Liebestod (prononcé en allemand : [ˈliːbəsˌtoːt], littéralement « mort d'amour ») ou Mild und Leise (littéralement « doux et calme ») est l'air final d'Isolde, tiré de l'opéra Tristan und Isolde (1859) de Richard Wagner. Chanté par une soprano dramatique, cet aria marque l'apogée du romantisme tardif, où la tonalité est poussée à l'extrême.
Lorsqu'il est utilisé comme terme littéraire le mot liebestod (de l'allemand Liebe, amour et Tod, mort) se réfère au thème de l'érotisme de la mort ou de « l'amour à mort », signifiant que la consommation de l'amour du couple amoureux se fait dans la mort ou après.
L'air débute avec le même motif que celui que l'on retrouve dans le duo de l'acte II (le Liebesnacht), où Isolde et Tristan se promettent de concrétiser leur amour par la mort. Le mot « Liebestod » apparaît également uniquement à la fin de ce duo[1]. Les motifs du duo se retrouvent aussi lorsque l'orchestre joue fortissimo. On retrouve aussi le motif du désir à partir de « sind es Wellen ». L'orchestre y joue à partir de ce moment des mesures crescendo jusqu'à l'aigu. A partir de « ertrinken », l'orchestre joue le dernier motif : la dernière consolation. Les derniers vers sont chantés diminuendo. L'accord de Tristan conclut l'air et l'opéra, alors même qu'il l'a ouvert à l'acte I avec le prélude[2].
Aussi intitulé Isoldes Verklärung (La Transfiguration d'Isolde), l'air fait référence à la fin tragique de Tristan et Iseult, précisée vers 1290 par Heinrich de Freiberg, modifiant donc le mythe celtique originel. Le livret de Wagner reprend ce détail.
Lorsque Wagner compose cet opéra, il entretient une relation cachée avec Mathilde Wesendonck, poétesse et épouse de son mécène, le banquier Otto Wesendonck. Il s'inspire de l'impossibilité de concrétiser cet amour en puisant dans la légende de Tristan et Iseut pour composer cet opéra et les Wesendonck-Lieder.
D'autres exemples évoquent la situation de l'amour tragique, tels que Pyrame et Thisbé, Roméo et Juliette et à un certain degré, les Hauts de Hurlevent. Les exemples présentant une vue d'un amour unilatéral sont L'Amant de Porphyria et Les souffrances du Jeune Werther qui mènera même à un effet Werther. Le suicide en commun d'Heinrich von Kleist et d'Henriette Vogel est souvent associé avec le thème de la Liebestod.
L'air s'achève par ces derniers vers. A partir de « ertrinken », les vers sont chantés diminuendo. « Lust » est ainsi chanté piano comme le dernier souffle d'Isolde.
Original
Traduction littérale
La partition après la dernière parole d'Isole : « Isolde sinkt wie verklärt, in Brangäne's Armen sanft auf Tristan's Leiche. Grosse Rührung und Entrücktheit. Marke segnet die Leichen » : « Comme transfigurée, Isolde s'enfonce doucement dans les bras de Brangäne sur le cadavre de Tristan. Grande émotion et ravissement. Marke bénit les cadavres ».
Cet air a été notamment enregistré par Birgit Nilsson, Martha Mödl[3], Kirsten Flagstad, Jessye Norman, Nina Stemme, Waltraud Meier, Lilli Lehmann, Anna Netrebko, Shirley Verrett, Christa Ludwig et en 1949 (puis par la suite plusieurs fois en live) par Maria Callas en italien (Dolce e calmo). L'air est généralement joué en concert à la suite du prélude de l'opéra.