Rattaché au mouvement du tonalisme, il surtout connu pour ses peintures de New York, en particulier de la vallée de l'Hudson(en). Ses peintures sont connues pour leur rendu spatial, réservant de grandes zones de composition pour la terre, la mer ou les cieux[5]. À son apogée, il est considéré comme un maître de son art, ce qui lui vaut les éloges de personnalités telles que John Spargo(en), Bliss Carman, Benjamin De Casseres, Edwin Markham et Anatole Le Braz[6].
On a un temps cru que Leon Dabo, l'aîné de trois frères et cinq sœurs, était né à Paris[7],[8] mais des documents récemment disponibles indiquent qu'il est né à Saverne. Son père, Ignace Scott Dabo, né Ignace Schott à Dabo en Moselle qui sans doute adjoint le nom du village de ses ancêtres à son patronyme américanisé (sans h). Son père est un professeur d'esthétique et érudit classique, qui déménage la famille à Detroit, Michigan après 1870 pour échapper à la guerre franco-prussienne[9],[10]. Il complète l'éducation formelle de Leon avec le latin, le français et le dessin. Après la mort de son père en 1883, la famille Dabo s'installe à New York, où il trouve un emploi de concepteur en architecture, travaillant pour soutenir la famille afin que son jeune frère Scott, considéré comme le plus talentueux, puisse se consacrer à son art[5]. Il devient ensuite élève de John LaFarge, et tous les deux restent des amis proches jusqu'à la mort de LaFarge. Lorsque Dabo décide de poursuivre ses études à Paris, LaFarge lui écrit des lettres de présentation, ce qui lui permet de rencontrer Pierre Puvis de Chavannes — qui deviendra son mentor — et d'entrer à l'École nationale supérieure des Arts décoratifs. Il étudie également à temps partiel à l'Académie Colarossi et à l'École des beaux-arts de Paris. Bien que l'impressionnisme soit en vogue à cette époque, Dabo ne trouve pas ce mouvement à son goût[11].
À Londres, Dabo rencontre Mary Jane « Jennie » Ford, ils se marient en 1889 et le couple a deux enfants : Madeleine Helen (née en 1891) et Leon Ford « George » (née en 1892)[13],[14], Leon et Jennie se séparent dans les années 1920. Après la mort de Jennie en 1945, Dabo épouse officiellement sa compagne depuis les années 1930, Stephanie Ofenthal.
Le succès de Dabo grandit, mais son frère Scott en ressent de la jalousie. Au dire de tous, Leon Dabo a toujours défendu le travail de son frère et les deux ont souvent exposé ensemble. Il détient même une procuration pour représenter Scott auprès d'acheteurs potentiels en Europe. Lorsque Scott part étudier à Paris en 1902, Léon écrit des lettres d'introduction en son nom. Cependant, les critiques d'art sont généralement plus favorables à Leon Dabo, les acheteurs étant plus intéressés par son travail qui se vend aussi à un prix plus élevé. Finalement, le plus jeune frère Louis revient d'Europe avec une nouvelle procuration qui le charge de l'œuvre de Scott, accusant Leon d'avoir imité le style de Scott, de l'avoir dénigré auprès des acheteurs et d'avoir détourné le produit des ventes de l'œuvre de Scott. Bien que les sœurs Dabo se soient rangées du côté de Louis et Scott, Leon a réfuté les accusations et le New York Times n'accorde pas beaucoup d'importance aux déclarations de Louis[17],[18].
S'alignant avec les insurgés du monde de l'art, Leon Dabo participe à l'Exposition d'art contemporain du National Arts Club en 1908[19]. La même année, il expose avec l'Allied Artists' Association, un groupe d'artistes nouvellement créé à Londres qui monte des expositions sans jury[20]. En 1909, il est commissaire et participe à une exposition d'art pour la Rand School of Social Science[21] et en 1910, il participe à l'Exposition d'artistes indépendants organisée par les membres de l'Ash Can School[22]. Fin 1910, Dabo devient le chef de file de The Pastellists(en), une société d'exposition fondée à New York regroupant des artistes en rupture avec l'académisme comme Jerome Myers[23]. Il est l'un des premiers exposants au MacDowell Club dans leurs expositions sans jury, une idée de Robert Henri de l'Ash Can School[24]. Membre fondateur de l'Association des peintres et sculpteurs américains (Society of Independent Artists)[25], Dabo est l'un des principaux organisateurs en 1913 de The International Exhibition of Modern Art, mieux connue sous le nom d'Armory Show. Il accueille plusieurs de ses premières réunions dans son atelier[16], mais il est de retour en Europe avant l'ouverture de l'exposition[26].
Pendant la Première Guerre mondiale, le polyglotte Dabo se rend en France et offre ses services au Premier ministre Georges Clemenceau. Il finit par servir comme officier dans les armées française et britannique successivement et démasque un certain nombre d'espions allemands, utilisant son oreille pour le dialecte et l'accent. Il joue même une fois le rôle d'espion, en allant derrière les lignes allemandes pour obtenir des informations[15]. Pour les États-Unis, il fait partie d'une commission qui enquête sur les atrocités présumées perpétrées en France au cours de la guerre et rapporte qu'elles sont bien réelles[27]. Il est commissionné comme capitaine dans l'Armée de Terre des États-Unis et sert d'interprète pour le Corps expéditionnaire américain[28] ainsi que comme aide de camp du major général Mark L. Hersey(en) de la 4e division d'infanterie[29].
Après la guerre, sa production artistique diminue. Il commence à penser que les hommes américains sont devenus trop matérialistes, mais que les femmes, selon lui, sont de nature plus spirituelle et peuvent « sauver » l'art de l'indifférence. En conséquence, il devient un conférencier populaire, parlant souvent à pas moins de quinze clubs féminins par mois sur l'art dans tout le pays[15].
Dans les années 1920, il enseigne et peint dans diverses colonies d'artistes des Litchfield Hills du Connecticut. À partir de 1933, il commence à exposer des natures mortes de fleurs et des pastels, s'éloignant ainsi des paysages qui le caractérisaient. Celles-ci sont bien accueillies, le New York Times déclarant que les œuvres sont « une contribution distincte à associer aux harmonies florales d'Odilon Redon et de Fantin-Latour[28] ».
En 1937, il revient en France et y installe un atelier où il peint des paysages français. À l'approche de la Seconde Guerre mondiale, Leon Dabo aide des artistes comme Walter Sickert et Fernand Léger à exfiltrer leurs œuvres hors du pays pour éviter qu'elles ne soient confisquées.
Il échappe à l'occupation allemande de la France à la fin de 1940, en passant par le Portugal. Après la guerre, il revient en France en 1948 et peint d'autres paysages, notamment de la montagne Sainte-Victoire. Ces peintures sont très bien accueillies et il est invité à les présenter à une exposition des peintres de la montagne Sainte-Victoire en hommage à Paul Cézanne en 1951. Cette année-là, il retourne aux États-Unis pour la dernière fois[16].
Leon Dabo meurt en 1960 à New York dans l'arrondissement de Manhattan[réf. souhaitée]. Il est inhumé au cimetière national de Long Island(en). Aujourd'hui encore, ses œuvres suscitent l'attention et les louanges. Ses paysages modernes tardifs et ses natures mortes de fleurs suscitent un grand intérêt.
↑ ab et c(en) Pattison, « Leon Dabo — A Painter of Space », The World To-day: A Monthly Record of Human Progress, World Review Co., vol. 12, , p. 76–82 (lire en ligne).
↑(en) Ivan Narodny, American Artists, Ayer Publishing (réimpression de l'édition de 1930), , 23–39 p. (ISBN0-8369-1311-6, lire en ligne), « Leon Dabo ».
↑(en) Ignatius Schott family, The 1880 U.S. Census, Detroit, Wayne County, Michigan, p.64A
↑(en) J. Gray Sweeney, Artists of Michigan from the Nineteenth Century, Muskegon Museum of Art, , p. 155.
↑(en) Linda (editor) Merrill, After Whistler: The Artist and His Influence on American Painting, Yale University Press, (ISBN0-300-10125-2, lire en ligne), p. 168
↑(en) Ignatius Schott family, The 1870 U.S. Census, Detroit, Wayne County, Michigan, pp. 37-38.
↑(en) Joseph Pennell, The Life of James McNeil Whistler, 5th Edition, J. B. Lippincott Company, (lire en ligne), p. 43.
↑(en) Lewis Randolph Hamersly, Leonard, John W., Mohr, William Frederick, Knox, Herman Warren, Holmes, Frank R. et Downs, Winfield Scott, Who's who in New York (City and State), L. R. Hamersly Co., (lire en ligne), p. 371.
↑(en) « BOY SPECULATOR SHOOTS HIMSELF », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ).