En géométrie, les inégalités du triangle sont des inégalités, strictes ou larges, faisant intervenir des paramètres du triangle, éventuellement sous certaines conditions. Parmi ces paramètres, on trouve entre autres les longueurs des côtés, le demi-périmètre, les mesures des angles, les valeurs des fonctions trigonométriques de ces angles, l'aire du triangle, les longueurs des médianes, les hauteurs, les longueurs des segments des bissectrices intérieures joignant un sommet au côté opposé, les longueurs des segments des médiatrices joignant un côté à l'un des deux autres, les rayons des cercles inscrit, exinscrits et circonscrit.
Sauf indication particulière, ces inégalités sont valables dans le plan euclidien, pour un triangle non aplati.
le demi-périmètre p = (a + b + c) / 2 (soit la moitié du périmètre 2p);
les mesures A, B et C des angles aux sommets, opposés aux côtés de longueurs respectives a, b et c (on utilise la même notation que pour les sommets associés);
les médianesma, mb et mc (longueurs des segment joignant un sommet au milieu du côté opposé) ;
les hauteursha, hb et hc (distances des sommets aux côtés opposés, éventuellement étendus) ;
les bissectrices ta, tb et tc (longueurs des segments des bissectrices intérieures joignant un sommet au côté opposé) ;
les médiatrices pa, pb et pc (longueurs des segments des médiatrices joignant un côté à l'un des deux autres) ;
le rayon r du cercle inscrit (tangent aux trois côtés), les rayons ra, rb et rc des cercles exinscrits (chacun étant tangent à un côté du triangle et aux extensions des deux autres côtés), et le rayon R du cercle circonscrit (passant par les trois sommets).
De plus,
où la borne de droite, minimale[1]:p. 259, est approchée asymptotiquement par certaines classes de triangles approchant le cas dégénéré du triangle plat. L'inégalité de gauche, vérifiée pour tous a, b, c strictement positifs est connue comme étant l'inégalité de Nesbitt.
En fonction des rayons R et r des cercles circonscrit et inscrit, on a :
avec égalité ssi le triangle est isocèle avec son angle au sommet supérieur à 60°[7]:Cor. 3; ainsi que
avec égalité ssi le triangle est isocèle avec l'angle au sommet inférieur à 60°[7]:Cor. 3
On a aussi :
qui est aussi vérifiée par les angles B et C, avec égalité à gauche si le triangle est isocèle avec un angle au sommet d'au moins 60° et égalité à droite si le triangle est isocèle avec un angle au sommet d'au plus 60°[7]:Prop. 5.
De plus, les angles A et B, de côtés opposés a et b respectivement, sont liés par l'équivalence[1]:p. 264
À partir du troisième majorant de S, par l'inégalité de la moyenne arithmético-géométrique, on retrouve l'inégalité isopérimétrique pour les triangles :
Si un triangle inscrit dans un triangle de référence est tel que les côtés du triangle intérieur partitionnent le périmètre du triangle de référence en segments de longueurs égales, le rapport de leurs aires est majoré par[9]:p. 138:
On note l'intersection des bissectrices internes en A, B et C avec les côtés opposés, respectivement D, E et F. Alors[2]:p.18,#762
Une droite passant par une médiane du triangle sépare l'aire de sorte que le rapport entre l'aire du plus petit triangle et le triangle de référence vaut au moins 4/9[12].
avec égalité pour le triangle équilatéral. Avec le rayon du cercle inscrit r[2]:p.22,#846, on a :
Si on prolonge les médianes jusqu'au cercle circonscrit et qu'on note les longueurs des médianes prolongées Ma, Mb et Mc, alors[2]:p.16,#689
Le centre de gravitéG est l'intersection des médianes. On note U, V, and W, les intersections respectivement de (AG), (BG) et (CG) avec le cercle circonscrit. Alors on a[2]:p.17#723:
Les bissectrices internes sont des segments joignant un sommet du triangle au côté opposé et divisant l'angle au sommet en deux angles égaux ; on note leurs longueurs ta etc. Ces longueurs vérifient :
et se comparent aux hauteurs et aux médianes par[1]:pp. 271–3,[2]:p.224,#132:
Pour le centre du cercle inscrit I (l'intersection des bissectrices internes)[2]:p.127,#3033,
En notant les milieux Ma, Mb, Mc des milieux[2]:p.152,#J53:
Pour le centre du cercle inscrit I, le centre de gravité G, le centre du cercle circonscrit O, le centre du cercle d'EulerN, et l'orthocentre H, on a pour les triangles non-équilatéraux, les inégalités de distances[16]:p.232
L'inégalité suivante fait intervenir les longueurs pa etc., correspondant aux segments de droite portés par les médiatrices des côtés du triangles et intérieurs au triangle. En supposant , on a[20]
avec égalité dans le cas équilatéral. Un résultat plus fort, l'inégalité de Barrow(en) établit que les bissectrices intérieures des angles dont le sommet est le point intérieur P (soit les angles ) intersectent les côtés du triangle en U, V et W, alors[23]
On a également un résultat plus puissant que l'inégalité d'Erdős–Mordell[24]: soient L, M, N les projections orthogonales de P sur BC, CA, AB respectivement, et R, S, T les projections orthogonales de P sur les côtés du triangle tangentiel (le triangle formé par les tangentes au cercle circonscrit au triangle ABC) respectivement. Alors
L'expression est égale à est la distance entre les centres des cercles inscrit et circonscrit. La première inégalité est une égalité ssi le triangle est isocèle avec un angle au sommet d'au moins 60°, la deuxième est une égalité ssi le triangle est isocèle avec un angle au sommet d'au plus 60°. Les trois termes sont donc égaux ssi on est dans le cas équilatéral[7]:Thm. 1.
avec si le centre du cercle circonscrit est sur ou hors du cercle inscrit et s'il est à l'intérieur du cercle inscrit. Le deuxième cas est vérifié ssi [32]
Du point I, on tire les demi-droites [AI), [BI) et [CI) jusqu'au cercle circonscrit ; on note les intersections D, E et F respectivement. Alors[2]:p.14,#644
On note les rayons des cercles tangents au cercle circonscrit, passant par A et tangent à (BC), passant par B et tangent à (CA), passant par C et tangent à (AB), respectivement. Alors[36]:Thm. 4
avec égalité ssi le triangle est équilatéral, et [37]
De plus, avec le centre du cercle circonscrit O, les droites AO, BO et CO intersectent les côtés opposés BC, CA et AB en U, V et W respectivement. Alors[2]:p.17,#718
Pour un triangle acutangle, la distance entre le centre du cercle circonscrit O et l'orthocentre H est inférieure au rayon du cercle circonscrit[2]:p.26,#954
et inversement pour un triangle obtusangle.
Le rayon du cercle circonscrit est au moins deux fois plus long que la distance entre les deux Points de BrocardB1 et B2[38]:
Rayons des cercles inscrit et exinscrits, et autres longueurs
Les rayons des cercles exinscrits et les médianes sont reliés par[2]:p.66,#1680
De plus, pour un triangle acutangle, la distance entre le centre du cercle inscrit I et l'orthocentre H vérifie[2]:p.26,#954
et inversement pour un triangle obtusangle.
De plus, pour un triangle acutangle, les rayons des cercles inscrit et exinscrits vérifient[2]:p.26,#954
et inversement pour un triangle obtusangle.
En notant les pieds des bissectrices en A, B, C, respectivement U, V, W alors[2]:p.215,32nd IMO,#1
En notant les intersections des bissectrices internes des angles formés au centre du cercle inscrit I avec le cercle circonscrit X, Y et Z on a[2]:p.181,#264.4:
Si un hexagone tangentiel est formé en traçant trois segments tangents au cercle inscrit du triangle et parallèle à un côté, de sorte que l'hexagone est inscrit au triangle avec les trois autres côtés portés par les côtés du triangle, alors[2]:p.42,#1245
Soit trois points D, E, F portés respectivement par AB, BC, CA, formant les sommets d'un triangle inscrit, qui par conséquent partitionne le triangle de référence en quatre triangles, alors l'aire du triangle inscrit est plus grande qu'au moins un des trois autres triangles intérieurs, le seul cas faisant exception étant celui où D, E, F sont les milieux des côtés, auquel cas DEF est le triangle médian de ABC et les quatre triangles intérieurs ont même aire[9]:p.137:
Un triangle acutangle a trois carrés inscrits, chacun dont un côté est porté par un côté du triangle et dont les deux autres sommets sur les autres côtés du triangle (pour un triangle rectangle, deux d'entre eux sont confondus). Si un de ces carrés à des côtés de longueur xa et un autre de longueur de côté xb tel que xa < xb, alors[39]:p. 115
De plus, pour tout carré inscrit dans tout triangle, on a[2]:p.18,#729[39]
La droite d'Euler d'un triangle passe par son orthocentre, son centre du cercle circonscrit et son centre de gravité, mais pas par son centre du cercle inscrit, sauf si le triangle est isocèle[16]:p.231. Pour tout triangle non isocèle, la distance d du centre du cercle inscrit à la droite d'Euler vérifie[16]:p. 234,Propos.5:
La majoration à 1/3 est la meilleure possible[16]:p.235,Thm.6.
Dans les triangles rectangles, les apothèmes a et b et l'hypoténusec vérifie l'inégalité suivante (l'égalité est atteinte pour un triangle isocèle rectangle)[1]:p. 280:
Le rayon du cercle inscrit est majoré par[1]:p. 281:
et la hauteur issue de l'angle droit vérifie[1]:p. 282:
En notant les deux côtés égaux d'un triangle isocèle de côtés égaux a et de troisième côté c, alors la bissectrice interne t d'un des deux angles égaux vérifie[2]:p.169,#44
Pour tout point M du plan d'un triangle équilatéralABC, les distances de M aux sommets, MA, MB, et MC, sont telles que, sauf si M est sur le cercle circonscrit, elles vérifient l'inégalité triangulaire classique et peuvent donc elles-mêmes former un triangle[1]:p. 279:
Cependant, si M est sur le cercle circonscrit, la somme des distances de M aux deux points les plus proches est égale à la distance entre M et le point le plus éloigné.
Un triangle est équilatéral si et seulement si, pour tout point M du plan du triangle, en notant D, E et F les projections orthogonales de M sur les côtés, on a[2]:p.178,#235.4
L'inégalité de Pedoe pour deux triangles, le premier de côtés a, b, c et d'aire S, et l'autre de côtés d, e, f et d'aire T, établit que
avec égalité si et seulement si les deux triangles sont semblables.
Le théorème de la charnière(en), ou théorème de la bouche ouverte, établit que si deux côtés d'un triangle sont "égaux" à deux côtés d'un autre triangle, et l'angle inclus du premier est plus grand que l'angle inclus du deuxième, alors le troisième côté du premier triangle est plus grand que le troisième côté du second triangle. Plus précisément, pour les triangles ABC et DEF de côtés a, b, c, et d, e, f respectivement (avec a opposé à A etc.), si a = d et b = e, alors
Les angles de deux triangles ABC et DEF sont reliés par la formule utilisant leurs cotangentes[6]:
Mohammed Aassila, 1000 challenges mathématiques, Analyse, Ellipses, paragraphe 4.2 : liste de 43 inégalités dans le triangle avec démonstrations, pages 472-483
↑(en) Minh Ha Nyugen et Nikolaos Dergiades, « Garfunkel's Inequality », Forum Geometricorum, vol. 4, , p. 153–156 (lire en ligne)
↑(en) Zhiqin Lu, « An optimal inequality », Mathematical Gazette, vol. 91, , p. 521–523.
↑ abcdefg et h(en) Dragutin Svrtan et Veljan, Darko, « Non-Euclidean versions of some classical triangle inequalities », Forum Geometricorum, vol. 12, , p. 197–209 (lire en ligne)
↑ a et b(en) J.A. Scott, « A cotangent inequality for two triangles », Mathematical Gazette, vol. 89, , p. 473–474.
↑ abcd et e(en) Temistocle Birsan, « Bounds for elements of a triangle expressed by R, r, and s », Forum Geometricorum, vol. 15, , p. 99–103 (lire en ligne)
↑(en) Mark Shattuck, « A Geometric Inequality for Cyclic Quadrilaterals », Forum Geometricorum, vol. 18, , p. 141-154 (lire en ligne)
↑ abc et d(en) Ricardo M. Torrejon, « On an Erdos inscribed triangle inequality », Forum Geometricorum, vol. 5, , p. 137–141 (lire en ligne)
↑Chakerian, G. D. "A Distorted View of Geometry." Ch. 7 in Mathematical Plums (R. Honsberger, editor). Washington, DC: Mathematical Association of America, 1979: 147.
↑(en) D. Minda et S. Phelps (Theorem 4.1), « Triangles, ellipses, and cubic polynomials », American Mathematical Monthly, vol. 115, , p. 679–689.
↑(en) Arpad Benyi et Branko Curgus, « Ceva's triangle inequalities », Mathematical Inequalities & Applications, vol. 17, no 2, , p. 591-609.
↑(en) Michel Bataille, « Constructing a Triangle from Two Vertices and the Symmedian Point », Forum Geometricorum, vol. 18, , p. 129--133.
↑(en) Douglas W. Mitchell, « A Heron-type formula for the reciprocal area of a triangle », Mathematical Gazette, vol. 89, , p. 494.
↑ abcdef et g(en) William N. Franzsen, « The distance from the incenter to the Euler line », Forum Geometricorum, vol. 11, , p. 231–236 (lire en ligne).
↑(la) Leonhard Euler, « Solutio facilis problematum quorundam geometricorum difficillimorum », Novi Comm. Acad. Scie. Petropolitanae, vol. 11, ; reprinted in Opera Omnia, serie prima, vol. 26 (A. Speiser, ed.), n. 325, 139–157.
↑Joseph Stern, « Euler's triangle determination problem », Forum Geometricorum, vol. 7, , p. 1–9 (lire en ligne)
↑(en) Nathan Altshiller-Court, College Geometry, Dover Publications, .
↑(en) Douglas W. Mitchell, « Perpendicular bisectors of triangle sides », Forum Geometricorum, vol. 13, , p. 53–59 (lire en ligne)
↑(en) Dao Thanh Oai, Nguyen Tien Dung et Pham Ngoc Mai, « A strengthened version of the Erdős-Mordell inequality », Forum Geometricorum, vol. 16, , p. 317--321 (lire en ligne)
↑(en) Dan Stefan Marinescu et Mihai Monea, « About a Strengthened Version of the Erdos-Mordell Inequality », Forum Geometricorum, vol. 17, , p. 197–202 (lire en ligne)
↑ a et b(en) Walther Janous, « Further inequalities of Erdos–Mordell type », Forum Geometricorum, vol. 4, , p. 203–206 (lire en ligne)
↑(en) Jozsef Sandor, « On the geometry of equilateral triangles », Forum Geometricorum, vol. 5, , p. 107–117 (lire en ligne)
↑(en) Toufik Mansour et Mark Shattuck, « On a certain cubic geometric inequality », Forum Geometricorum, vol. 11, , p. 175–181 (lire en ligne)
↑ abc et d(en) Toufik Mansour et Mark Shattuck, « Improving upon a geometric inequality of third order », Forum Geometricorum, vol. 12, , p. 227–235 (lire en ligne)
↑(en) Dao Thanh Oai, « Problem 12015 », The American Mathematical Monthly, vol. 125,
↑(en) Dragutin Svrtan et Darko Veljan, « Non-Euclidean versions of some classical triangle inequalities », Forum Geometricorum, vol. 12, , p. 197–209 (lire en ligne)
↑ a et b(en) Yurii N. Maltsev et Anna S. Kuzmina, « An improvement of Birsan's inequalities for the sides of a triangle », Forum Geometricorum, vol. 16, , p. 81−84.
↑(en) Dorin Andrica et Cătălin Barbu, « A Geometric Proof of Blundon’s Inequalities », Mathematical Inequalities & Applications, vol. 15, no 2, , p. 361–370 (lire en ligne)
↑(en) Mihály Bencze et Marius Drǎgan, « The Blundon Theorem in an Acute Triangle and Some Consequences », Forum Geometricorum, vol. 18, , p. 185–194 (lire en ligne)
↑(en) Dorin Andrica et Dan Ştefan Marinescu, « New Interpolation Inequalities to Euler's R ≥ 2r », Forum Geometricorum, vol. 17, , p. 149–156 (lire en ligne)
↑(en) Martin Lukarevski, « An inequality for the tanradii of a triangle », Math. Gaz., vol. 104, , p. 539-542 (DOI10.1017/mag.2020.115)
↑(en) J.A. Scott, « Some examples of the use of areal coordinates in triangle geometry », Mathematical Gazette, vol. 83, , p. 472–477.
↑ a et b(en) Victor Oxman et Moshe Stupel, « Why are the side lengths of the squares inscribed in a triangle so close to each other? », Forum Geometricorum, vol. 13, , p. 113–115 (lire en ligne)