia, de même que sa jumelle la Legio III Herculia, fut stationnée dans la nouvelle province de Scythie, près de l’embouchure du Danube, dans le diocèse de Thrace[2], [3].

Il est vraisemblable qu’elle ait accompagné un détachement du césar Galère (césar en 293, auguste en 305, meurt en 311) entre 296 et 298 dans sa campagne contre les Sassanides [4].

Plan de la fortification de Dinogetia.

Après la mort de Dioclétien, au moins une partie de la légion fut cantonnée dans la forteresse de Dinogetia, en Mésie inférieure (diocèse de Thrace), comme en font foi des briques marquées au sceau de la légion[5].

Au début du Ve siècle, on retrouve la légion sous les ordres du Dux Scythiae (gouverneur de la Scythie). Le praefectus legionis (préfet de la légion) et le praefectus ripae (préfet des gardes-frontières) s’installèrent à Noviodunum ad Istrum (aujourd’hui Isaccea en Roumanie), quartier-général de la légion. Un autre préfet des gardes-frontières était stationné à Accisso (aussi nommé Fort Aegyssus, aujourd’hui Tulcea). L’un et l’autre étaient chargés de surveiller le Danube, frontière entre l’empire et le Barbaricum. Un autre préfet des gardes-frontières de la Legio I Iovia était stationné avec la Cohors Secunda Herculia musculorum Scythicorum et la flotte fluviale à Inplateypegiis[6]. D’autres détachements se trouvaient à Capidava (Topalu)[7].

Il est probable que la légion ait, par la suite, été incorporée dans l’armée byzantine [8].

Notes et références

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(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Legio I Iovia » (voir la liste des auteurs).
  1. Le nombre (indiqué par un chiffre romain) porté par une légion peut porter à confusion. Sous la république, les légions étaient formées en hiver pour la campagne d’été et dissoutes à la fin de celle-ci; leur numérotation correspondait à leur ordre de formation. Une même légion pouvait ainsi porter un numéro d’ordre différent d’une année à l’autre. Les nombres de I à IV étaient réservés aux légions commandées par les consuls. Sous l’empire, les empereurs numérotèrent à partir de « I » les légions qu’ils levèrent. Toutefois, cet usage souffrit de nombreuses exceptions. Ainsi Auguste lui-même hérita de légions portant déjà un numéro d’ordre qu’elles conservèrent. Vespasien donna aux légions qu’il créa des numéros d’ordre de légions déjà dissoutes. La première légion de Trajan porta le numéro XXX, car 29 légions étaient déjà en existence. Il pouvait donc arriver, à l’époque républicaine, qu’existent simultanément deux légions portant le même numéro d’ordre. C’est pourquoi s’y ajouta un cognomen ou qualificatif indiquant (1) ou bien l’origine des légionnaires (Italica = originaires d’Italie), (2) un peuple vaincu par cette légion (Parthica = victoire sur les Parthes), (3) le nom de l’empereur ou de sa gens (famille ancestrale), soit qu’elle ait été recrutée par cet empereur, soit comme marque de faveur (Galliena, Flavia), (3) une qualité particulière de cette légion (Pia fidelis = loyale et fidèle). Le qualificatif de « Gemina » désignait une légion reconstituée à partir de deux légions ou plus dont les effectifs avaient été réduits au combat. (Adkins (1994) pp. 55 et 61)

Références

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Pour les références AE, voir Clauss, Manfred & alii en bibliographie.

  1. Bunson (1994) « Diocletian » p. 132, »Diocese » p. 132, « Tetrarchy » p. 408 .
  2. Lendering (2002) para 1.
  3. Williams (1997) pp. 97 & 222.
  4. Gwynn (2008) p. 153.
  5. AE 1944, 68, AE 1950, 106, AE 1976, 636.
  6. Notitia Dignitatum, Or. XXXIX.
  7. Herz (2010) p. 22.
  8. Lendering (2002) para 3.

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Bibliographie

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  • (en) Matthew Bunson, Encyclopedia of the Roman empire, New York, Facts on File, coll. « library of world history », , 636 p. (ISBN 978-0-816-04562-4, OCLC 955170343).
  • (de) Clauss, Manfred / Anne Kolb / Wolfgang A. Slaby Epigraphik-Datenbank Clauss / Slaby EDCS, URL: http://db.edcs.eu/epigr/epi_einzel.php?s_sprache=de&p_belegstelle=AE+1944%2C+00068&r_sortierung=Belegstelle.
  • (de) Herz, Peter, Peter Schmid, Oliver Stoll (éd.). Zwischen Region und Reich: Das Gebiet der oberen Donau im Imperium Romanum. Frank & Timme, 2010, (ISBN 978-3-865-96313-0).
  • (en) Lendering, Jona. Legio I Iovia. URL: www.livius.org/articles/legion/legio-i-iovia/.
  • Jean-Michel Carrié et Aline Rousselle, L'Empire romain en mutation des Sévères à Constantin, 192-337, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Nouvelle histoire de l'Antiquité » (no 10), , 841 p. (ISBN 978-2-020-25819-7).
  • André Chastagnol, L'évolution politique, sociale et économique du monde romain de Dioclétien à Julien: la mise en place du régime du Bas-Empire (284-363), Paris, Société d'édition d'enseignement supérieur, coll. « Regards sur l'histoire » (no 47), , 2e éd., 394 p. (ISBN 978-2-718-13106-1, OCLC 1184621468).
  • (en) David M. Gwynn (dir.), A.H.M. Jones and the later Roman Empire, Leiden ; Boston, Brill, coll. « Brill's series on the early Middle Ages » (no 15), , 281 p. (ISBN 978-9-047-43231-9 et 9-047-43231-2, OCLC 593228207, lire en ligne).
  • (la) Otto Seeck, Notitia dignitatum. Accedunt notitia urbis Constantinopolitanae et laterculi provinciarum. Berlin, Weidmann, 1876, réédité sans altération chez Minerva, Frankfurt am Main, 1962.
  • Seston, William. Dioclétien et la tétrarchie : 1. Guerres et réformes, 284-300. Paris, Éditions de Boccard, 1946.
  • (en) Stephen Williams, Diocletian and the Roman recovery, London, Routledge, coll. « Roman imperial biographies », (1re éd. 1985) (ISBN 978-1-138-17200-5, OCLC 946216915).

Articles connexes

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