Elle est née en 1911 Lisa Anderson puis Lisa Birgitta Bernstone après le changement légal de patronyme entrepris par son père[2], semble-t-il à Uddevalla[n 1]. Jeune, elle parcourt les musées en Europe[3]. Élevée dans un milieu familial artistique, elle fait des études d'histoire des arts et de danse à Berlin dans l'école de Mary Wigman[1],[3]. Sa pratique de la danse, jeune, lui donnera ce maintien de tête si particulier[4]. Elle retourne en Suède à Stockholm et y ouvre une école de danse[1]. Partie en France pour participer à une compétition[1], en 1933[5], elle y reste pour effectuer une carrière de danseuse[2]. Dans une école de danse, elle rencontre puis travaille comme professeur de danse avec le Français Fernand Fonssagrives dont elle prend le nom en 1935 à la suite de son mariage. Abandonnant tous deux la danse, ils deviennent ces années-là, lui un important photographe et elle la première[6],[7]top model[8],[9].
Entre-temps en 1936, le photographe Willy Maywald[n 2] découvre Lisa Fonssagrives dans un ascenseur et lui propose de poser pour des chapeaux[1]. Celle-ci n'a jamais posé mais accepte[3]. Les tirages parviennent au Vogue français[n 3], et Horst P. Horst, qui dirige alors les studios du magazine, teste quelques photographies de Fonssagrives à la demande du magazine[1]. Dès le lendemain après cet essai, elle pose à la demande du Vogue parisien[10].
Peu après, son mari Fernand a un accident l'empêchant de poursuivre sa carrière de danseur[11] : Il est blessé au dos et Lisa Fonssagrives lui donne un Rolleiflex ; il commence à prendre des images, la photographiant tout le temps[1].
Lorsqu'elle se rend aux États-Unis juste avant la guerre[2], elle est déjà un top model. La guerre est déclarée durant son voyage, et elle décide de rester à New York et y devient photographe pour la presse[1], entre autres pour le Ladies' Home Journal[10].
Après la Seconde Guerre mondiale, elle est le mannequin attitré du couturierChristian Dior[13] et travaille principalement pour l'édition américaine de Vogue[1]. Son style hérité de la danse, doublé d'une réelle compréhension de chaque tenue qu'elle accapare à chaque fois personnellement, étudiant les poses préalablement, font de Lisa Fonssagrives un modèle « idéal » pour les photographes de mode[10],[14]. Elle inspire et travaille avec les plus célèbres d'entre-eux : Horst, Hoyningen-Huene[2], Man Ray, Richard Avedon, Jean Moral, Louise Dahl-Wolfe, Norman Parkinson[3]… et bien sûr Irving Penn qu'elle rencontre à la fin des années 1940[15],[n 4]. Alors que le photographe travaille sur des portraits à Londres, elle se marie à Marylebone avec lui, au milieu de l'année 1950[16],[17] après avoir divorcé l'année précédente de Fernand Fonssagrives. Après une fille née en 1941, Mia Fonssagrives-Solow connue plus tard comme sculptrice et créatrice de bijoux[18], elle a un fils, Tom Penn. Entre-temps, elle fait la couverture du Time du qui titre son article « Billion-Dollar Baby » et indique : « Penn a bien raison d'être aux anges. Son modèle est la reine de ce monde étrange […] C'est Lisa Fonssagrives, le modèle le mieux payé et le plus applaudi de toute la haute couture »[19].
Au milieu des années 1950, tout en prenant des cours de dessin, elle devient un temps styliste, créant vêtements et lingerie[20],[21]. Dans les années 1960, après avoir arrêté sa carrière de mannequin quelques années auparavant, elle devient sculptrice dans la maison des Penn à Long Island et est représentée par la galerie Marlborough Fine Art(en) de Manhattan[2],[21]. Elle et son mari voyagent alors régulièrement[22].
Elle apparaît fréquemment dans les pages du Vanity Fair (1913)(en) dans sa version originale, du Vogue américain et autres éditions dont elle fait environ 200 couvertures[7],[23], ou d'Harper's Bazaar, mais à la fin des années 1940, elle est le premier mannequin à faire la couverture du magazine Time[4],[9] en [24] dans lequel elle déclare : « C'est la robe qui importe, jamais, jamais la fille. je ne suis qu'un bon cintre[23]. » Durant cette même période, elle est payée pratiquement le double du salaire habituel des mannequins de l'époque[2],[4].
Elle meurt à New York début 1992[2] en ayant été, d'après Alexander Liberman des Éditions Condé Nast, le sujet des plus grandes photographies d'Irving Penn[4],[2] et dont il précise qu'« il est difficile d'imaginer l'histoire de la photographie de mode sans penser à Lisa Fonssagrives-Penn »[4] ce que confirme David Seidner(en), auteur d'un ouvrage à son sujet, en des termes équivalents[1].
(en) Martin Harrison et David Seidner, Lisa Fonssagrives : Trente ans de classiques de la photo de mode, Schirmer Mosel, (1re éd. 1996), 150 p. (ISBN978-3-88814-649-7, présentation en ligne)
Marlborough Gallery, Lisa Fonssagrives-Penn, sculptures, 1986, 7 pages (catalogue d'exposition)
↑Il est parfois indiqué qu'elle est née à Göteborg et qu'elle a passé son enfance à Uddevalla.
↑Willy Maywald est un photographe de mode pour les maisons Dior, Fath, Griffe, ou Jacques Heim. Il a également travaillé pour Harper’s Bazaar. Willy Maywald est l'auteur de la célèbre photo, utilisée de multiples fois dans les ouvrages, du Tailleur Bar prise sur les quais de Seine en 1947. Dans les années 1950, il photographie tous les plus grands mannequins, telle Bettina.
↑Les chapeaux sont un des éléments incontournables de la mode de l'époque, et les différentes éditions internationales de Vogue plus particulièrement ont toujours apporté une considération importante à ceux-ci, ne serait-ce que par le nombre élevé de couvertures consacrées à cet accessoire.
↑En 1947, le Vogue américain (Bettina Ballard/Edna Woolman Chase) demande à Irving Penn de réaliser une photo de groupe des douze mannequins les plus photographiés de la décennie « The Twelve Most Photographed Models » ; réalisée à New York, il rencontre Lisa Fonssagrives lors de cette séance.
↑ abcd et e(en) Design Museum et Paula Reed, Fifty fashon looks that changed the 1950s, Londres, Conran Octopus, , 112 p. (ISBN978-1-84091-603-4), « Lisa Fonssagrives-Penn 1950 », p. 14
↑ a et b(en) « An enduring model », Fashion, sur scotsman.com, Johnston Publishing Ltd, (consulté le ) : « she was "the world's first supermodel", within the fashion industry Swedish-born Lisa Fonssagrives-Penn is generally considered to be the first beauty to be given the illustrious title »
↑(en) Anita Singh, « Photographs of Angelina Jolie, Kate Moss and Britney Spears for sale at Christie's », Celebritynews, sur telegraph.co.uk, The Daily Telegraph, (consulté le ) : « a portrait of Lisa Fonssagrives-Penn, photographed by her husband […] She has been described as the original supermodel, gracing the pages of Vogue in the 1940s and 1950s »
↑ a et b(en) Geoffrey Johnson, « On the life and work of photographer Beatrice Tonnesen », sur chicagomag.com, Chicago (magazine), (consulté le ) : « Lisa Fonssagrives, recognized today as the original supermodel, appeared on the cover of Time magazine »
↑Nathalie Herschdorfer (trad. de l'anglais, préf. Todd Brandow), Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast [« Coming into fashion »], Paris, Thames & Hudson, , 296 p. (ISBN978-2-87811-393-8, présentation en ligne), « De nouvelles explorations », p. 70
↑(en) « What the Critics Said and What They Really Meant About Dior Couture », The Cut, sur nymag.com, NYM, (consulté le ) : « […] inspired by M. Christian Dior’s original “New Look” of 1947 and his curvaceous “Bar” jacket, and the iconic first super-model, Lisa Fonssagrives, wife of the fashion photographer, Irving Penn. »
↑Martha Represa, « Laissez vous hypnotiser par Irving Penn », Styles, sur l'express.fr, L'Express, (consulté le ) : « Cette connexion émotionnelle était spécialement intense avec le mannequin Lisa Fonssagrives, qu'il a épousé en 1950. La même année, il la photographiait portant une robe à carreaux noirs et blancs »
↑ a et bHarriet Worsley (trad. de l'anglais), 100 idées qui ont transformé la mode [« 100 ideas that changed fashion »], Paris, Seuil, , 215 p. (ISBN978-2-02-104413-3), « Les mannequins deviennent des stars : les top-modèles », p. 106