Il semble que Gorki ait principalement écrit cette pièce durant les huit derniers jours de son emprisonnement, avant sa libération le , à la suite de protestations internationales. Formellement située durant l'épidémie de choléra de 1862, elle était clairement comprise comme représentant la tentative de révolution de 1905.
L'idée de la pièce serait venue à Gorki par une phrase prononcée par le savant Piotr Lebedev : « La clef des mystères de la vie, c'est la chimie »[2].
Initialement censurée, les autorités impériales autorisèrent une création de la pièce le au théâtre d’art de Moscou. Étant donné les circonstances qui régnaient en ville, l'atmosphère était si tendue que le public commença à paniquer à l'acte III, où une foule s'agite. Vassili Katchalov dut arrêter la pièce et rassurer le public : ce n'était que du théâtre et la foule n'en voulait qu'à son personnage.
Le titre fait référence à l'élite russe, privilégiée et symbolisée par Protassov, idéaliste mais inconscient de ce qui se passe autour de lui. Lisa, au contraire, est maladive, nerveuse et prophétise la crise à venir : la pièce se situe lors de l'épidémie de choléra de 1862, où la peur provoqua des attroupements. Le détachement de Protassov lui fait oublier l'amour de Mélania pour lui, celui de sa femme pour Vaguine, la brutalité de son assistant et le danger d'une foule armée qui se dirige vers lui...
« [...] semble conçue dans le sillage de Tchekhov dont on sent la présence à travers les thèmes, les personnages et leurs relations, sauf que l'univers de Gorki, traversé par une violence bien concrète, est tourné vers l'avenir. »